Le spectre de 2012 ressurgit sur les réserves
Par*Franck FAGNON*| Edition N°:5053 Le 28/06/2017 |
Chute de 25 milliards de DH en mai et juin
Le déficit chronique du commerce extérieur fait peser un risque constant sur les réserves
La spéculation contre le dirham aurait joué un rôle important
Les autorités monétaires se veulent rassurantes, mais la forte baisse des réserves de changes en si peu de temps fait un peu tache. Au-delà d’une éventuelle* spéculation sur le dirham, l’aggravation du déficit commercial et quelques opérations exceptionnelles ont pesé sur la contraction exceptionnelle des avoirs extérieurs relevée ces dernières semaines
Il faut remonter à 5 ans pour voir une telle contraction des avoirs extérieurs. Au cours des deux derniers mois, l’économie a consommé l'équivalent de 25 milliards de DH et un montant total de 33 milliards de DH en six mois. Certes le rythme des importations reste soutenu, comme le transfert des dividendes des filiales de multinationales vers leurs maisons mères.
Il y a eu aussi une opération exceptionnelle comme l’acquisition de la filiale égyptienne de Barclays par Attijariwafa bank.* Mais la spéculation sur le dirham à l’approche de la migration vers le régime de change flottant y est pour quelque chose, accusent les autorités monétaires (voir L’Economiste du 22 juin 2017).
Pour autant, on n’est pas encore dans une situation inquiétante. Au 16 juin, le matelas de réserves de changes s’établissait à 219 milliards de DH et reste à des niveaux relativement confortables. Cela équivaut à environ six mois d’importations de biens et services.
En 2012, les réserves de changes avaient fondu dans les mêmes proportions (baisse de 30 milliards de DH entre fin 2011 et juillet 2012). A l’époque, le Maroc avait souscrit à la ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour prévenir notamment un choc sévère sur les réserves de changes. Il n' a pas eu besoin d'y recourir. Toutefois, cette assurance sera de nouveau reconduite.
Les autorités viennent de finaliser les conditions du renouvellement avec le FMI. En plus de la LPL, le Royaume avait conclu en 2012 un accord important avec les pays du Conseil de coopération du Golfe lui permettant d’assurer une rentrée de 5 milliards de dollars sur cinq ans. Cet accord prend fin cette année avec la mobilisation des fonds restants. Reste à savoir s’il sera reconduit et sous quelle forme? Petite indication, l’année dernière sur les 13 milliards de DH promis en dons, «seuls» 8 milliards ont été reçus.
Les points de comparaison entre les fortes baisses des réserves de changes actuellement et en 2012 se trouvent d’abord au niveau de la balance commerciale. Le déficit s’est aggravé de 13% sur les cinq premiers mois de l’année en raison principalement de la flambée de la facture énergétique (+43%).
La remontée des prix des matières premières à l’international fait monter à la surface certaines fragilités de l’économie, notamment une balance commerciale structurellement déficitaire. Un travail important est mené ces dernières années sur la diversification et le contenu de l’offre exportable ainsi que des marchés d’exportation. Pour l’instant, les résultats sont limités.
Excepté les flux d’IDE qui ont accéléré de 24%, les autres sources de rentrées de devises n’arrivent pas à compenser. Les transferts des MRE stagnent alors que la balance des voyages a dégagé un excédent en recul de 6% par rapport aux cinq premiers mois de 2016.
L economiste
Par*Franck FAGNON*| Edition N°:5053 Le 28/06/2017 |
Chute de 25 milliards de DH en mai et juin
Le déficit chronique du commerce extérieur fait peser un risque constant sur les réserves
La spéculation contre le dirham aurait joué un rôle important
Les autorités monétaires se veulent rassurantes, mais la forte baisse des réserves de changes en si peu de temps fait un peu tache. Au-delà d’une éventuelle* spéculation sur le dirham, l’aggravation du déficit commercial et quelques opérations exceptionnelles ont pesé sur la contraction exceptionnelle des avoirs extérieurs relevée ces dernières semaines
Il faut remonter à 5 ans pour voir une telle contraction des avoirs extérieurs. Au cours des deux derniers mois, l’économie a consommé l'équivalent de 25 milliards de DH et un montant total de 33 milliards de DH en six mois. Certes le rythme des importations reste soutenu, comme le transfert des dividendes des filiales de multinationales vers leurs maisons mères.
Il y a eu aussi une opération exceptionnelle comme l’acquisition de la filiale égyptienne de Barclays par Attijariwafa bank.* Mais la spéculation sur le dirham à l’approche de la migration vers le régime de change flottant y est pour quelque chose, accusent les autorités monétaires (voir L’Economiste du 22 juin 2017).
Pour autant, on n’est pas encore dans une situation inquiétante. Au 16 juin, le matelas de réserves de changes s’établissait à 219 milliards de DH et reste à des niveaux relativement confortables. Cela équivaut à environ six mois d’importations de biens et services.
En 2012, les réserves de changes avaient fondu dans les mêmes proportions (baisse de 30 milliards de DH entre fin 2011 et juillet 2012). A l’époque, le Maroc avait souscrit à la ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour prévenir notamment un choc sévère sur les réserves de changes. Il n' a pas eu besoin d'y recourir. Toutefois, cette assurance sera de nouveau reconduite.
Les autorités viennent de finaliser les conditions du renouvellement avec le FMI. En plus de la LPL, le Royaume avait conclu en 2012 un accord important avec les pays du Conseil de coopération du Golfe lui permettant d’assurer une rentrée de 5 milliards de dollars sur cinq ans. Cet accord prend fin cette année avec la mobilisation des fonds restants. Reste à savoir s’il sera reconduit et sous quelle forme? Petite indication, l’année dernière sur les 13 milliards de DH promis en dons, «seuls» 8 milliards ont été reçus.
Les points de comparaison entre les fortes baisses des réserves de changes actuellement et en 2012 se trouvent d’abord au niveau de la balance commerciale. Le déficit s’est aggravé de 13% sur les cinq premiers mois de l’année en raison principalement de la flambée de la facture énergétique (+43%).
La remontée des prix des matières premières à l’international fait monter à la surface certaines fragilités de l’économie, notamment une balance commerciale structurellement déficitaire. Un travail important est mené ces dernières années sur la diversification et le contenu de l’offre exportable ainsi que des marchés d’exportation. Pour l’instant, les résultats sont limités.
Excepté les flux d’IDE qui ont accéléré de 24%, les autres sources de rentrées de devises n’arrivent pas à compenser. Les transferts des MRE stagnent alors que la balance des voyages a dégagé un excédent en recul de 6% par rapport aux cinq premiers mois de 2016.
L economiste
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