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Ram Nath Kovind, un nouveau président à la tête de l'Inde

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  • Ram Nath Kovind, un nouveau président à la tête de l'Inde

    À travers l'élection d'un président de l'ancienne caste des "intouchables" inconnu du public, le Premier ministre Narendra Modi consolide son pouvoir

    Le futur président de l'Inde s'appelle Ram Nath Kovind. Si ce nom ne dit rien à personne, c'est parce que cet ancien avocat de 71 ans est inconnu du public. Sa nouvelle fonction repose essentiellement sur un rôle honorifique. Mais son poste représente l'autorité morale de l'Inde et, au fil de son mandat, ses déclarations et ses engagements seront observés par la nation entière. Cette influence ne sera pas sans servir le Premier ministre Narendra Modi, qui en a fait son candidat-surprise à bon escient. Ram Nath Kovind est non seulement un fervent disciple de son parti nationaliste hindou, le BJP (Parti du peuple indien), mais il appartient aussi à la communauté des « dalits », autrefois nommés « intouchables ». Le Premier ministre s'offre ainsi un moyen de courtiser les 200 millions de dalits indiens et, pour la première fois, d'afficher la couleur safran du nationalisme hindou jusqu'au fauteuil de la présidence. À l'approche des législatives de 2019, le choix est stratégique.
    Élu à 65 % des voix du collège électoral, Ram Nath Kovind succède à Pranab Mukherjee, un politicien issu de l'Opposition et qui aura tenté, pour sa part, d'agir en gardien des principes laïques de l'Inde. Sa victoire était assurée, après les votes de 4 896 parlementaires fédéraux et régionaux, dont la majorité est acquise au BJP et à ses alliés. Face à Ram Nath Kovind, l'opposition emmenée par le Congrès avait tenté de contrer le BJP en présentant également une candidate dalit, l'ex-diplomate Meira Kumar, sans succès.

    Une voix forte pour les pauvres, les opprimés et les exclus

    Certes, ce ne sera pas la première fois qu'un dalit accède à la présidence, puisque K. R. Narayanan a lui aussi été président de 1997 à 2002. Mais le message reste fort, dans une Inde où le système des castes est aboli, tout comme le terme discriminatoire d'« intouchable », mais qui conserve une hiérarchie sociale et héréditaire indélébile. Pauvres et marginalisés, les dalits sont apparentés à des « hors-caste » et bénéficient d'une politique de quotas visant à les intégrer à une Inde prometteuse en pleine croissance.
    Narendra Modi a inscrit la candidature de Ram Nath Kovind dans cet objectif. « Il sera un président exceptionnel et continuera d'être une voix forte pour les pauvres, les opprimés et les exclus, a-t-il déclaré le mois dernier. C'est un fils de fermier qui vient d'un milieu modeste et a voué sa vie au service public. » Durant sa campagne en 2014, Narendra Modi avait également mis en avant son passé de petit vendeur de thé, dans son village natal du Gujarat.

    Tous les hommes sont égaux, quelles que soient leur religion, leur origine et leur caste

    Le parcours de Ram Nath Kovind est en effet un exemple de réussite sociale. Né en 1945 en Uttar Pradesh, l'État le plus peuplé de l'Inde, le futur président embrasse une carrière d'avocat à la Cour suprême indienne. Il y défend les droits des défavorisés. Après 16 ans de service, il rejoint le BJP en 1991. Entre 2010 et 2012, il en devient l'un des porte-paroles, même s'il est discret et ne tient que… trois conférences de presse. À deux reprises, il est sénateur de la Chambre haute du Parlement, et intègre différentes commissions.

    En 2015, il devient gouverneur du Bihar, un État rural voisin de l'Uttar Pradesh, ce qui l'ancre plus encore dans la politique sensible et déterminante du nord de l'Inde. Ce père de deux enfants au profil bas est réputé pour son intégrité. Il a été proche du RSS, le Corps des volontaires nationaux, une organisation proche du BJP et souvent critiquée pour son radicalisme, que Modi a lui aussi fréquentée dans sa jeunesse. Aujourd'hui, Ram Nath Kovind affiche des positions plus mesurées. « Tous les hommes sont égaux, quelles que soient leur religion, leur origine et leur caste », a-t-il cru bon de rappeler ce week-end.

    Message d'espoir et aveu d'échec

    « Cette élection présidentielle montre le poids des stratégies qui exploitent la politique des castes », analyse le quotidien The Telegraph. Dans un contexte où le vote musulman, qui représente 14 % de la population, est plutôt hostile aux nationalistes hindous du BJP, celui des dalits constituerait un atout pour ce parti qui s'appuie traditionnellement sur les hautes castes. Le nouveau président pourrait rassurer les dalits. Ils sont en effet inquiets après des violences perpétrées à l'encontre des minorités par des fanatiques hindous au nom de la défense de la vache, animal sacré dans la religion hindoue. Sonia Gandhi, la dirigeante de l'opposition, voit quant à elle ces élections comme l'imposition par le BJP d'une vision « étroite, clivante et communautariste ».

    Alors que l'Union indienne s'apprête à célébrer en août ses 75 ans d'indépendance, Ram Nath Kovind, son quatorzième président, incarne un message d'espoir et de progrès, mais aussi l'aveu d'un échec dans une Inde qui continue à placer l'enjeu des castes au centre des débats politiques.

    le Point
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