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Le moudjahid et journaliste Boualem Khalfa n'est plus

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  • Le moudjahid et journaliste Boualem Khalfa n'est plus


    Boualem Khalfa, ancien moudjahid, journaliste et dirigeant du journal Alger Républicain, est décédé jeudi à l'âge de 94 ans après une hospitalisation de 12 jours et une logue maladie.

    Militant dès son jeune âge, Boualem Khalfa a adhéré au parti communiste algérien (PCA) dès 1946. Sa rencontre avec le défunt Bachir Hadj Ali en 1944 fut décisive.

    Boualem Khalfa est élu membre du bureau politique du PCA quelques mois avant le déclenchement de la révolution algérienne en novembre 1954. Il est nommé rédacteur en chef de Liberté, l'organe central du PCA.

    Le défunt a participé à la guerre de libération nationale et était chargé de l'organisation des maquis de liberté du PCA, avant d’être arrêté en 1956.

    Torturé et menacé d'exécution sommaire, il est condamné par le Tribunal militaire d'Oran à vingt ans de travaux forcés. Il a par la suite été transféré en France. Avec l'aide du PCF, il s'évade de la prison de Caen où il avait été ramené en 1961. Il est chargé de diriger la Fédération de France du parti.

    A l'indépendance, il retourne en Algérie où il va co-diriger Alger républicain avec Henri Alleg. Boualem Khalfa était membre de la direction du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS) avant de le quitter et d'appeler à susciter le parti communiste algérien en 1993. Il est resté fidèle à ce dernier jusqu'à son dernier souffle.

    HuffPost Algérie

  • #2
    Allah yrahmou.

    J'ajoute ici une assez longue notice de son parti :

    "Notre camarade a combattu jusqu'à son dernier souffle pour l'émancipation des classes exploitées et opprimées. Il est resté fidèle à ses convictions communistes et profondément convaincu que l'avenir appartient au communisme qui délivrera à jamais les travailleurs de l'exploitation capitaliste, de la misère, des privations et des guerres.

    Après avoir commencé très jeune à fréquenter les mouvements nationalistes, Boualem a adhéré au parti communiste algérien en 1946.
    Sa rencontre avec Bachir Hadj Ali en 1944 fut décisive. Ses aspirations profondes à une société bannissant l'oppression et les inégalités trouvèrent une réponse forte dans sa prise de connaissance du marxisme auquel Bachir venait de l'initier. A partir de ce moment là, Boualem comprit qu'il était impossible de dissocier la lutte contre l'oppression colonialiste de la lutte pour l'abolition du capitalisme, pour une société socialiste fondée sur la propriété sociale des moyens de production et dirigée par la classe ouvrière et ses alliés.

    L'autocritique effectuée en 1946 par le PCA sur les erreurs d'appréciation des manifestations du 8 mai 1945, manifestations sauvagement réprimées par les colonialistes, dissipa ses dernières réticences.

    Depuis ce moment, la vie de Boualem fut intimement liée à celle de son nouveau parti, à la défense de ses idéaux et de ses objectifs. Il participa à l'animation des comités constitués par le PCA pour exiger la libération et l'amnistie des Algériens arrêtés lors des manifestations du 8 mai.

    Après quelques mois d'exercice de la fonction d'instituteur dans une région rurale où il prend la mesure de la misère profonde des paysans algériens dépossédés de leur terre par les colonialistes, il rejoint la rédaction d'Alger républicain en 1944. Au sein d'une rédaction composée principalement d'éléments européens, les Algériens lettrés étant très rares du fait de la colonisation, il se fait vite remarquer. Il est très apprécié par son style d'écriture net et précis allié à un contenu de classe concret et sans concession. Le journal est en train de rassembler un large éventail de forces qui combattent le colonialisme et dénoncent l'arbitraire et la répression coloniales. Il est la tribune des travailleurs dans leurs luttes contre l'exploitation.

    Boualem Khalfa est nommé rédacteur en chef. Les difficultés financières du journal poussèrent les éléments socialistes européens à laisser place au sein du conseil d'administration d'Alger républicain à des communistes "arabo-berbères" et européens.

