L’universalité est la particularité des humains. Il y a donc une universalité et des particularités de l’éthique mais autant les particularités sont respectables, autant elles ne peuvent et ne doivent pas s’ériger en universalité.
Tout le monde meurt, tout le monde est astreint à la souffrance. Tous les hommes rient et pleurent mais pas pour les mêmes raisons.
Tout le monde croit, tout le monde a une religion et même l’agnostique le plus pur, l’athée le plus résolu croit en l’homme et en l’existence d’une transcendance. Parce comme le disait
Theillard de Chardin “ Tout ce qui s’élève converge“ ou alors en tant que musulman je ne peux et ne doit que respecter la diversité des croyances et des religions. S42 V8 “Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait des hommes une seule communauté.“
Plus encore ma lecture de la vie du prophète Mohamed (SAW) me démontre que les différences entre les religions sont un ferment démocratique. « Dis : O vous les infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion»
Avec une telle conception de la religion ou plutôt de la spiritualité, on peut imaginer que l’un des buts de la religion est de moins mal mourir ou de rendre la vie moins dramatique.
En tant que médecin intéressé par les questions d’éthique et dans la transplantation il y a une réconciliation ou plutôt une association entre une action médicale et donc collective, sociale tournées vers l’autre et une action d’essence spirituelle ou religieuse qui est privée ou plutôt intime.
Le fait religieux est toujours aussi un fait historique, sociologique, culturel et psychologique.
Robert Lowie avait noté il y a plus d’un siècle l’existence d’une croyance suprême même chez les peuples les plus archaïques. Pour Durkheim, la religion est la projection de l’expérience sociale. En étudiant les aborigènes australiens, le même Durkheim avait remarqué que le totem symbolisait tout à la fois le sacré et le clan. Il en avait conclu que le sacré et le groupe social n’étaient qu’une seule et même chose.
Thurnwald tenta d’expliquer par un cheminement chronologique les croyances religieuses. Au stade la cueillette pensait-il, l’homme avait sacralisé les animaux ; l’homme chasseur a inventé le totémisme, les premiers agriculteurs ont personnifié les divinités et enfin les peuples pastoraux ont crée les Grands Dieux.
Et il ne faut pas être un théologien chevronné pour remarquer que toutes les religions partagent les six mêmes grands principes : La détention de la vérité, la sacralité, les valeurs morales, la communauté d’appartenance, la croyance au surnaturel et les pratiques rituelles.
Les trois religions monothéistes (Judaïsme, Chrétienté et Islam) n’échappent pas à ce schéma, en revanche elles se distinguent chacune par l’existence d’un recueil d'Ecritures qui lui est propre. Ces documents constituent le fondement de la foi de tout croyant qu'il soit juif, chrétien ou musulman. Ils sont pour chacun des croyants la transcription matérielle d'une Révélation Divine, directe comme dans le cas d'Abraham ou de Moïse qui reçurent d'Allah même les commandements, ou indirectes dans le cas de Jésus et de notre Prophète.
Mohammed (SAW), le premier déclarant parler au nom du Père, le second transmettant aux hommes la Révélation communiquée par l'Archange Gabriel.
Le judaïsme a pour livre saint la Torah. Mais le judaïsme n'accepte aucune révélation postérieure à la sienne. Chez les juifs, la loi se trouve dans la Bible, notamment dans les cinq premiers livres attribués à Moïse. Cette loi révélée s’impose au croyant juif en tout temps et en tout lieu.
Le christianisme a repris à son compte la Bible hébraïque en y ajoutant quelques suppléments. Notons que bien que provenant de la tradition juive, Jésus lui-même était peu enclin au respect de la loi telle que dictée par la Bible.
Pour Frank Simon “L’éthique Chrétienne ne rejette pas les normes de conduite…c’est pour elle quelque chose de secondaire, de superficiel et de dérivé. Son véritable objet n’est pas la conduite mais l’état intérieur de l’âme humaine…elle n’est pas dirigée vers les actions, mais vers l’être même…la conduite doit être seulement l’expression naturelle et le fruit d’un état intérieur." dans la “ vérité paradoxale du christianisme. Quand à l’Islam, le Coran prescrit à tout musulman de croire à l'Ecriture antérieure à lui.
