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Études marxistes no. 112
Auteur:
André Crespin
Introduction
Entre 2007 et 2010, la revue Études marxistes a publié différents articles sur le Venezuela de Chávez. Pol De Vos y a décrit l’état des lieux de l’économie et des classes sociales du pays ainsi que les différents conflits traversés par la Révolution bolivarienne (coup d’État, lock-out patronal, etc.)1. Dans deux autres articles, trois ans plus tard, il essayait de décortiquer le « socialisme du 21e siècle2 » et esquissait les défis économiques et politiques auxquels le pays était confronté. Il s’attardait à l’époque, entre autres choses, sur le nouveau parti créé par Hugo Chávez, le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela) et sur le rôle d’avant-garde qu’il pourrait jouer pour garantir une progression et un approfondissement de la révolution.
Au Venezuela, durant les cinq dernières années, plusieurs événements importants ont secoué la révolution bolivarienne en cours depuis 1999. Le nom de ce processus s’inspire de Simón Bolívar (1783-1830), général et homme politique vénézuélien. Bolívar apporta une énorme contribution à l’indépendance des pays tels la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Panama, le Pérou et le Venezuela. Il rêvait d’une grande confédération regroupant l’ensemble de l’Amérique latine. C’est entre autres ce rêve d’unification des pays latino-américains, sans la présence de l’impérialisme américain, qui inspire aujourd’hui la révolution bolivarienne au Venezuela.
Le décès d’Hugo Chávez, leader charismatique indiscutable, survenu le 5 mars 2013 marque indubitablement un tournant dans l’évolution du pays caribéen. L’élection un mois plus tard de son dauphin désigné3, Nicolas Maduro, les violences meurtrières du début de l’année 2014 tout comme les pénuries importantes et récurrentes observées ces dernières années doivent être analysées en termes de contradictions de classes. Par ailleurs, des facteurs objectifs d’ordre international comme celui de la baisse spectaculaire du prix du baril de pétrole ont sérieusement menacé la stabilité économique du pays.
Qu’en est-il de l’évolution du pays et de la révolution bolivarienne menée contre vents et marées dans ce contexte changeant et électrique ? La notion de socialisme du 21e siècle en tant que telle s’est-elle éclaircie au cours du temps ? L’économie capitaliste, tant décriée par le camp des chavistes, est-elle en passe d’être abandonnée au profit d’une économie socialisée ? Quel rôle d’avant-garde le PSUV parvient-il à jouer ? Telles sont les questions qui seront abordées dans cet article.
Sous la menace impérialiste permanente
Dans un récent et très éclairant ouvrage, The WikiLeaks files4, un chapitre entier est consacré au Venezuela. Le livre rassemble les « câbles », c’est-à-dire les communications internes et secrètes de hauts diplomates étasuniens dont les plus impressionnants concernent l’Amérique latine. Au fil de la lecture de ces fuites, un paramètre revient constamment en filigrane et frappe le lecteur : la peur viscérale qu’ont les États-Unis de Chávez et de l’alternative qu’il incarnait et symbolise toujours. « Des dirigeants “populistes radicaux” constituaient pour les États-Unis une nouvelle menace à la sécurité nationale », indiquait déjà en 2004 le commandement de l’armée américaine en Amérique du Sud (SOUTHCOM)5. À d’autres moments, des ambassadeurs étasuniens de la région se retrouvent pour développer des stratégies coordonnées pour contrer la « menace » régionale inspirée par le Venezuela. Les rapports alarmistes envoyés à Washington évoquent « les plans agressifs de Chávez… pour créer un mouvement bolivarien unificateur en Amérique latine ». Puis, plus loin : « … il est clair que nous avons besoin de plus de ressources et d’outils (et de plus flexibles) pour contrer les efforts déployés par Chávez pour acquérir davantage d’influence sur l’Amérique latine aux dépens du leadership et des intérêts des États-Unis ». Bien entendu, les pistes envisagées pour contrer la menace incluent, entre autres propositions louches, le rapprochement et le renforcement des relations avec les leaders militaires de la région6.