    Boualem Khalfa subit la colère des autorités coloniales qui usent contre Alger républicain de tous les artifices judiciaires pour le faire taire. En 1953 il est condamné à deux ans et demi de prison.

    L'algérianisation de l'encadrement du PCA s'intensifiant, Boualem Khalfa est élu membre de son bureau politique quelques mois avant le déclenchement de l'insurrection armée du 1 er novembre 1954. Il est nommé rédacteur en chef de Liberté, l'organe central du PCA.

    Il est condamné à deux ans de prison pour son éditorial du 4 novembre dans lequel il se prononce sur les actions armées du 1er novembre en exprimant, bien qu'à mots couverts pour échapper à la censure, le soutien du PCA aux "aspirations légitimes du peuple algérien", c'est-à-dire à sa libération nationale.

    Après la dissolution du PCA en septembre 1955 et l'interdiction de toutes ses activités, il est désigné par la direction clandestine du parti comme coordinateur des premiers noyaux armés des Combattants de la Libération dans l'Oranie.

    Il est arrêté en 1956 et torturé. Il est menacé d'exécution sommaire. Il est condamné par le Tribunal militaire d'Oran à vingt ans de travaux forcés. Il est transféré en France où il passe d'une prison à l'autre, de la prison des Baumettes à Marseille, à celle de la Santé à Paris, puis à Caen et à Rennes. Avec l'aide du PCF, il s'évade de la prison de Caen où il avait été ramené en 1961. Il est chargé de diriger la Fédération de France du parti.

    A l'indépendance il retourne en Algérie où il va co-diriger Alger républicain avec Henri Alleg, lui-même rescapé de la torture que lui infligèrent les paras de Massu après son arrestation en juin 1957, évadé d'une prison française et réfugié en Tchécoslovaquie.

    Malgré les menaces de mort à peine voilées des envoyés du GPRA et du FLN, une nouvelle pléiade de communistes sous l'impulsion de Boualem Khalfa, d'Henri Alleg et de Abdelhamid Benzine, relance Alger républicain. En pleine crise du FLN déchiré entre différentes tendances, au milieu des coups de feu qui ciblent la chambre d'hôtel où se tiennent les réunions de rédaction et s'écrivent les articles, Alger républicain exprime les positions du PCA et se fait l'écho des aspirations profondes de la population à la paix après 7 ans et demi d'une dure guerre de libération et d'une féroce répression qui a fait près de un million de morts. Le mot d'ordre de "Sebaa Snine Barakat" (7 années ça suffit!) surgi des profondeurs des masses est popularisé à la Une du journal.

    Le régime issu des compromis de l'été 1962 doit répondre aux attentes sociales des classes populaires et amorcer la construction d'une nation indépendante.

    Mais en novembre de la même année, il prononce l'interdiction du PCA. Il n'ose cependant pas encore s'attaquer à Alger républicain. Les différentes tendances du pouvoir craignent la réaction populaire et espèrent en même temps utiliser son immense prestige dans les luttes qui les opposent les unes aux autres. La direction du journal tient bon et défend son indépendance par rapport au pouvoir. Elle le soutient dans tout ce qu'il entreprend de positif pour satisfaire les revendications des travailleurs et accomplir des pas vers l'application réelle du choix officiel du socialisme. Elle le critique dans toutes ses orientations négatives tout en tenant compte de l'hégémonie des dirigeants. L'aile droite du régime s'acharne dans les coulisses à réduire le journal au silence. Son aile gauche, autoritaire et idéologiquement instable manie le chantage à l'interdiction pour que le journal atténue ses critiques.

    Le PCA avait engagé un processus d'auto-dissolution après l'adoption de la Charte d'Alger par le congrès du FLN en avril 1964. Le lexique marxiste utilisé dans ce texte avait fait naître de grosses illusions au sein d'un large éventail de forces acquises au socialisme et aspirant à leur unification dans une organisation d'avant-garde qui se serait démarquée des confusions régnant au sein du FLN. Boualem Khalfa avait senti que cette aspiration était irréalisable avec les responsables du FLN, étant donné la composante petite-bourgeoise droitière dominante et instable de ce parti-Etat. Il est parmi les premiers à se féliciter de l'arrêt du processus d'auto-dissolution du PCA et à la reprise des activités clandestines de toutes ses organisations, bien avant le coup d'Etat du 19 juin 1965.

