Hamid Tibouchi est un poète qui manipule parfaitement sa plume. Ses textes poétiques sont un hymne à la création artistique.
Hamid Tibouchi est un poète algérien né le 12 février 1951, près de Sidi Aïch dans la willaya de Béjaïa. Il fait des études d'anglais à Alger puis d'arts plastiques à Paris.
Parmi ses publications : Mer ouverte, poèmes, Editions. Caractères (Paris), 1973, Soleil d'herbe, poèmes, Editions. Chambelland (Paris), 1974 et -Parésie, poèmes, Editions de l'Orycte (hors commerce), 1982.
La poésie de Tibouchi nous procure un plaisir incessant.
"La mer qui grouille au loin
La mer insectes bleus pressés aux élytres vernis par le soleil la mer miroir aveugle où broutent les goélands
Être la barque qui rampe sur l'eau
Être le sillon de la barque
Être la voile gonflée par le vent être la mouette qui suit la barque l'aile de neige palpitante
Être le duvet qui caresse la joue du ciel être la brise qui coule sur la mer être la rivière qui court vers la mort
Être le temps qui fait bouger tout ça et s'arrêter au matin d'un été pour contempler à son aise la mer", écrit le poète qui évoque la mer dans un pays où très peut d’hommes de lettres parlent de la grande bleu. Même si cette merveille de la nature inspire les écrivains et les poètes des quatre coins du monde.
"Mille feux d'artifice de chair et de sang explosent sans bruit dans le jour qui bascule les cris furtifs
Ni chants ni pleurs
Dans la trame vasculaire
Que tisse la pointe de l'aiguille rumeurs lointaines et proches motocyclettes bravant d'invisibles monstres la vie se coule dans la vague incertaine crescendo rétrograde dans l'instant qui se fige entends la nuit invisible
Elle s'infiltre telle une intruse en un largo imperceptible
Dans notre univers qu'elle habite encore une goutte de nuit
Et la solution vire au noir
C’est comme si l'on enfilait un manteau au ralenti
Pendant que se referment les maisons blanches
À l'orée du désert
Dieu est encore si puissant
Dans les yeux des femmes violées de noir
La laine des nuits glacées
Les lèvres lourdes de baisers, don de Dieu les dunes les "guerbas" de vie la mer et la mort s'affrontent sur le sable nu à perte de temps
Et tu es là
Tout près
Produit du soleil-roi
Portant entre les reins entre les seins la poudre des fantasias et la force rudesse des chevaux fous
Pouvoir te mordre
À l'abricot le plus doux le plus doux
Le plus dur", ajoute l’homme sensible à la beauté. Une beauté qui signifie, par fois dans notre pays, péché et malédiction. Tibouchi ose s’exprimer librement et écrire des vers si singuliers.
"Enfant
À l'imagination vaine
À l'âge ardent des questions avec la folie de croire à la brasse en plein ciel
Écartant des deux mains le rideau trouver Dieu
À l'image d'un roi majestueux sur son trône
Après la pluie
Il y a toujours
Au-delà des ébrouements de l'arbre quelques barques fleurs d'eau
Qui flânent
Ce sont souvent des lys élancés mais il pousse aussi des nénuphars
Par dessus tout
On a peine à croire au bleu du ciel
On aimerait y barboter comme les oiseaux
Le cri de l'oiseau délivré fleur qui s'ouvre
Éblouie par l'éclat de midi rencontre de lèvres jeunes avides de l'instant qui passe
Le firmament a un goût de lavande, coule sous la peau le sang chaud
Sur l'herbe tiède
Et sous l'arbre constellé pour une fois il fait bon vivre", écrit l’artiste. Dans poésie de Hamid Tibouchi (qui est également peintre), il y a d'abord la présence des sens, le poids du corps qui gigote, refusant les trépanations. Mais, dans cette volonté d’écrire autrement, Tibouchi ne cède jamais à la facilité. "C'est l'un des poètes les plus exigeants et les plus aventureux de sa génération", écrit sur lui Tahar Djaout. Son lyrisme charrie beaucoup de pessimisme et de désillusion. Une entaille sans remède a été ouverte dans la vie du poète, et c'est peut être de cette déchirure, de cette faille que tout découle. Le premier recueil trace déjà ce chemin d'amour, d'épines et de désillusion qui sera celui du poète. Mais la présence de l'enfance, avec ses facultés d'association et d'émerveillement, donne à Mer ouverte et d’autres oeuvres une coloration qu'on ne retrouvera que rarement par la suite, un ton de fraîcheur et de candeur.
Soutenu par la présence de pluies douces, de ciels enchanteurs, d'oiseaux et d'arbres voyageurs. Soleil d'herbe et Parésie sont plus vociférateurs. Par fois le corps est plus érotique, plus écartelé, plus exploré. Hommes, termes et syntaxe sont "tranchés à même l'angoisse du temps". La rouille a gagné le paysage. La quête de jours meilleurs est interminable. Elle demeure inassouvie. Le poète assoiffé de soleil semble parfois se mouvoir à grand-peine dans des ténèbres. Ce qui semble sûr sa poésie est très bien ficelée. C’est une écriture dont on s’abreuve toujours.