Une simple enquête menée par un moteur de recherche à propos des « leaks » concernant l’Amérique latine nous apprend que le Venezuela est cité 9 424 fois. C’est presque un record. Seul le Brésil, première économie du continent, sept fois plus peuplé que le pays de Chávez, est mentionné plus souvent (9 633 fois). À titre de comparaison, les deux autres poids lourds économiques latino-américains n’apparaissent que 8 966 fois (Mexique) et 5 653 fois (Argentine)7. Cela illustre bien l’importance stratégique que Chávez et son projet revêtent aux yeux des Américains. On pourrait même dire qu’il s’agit d’une véritable obsession.
Au fil des câbles, la stratégie des Américains pour se défaire de Chávez est mise à nu. On y voit que l’USAID, officiellement l’agence étasunienne pour l’aide au développement, et l’OTI (Office of Transition Initiatives), véritables chevaux de Troie de l’impérialisme étasunien, y jouent un rôle majeur. Dans un document classé secret de novembre 2006, l’ambassadeur en poste, William Brownfield, décrit les cinq terrains d’action sur lesquels ses pions ont été actifs entre 2004 et 2006 : renforcer des institutions démocratiques, pénétrer la base politique de Chávez, diviser le chavisme, protéger le business étasunien vital et isoler Chávez au niveau international8.
Sur chacun de ces thèmes, le suivi de la mise en œuvre est presque quotidien. Les diplomates se félicitent des avancées et se désolent des faiblesses observées sur le terrain. Ils ont notamment financé et aidé à la mise sur pied de dizaines d’organisations en tout genre, mais se lamentent du fait qu’elles ne sont pas viables sans perfusion américaine. Ceci démontre bien le manque total d’assise populaire de ces organisations au Venezuela : « sans notre aide continue, il est possible que les organisations que nous avons aidées à créer et qui représentent sans doute le meilleur espoir d’un système démocratique plus ouvert au Venezuela soient obligées de fermer boutique […]. Notre financement fournira à ces organisations le filet de sécurité dont elles ont vraiment besoin9. » À d’autres moments, les diplomates se plaignent de tensions existantes et des conflits parfois aigus entre différents membres et courants de l’opposition qu’ils essaient par tous les moyens de rassembler. Alors que de son côté, le camp chaviste semble difficile à diviser.
Sur le plan international, les efforts pour isoler Chávez sont vains. PetroCaribe, une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de pétrole brut latino-américain, leur permettant d’acheter le pétrole à ce dernier à des conditions de paiement préférentielles, séduit de nombreux pays qui préfèrent se tourner vers Caracas plutôt que vers Exxon ou Texaco pour leur commerce pétrolier. L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), cette organisation créée à l’initiative de Castro et de Chávez, qui soutient l’intégration des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes sur la base de principes de solidarité, de complémentarité, de justice et de coopération, prend de l’importance. En tant que pays socialiste, Cuba y joue un rôle central. L’UNASUR, l’Union des Nations sud-américaines s’affirme depuis sa création en 2008. Le Venezuela fait désormais aussi partie du Mercosur, le marché commun du Sud, alors que les États-Unis ont tout fait pour inciter Argentins et Brésiliens à prendre leur distance vis-à-vis de Chávez. Encore une fois sans succès… Et les diplomates US d’interpréter à leur sauce les changements en cours sur le continent : « Le président vénézuélien Hugo Chávez cherche agressivement à diviser l’Amérique latine entre ceux qui approuvent sa politique populiste, anti-américaine et son message autoritaire et ceux qui cherchent à établir et renforcer le libre marché, des politiques et des institutions démocratiques10. »
Les documents dévoilés par WikiLeaks ne sont que la pointe de l’iceberg de l’ingérence étasunienne au Venezuela et sur tout le continent pour tenter de déstabiliser, isoler, renverser Chávez. À travers les documents disponibles, on lit entre les lignes que l’impérialisme étasunien met tout en œuvre pour y parvenir. Bien sûr, par tous les moyens légaux, mais aussi par ceux qui le sont un peu moins. WikiLeaks démontre, par exemple, le rôle des États-Unis dans le coup d’État contre Chávez en avril 2002.