Il met l'accent sur la place prépondérante occupée dans l'histoire de la Révélation par les Envoyés d'Allah, tels que Noé, Abraham, Moïse, les Prophètes et Jésus qui est placé parmi eux à un rang particulier.
L’islam, dernière des religions monothéistes, s’est aussi d’emblée autoproclamée universelle, destinée à tous les humains sans distinction, dans l’espace ou dans le temps.
Dés le début il faut souligner que la confusion qui assimile l’islam aux arabes a été longtemps l’un des freins dans le monde occidental à la compréhension des différentes cultures musulmanes. Elle n’est pas fortuite, elle est la conséquence du mode de diffusion concomitante de notre religion et de la langue arabe dans le monde.
Beaucoup d’arabes ne sont pas musulmans et inversement les 4/5 des musulmans dans le monde ne sont pas arabes. Mais le Coran, parole inaltérable d’Allah, pilier sinon unique et dans tous les cas de figures, seule référence incontestable, est écrit en arabe (Nous avons ainsi révélé en arabe une Sagesse).
Plusieurs traductions du Coran existent mais seule la version en arabe est sacrée.
Autrement dit il est difficile de définir une éthique islamique uniforme de l’extrême orient à l’Afrique noire en passant par l’Inde ou le Turkmenistan, sans tenir compte du fait que l’aspect sacré est fortement imprégné du système de valeurs de la péninsule arabique.
Il est évident qu’il existe un socle philosophique commun pour faire un Homo islamicus, quelque en soit l’origine géographique. Pour Hichem Djait (Historien tunisien auteur de la grande fitna et de la vie de Mohamed(SAW)) dans : La crise de la culture islamique, Il y aurait deux systèmes de valeurs en islam :
Le premier système de valeurs vise à pacifier les rapports humains, à les élever à un plus haut degré d’humanité. L’Homo islamicus est un Homme responsable (4:85 celui qui intercède d’une bonne intercession en obtiendra une part. Celui qui intercède d’une mauvaise intercession en sera pleinement responsable. Dieu tient compte de tout.) qui répondrait donc à quelques valeurs sûres impératives, simples explicitées très clairement dans le Coran (16 : 90 Oui, Dieu ordonne l’équité, la bienfaisance et la libéralité envers les proches parents.)
Le deuxième système de valeurs est plus politique et social, il couvre la majeure partie du comportement des hommes, il répond à des recommandations coraniques aux contours plus flous. Il a fallu y greffer, les hadiths (paroles du Prophète) et la Sunna (conduite du prophète), sujets parfois à controverse et toujours à interprétation, ce qui en même temps complexifie et humanise le message du prophète. Le pouvoir politique et religieux s’approprient le message de Mohamed (SAW) pour imposer une éthique temporelle politiquement correcte et éviter aux humains de s’écarter du droit chemin. Cela ne pouvait bien évidement qu’altérer l’universalité et la portée du premier message. La réflexion sur le don d’organes et la la transplantation en islam qui suit se restreindra au premier système de valeurs.
Par ailleurs en Islam, comme Saint Augustin (Maghrébin et Berbère, tout comme trois Papes d’origine Maghrébine) pour la Bible, nous avons toujours considéré qu'il y avait concordance entre les données de l'Ecriture sainte et les faits scientifiques.
Mohamed (SAW), lui aussi, a été persécuté parce qu’il était peu enclin au respect des traditions. Abdelmajid Charfi a écrit : “[Mahomet](SAW) annonce à toute l’humanité l’inauguration d’une ère nouvelle, d’une nouvelle étape de l’histoire où l’homme ayant atteint la maturité, n’aura plus besoin d’un guide ou d’un tuteur pour les moindres détails de son existence...Alors le Prophète est vraiment « un témoin, un annonceur et un avertisseur »; par ses paroles et par ses actes, il est le « bel exemple »…autrement… il aurait enraciné le conformisme qu’il était venu combattre, il n’aurait fait que remplacer une tradition par une autre.“ fin de citation, tout comme Moise et Jésus.
