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Pourquoi le monde arabe donne-t-il prise aux ingérences étrangères ?

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  • Pourquoi le monde arabe donne-t-il prise aux ingérences étrangères ?

    Question complexe qui donne le vertige car on a affaire à l’histoire du temps long. En effet l’histoire ne supporte pas que l’on ait le nez dans le guidon et de la croire obéissante à une main invisible ou divine. L’histoire nécessite en effet le recul du temps et l’utilisation d’un outillage des connaissances qui ne souffrent pas des pesanteurs idéologiques

    L’histoire ressemble au fleuve du philosophe Héraclite où ne coule jamais la même eau.

    Pour faciliter la saisie des contours de cette question, il faut passer parfois par un regard subjectif nourri par les mots en rupture avec quelque médiocre idéologie. Ainsi le lien entre monde arabe et domination étrangère, c’est d’une certaine façon l’histoire de la relation Orient/Occident. On apprend que l’histoire entre ces deux entités est faite d’échanges sublimes mais aussi de confrontations tragiques. Par le jeu pervers des ruses de l’histoire, ces deux mondes sont venus à se regarder avec des lunettes embuées de préjugés. L’Orient et l’Occident, deux notions géographiques désignant deux contrées où se lève et où se couche le soleil, deviennent sous la plume de certains idéologues des forteresses de civilisations dont le voisin, l’Autre représente l’enfer pour reprendre la formule de Sartre. Sauf que parfois des hommes de pouvoir surmontent les préjugés de leurs ouailles et tendent la main au voisin en question. Ainsi Haroun al Rachid (763/809) fit un présent à Charlemagne (747/814) et fait ainsi entrer cet empereur français dans la ‘’modernité’’ de l’époque.

    Ce transfert de technologie au lieu d’ouvrir une ère de relation bénéfique a semble t-il ouvert plutôt la voie à une féroce compétition. Aujourd’hui on peut dire que le sage et lettré Haroun al Rachid en continuant à cultiver ‘’ses’’ jardins suspendus qu’il a hérité de ses ancêtre a commis une erreur. Il s’est laissé enivrer par les parfums des légendaires jardins antiques alors que Charlemagne apprit à compter, à évaluer le temps bien avant les Anglo-Saxons à qui on doit la formule ‘’Time is money’’. Le temps, voilà donc la première frontière qui a précédé les autres frontières érigées par la suite entre les deux mondes ouvrant ainsi le bal tragique entre l’Orient et l’Occident. Ce bal commença à Jérusalem (1099), continua à Constantinople (1453) pour finir en Andalousie (1492). Des lieux et des dates qui ont créé une fracture, un fossé qui perdure encore aujourd’hui. Pour les uns, l’Orient dominé doit se réveiller et renouer avec la grandeur de son passé. Pour les autres, l’Occident devient l’horizon indépassable, une sorte de fin de l’histoire, selon la théorie fumeuse Fukuyama. Ah l’histoire, vieux et éternel débat philosophique ! Pour Hegel un vieux rêve accouchant de l’Etat stade suprême de l’ordre, pour Marx une utopie qui annonce l’extinction de l’Etat pour que l’homme se libère de ses aliénations.

    Après ces envolées lyriques, interrogeons concrètement Dame Histoire pour s’approcher au plus près de la dynamique de la domination subie par le monde arabe. Ce dernier et l’Occident sont comme des frères siamois. Ils sont et ont été liés géographiquement et historiquement. Cette double proximité a facilité les échanges mais a été aussi source de tant de guerres. Ca remonte à loin, Rome a dominé tout le pourtour méditerranéen (Egypte de Cléopâtre, Carthage et guerres puniques). Des siècles plus tard, c’est autour du monde arabe de conquérir cette méditerranée y compris la partie européenne (Espagne et les îles italiennes).

    Pour son ‘’malheur’’, ce monde dit arabe a eu le privilège d’offrir l’asile aux trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). Cette présence des religions dans cette région a servi de prétexte à l’occident chrétien pour aller ‘’libérer’’ le ‘’tombeau’’ de Jésus à Jérusalem (1099), d’où les croisades. 2000 ans après la mort de Jésus sur la croix, des gens venus des quatre coins de la planète au nom d’un ‘’droit’’ Biblique se sont installés dans cette région et ont créé l’Etat d’Israël.

    Plus tard l’Occident moderne qui nait avec la Renaissance en Europe, chasse le monde arabe de l’Espagne et continue dans sa lancée à avaler des territoires les uns après les autres. L’Espagne, la France et l’Angleterre rivalisant dans cette politique de conquête se retrouvent puissances coloniales dominantes dans le monde arabe. Ces faits historiques n’expliquent pas totalement le ‘’miracle’’ qui a fait de l’Occident le maître de vastes pays qui ont connu pourtant de brillantes civilisations et hélas ont fini par ‘’mourir’’ selon la formule de Paul Valéry : ‘’les civilisations sont mortelles’’.