    Ce coup d'Etat aboutit à la fermeture du journal, dernier espace où les travailleurs et les patriotes partisans du socialisme arrivaient à se faire entendre. Le journal avait refusé de publier la proclamation du nouveau Conseil de la Révolution, estimant que les divergences auraient dû être exposées et discutées publiquement et tranchées dans les instances légales du pays.

    Les dirigeants du journal et la plupart de ses rédacteurs et employés sont persécutés ou contraints à la clandestinité pour échapper aux arrestations.

    Boualem Khalfa est de nouveau obligé de poursuivre son combat de militant et de dirigeant communiste dans la clandestinité. Sa femme Colette doit élever seule les enfants. La police tente d'atteindre Boualem en organisant le rapt de leur fille mais est obligée de la libérer piteusement devant le scandale politique que son action ignoble a soulevé.

    D'une grande rigueur et d'une grande intransigeance idéologique et politique, Boualem est un organisateur hors pair. Il réussit à échapper à tous les pièges tendus par la police pour le neutraliser. Bachir Hadj Ali ayant été arrêté dès le mois de septembre 1965 c'est sur les épaules de Hadjerès, de Benzine et de lui-même que la lutte des militants communistes va se poursuivre.

    Après l'échec de la tentative de fusion de la "gauche" du FLN et du PCA dans le cadre de l'Organisation de la Résistance Populaire, le PCA se reconstitue sous le nom du Parti de l'Avant-garde Socialiste le 26 janvier 1966.

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    • #3
      Les luttes ouvrières et populaires, les faiblesses encore relatives de l'aile bourgeoise du pouvoir, les orientations de gauche de plus en plus incarnées par Boumediene au sein du régime suscitent des contradiction et des décantations dans les appareils d'Etat. Elles laissent espérer que son aile gauche pouvait l'emporter. A condition cependant qu'elle s'appuie résolument sur les travailleurs et remplace les méthodes autoritaires par des méthodes basées sur la libre discussion et l'organisation démocratique des masses populaires autour des tâches d'édification nationale dans une perspective résolument socialiste :


      limitation de la propriété foncière, démocratisation de l'enseignement, industrialisation, récupération des richesses nationales, des hydrocarbures notamment, constitution d'un secteur public au service des travailleurs et de l'indépendance économique, gestion démocratique de ce secteur, planification démocratique et impérative, renforcement des capacités de la défense nationale, rapprochement avec les pays socialistes, soutien au mouvement de libération nationale dans le monde, etc. Toutes ses questions se trouvent posées par l'ampleur de la mobilisation populaire et des premiers grands craquements qui se font entendre au sein du régime.

      Au sein du pouvoir de l'époque, Boumediene et le courant qui se tient derrière lui sont ceux qui ressentent le plus le besoin de s'appuyer sur de larges forces pour surmonter les oppositions internes du régime à leurs orientations socialisantes.


      Boumediene entreprit en 1974 de faire cesser les poursuites engagées contre les militants clandestins recherchés du PAGS pour contribuer à la réalisation d'un front interne.


      La direction du PAGS saisit cette intention et fit sortir de la clandestinité un certain nombre de ses cadres recherchés par la police. Boualem en fait partie en compagnie de Abdelhamid Benzine, et de quelques autres cadres.



      Ils sont chargés de mener un important travail légal de concertation en direction des courants anti-impérialistes qui avaient opté pour le socialisme, d'épauler sous des formes adaptées la poursuite du travail illégal, et d'animer les relations à l'international.


      Le PAGS s'était montré ouvert aux préoccupations des forces acquises à la construction d'un grand parti d'avant-garde unifié. En même temps il avait signifié sa méfiance à l'égard de l'aile anticommuniste du régime en maintenant dans la clandestinité la plus grand partie de son encadrement, en refusant de faire sortir tous ses dirigeants dans la légalité.


      Les camarades sortis à la légalité savaient en réalité qu'ils étaient en "liberté surveillée".


