Alors que l’administration Trump envisage d’imposer des restrictions aux importations d’acier en provenance du Vieux Continent et que les Européens pourraient appliquer des règles tarifaires au bourbon, le monde renoue avec le protectionnisme, dénonce Bruno Colmant, chef économiste de Banque Degroof Petercam.
Le spectre du protectionnisme refait surface. Les Etats-Unis envisagent, sous l’impulsion de Donald Trump, d’imposer des restrictions aux importations d’acier européen, tandis que les Européens souhaitent appliquer des règles tarifaires au bourbon américain. “Il faut des décennies pour ouvrir les frontières, mais quelques jours suffisent à les fermer”, se désole Bruno Colmant, chef économiste de la banque belge Degroof Petercam, qui explique que “la crise économique et l’absence de croissance conduisent les hommes à chercher des replis identitaires pour exorciser une mondialisation qui les inquiète. Le protectionnisme n’est d’ailleurs qu’un des indices de tensions internationales, puisque comme l’avait postulé le mythique patron de Fiat, Gianni Agnelli : ‘Là où les camions passent, les armées ne passent plus’”.
L’expert rapporte que l’Histoire recense plusieurs formes de protectionnisme : barrières à l’entrée de biens importés sous forme de contraintes tarifaires et douanières, quotas, dépréciation d’une devise pour renchérir le prix des produits importés et stimuler les exportations, discriminations portant sur la qualité des biens et services et engouements patriotiques (“Buy American”, “Achetez Wallon”...), normes techniques et sanitaires, contraintes en matière de contrats publics…
Si les discours protectionnistes peuvent exercer un certain attrait sur la population, attachée à la protection de l’emploi et au maintien de bons niveaux de salaires, ils constituent un leurre, aux yeux de l’économiste. “On protège temporairement des emplois locaux au détriment de l’étranger, mais très rapidement, c’est le consommateur du pays qui s’engage dans le protectionnisme qui en est la victime : son pouvoir d’achat diminue et le niveau d’activité du pays (qui se croit) protégé se tasse”, dénonce-t-il.
“Le protectionnisme aboutit souvent à des guerres de monnaie”
De plus, les pays qui s’engagent dans le protectionnisme partent souvent du postulat que les autres pays l’absorbent de manière passive, mais “rien n’est plus faux : le protectionnisme entraîne sa propre perpétuation et sa généralisation, et aboutit souvent à des guerres des monnaies, c’est-à-dire des dévaluations compétitives. On renoue alors avec un vieil adage économique qui consiste à exprimer la recherche de sa prospérité au détriment des autres pays sous le vocable ‘Beggar my neighbour’ (Je fais de mon voisin un mendiant)”, souligne Bruno Colmant.
Autre effet pervers, les entreprises protégées par le protectionnisme deviennent moins performantes. Comme elles ne sont pas confrontées à une juste mise en concurrence, les gains de productivité et d’innovation en pâtissent, explique l’expert. D’où des biens et services moins variés et moins innovants… “Le protectionnisme est un soulagement qui confond l’immédiat et l’avenir. Le commerce international est porteur (...) de prospérité multilatérale. Y renoncer conduirait à des appauvrissements généralisés qu’il faut exorciser”, juge-t-il.
capital
Le spectre du protectionnisme refait surface. Les Etats-Unis envisagent, sous l’impulsion de Donald Trump, d’imposer des restrictions aux importations d’acier européen, tandis que les Européens souhaitent appliquer des règles tarifaires au bourbon américain. “Il faut des décennies pour ouvrir les frontières, mais quelques jours suffisent à les fermer”, se désole Bruno Colmant, chef économiste de la banque belge Degroof Petercam, qui explique que “la crise économique et l’absence de croissance conduisent les hommes à chercher des replis identitaires pour exorciser une mondialisation qui les inquiète. Le protectionnisme n’est d’ailleurs qu’un des indices de tensions internationales, puisque comme l’avait postulé le mythique patron de Fiat, Gianni Agnelli : ‘Là où les camions passent, les armées ne passent plus’”.
L’expert rapporte que l’Histoire recense plusieurs formes de protectionnisme : barrières à l’entrée de biens importés sous forme de contraintes tarifaires et douanières, quotas, dépréciation d’une devise pour renchérir le prix des produits importés et stimuler les exportations, discriminations portant sur la qualité des biens et services et engouements patriotiques (“Buy American”, “Achetez Wallon”...), normes techniques et sanitaires, contraintes en matière de contrats publics…
Si les discours protectionnistes peuvent exercer un certain attrait sur la population, attachée à la protection de l’emploi et au maintien de bons niveaux de salaires, ils constituent un leurre, aux yeux de l’économiste. “On protège temporairement des emplois locaux au détriment de l’étranger, mais très rapidement, c’est le consommateur du pays qui s’engage dans le protectionnisme qui en est la victime : son pouvoir d’achat diminue et le niveau d’activité du pays (qui se croit) protégé se tasse”, dénonce-t-il.
“Le protectionnisme aboutit souvent à des guerres de monnaie”
De plus, les pays qui s’engagent dans le protectionnisme partent souvent du postulat que les autres pays l’absorbent de manière passive, mais “rien n’est plus faux : le protectionnisme entraîne sa propre perpétuation et sa généralisation, et aboutit souvent à des guerres des monnaies, c’est-à-dire des dévaluations compétitives. On renoue alors avec un vieil adage économique qui consiste à exprimer la recherche de sa prospérité au détriment des autres pays sous le vocable ‘Beggar my neighbour’ (Je fais de mon voisin un mendiant)”, souligne Bruno Colmant.
Autre effet pervers, les entreprises protégées par le protectionnisme deviennent moins performantes. Comme elles ne sont pas confrontées à une juste mise en concurrence, les gains de productivité et d’innovation en pâtissent, explique l’expert. D’où des biens et services moins variés et moins innovants… “Le protectionnisme est un soulagement qui confond l’immédiat et l’avenir. Le commerce international est porteur (...) de prospérité multilatérale. Y renoncer conduirait à des appauvrissements généralisés qu’il faut exorciser”, juge-t-il.
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