    Il faut savoir que ‘’le miracle’’ de l’Occident est dû en vérité à l’émergence du plus formidable mode de production de richesses inconnu jusque là. Il a pour nom le capitalisme. Et par une ruse de l’Histoire, ce capitalisme a germé grâce à des apports scientifiques et philosophiques de ce monde arabe. La monnaie qui est le socle du capitalisme était utilisée dans le monde arabe et ces pièces de monnaie se retrouvent dans les musées en Europe, (j’ai vu des pièces dans un musée en Estonie, petit pays mais jadis grande nation maritime dont les bateaux arrivaient jusqu’en Algérie). Inutile de s’attarder sur la puissance de l’Occident à la fois économique et militaire tant elle est visible et omnipotente depuis 5 siècles. Elle explique donc son appétit démesuré pour les conquêtes. Celles-ci sont dans la nature du système en question. Lequel a besoin à la fois de s’accaparer les richesses d’autrui et exploiter le travail des hommes, ces deux sources alimentent l’accumulation du capital, accumulation qui est le secret de son fonctionnement et de sa réussite.

    Quant au monde arabe, c’est un gros morceau à diagnostiquer pour arriver à saisir les raisons de sa domination par l’Occident.

    Avec le recul du temps, deux faits s’imposent à l’observateur. Ce monde a construit une grande civilisation symbolisée par ses savants et ses poètes appartenant à différents pays pas forcément arabes. Ensuite ce monde a signé son déclin avec la perte de l’Andalousie qui correspond avec la découverte des Amériques, tout un symbole d’un monde qui va faire parler de lui. Le monde arabe en déclin bien avant la chute de Grenade et Cordoue a si on peut dire les penseurs qu’il mérite, comme Ibn Thoumert qui symbolise une pensée sclérosée qui flirte avec les ténèbres contrairement aux splendeurs qui ont illuminé les premiers siècles de l’islam. Une religion qui, il ne faut pas l’oublier s’est répandu grâce à la puissance de son livre sacré (le Coran) mais aussi par des conquêtes militaires.

    Avant de cerner les multiples raisons de la domination du monde arabe par l’Occident, il faut mettre aux premières loges son rendez-vous manqué avec le capitalisme. Est-ce par incapacité ou méfiance que le monde arabe n’a pu s’intégrer à ce système ou bien par le machiavélisme de l’Occident qui lui a imposé le maintien du féodalisme dans la production des richesses et dans les relations sociales et politiques. Nous avons l’exemple du Japon qui a négocié avec l’Occident son ‘’intégration’’ au capitalisme (1). Le Japon acceptant l’ouverture et le commerce avec l’Occident tout en maintenant son système de valeurs sociales particulièrement rigides. Une étude sérieuse d’historiens peut éclairer notre lanterne sur l’absence de pareil ‘’contrat’’ dans le monde arabe comme le fit le Japon.

    Les tors de ce rendez-vous manqué sont-ils partagés ? Le temps (symbolisé par l’horloge offerte par Haroun al Rachid) ce concept si abstrait mais combien imposant et s’imposant à la réalité, est un acteur qui ne semble pas avoir été pris en compte par ce monde arabe aussi bien en économie qu’en politique.

    Maintenant que nous avons esquissé les causes historiques et le corpus culturel et philosophique du monde arabe, il faut cerner les contradictions internes des sociétés composant le dit monde arabe. Sans sous-estimer l’environnement historique et international, il faut réserver une juste place aux contradictions internes et spécifiques de chaque société. Ceci dit, deux facteurs tiennent une place prépondérante dans tous les pays constituant ce monde, la religion et les régimes politiques. Autant la religion a joué un rôle de résistance durant la colonisation, autant 14e siècle après la naissance de l’islam, elle constitue souvent un blocage à la fois économique et culturel parce que instrumentalisée par des pouvoirs politiques. Le cas de l’Arabie saoudite rivalise avec les caricatures des bandes dessinées, genre Tintin en Chine.

    Quant aux pouvoirs politiques, on trouve dans ce monde, des régimes féodaux/monarchistes et des régimes dits républicains par facilité de langage. Entre ces deux régimes, il y a ceux qui se rattachent au mouvement national/patriotique qui ont libéré le pays et qui se nourrissaient d’une idéologie de progrès social, pas toujours mise en application. Et puis il y a les régimes monarchistes dont la libération a été ‘’facilité’’ par une alliance avec un colonialisme ascendant (Angleterre) contre l’empire ottoman déclinant. Ces régimes se veulent religieux et ne nourrissent aucune animosité idéologique envers l’économie du marché de l’Occident tout en rejetant la démocratie de cet Occident ‘’mécréant’’. Ce dernier s’accommode très bien de cette contradiction qui l’arrange bien. Elle maintient les peuples sous la férule des dictateurs et leur permet ainsi de siphonner tranquillement le pétrole.

    A présent on peut résumer la question posée dans le titre de l’article. Le monde arabe a été colonisé, d’autres pays comme la Chine l’ont été, parce que la force mécanique et les idées politiques nouvelles étaient du côté du capitalisme qui a eu raison de structures économiques et sociales archaïques des pays. Aujourd’hui, il continue d’être dominé non pas forcément militairement mais à cause de ses relations troubles avec l’occident et surtout en l’absence des libertés démocratiques. Il est évident que le maintien du féodalisme et autre tribalisme fragilisent une société et offre un terrain favorable aux ingérences étrangères. Ainsi une société fragilisée et cadenassée par la dictature, c’est du pain béni pour tout prédateur tapi dans l’ombre attendant le moment propice pour sauter sur sa proie. Les évènements en Irak et en Syrie sont une illustration et un condensé de ces longues et criminelles ingérences étrangères par la faute de ceux qui permettent à l’histoire de se répéter. Et quand l’histoire se répète, comme dit le philosophe, la première fois c’est une tragédie, la seconde fois c’est une farce… à qui la faute ????….

    le matin dz
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