      En France, par dizaines des jeunes de l'immigration algérienne adhéraient au PAGS. Boualem est désigné pour diriger le travail du parti en France à un moment où le PCF exerçait des pressions sur lui pour l'obliger à se dissoudre dans le FLN. Le PCF avait depuis 1976 interdit au PAGS de participer à la Fête de l'Humanité. En dépit des protestations de Boualem et du travail de clarification effectué en direction des militants du PCF c'est le FLN qui occupera jusqu'en 1989 l'espace dont le PAGS a été exclu.

      Après le congrès du PAGS de décembre 1990, Boualem Khalfa se rend vite compte que la nouvelle direction s'éloignait du marxisme-léninisme alors qu'elle lui avait juré fidélité tout en cachant ses véritables objectifs. La dangereuse montée des forces de la réaction camouflées sous l'étendard de l'Islam, leur programme de liquidation physique des communistes et des progressistes sont exploités par cette nouvelle direction pour justifier l'auto-liquidation du PAGS et la substitution à ce glorieux parti d'un front démocratique républicain sur la base du reniement complet du marxisme.


      Dans le contexte international de contre-révolution, des illusions semées par Gorbatchev autour de sa théorie réactionnaire de la "nouvelle mentalité", la nouvelle direction usa de tous les moyens déloyaux pour discréditer ceux qui défendaient les orientations fondatrices du mouvement communiste. Elle alla même jusqu'à prétendre au nom d'une prétendue contradiction principale entre "capitalisme moderne" et "capitalisme archaïque" que la dissolution du PAGS allait avoir pour résultat d'isoler les forces de l'ultra-réaction et de faciliter la constitution du front interne indispensable à leur élimination.

      Boualem fut l'un de ceux qui se dressèrent comme un roc contre cette tendance. Ils combattirent cette argumentation trompeuse et défendirent le principe de mener de front la lutte contre l'ultra-réaction et la lutte pour les aspirations de classe des travailleurs et des masses populaires.

      Après la liquidation du PAGS en janvier 1993, Boualem signa l'appel du 26 janvier à reconstituer le parti communiste.

      Il fit partie du groupe qui le reconstitua sous le nom de Parti Algérien pour la Démocratie et le socialisme dans les mois qui suivirent l'adoption de la déclaration du 1er mars de la même année.


      Toute la vie de Boualem Khalfa fut tendue par la lutte pour le renversement de l'ordre des exploiteurs, pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière et de ses alliés afin d'instaurer la société socialiste, première phase historique vers le communisme. Il était convaincu que l'instrument de ces transformations titanesques est le parti dont il faut préserver, comme la prunelle de ses yeux, l'indépendance organique et idéologique, ses liens indissolubles avec le marxisme-léninisme, qu'il faut enraciner au plus profond des couches sociales qui souffrent de l'exploitation et de l'oppression, de la misère, des inégalités et des guerres.



      Son immense expérience dans la lutte contre les idéologies féodales, bourgeoises et petites-bourgeoises, sa vigilance envers les courants versatiles de la petite-bourgeoisie, une vigilance aiguisée par les leçons tirées de la lutte au contact avec divers milieux politiques aux diverses étapes de l'évolution de la société en Algérie et dans le monde, ont contribué énormément au rassemblement des premiers noyaux communistes sur des bases rigoureuses.


      Son nom suscite la confiance au sein des milieux révolutionnaires. Il déclenche aussi la haine de la bourgeoisie et de ceux qui ont renié le communisme.

      Les communistes algériens jurent leur fidélité aux idéaux défendus par Boualem. Ils s'inspireront de sa capacité à tenir compte des exigences de la réalité concrète des luttes et de la fermeté inébranlable dans la défense des aspirations sociales et politiques de la classe ouvrière gardant constamment le cap sur la nécessité historique d'abattre le régime capitaliste.

      Boualem est mort après s'être battu jusqu'à son dernier souffle. D'autres Boualem surgissent et surgiront pour poursuivre son combat et semer l'épouvante au sein des classes exploiteuses.

      PADS
      6 juillet 2017

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      • #4
        Photo

        Sur la photo ci-dessus accompagnant l’article du "HuffPost Algérie" figurent, de droite à gauche, Boualem Khalfa, Henri Alleg et Kateb Yacine qui ont tous collaboré au quotidien "Alger Républicain".

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