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Venezuela : Changement de régime en temps réel

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  • Venezuela : Changement de régime en temps réel

    par Rodrigo Acuña 21 Juillet 2017

    Les images de la police nationale bolivarienne (PNB) lançant du gaz lacrymogène sur les manifestants au Venezuela ne sont jamais assez nombreuses pour les médias mainstreams. Lisez les pages du Wall Street Journal, du New York Times ou même du Guardian au Royaume-Uni, le gouvernement du président Nicolas Maduro est une dictature qui cache son nom. Au moment d'écrire cet article, avec la mort de 103 personnes, ce qui compte avant tout dans les grands médias sont les images télévisées et les photos publiées des manifestants de l'opposition recevant des gaz lacrymogènes par la police et non la prise en compte du contexte dans lequel ces violences se produisent ni de savoir qui les commet principalement.

    Après que le gouvernement, l'année dernière, ait suspendu des élections (elles ont maintenant été refixées en décembre de cette année) et que le Conseil national électoral (CNE) ait déclaré que la Table de l'Unité Démocratique (MUD), principal parti de l'opposition, a effectué des irrégularités pour déclencher un référendum pour la présidence fin 2016, Luis Almagro - le Secrétaire général à l'Organisation des États américains (OEA) - a mené un assaut diplomatique total visant à isoler Caracas. BIen que les efforts d'Almagro n'ont pas été soutenus par la majorité de membres de l'OEA et que la plupart de ses arguments ont été dévoilés dans une récente interview embarrassante sur Al Jazeera en mai, l'opposition gagne indéniablement la guerre médiatique. Ceci n'est pas sans précédent.

    En 2002, quand une petite section de l'armée vénézuélienne a effectué un coup d'Etat limité et a kidnappé le président Hugo Chavez, un éditorial du New York Times en date du 13 avril était bien trop heureux d'approuver l'action. Une fois que Chavez a été remis au pouvoir, le 16 avril le Times a concédé, en s'excusant à moité, qu'il avait "négligé la façon antidémocratique avec laquelle [Chavez] avait été enlevé".
    De retour en 2017, le Times, comme la majeure partie de la presse mondiale, a publié des articles dans le même registre avec des titres comme: "Police et manifestants au Venezuela partagent les mêmes griefs" et "Arrêtez le totalitarisme au Vénézuela". Le 30 mai le Times a publié un éditorial, écrit par Jared Genser, avocat des droits de l'homme international, qui ne pouvait être plus clair : "le Venezuela a besoin d'une intervention Internationale. Maintenant". Il a soutenu le fait que, étant donné les pénuries alimentaires et médicamenteuses au Venezuela, "le monde doit développer et se préparer à effectuer une opération de secours majeur dès qu'un accord sera accordé ou possible." Genster a insisté pour déclarer que les forces de sécurité du pays tiraient sur des manifestants calmes.

    Fin juin, quand un membre de la section aérienne de la police spéciale du Venezuela (CICPC) a tiré sur le Ministère de la Justice et la Cour suprême et a lancé des grenades, le titre du Guardian pour couvrir de cette histoire était : "Patriote, ou secteur public'. Environ deux semaines plus tard, le "James Bond" du Venezuela, comme The Australian l'a surnommé, est apparu à un rassemblement de l'opposition à Caracas.

    Pour ceux qui sont familiers de l'histoire de la région, rien de tout ceci n'est bien sûr nouveau. Ce que le Venezuela subit vraiment est un vieux coup d'État de style Latino-Américain. Pour toutes les fautes de Maduro, ou celles de son prédécesseur Chavez (1999-2013), notamment pour avoir fait pression sur l'Organisation des Pays exportateurs de pétrole (l'OPEP) afin de faire monter le prix du pétrole en diminuant la production, ainsi que pour leur redistribution des revenus pétroliers dans des programmes sociaux pour les pauvres et de leur défiance vis à vis de la politique étrangère étatsunienne; Washington n'a jamais pu les accepter - que ce soit les Républicains ou les Démocrates.

    D'une manière prévisible, les Etats-Unis ont soutenu l'extrême droite au Venezuela. Selon un rapport, Washington a soutenu "une pratique de longue date pour financer des programmes qui soit disant soutiennent des élections justes et favorisent les droits de l'homme, tout en renforçant aussi les groupes d'opposition vénézuéliens." Entre 2007 et 2009, au travers de la Pan American Development Fondation (PADF) basée à Washington, le Département d'État a envoyé environ 4 millions de dollars aux journalistes du Venezuela, de la Bolivie et du Nicaragua. Selon un autre rapport, depuis 2009 l'opposition vénézuélienne a reçu 49 millions de $ des États-Unis.

    En 2015, des fichiers de Wikileaks ont été publiés par Verso avec un chapitre entier consacré au Venezuela. On y constatait que les États-Unis avaient une préférence pour soutenir les acteurs les plus "radicaux" au sein de l'opposition. Les auteurs ont aussi noté que le Venezuela, juste après le Brésil, était le deuxième pays latino-américain le plus mentionné dans les câbles diplomatiques étatsuniens publiés par Wikileaks.