La voie choisie par le Venezuela ne sera jamais tranquille tant que le pays continuera de « menacer » les intérêts américains et tant qu’il constituera une alternative de société crédible pour de nombreux pays dans le monde. La guerre médiatique, la guerre économique que dénoncent quotidiennement Maduro et son gouvernement ne sont pas des balivernes. Ils en subissent les conséquences constamment. Cela freine, handicape, met en péril le processus révolutionnaire en cours. Par ailleurs, l’histoire latino-américaine montre que l’impérialisme américain n’a jamais hésité à intervenir militairement quand la « nécessité » s’en est fait sentir. Il en va de même pour le Venezuela dont le territoire n’est pas à l’abri d’une intervention étasunienne.
L’économie
En août 2015, le gouvernement vénézuélien prenait la décision unilatérale de fermer plusieurs tronçons de sa frontière terrestre avec la Colombie. La mesure visait à s’attaquer de front aux problèmes frontaliers avec le pays voisin : les réseaux de contrebande, de trafic de drogue, de trafic d’armes et de prostitution.
Pour illustrer l’ampleur de l’hémorragie, selon certaines sources proches du gouvernement, rien qu’à Cúcuta, ville frontalière côté colombien, 9 milliards (!) de dollars étaient brassés par mois ; c’était le résultat de la contrebande en provenance du Venezuela15. Un million de litres de carburant passaient quotidiennement et frauduleusement la frontière pour être revendus, comme le montrent les chiffres de la Banque Mondiale16, cinquante-quatre fois plus cher côté colombien ! À cela s’ajoutent les milliers et les milliers de tonnes de produits de consommation de base, largement subventionnés par le gouvernement bolivarien, que l’on retrouve non seulement le long de la frontière, mais aussi dans les grandes villes colombiennes de Bogotá, Cali ou Medellín, distantes de plusieurs centaines de kilomètres. Le président Maduro estime qu’environ 30 % à 40 % de ces produits subventionnés sont exportés frauduleusement vers la Colombie17.
Études marxistes no. 112
Auteur:
André Crespin
Introduction
Entre 2007 et 2010, la revue Études marxistes a publié différents articles sur le Venezuela de Chávez. Pol De Vos y a décrit l’état des lieux de l’économie et des classes sociales du pays ainsi que les différents conflits traversés par la Révolution bolivarienne (coup d’État, lock-out patronal, etc.)1. Dans deux autres articles, trois ans plus tard, il essayait de décortiquer le « socialisme du 21e siècle2 » et esquissait les défis économiques et politiques auxquels le pays était confronté. Il s’attardait à l’époque, entre autres choses, sur le nouveau parti créé par Hugo Chávez, le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela) et sur le rôle d’avant-garde qu’il pourrait jouer pour garantir une progression et un approfondissement de la révolution.
Au Venezuela, durant les cinq dernières années, plusieurs événements importants ont secoué la révolution bolivarienne en cours depuis 1999. Le nom de ce processus s’inspire de Simón Bolívar (1783-1830), général et homme politique vénézuélien. Bolívar apporta une énorme contribution à l’indépendance des pays tels la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Panama, le Pérou et le Venezuela. Il rêvait d’une grande confédération regroupant l’ensemble de l’Amérique latine. C’est entre autres ce rêve d’unification des pays latino-américains, sans la présence de l’impérialisme américain, qui inspire aujourd’hui la révolution bolivarienne au Venezuela.
Le décès d’Hugo Chávez, leader charismatique indiscutable, survenu le 5 mars 2013 marque indubitablement un tournant dans l’évolution du pays caribéen. L’élection un mois plus tard de son dauphin désigné3, Nicolas Maduro, les violences meurtrières du début de l’année 2014 tout comme les pénuries importantes et récurrentes observées ces dernières années doivent être analysées en termes de contradictions de classes. Par ailleurs, des facteurs objectifs d’ordre international comme celui de la baisse spectaculaire du prix du baril de pétrole ont sérieusement menacé la stabilité économique du pays.