En réalité nous le savons bien la tolérance et l’intolérance des hommes au nom des religions ont souvent été conditionnées par des facteurs économiques ou politiques.
Valeurs de l’Islam
En Islam, l’homme est seul responsable de ses choix devant Dieu, il n’y a pas de clergé « redoutez le jour : où nul ne sera récompensé pour autrui, où nulle intercession ne sera acceptée, où nulle compensation ne sera admise, où personne ne sera secouru »
Pour les musulmans vivants dans des pays laïcs, où des lois ne concordent pas avec le Coran, ils auront à décider en tant qu'individus, car il n’y a pas de clergé en Islam. A chacun de fournir à partir de sa propre conviction, des éléments de réponse objective et personnelle face aux évolutions majeures de la société.
Les débats autour de la transplantation d’organes et la religion ne sont-elles pas donc en définitif qu’une façon d’occulter les réels obstacles au développement de cette thérapeutique, c'est-à-dire les insuffisances techniques, médicales, éducationnelles ou économiques existantes ou encore un refus camouflé ?
Je ne le pense pas, le problème est beaucoup plus complexe.
Rappelons-nous qu’il existe une claire corrélation en l’indice de développement humain et le nombre de transplantations effectuées à travers les pays, exceptions faites de certains pays : la Corée du Sud, le Japon et les pays du Golf arabique.
Il n’en demeure pas moins qu’il est évident que ce n’est que pour des raisons de nécessité, que le politique s’est appuyé sur la religion pour répondre aux inquiétudes. La greffe d’organes n’a pas échappé à cette règle.
La vision du monde pour un musulman ne doit pas être statique. Cette approche a été souvent combattue par les fondamentalistes. L'approfondissement des connaissances est une obligation « Dieu élèvera ceux parmi vous qui croient et ceux à qui a été donné d’atteindre des degrés de savoir », pour que l’homme en déduise que son existence n'est pas le fruit du hasard mais la volonté de Dieu.
L’Islam prône le pragmatisme. C’est une religion aisée, dans sa conception et sa pratique « Dieu veut alléger vos obligations, car l'homme a été créé faible ». s4v28.
Le concept communautaire est quasiment mythique pour les musulmans. Tout acte individuel est jugé, plus méritoire, quand il est accompli collectivement, car il donne alors, une nouvelle occasion d'affermir le rapprochement des hommes. « Que de vous se forme une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, proscrive le blâmable : ce seront eux les triomphants » s3v104.
La solidarité est éthiquement et légalement obligatoire pour les musulmans : « En vérité la Fraternité qui est la vôtre est une seule Fraternité… ». La Zakat, qui est "la dîme" à payer sur ses revenus est le troisième des cinq fondements de l'Islam et en est l’une des illustrations.
Nous nous imaginons bien que ce principe de communauté solidaire ne va pas sans conséquence et influe profondément sur le principe d’autonomie et sur les modalités et la nature du consentement en Islam.
Mais même si l’intérêt de la collectivité prime toujours sur l’intérêt de l’individu mais l’homme reste la mesure de toute chose. Le respect de la vie, l’inviolabilité, l’intégrité du corps humain et l’interdiction de toute pratique eugénique sont rappelés à plusieurs reprises dans le Coran.
Aussi la mort n’est pas une fin mais une transition vers une vie plus heureuse pour les justes. Il n’en demeure pas moins que la préservation de la vie est un devoir sacré. Nous y reviendrons.
Islam, patrie de résistance identitaire ou Le revers de la médaille?
Avouez qu’il y a de quoi rester dubitatif devant le fossé qui existe entre les valeurs véhiculées par le Coran et le refus du don d’organes très souvent exprimé au nom de ce même Islam ? La précarité des citoyens, associée à une certaine corruption des mœurs et à l’amateurisme du corps soignant face aux interrogations légitimes posées par la greffe pourraient à elles seules justifier la réponse.
