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Mode : Alger se met à la mode "bohème"

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  • Mode : Alger se met à la mode "bohème"


    Là, une élégante tresse de fils de soie, sfifa, parcourt les contours des manches ou du col, soulignant par contraste la couleur et la fine texture. Ici, la capuche jetée en arrière en un geste libérateur est ornée par un cordon argent insufflant une touche de raffinement mauresque à la djellaba. Et partout, en parcourant ces pièces d’art, des touches de la tradition maghrébine. Des khamsa (main de Fatma) aux borderies discrètes, des ceintures argent fines pour révéler les belles tailles et faire réfléchir la lumière d’été en un arc flamboyant. Blouse en crêpe, combi-sarouel en coton avec applique en argent, djellaba choisette à la marocaine, kimono en mousseline, veste blazer « Tinhinane » (du nom d’une reine berbère) en toile de coton avec fermoir en fil argenté, gilet en gabardine finement travaillé et débardeur « amazigh » (berbère)…

    "Bohème, pratique, moderne, traditionnel"
    Les modèles se suivent, ne se ressemblent pas, mais se rassemblent dans cette ligne « éditoriale » de la conceptrice de la marque algérienne Boho, née en mai dernier. « Bohème, pratique, moderne, traditionnel », énumère Lila Merabtene. Au début était « le manque », raconte cette femme qui a quitté son poste de management, en début d’année, dans une multinationale installée à Alger pour se lancer dans l’aventure Boho. Une femme active, nomade et, surtout, éprise des savoir-faire maghrébins esthétiques.

    « En Tunisie et au Maroc, je trouvais des tenues qu’on pouvait porter tous les jours, pratiques et selon les standards du prêt-à-porter, avec quand même un rappel dans les tissus ou dans les ornements de la culture, des traditions, de l’histoire, de l’ADN de ce que nous sommes », raconte Lila, qui voulait créer les mêmes vêtements chez elle, en Algérie. « Je ne voulais pas refaire les mêmes tenues traditionnelles lourdes et chargées, impossibles à porter en dehors des cérémonies (et encore pour un moment !). Je voulais créer des tenues qu’on peut porter huit heures d’affilée mais qui portent une touche de notre culture. Alors je me suis lancée. »

    Tradi et léger
    Un « incident » la conforte dans sa conviction : ses deux fils doivent arborer une « tenue tradi » pour la fête de l’école : « Au lieu d’aller acheter un costume qui pèse une tonne, mal fabriqué, j’ai juste cousu un tissu de qardoun (bande de tissu colorée qui entoure traditionnellement les tresses des jeunes filles en Algérie) autour des cols des hauts pour mes fils : c’était tradi et léger. »

    Au début, cette Algéroise très volontariste dessine elle-même ses modèles, trouve une dame discrète qui règne sur un atelier où des mains fines et scrupuleuses donnent forme à ses concepts. « Une rencontre humaine exceptionnelle, lance la modéliste. Avec de l’excellence dans le travail et de la ponctualité. Une femme ouverte au dialogue, prête à revoir ses classiques. » Mais Lila Merabtene refuse de livrer son secret : « Cet atelier est un secret, sa patronne ne veut pas se faire connaître. » On sait qu’elle est quelque part à Alger. Mystère des artistes.

    Pourquoi pas un concept store Boho ?
    « En fait, c’est ce qui manque le plus en Algérie : nous n’avons pas de designers ni d’agents artistiques qui orientent et encouragent nos artisans : nous avons un savoir-faire qui n’est pas renouvelé, qui reste très folklorique, et en même temps ces petites mains sont d’une virtuosité rare », lance Lila.

    Pour le moment, Boho (de « bohème »), sa marque, lancée en mai 2017, n’est commercialisée que sur Facebook, et à l’occasion, dans les concept stores comme le fameux Raji à Alger, un des plus réputés pour le « made in Algeria » de haute qualité. « Mon projet, vu la très bonne réception de nos produits, est de trouver des points de vente hors d’Alger, et pourquoi pas créer un concept store Boho, mais qui accueillera d’autres créatifs, et pas seulement dans la mode. » Son rêve secret : « Créer une collection enfants, très pratique, mais avec des touches de notre culture algérienne, maghrébine. C’est mon rêve. »

    ADLÈNE MEDDI, LE POINT AFRIQUE
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