Qu’en est-il de l’évolution du pays et de la révolution bolivarienne menée contre vents et marées dans ce contexte changeant et électrique ? La notion de socialisme du 21e siècle en tant que telle s’est-elle éclaircie au cours du temps ? L’économie capitaliste, tant décriée par le camp des chavistes, est-elle en passe d’être abandonnée au profit d’une économie socialisée ? Quel rôle d’avant-garde le PSUV parvient-il à jouer ? Telles sont les questions qui seront abordées dans cet article.
Sous la menace impérialiste permanente
Dans un récent et très éclairant ouvrage, The WikiLeaks files4, un chapitre entier est consacré au Venezuela. Le livre rassemble les « câbles », c’est-à-dire les communications internes et secrètes de hauts diplomates étasuniens dont les plus impressionnants concernent l’Amérique latine. Au fil de la lecture de ces fuites, un paramètre revient constamment en filigrane et frappe le lecteur : la peur viscérale qu’ont les États-Unis de Chávez et de l’alternative qu’il incarnait et symbolise toujours. « Des dirigeants “populistes radicaux” constituaient pour les États-Unis une nouvelle menace à la sécurité nationale », indiquait déjà en 2004 le commandement de l’armée américaine en Amérique du Sud (SOUTHCOM)5. À d’autres moments, des ambassadeurs étasuniens de la région se retrouvent pour développer des stratégies coordonnées pour contrer la « menace » régionale inspirée par le Venezuela. Les rapports alarmistes envoyés à Washington évoquent « les plans agressifs de Chávez… pour créer un mouvement bolivarien unificateur en Amérique latine ». Puis, plus loin : « … il est clair que nous avons besoin de plus de ressources et d’outils (et de plus flexibles) pour contrer les efforts déployés par Chávez pour acquérir davantage d’influence sur l’Amérique latine aux dépens du leadership et des intérêts des États-Unis ». Bien entendu, les pistes envisagées pour contrer la menace incluent, entre autres propositions louches, le rapprochement et le renforcement des relations avec les leaders militaires de la région6.
Une simple enquête menée par un moteur de recherche à propos des « leaks » concernant l’Amérique latine nous apprend que le Venezuela est cité 9 424 fois. C’est presque un record. Seul le Brésil, première économie du continent, sept fois plus peuplé que le pays de Chávez, est mentionné plus souvent (9 633 fois). À titre de comparaison, les deux autres poids lourds économiques latino-américains n’apparaissent que 8 966 fois (Mexique) et 5 653 fois (Argentine)7. Cela illustre bien l’importance stratégique que Chávez et son projet revêtent aux yeux des Américains. On pourrait même dire qu’il s’agit d’une véritable obsession.
Au fil des câbles, la stratégie des Américains pour se défaire de Chávez est mise à nu. On y voit que l’USAID, officiellement l’agence étasunienne pour l’aide au développement, et l’OTI (Office of Transition Initiatives), véritables chevaux de Troie de l’impérialisme étasunien, y jouent un rôle majeur. Dans un document classé secret de novembre 2006, l’ambassadeur en poste, William Brownfield, décrit les cinq terrains d’action sur lesquels ses pions ont été actifs entre 2004 et 2006 : renforcer des institutions démocratiques, pénétrer la base politique de Chávez, diviser le chavisme, protéger le business étasunien vital et isoler Chávez au niveau international8.
Sur chacun de ces thèmes, le suivi de la mise en œuvre est presque quotidien. Les diplomates se félicitent des avancées et se désolent des faiblesses observées sur le terrain. Ils ont notamment financé et aidé à la mise sur pied de dizaines d’organisations en tout genre, mais se lamentent du fait qu’elles ne sont pas viables sans perfusion américaine. Ceci démontre bien le manque total d’assise populaire de ces organisations au Venezuela : « sans notre aide continue, il est possible que les organisations que nous avons aidées à créer et qui représentent sans doute le meilleur espoir d’un système démocratique plus ouvert au Venezuela soient obligées de fermer boutique […]. Notre financement fournira à ces organisations le filet de sécurité dont elles ont vraiment besoin9. » À d’autres moments, les diplomates se plaignent de tensions existantes et des conflits parfois aigus entre différents membres et courants de l’opposition qu’ils essaient par tous les moyens de rassembler. Alors que de son côté, le camp chaviste semble difficile à diviser.