Tout le monde meurt, tout le monde est astreint à la souffrance. Tous les hommes rient et pleurent mais pas pour les mêmes raisons.
Tout le monde croit, tout le monde a une religion et même l’agnostique le plus pur, l’athée le plus résolu croit en l’homme et en l’existence d’une transcendance. Parce comme le disait
Theillard de Chardin “ Tout ce qui s’élève converge“ ou alors en tant que musulman je ne peux et ne doit que respecter la diversité des croyances et des religions. S42 V8 “Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait des hommes une seule communauté.“
Plus encore ma lecture de la vie du prophète Mohamed (SAW) me démontre que les différences entre les religions sont un ferment démocratique. « Dis : O vous les infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion»
Avec une telle conception de la religion ou plutôt de la spiritualité, on peut imaginer que l’un des buts de la religion est de moins mal mourir ou de rendre la vie moins dramatique.
En tant que médecin intéressé par les questions d’éthique et dans la transplantation il y a une réconciliation ou plutôt une association entre une action médicale et donc collective, sociale tournées vers l’autre et une action d’essence spirituelle ou religieuse qui est privée ou plutôt intime.
Le fait religieux est toujours aussi un fait historique, sociologique, culturel et psychologique.
Robert Lowie avait noté il y a plus d’un siècle l’existence d’une croyance suprême même chez les peuples les plus archaïques. Pour Durkheim, la religion est la projection de l’expérience sociale. En étudiant les aborigènes australiens, le même Durkheim avait remarqué que le totem symbolisait tout à la fois le sacré et le clan. Il en avait conclu que le sacré et le groupe social n’étaient qu’une seule et même chose.
Thurnwald tenta d’expliquer par un cheminement chronologique les croyances religieuses. Au stade la cueillette pensait-il, l’homme avait sacralisé les animaux ; l’homme chasseur a inventé le totémisme, les premiers agriculteurs ont personnifié les divinités et enfin les peuples pastoraux ont crée les Grands Dieux.
Et il ne faut pas être un théologien chevronné pour remarquer que toutes les religions partagent les six mêmes grands principes : La détention de la vérité, la sacralité, les valeurs morales, la communauté d’appartenance, la croyance au surnaturel et les pratiques rituelles.
Les trois religions monothéistes (Judaïsme, Chrétienté et Islam) n’échappent pas à ce schéma, en revanche elles se distinguent chacune par l’existence d’un recueil d'Ecritures qui lui est propre. Ces documents constituent le fondement de la foi de tout croyant qu'il soit juif, chrétien ou musulman. Ils sont pour chacun des croyants la transcription matérielle d'une Révélation Divine, directe comme dans le cas d'Abraham ou de Moïse qui reçurent d'Allah même les commandements, ou indirectes dans le cas de Jésus et de notre Prophète.
Mohammed (SAW), le premier déclarant parler au nom du Père, le second transmettant aux hommes la Révélation communiquée par l'Archange Gabriel.
Le judaïsme a pour livre saint la Torah. Mais le judaïsme n'accepte aucune révélation postérieure à la sienne. Chez les juifs, la loi se trouve dans la Bible, notamment dans les cinq premiers livres attribués à Moïse. Cette loi révélée s’impose au croyant juif en tout temps et en tout lieu.
Le christianisme a repris à son compte la Bible hébraïque en y ajoutant quelques suppléments. Notons que bien que provenant de la tradition juive, Jésus lui-même était peu enclin au respect de la loi telle que dictée par la Bible.
Pour Frank Simon “L’éthique Chrétienne ne rejette pas les normes de conduite…c’est pour elle quelque chose de secondaire, de superficiel et de dérivé. Son véritable objet n’est pas la conduite mais l’état intérieur de l’âme humaine…elle n’est pas dirigée vers les actions, mais vers l’être même…la conduite doit être seulement l’expression naturelle et le fruit d’un état intérieur." dans la “ vérité paradoxale du christianisme. Quand à l’Islam, le Coran prescrit à tout musulman de croire à l'Ecriture antérieure à lui.