Par La Dépêche de Kabylie
Hamid Tibouchi est un poète algérien né le 12 février 1951, près de Sidi Aïch dans la willaya de Béjaïa. Il fait des études d'anglais à Alger puis d'arts plastiques à Paris.
Parmi ses publications : Mer ouverte, poèmes, Editions. Caractères (Paris), 1973, Soleil d'herbe, poèmes, Editions. Chambelland (Paris), 1974 et -Parésie, poèmes, Editions de l'Orycte (hors commerce), 1982.
La poésie de Tibouchi nous procure un plaisir incessant.
"La mer qui grouille au loin
La mer insectes bleus pressés aux élytres vernis par le soleil la mer miroir aveugle où broutent les goélands
Être la barque qui rampe sur l'eau
Être le sillon de la barque
Être la voile gonflée par le vent être la mouette qui suit la barque l'aile de neige palpitante
Être le duvet qui caresse la joue du ciel être la brise qui coule sur la mer être la rivière qui court vers la mort
Être le temps qui fait bouger tout ça et s'arrêter au matin d'un été pour contempler à son aise la mer", écrit le poète qui évoque la mer dans un pays où très peut d’hommes de lettres parlent de la grande bleu. Même si cette merveille de la nature inspire les écrivains et les poètes des quatre coins du monde.
"Mille feux d'artifice de chair et de sang explosent sans bruit dans le jour qui bascule les cris furtifs
Ni chants ni pleurs
Dans la trame vasculaire
Que tisse la pointe de l'aiguille rumeurs lointaines et proches motocyclettes bravant d'invisibles monstres la vie se coule dans la vague incertaine crescendo rétrograde dans l'instant qui se fige entends la nuit invisible
Elle s'infiltre telle une intruse en un largo imperceptible
Dans notre univers qu'elle habite encore une goutte de nuit
Et la solution vire au noir
C’est comme si l'on enfilait un manteau au ralenti
Pendant que se referment les maisons blanches
À l'orée du désert
Dieu est encore si puissant
Dans les yeux des femmes violées de noir
La laine des nuits glacées
Les lèvres lourdes de baisers, don de Dieu les dunes les "guerbas" de vie la mer et la mort s'affrontent sur le sable nu à perte de temps
Et tu es là
Tout près
Produit du soleil-roi
Portant entre les reins entre les seins la poudre des fantasias et la force rudesse des chevaux fous
Pouvoir te mordre
À l'abricot le plus doux le plus doux
Le plus dur", ajoute l’homme sensible à la beauté. Une beauté qui signifie, par fois dans notre pays, péché et malédiction. Tibouchi ose s’exprimer librement et écrire des vers si singuliers.
"Enfant
À l'imagination vaine
À l'âge ardent des questions avec la folie de croire à la brasse en plein ciel
Écartant des deux mains le rideau trouver Dieu
À l'image d'un roi majestueux sur son trône
Après la pluie
Il y a toujours
Au-delà des ébrouements de l'arbre quelques barques fleurs d'eau
Qui flânent
Ce sont souvent des lys élancés mais il pousse aussi des nénuphars
Par dessus tout
On a peine à croire au bleu du ciel
On aimerait y barboter comme les oiseaux
Le cri de l'oiseau délivré fleur qui s'ouvre
Éblouie par l'éclat de midi rencontre de lèvres jeunes avides de l'instant qui passe
Le firmament a un goût de lavande, coule sous la peau le sang chaud
Sur l'herbe tiède
Et sous l'arbre constellé pour une fois il fait bon vivre", écrit l’artiste. Dans poésie de Hamid Tibouchi (qui est également peintre), il y a d'abord la présence des sens, le poids du corps qui gigote, refusant les trépanations. Mais, dans cette volonté d’écrire autrement, Tibouchi ne cède jamais à la facilité. "C'est l'un des poètes les plus exigeants et les plus aventureux de sa génération", écrit sur lui Tahar Djaout. Son lyrisme charrie beaucoup de pessimisme et de désillusion. Une entaille sans remède a été ouverte dans la vie du poète, et c'est peut être de cette déchirure, de cette faille que tout découle. Le premier recueil trace déjà ce chemin d'amour, d'épines et de désillusion qui sera celui du poète. Mais la présence de l'enfance, avec ses facultés d'association et d'émerveillement, donne à Mer ouverte et d’autres oeuvres une coloration qu'on ne retrouvera que rarement par la suite, un ton de fraîcheur et de candeur.
Soutenu par la présence de pluies douces, de ciels enchanteurs, d'oiseaux et d'arbres voyageurs. Soleil d'herbe et Parésie sont plus vociférateurs. Par fois le corps est plus érotique, plus écartelé, plus exploré. Hommes, termes et syntaxe sont "tranchés à même l'angoisse du temps". La rouille a gagné le paysage. La quête de jours meilleurs est interminable. Elle demeure inassouvie. Le poète assoiffé de soleil semble parfois se mouvoir à grand-peine dans des ténèbres. Ce qui semble sûr sa poésie est très bien ficelée. C’est une écriture dont on s’abreuve toujours.
Par La Dépêche de Kabylie