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Les neurosciences et Idriss Aberkane : science sans conscience n’est que ruine de l’âme, et après ?

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  • Les neurosciences et Idriss Aberkane : science sans conscience n’est que ruine de l’âme, et après ?

    Note : J’étais partie pour écrire un article plutôt élogieux – et je l’ai fait – sur Idriss Aberkane, suite à cette vidéo (voir en fin d’article) et son livre, publié en octobre 2016, Libérez votre cerveau !, quand je suis tombée sur d’autres sources, toutes plus sérieuses les unes que les autres, faisant mention d’une problématique plutôt dérangeante pour quelqu’un qui prétend être un spécialiste ès neurosciences et qui philosophe sur l’éthique. Alors, le monde selon Idriss Aberkane ? Revu et corrigé.

    Les médias regorgent d’experts, dans tous les domaines, plus ou moins autoproclamés, et surfant sur différentes vagues pour vanter une idéologie ou un produit (l’un pouvant mener à l’autre). Pour le média (télévisuel notamment), le but n’est pas la vérification des sources spécialement, mais l’audience, et un « produit » (comprendre : un expert) qui se vend bien. A l’image de figures controversées aujourd’hui, mais qui continuent d’avoir un temps de parole à l’antenne car elles font de l’audimat, Idriss Aberkane est, de fait, un beau contenant. Il parle très bien, il présente bien, et il fait vendre.

    Peut-on être crédible quand on a menti sur son CV ?

    On l’a probablement tous plus ou moins fait, de mentir, d’arrondir les angles, de combler les vides, pour éviter les questions gênantes des employeurs. Le problème d’Idriss Aberkane, dans un scandale qui s’est dévoilé fin octobre/début novembre 2016, c’est qu’il a – peut-être un peu trop – gonflé son CV. Publié par Le Monde dans un article élogieux, puis retiré, puis republié avec un mea culpa, les preuves se sont accumulées : Idriss Aberkane n’est pas triple doctorant, il n’est pas spécialiste en neurosciences, n’est pas non plus enseignant-chercheur mais chargé de TD à Centrale-Supélec en « stratégie et développement d’affaires internationales ». Il est certes passé par quelques grandes écoles, dont l’ENS et Polytechnique, mais n’en est jamais ressorti diplômé. Basés sur un fond de vérité, ses mensonges construits arrondissent les angles, et ils gagnent en crédibilité.

    Le problème ici n’est même pas la question de savoir si on peut être intelligent et doué dans son domaine sans diplôme : il va de soi que certains autodidactes (dans quelque domaine que ce soit) sont impressionnants. Le diplôme ne fait pas l’intelligence. En revanche, croire que toute sa crédibilité repose sur des diplômes et des appellations (comme celle d’enseignant-chercheur), c’est au moins manquer d’honnêteté intellectuelle. Certains passionnés font un travail extra, sans ressentir le besoin de mentir sur leurs qualifications : et on ne les prendra que plus au sérieux.

    Des neurosciences et une éthique en toc

    Là encore, le problème d’Idriss Aberkane, c’est qu’il semble avoir beaucoup lu, mais il recrache, sans trop de preuves scientifique ni de méthode, des éléments pris çà et là au hasard de ses lectures. Son opinion devient centrale, et balaye les faits avérés, pourtant au cœur de la recherche scientifique pure. On peut être un passionné sans être un spécialiste, au sens universitaire/professionnel du terme : il n’y a aucun mal à cela. Le problème comme toujours, c’est de se faire passer pour ce que l’on n’est pas. La passion ne fait pas le chercheur. C’est le travail qui le fait, les heures passées enfermé dans un labo, derrière un ordinateur ou autre machine d’analyse, entouré de bouquins, et suivi par un directeur de recherches ; ce sont les publications dans des revues scientifiques qui posent réellement le statut de chercheur.

    Autre problème, on peut se demander l’intérêt réel d’Idriss Aberkane, propriétaire de plusieurs sociétés de consulting pour des chefs d’entreprise, qui promeut l’ubérisation de l’éducation sous prétexte de transhumanisme, et se contredisant lui-même lorsqu’il affirme que « [l’] on ne fait pas la Silicon Valley avec les premiers de la classe » : pourquoi alors a-t-il ressenti à ce point le besoin de gonfler son CV pour se faire passer pour un petit génie des neurosciences, bardé de trois doctorats ?

    Enfin, le dernier problème mis en exergue par le cas Idriss Aberkane, c’est qu’il soulève des questions qui sont effectivement dignes de tout notre intérêt : les méthodes éducatives, l’avenir des sciences, l’éthique des sciences, mais le charlatanisme dont il fait preuve décrédibilise le débat. Un débat qui aurait pourtant lieu d’être, à l’heure où une Céline Alvarez étudiait la méthode Montessori pendant trois ans dans des écoles républicaines avec succès, et où nombre de spécialistes tentent, eux aussi, souvent dans l’ombre médiatique, d’avancer sur ces questions épineuses, mais centrales, du sens.

    Il s’avère que l’auteur de Libérez votre cerveau ! est un joli produit médiatique, qui fait vendre. A nous de nous poser les bonnes questions.

    Pour aller plus loin, voici toutes les sources qui retracent les réflexions autour de ce personnage et de son discours, et qui ont nourri cet article.

    L’article publié sur Hémisphère gauche
    Le biomimétisme, un article de fond
    Inscide
    L’Express
    Marianne



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