Il met l'accent sur la place prépondérante occupée dans l'histoire de la Révélation par les Envoyés d'Allah, tels que Noé, Abraham, Moïse, les Prophètes et Jésus qui est placé parmi eux à un rang particulier.
L’islam, dernière des religions monothéistes, s’est aussi d’emblée autoproclamée universelle, destinée à tous les humains sans distinction, dans l’espace ou dans le temps.
Dés le début il faut souligner que la confusion qui assimile l’islam aux arabes a été longtemps l’un des freins dans le monde occidental à la compréhension des différentes cultures musulmanes. Elle n’est pas fortuite, elle est la conséquence du mode de diffusion concomitante de notre religion et de la langue arabe dans le monde.
Beaucoup d’arabes ne sont pas musulmans et inversement les 4/5 des musulmans dans le monde ne sont pas arabes. Mais le Coran, parole inaltérable d’Allah, pilier sinon unique et dans tous les cas de figures, seule référence incontestable, est écrit en arabe (Nous avons ainsi révélé en arabe une Sagesse).
Plusieurs traductions du Coran existent mais seule la version en arabe est sacrée.
Autrement dit il est difficile de définir une éthique islamique uniforme de l’extrême orient à l’Afrique noire en passant par l’Inde ou le Turkmenistan, sans tenir compte du fait que l’aspect sacré est fortement imprégné du système de valeurs de la péninsule arabique.
Il est évident qu’il existe un socle philosophique commun pour faire un Homo islamicus, quelque en soit l’origine géographique. Pour Hichem Djait (Historien tunisien auteur de la grande fitna et de la vie de Mohamed(SAW)) dans : La crise de la culture islamique, Il y aurait deux systèmes de valeurs en islam :
Le premier système de valeurs vise à pacifier les rapports humains, à les élever à un plus haut degré d’humanité. L’Homo islamicus est un Homme responsable (4:85 celui qui intercède d’une bonne intercession en obtiendra une part. Celui qui intercède d’une mauvaise intercession en sera pleinement responsable. Dieu tient compte de tout.) qui répondrait donc à quelques valeurs sûres impératives, simples explicitées très clairement dans le Coran (16 : 90 Oui, Dieu ordonne l’équité, la bienfaisance et la libéralité envers les proches parents.)
Le deuxième système de valeurs est plus politique et social, il couvre la majeure partie du comportement des hommes, il répond à des recommandations coraniques aux contours plus flous. Il a fallu y greffer, les hadiths (paroles du Prophète) et la Sunna (conduite du prophète), sujets parfois à controverse et toujours à interprétation, ce qui en même temps complexifie et humanise le message du prophète. Le pouvoir politique et religieux s’approprient le message de Mohamed (SAW) pour imposer une éthique temporelle politiquement correcte et éviter aux humains de s’écarter du droit chemin. Cela ne pouvait bien évidement qu’altérer l’universalité et la portée du premier message. La réflexion sur le don d’organes et la la transplantation en islam qui suit se restreindra au premier système de valeurs.
Par ailleurs en Islam, comme Saint Augustin (Maghrébin et Berbère, tout comme trois Papes d’origine Maghrébine) pour la Bible, nous avons toujours considéré qu'il y avait concordance entre les données de l'Ecriture sainte et les faits scientifiques.
Mohamed (SAW), lui aussi, a été persécuté parce qu’il était peu enclin au respect des traditions. Abdelmajid Charfi a écrit : “[Mahomet](SAW) annonce à toute l’humanité l’inauguration d’une ère nouvelle, d’une nouvelle étape de l’histoire où l’homme ayant atteint la maturité, n’aura plus besoin d’un guide ou d’un tuteur pour les moindres détails de son existence...Alors le Prophète est vraiment « un témoin, un annonceur et un avertisseur »; par ses paroles et par ses actes, il est le « bel exemple »…autrement… il aurait enraciné le conformisme qu’il était venu combattre, il n’aurait fait que remplacer une tradition par une autre.“ fin de citation, tout comme Moise et Jésus.
