Cette question à opposer la doctrine Mutazilite et Hanbalite, 3 siécles aprés la mort du prophéte Mohamed.
L'opposition des mutazilites au sunnisme hanbalite était leur égal rejet du jabrisme, c'est-à-dire de la doctrine de la prédestination (ou jabr en arabe) de l'homme. Les hanbalites pensaient en effet que, Dieu étant omnipotent, tout ce qui arrivait sur terre, le bien comme le mal, avait été fixé par lui selon des décrets éternels. Pour les mutazilites, cette doctrine était incompatible avec l'affirmation récurrente de la bonté de dieu dans le Coran. Il s'agissait donc d'affirmer à la fois l'omnipotence de Dieu et son infinie bonté, tâche évidemment peu aisée. C'est à cette tâche que les mutazilites employèrent la plus grande part de leur énergie. Leur réponse anticipe de huit siècles le molinisme de l'Église catholique. Elle s'articule en cinq points :
a) Dieu est infiniment bon et ne peut donc faire le mal dans le monde. Le mal qu'on y constate n'est pas de la responsabilité de Dieu, mais de l'homme seul.
b) Comme Dieu est bon, il a créé l'homme libre, car il serait absurde qu'il attendît d'un automate qu'il lui rendît un culte sincère. Le culte de Dieu n'a de sens que s'il est rendu par un être libre ou non de le rendre. Dieu ne saurait se satisfaire d'être adoré par un objet dont il aurait lui-même programmé la dévotion. La dévotion n'a de sens que si elle est un acte librement consenti.
c) Comme l'homme est libre, tantôt il fait librement le bien, tantôt il fait
librement le mal. C'est d'ailleurs pour cette seule raison qu'il mérite les
récompenses ou les châtiments que Dieu lui promet.
d) Comme on pourrait répliquer que certes Dieu a créé l'homme libre, mais qu'il aurait pu tout de même le placer dans un monde possible où bien qu'étant libre, l'homme choisirait toujours le bien, les mutazilites répondent, anticipant là encore certaines doctrines occidentales, comme celle de Leibniz, que Dieu a placé l'homme dans le moins mauvais des mondes possibles réalisables. Cela permet d'expliquer du même coup pourquoi l'homme vit dans un monde où le mal ne se manifeste pas seulement dans la société, mais aussi dans la nature, à travers des catastrophes naturelles par exemple. Pour le mutazilisme, le monde est loin d'être parfait, mais il aurait pu être bien pire encore, il est le meilleur des mondes possibles et nous devons son caractère perfectible à la bonté de Dieu. Après tout, Dieu aurait pu s'abstenir de créer le monde afin de minimiser le mal, mais il aurait aussi minimisé le bien par là même.
e) Comme dit le Coran, "nulle contrainte en religion". Il ne sert à rien de
convertir les gens à l'Islam par la force puisque Dieu veut qu'on l'adore librement. Les hommes finiront par venir à l'Islam par la seule force, la seule cohérence et la seule rationalité de ses arguments doctrinaux. De même, les apparentes contradictions dans le texte coranique peuvent être résolues par la raison, car le Coran n'est pas incréé donc nullement exempt d'obscurités. Enfin, il n'est nul besoin d'avoir lu le Coran pour devenir un bon musulman, un muslim qui se soumet - islam - à la volonté bienveillante de Dieu. L'exercice de notre raison y suffit, c'est ce que les mutazilites appelaient le wujub an-nazar, le "devoir de spéculation", c'est-à-dire le commandement d'utiliser notre raison pour découvrir la nature et la volonté de Dieu. Autrement dit, un indigène qui vit à l'autre bout du monde et n'a jamais entendu parler du Coran peut être un bon musulman s'il professe l'existence de Dieu et agit moralement.
L'opposition des mutazilites au sunnisme hanbalite était leur égal rejet du jabrisme, c'est-à-dire de la doctrine de la prédestination (ou jabr en arabe) de l'homme. Les hanbalites pensaient en effet que, Dieu étant omnipotent, tout ce qui arrivait sur terre, le bien comme le mal, avait été fixé par lui selon des décrets éternels. Pour les mutazilites, cette doctrine était incompatible avec l'affirmation récurrente de la bonté de dieu dans le Coran. Il s'agissait donc d'affirmer à la fois l'omnipotence de Dieu et son infinie bonté, tâche évidemment peu aisée. C'est à cette tâche que les mutazilites employèrent la plus grande part de leur énergie. Leur réponse anticipe de huit siècles le molinisme de l'Église catholique. Elle s'articule en cinq points :
a) Dieu est infiniment bon et ne peut donc faire le mal dans le monde. Le mal qu'on y constate n'est pas de la responsabilité de Dieu, mais de l'homme seul.
b) Comme Dieu est bon, il a créé l'homme libre, car il serait absurde qu'il attendît d'un automate qu'il lui rendît un culte sincère. Le culte de Dieu n'a de sens que s'il est rendu par un être libre ou non de le rendre. Dieu ne saurait se satisfaire d'être adoré par un objet dont il aurait lui-même programmé la dévotion. La dévotion n'a de sens que si elle est un acte librement consenti.
c) Comme l'homme est libre, tantôt il fait librement le bien, tantôt il fait
librement le mal. C'est d'ailleurs pour cette seule raison qu'il mérite les
récompenses ou les châtiments que Dieu lui promet.
d) Comme on pourrait répliquer que certes Dieu a créé l'homme libre, mais qu'il aurait pu tout de même le placer dans un monde possible où bien qu'étant libre, l'homme choisirait toujours le bien, les mutazilites répondent, anticipant là encore certaines doctrines occidentales, comme celle de Leibniz, que Dieu a placé l'homme dans le moins mauvais des mondes possibles réalisables. Cela permet d'expliquer du même coup pourquoi l'homme vit dans un monde où le mal ne se manifeste pas seulement dans la société, mais aussi dans la nature, à travers des catastrophes naturelles par exemple. Pour le mutazilisme, le monde est loin d'être parfait, mais il aurait pu être bien pire encore, il est le meilleur des mondes possibles et nous devons son caractère perfectible à la bonté de Dieu. Après tout, Dieu aurait pu s'abstenir de créer le monde afin de minimiser le mal, mais il aurait aussi minimisé le bien par là même.
e) Comme dit le Coran, "nulle contrainte en religion". Il ne sert à rien de
convertir les gens à l'Islam par la force puisque Dieu veut qu'on l'adore librement. Les hommes finiront par venir à l'Islam par la seule force, la seule cohérence et la seule rationalité de ses arguments doctrinaux. De même, les apparentes contradictions dans le texte coranique peuvent être résolues par la raison, car le Coran n'est pas incréé donc nullement exempt d'obscurités. Enfin, il n'est nul besoin d'avoir lu le Coran pour devenir un bon musulman, un muslim qui se soumet - islam - à la volonté bienveillante de Dieu. L'exercice de notre raison y suffit, c'est ce que les mutazilites appelaient le wujub an-nazar, le "devoir de spéculation", c'est-à-dire le commandement d'utiliser notre raison pour découvrir la nature et la volonté de Dieu. Autrement dit, un indigène qui vit à l'autre bout du monde et n'a jamais entendu parler du Coran peut être un bon musulman s'il professe l'existence de Dieu et agit moralement.
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