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Militant de l’ombre , du secret , il le resta dans la mort

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  • Militant de l’ombre , du secret , il le resta dans la mort

    L’historien Mahfoud Kaddache a consacré une biographie riche en enseignements au chahid Mohammed Ouamara sous le titre : Itinéraire d’un militant nationaliste : Ouamara Mohammed dit «Rachid».
    Du Comité d’action révolutionnaire nord-africain (CARNA) au Comité de Coordination et d’Exécution (CCE). Le texte figure dans l’ouvrage collectif : Militaires et guérilla dans la Guerre d’Algérie (sous la direction de Jean-Charles Jauffret et Maurice Vaïsse, Centre d’études d’histoire de la Défense, 2001, PP 503-515). C’est grâce à Mokhtar Ouamara (qui a d’ailleurs reçu chez lui l’éminent historien pour les besoins de ses recherches) que vous avons pris connaissance de ce document. Mahfoud Kaddache souligne que le jeune Mohammed a très tôt adhéré aux idées indépendantistes.

    «C’est dans les rangs du parti nationaliste indépendantiste de l’Etoile nord-africaine, PPA-MTLD, et de ses organisations satellites qu’on trouve les précurseurs de l’action révolutionnaire et par la suite armée en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

    L’histoire a mis en relief les grands noms, les chefs des différents appareils du mouvement indépendantiste, laissant dans l’ombre des militants, voire des responsables dont ne se souviennent que les proches ou les témoins de leur parcours. Ouamara Rachid fait partie de ces derniers. Son itinéraire politique, de l’Etoile nord-africaine au FLN, colle à toutes les phases officielles et clandestines du nationalisme algérien», écrit-il. Mohammed Ouamara est né le 17 juillet 1912 à La Casbah. «Il a fréquenté l’école primaire Fateh, en haut de la mosquée Sidi Abderrahmane où il a obtenu son certificat d’études», souligne l’historien. «Il a également suivi des cours d’arabe à la medersa libre Chabiba de la rampe Valée. Il aimait beaucoup lire (…). Après l’obtention du certificat d’études, il devint facteur, puis chauffeur de taxi.



    Durant la guerre, il lança une confiserie et eut des actions dans plusieurs restaurants». De ses activités militantes, Mahfoud Kaddache dira : «Il fréquentait les milieux activistes de l’Etoile nord-africaine, transportait des armes». Et de préciser : «Ce que Ouamara préférait dans le domaine politique, c’était l’action. Il affectionnait les réunions secrètes, l’action clandestine, les manifestations et la préparation de la lutte armée». «Ouamara était convaincu que la libération de l’Algérie ne pouvait se réaliser que par la lutte armée révolutionnaire».

    L’historien indique que l’activiste nationaliste était en contact avec Abane dès le début de la Révolution : «Au début de l’année 1955, Ouamara prit contact avec Abbane qui, libéré après avoir purgé plusieurs années de prison, était venu s’installer à Alger en tant que responsable FLN». Si Rachid n’hésitera pas à mettre ses biens au service de la Révolution dès le déclenchement de la lutte armée.

    «Ouamara avait acheté en 1946 une villa située au boulevard du Télemly, dans un quartier presque entièrement habité par les Européens. (…) La villa, d’apparence bourgeoise et insoupçonnable par la police, offrait toutes les garanties de sécurité pour servir de refuge et de siège à des responsables FLN», assure Kaddache, avant d’ajouter : «Ouamara mit sa villa à la disposition de Abane.

    Ce dernier en fit le siège et le refuge des membres du CCE. Il laissa à leur disposition son fils Mokhtar, alors âgé d’un peu plus de seize ans (…) Et c’est Mokhtar qui fut chargé de l’intendance : achat du ravitaillement, préparation des repas, tenue de la villa… Mokhtar vit arriver à la maison la plupart des grands dirigeants qui se trouvaient à Alger : Abane, Ben Khedda, Ben M’hidi, Ouamrane, Krim, Dahlab…(…) La villa servit de camp retranché où vécurent pendant des périodes plus ou moins longues, durant près de trois ans, de 1955 au 24 février 1957, les membres du CCE. L’adresse de la villa n’était connue que d’eux, ce qui a garanti leur sécurité. On avait fait construire deux caches par un maçon, Ammi Rezki, l’une pour classer des documents, l’autre pour abriter six hommes à la fois se tenant debout».

    Kaddache rapporte en ces termes l’épisode de l’arrestation des Ouamara père et fils : «Le 28 février 1957, Mokhtar, qui était seul dans la villa, vit vers 17h entrer son père ; Ouamara n’avait pas l’air rassuré. Immédiatement après lui, des policiers en civil entrèrent à leur tour : l’avaient-ils suivi ou l’attendaient-ils ? Ouamara était atterré ; les policiers l’emmenèrent. Mokhtar resta seul avec d’autres policiers jusque vers 21h, où lui aussi fut conduit dans une villa d’El Biar. Dans le garage étaient allongés de nombreux prisonniers, parmi lesquels son père Ouamara, pieds et poings liés, le visage tuméfié, avec des petites lésions rondes, peut-être des brûlures de cigarette. (…)

    Dans ses Mémoires, Saâd Dahlab nous apprend que Ouamara avait été ‘‘torturé et brûlé avant de se voir crever les yeux’’». Mokhtar ne l’a plus revu. Mahfoud Kaddache affirme : «Le fils d’Ouamara écrivit en mai 1957 au général de Gaulle, lui demandant d’ordonner une enquête sur le sort de son père. Le Président l’adressa à la préfecture d’Alger où le haut fonctionnaire consulté avoua son impuissance, les pleins pouvoirs étant détenus à l’époque par les militaires. La famille ne sut jamais où était enterré Ouamara. Militant de l’ombre, du secret, il le resta dans la mort.»

    el watan
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