Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Upton Sinclair « Pétrole ! »

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Upton Sinclair « Pétrole ! »

    Dans ce roman d'apprentissage, le fils d'un magnat américain du pétrole découvre la face sombre du capitalisme des derricks.

    Une course obsédante, une griserie de toute-puissance. Ainsi commence le plus fameux roman d'Upton Sinclair, paru pour la première fois aux Etats-Unis en 1926 sous le titre « Oil ». Huit pages durant, le lecteur monte à bord d'une automobile qui file à travers les collines californiennes. Elle est conduite par un magnat du pétrole en pleine ascension, accompagné de son fils. Ce narrateur de neuf ans observe la naissance de la civilisation du pétrole : surgissement de l'industrie automobile et du réseau routier, concentration du capital aux mains de nouvelles dynasties, constitution d'une classe ouvrière et, pour finir, l'affrontement des capitalistes et des communistes, dans le monde entier.

    C'est à quarante-huit ans qu'Upton Sinclair écrit « Pétrole ! ». Son engagement socialiste est déjà célèbre. Il s'est fait connaître en 1906 avec « La Jungle », un roman dénonçant les conditions de travail et l'absence d'hygiène dans les abattoirs américains. Face au tollé, les pouvoirs publics ont dû réglementer cette industrie. Il s'attaque également au journalisme corrompu et aux inégalités sociales. Sa double ascendance, mère richissime, père alcoolique et malchanceux en affaires, lui a permis d'entrevoir ces deux mondes. Pour montrer les dégâts de la ruée vers l'or noir, il emprunte le regard d'un enfant émerveillé par la technologie et par son père. « Imaginez ! Imaginez que vous ayez quatre-vingt-dix chevaux, là, devant vous, galopant autour des flancs d'une montagne, n'est-ce pas palpitant ? Et ce magique ruban de ciment posé exprès pour vous, qui se déroule sans interruption ; [...] et cette ligne de peinture blanche qui marque le milieu de la route, afin que vous sachiez à chaque instant exactement où vous avez le droit de vous trouver - quelle sorcellerie avait donc créé tout cela ? Papa l'avait expliqué : c'était l'argent. »

    Bunny est le candide des derricks. Petit à petit, il découvre la face sombre de l'industrie du pétrole. Il en comprend tous les ressorts, mais sans endosser l'héritage, sans faire corps avec ce monde dans lequel il baigne, en un mot, sans jamais se départir d'une forme d'innocence. Arnold Ross Junior apprend le métier de la prospection et du forage, décide d'aller à l'université, puis d'écouter les ouvriers. Il passe beaucoup de temps à se demander comment agir pour être juste.

    Son père, qu'il admire, est l'incarnation du rêve américain. Né muletier, il a fait fortune grâce à son flair de prospecteur et à son bon sens dans les affaires. Cet argent, il ne l'a pas volé, et il a même contribué à enrichir nombre de familles américaines. Seulement, c'est au prix d'arrangements avec la morale qui deviennent de plus en plus gênants. Le voilà qui rachète pour une bouchée de pain les terres de paysans misérables, sans mentionner l'existence de pétrole. Qui graisse la patte aux autorités locales pour faire construire une route menant à ses derricks. Qui se range au mot d'ordre d'une fédération patronale vénéneuse, capable de diminuer les salaires et d'envoyer des soudards chez les grévistes pour créer du grabuge. Avec son associé Vernon Roscoe, rusé et sans vergogne, ils font élire à grand renfort de dollars un président qu'ils tiennent en leur pouvoir. Ce n'est plus une course, c'est une fuite en avant : s'il refuse ces compromissions, sa société ne se développera pas, et les « gros » le mangeront, explique le père désolé à son fils. Bunny écoute. Mais il choisit l'autre voie, celle, encore plus dure, de la justice sociale.

    Solveig Godeluck
    image: https://www.lesechos.fr/medias/2017/...0435192984.jpg

    Le père du narrateur maintient sa fortune au prix d\'arrangements avec la morale qui deviennent de plus en plus gênants. -
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X