En réalité nous le savons bien la tolérance et l’intolérance des hommes au nom des religions ont souvent été conditionnées par des facteurs économiques ou politiques.
Valeurs de l’Islam
En Islam, l’homme est seul responsable de ses choix devant Dieu, il n’y a pas de clergé « redoutez le jour : où nul ne sera récompensé pour autrui, où nulle intercession ne sera acceptée, où nulle compensation ne sera admise, où personne ne sera secouru »
Pour les musulmans vivants dans des pays laïcs, où des lois ne concordent pas avec le Coran, ils auront à décider en tant qu'individus, car il n’y a pas de clergé en Islam. A chacun de fournir à partir de sa propre conviction, des éléments de réponse objective et personnelle face aux évolutions majeures de la société.
Les débats autour de la transplantation d’organes et la religion ne sont-elles pas donc en définitif qu’une façon d’occulter les réels obstacles au développement de cette thérapeutique, c'est-à-dire les insuffisances techniques, médicales, éducationnelles ou économiques existantes ou encore un refus camouflé ?
Je ne le pense pas, le problème est beaucoup plus complexe.
Rappelons-nous qu’il existe une claire corrélation en l’indice de développement humain et le nombre de transplantations effectuées à travers les pays, exceptions faites de certains pays : la Corée du Sud, le Japon et les pays du Golf arabique.
Il n’en demeure pas moins qu’il est évident que ce n’est que pour des raisons de nécessité, que le politique s’est appuyé sur la religion pour répondre aux inquiétudes. La greffe d’organes n’a pas échappé à cette règle.
La vision du monde pour un musulman ne doit pas être statique. Cette approche a été souvent combattue par les fondamentalistes. L'approfondissement des connaissances est une obligation « Dieu élèvera ceux parmi vous qui croient et ceux à qui a été donné d’atteindre des degrés de savoir », pour que l’homme en déduise que son existence n'est pas le fruit du hasard mais la volonté de Dieu.
L’Islam prône le pragmatisme. C’est une religion aisée, dans sa conception et sa pratique « Dieu veut alléger vos obligations, car l'homme a été créé faible ». s4v28.
Le concept communautaire est quasiment mythique pour les musulmans. Tout acte individuel est jugé, plus méritoire, quand il est accompli collectivement, car il donne alors, une nouvelle occasion d'affermir le rapprochement des hommes. « Que de vous se forme une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, proscrive le blâmable : ce seront eux les triomphants » s3v104.
La solidarité est éthiquement et légalement obligatoire pour les musulmans : « En vérité la Fraternité qui est la vôtre est une seule Fraternité… ». La Zakat, qui est "la dîme" à payer sur ses revenus est le troisième des cinq fondements de l'Islam et en est l’une des illustrations.
Nous nous imaginons bien que ce principe de communauté solidaire ne va pas sans conséquence et influe profondément sur le principe d’autonomie et sur les modalités et la nature du consentement en Islam.
Mais même si l’intérêt de la collectivité prime toujours sur l’intérêt de l’individu mais l’homme reste la mesure de toute chose. Le respect de la vie, l’inviolabilité, l’intégrité du corps humain et l’interdiction de toute pratique eugénique sont rappelés à plusieurs reprises dans le Coran.
Aussi la mort n’est pas une fin mais une transition vers une vie plus heureuse pour les justes. Il n’en demeure pas moins que la préservation de la vie est un devoir sacré. Nous y reviendrons.
Islam, patrie de résistance identitaire ou Le revers de la médaille?
Avouez qu’il y a de quoi rester dubitatif devant le fossé qui existe entre les valeurs véhiculées par le Coran et le refus du don d’organes très souvent exprimé au nom de ce même Islam ? La précarité des citoyens, associée à une certaine corruption des mœurs et à l’amateurisme du corps soignant face aux interrogations légitimes posées par la greffe pourraient à elles seules justifier la réponse.
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