    Avec un prix du pétrole déclinant ces dernières années et un gouvernement Maduro hésitant sur la façon de réajuster le taux de change complexe du pays, l'opposition a fait une avancée électorale importante qui, à la fin de 2015, lui a permis d'obtenir une majorité au sein de l'Assemblée nationale. Encouragée par cette victoire elle a contesté l'administration en exercice sur presque chaque question tandis "que les secteurs d'affaires favorables à l'opposition", comme le note un expert, ont "lancé une campagne agressive et prolongée de sabotage économique pour délibérément entraîner des troubles sociaux afin de déstabiliser et discréditer le bloc de Chaviste au pouvoir."

    Quand l'opposition a perçu que les tensions étaient susceptibles d'être particulièrement fortes, elle a mobilisé ses partisans dans les rues. Bien que la majeure partie de ces Vénézuéliens de classe moyenne et supérieure manifestent paisiblement, une fois rentrés chez eux, ce sont des voyous mviolents qui les remplacent et créent le blocage des routes et harcèlent des automobilistes. Connu sous le nom de "guarimberos", ces jeunes ont vandalisé des constructions gouvernementales, ont attaqué une maternité, ont brûlé complètement des douzaines de bus publics, ont mis le feu aux stocks alimentaires pour les pauvres et, parmi une longue liste de crimes, ont assailli des policiers avec un arsenal d'armes artisanales, d'explosifs et de l'utilisation de mortiers.

    Quand un journaliste étatsunien de TeleSUR a interviewé ces voyous, le message de ceux-ci était clair : filmez ce que la police nous fait, pas ce que nous faisons pour créer le chaos.

    En attendant, des criminels d'un genre beaucoup plus sophistiqué se sont engagés dans une campagne d'assassinat politique des leaders des syndicats et des partisans du gouvernement. Début juin, le juge Nelson Moncada a été tué par balle alors qu'il rentrait chez lui. Ayant été membre du jury qui a condamné à la prison le leader de l'opposition de droite Leopoldo Lopez pour incitation aux émeutes en 2014, il n'est pas exclu que le meurtre du juge ait été politiquement motivé.
    Bien sûr, pour une grande partie de la presse, peu des éléments mentionnés plus hauts ont été publiés en détail. L'opposition du Venezuela est si confiante en la couverture médiatique internationale qui leur est favorable, que leur candidat au poste présidentiel de 2013 Henrique Capriles, ne s'est pas gêné pour se promener dans les rues de Caracas avec les guarimberos.

    Le 20 mai, des guarimberos semblables ont battu, poignardé et brûlé avec de l'essence Orlando Jose Figuera. Un homme afro-vénézuélien de 21 ans. Le crime de Figuera consistait en ce qu'il était Noir, pauvre et par conséquent devait avoir été considéré comme un sympathisant du gouvernement aux yeux de ses agresseurs. Quelques jours plus tard, brulé à plus de 80%, Figuera est mort de ses blessures.

    Mais auparavant, Figuera a donné une interview où il a directement contredit une grande partie de la version des évènements donnée par les médias traditionnels qui faisaient passer la victime pour un petit voleur.

    En commentant les actions des guarimberos, Frederick B. Mills du Conseil pour les Affaires Hémisphériques à Washington, a déclaré que: "l'échec des dirigeants du MUD (parti principal de l'opposition) pour dénoncer la violence terroriste et désavouer l'utilisation d'enfants sur les barricades, aussi bien que la répugnance constante de quelques maires de l'opposition à agir pour restaurer l'ordre public dans leurs municipalités, enfreignent les principes des droits de l'homme."
    En parlant récemment à l'Université Internationale de Floride, Juan Requesens - un membre de l'extrême droite à l'Assemblée nationale du Venezuela pour le parti de la Justice d'abord ("Justice First") - n'a pas clarifié les événements qui se déroulent actuellement. Selon son opinion "l'étape actuelle" de violence au Venezuela est nécessaire pour provoquer "une intervention étrangère".

    Ne vous y trompez pas. Ce à quoi nous assistons actuellement au Venezuela est un changement de régime violent en temps réel.
    *Le Dr Rodrigo Acuñais est Professeur Associé au Département d'Études Internationales à l'Université Macqaurie. Ses thèmes de recherche de prédilection incluent les relations inter-américaines, l'Amérique Latine de la guerre froide et post-guerre froide, l'histoire et la politique vénézuélienne, les médias, les droits de l'homme et les politiques de développement dans une perspective pluridisciplinaire.

    American Herald Tribune

  • #2
    Le régime des USA continue à défendre ses conquêtes néocoloniales : les pays d'Amérique latine néo-colonisés en empêchant pour tous les moyens le choix de leurs peuple d'une autre voie que celle du capitalisme sangsue, pilleur des richesses au profit d'une minorité (banques, multinationales, régimes compradores traitres à leurs pays d'Amérique latine)

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