Sur le plan international, les efforts pour isoler Chávez sont vains. PetroCaribe, une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de pétrole brut latino-américain, leur permettant d’acheter le pétrole à ce dernier à des conditions de paiement préférentielles, séduit de nombreux pays qui préfèrent se tourner vers Caracas plutôt que vers Exxon ou Texaco pour leur commerce pétrolier. L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), cette organisation créée à l’initiative de Castro et de Chávez, qui soutient l’intégration des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes sur la base de principes de solidarité, de complémentarité, de justice et de coopération, prend de l’importance. En tant que pays socialiste, Cuba y joue un rôle central. L’UNASUR, l’Union des Nations sud-américaines s’affirme depuis sa création en 2008. Le Venezuela fait désormais aussi partie du Mercosur, le marché commun du Sud, alors que les États-Unis ont tout fait pour inciter Argentins et Brésiliens à prendre leur distance vis-à-vis de Chávez. Encore une fois sans succès… Et les diplomates US d’interpréter à leur sauce les changements en cours sur le continent : « Le président vénézuélien Hugo Chávez cherche agressivement à diviser l’Amérique latine entre ceux qui approuvent sa politique populiste, anti-américaine et son message autoritaire et ceux qui cherchent à établir et renforcer le libre marché, des politiques et des institutions démocratiques10. »
Les documents dévoilés par WikiLeaks ne sont que la pointe de l’iceberg de l’ingérence étasunienne au Venezuela et sur tout le continent pour tenter de déstabiliser, isoler, renverser Chávez. À travers les documents disponibles, on lit entre les lignes que l’impérialisme étasunien met tout en œuvre pour y parvenir. Bien sûr, par tous les moyens légaux, mais aussi par ceux qui le sont un peu moins. WikiLeaks démontre, par exemple, le rôle des États-Unis dans le coup d’État contre Chávez en avril 2002.
La voie choisie par le Venezuela ne sera jamais tranquille tant que le pays continuera de « menacer » les intérêts américains et tant qu’il constituera une alternative de société crédible pour de nombreux pays dans le monde. La guerre médiatique, la guerre économique que dénoncent quotidiennement Maduro et son gouvernement ne sont pas des balivernes. Ils en subissent les conséquences constamment. Cela freine, handicape, met en péril le processus révolutionnaire en cours. Par ailleurs, l’histoire latino-américaine montre que l’impérialisme américain n’a jamais hésité à intervenir militairement quand la « nécessité » s’en est fait sentir. Il en va de même pour le Venezuela dont le territoire n’est pas à l’abri d’une intervention étasunienne.
L’économie
En août 2015, le gouvernement vénézuélien prenait la décision unilatérale de fermer plusieurs tronçons de sa frontière terrestre avec la Colombie. La mesure visait à s’attaquer de front aux problèmes frontaliers avec le pays voisin : les réseaux de contrebande, de trafic de drogue, de trafic d’armes et de prostitution.
Pour illustrer l’ampleur de l’hémorragie, selon certaines sources proches du gouvernement, rien qu’à Cúcuta, ville frontalière côté colombien, 9 milliards (!) de dollars étaient brassés par mois ; c’était le résultat de la contrebande en provenance du Venezuela15. Un million de litres de carburant passaient quotidiennement et frauduleusement la frontière pour être revendus, comme le montrent les chiffres de la Banque Mondiale16, cinquante-quatre fois plus cher côté colombien ! À cela s’ajoutent les milliers et les milliers de tonnes de produits de consommation de base, largement subventionnés par le gouvernement bolivarien, que l’on retrouve non seulement le long de la frontière, mais aussi dans les grandes villes colombiennes de Bogotá, Cali ou Medellín, distantes de plusieurs centaines de kilomètres. Le président Maduro estime qu’environ 30 % à 40 % de ces produits subventionnés sont exportés frauduleusement vers la Colombie17.
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