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La révolte rentrée d’un Premier ministre

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  • La révolte rentrée d’un Premier ministre

    Comme pour donner la mesure de décadence politique nationale, c’est l’enterrement d’un “historique” qui a servi de décor au rappel à l’ordre d’un Premier ministre qui, pour quelques jours, a eu la prétention paradoxale de “séparer l’argent de la politique”.
    On peut se demander où Tebboune est allé chercher cette idée de moralisation anachronique de la vie publique sous un régime qu’il sait, pour l’avoir durablement pratiqué, structurellement voué à l’organisation de la rapine ! Car, enfin, si le pouvoir avait une autre fonction que celle d’une répartition clanique de richesse nationale, il n’aurait pas attendu si longtemps pour se retourner contre des mœurs qu’il cultive depuis son avènement. Il s’y serait attelé au minimum au moment où la gabegie avait atteint la cote d’alerte avec le spectaculaire scandale Khalifa : dans un mouvement synchronisé, de nombreux responsables n’ont pas hésité à confier les comptes de leurs institutions à la gestion d’une banque qui, pourtant, sentait manifestement le soufre.
    Depuis, on a, certes, créé de nouveaux “golden boys”. Mais les choses n’ont pas changé. Sauf qu’au lieu de livrer les avoirs sociaux et institutionnels à des brigands déguisés en banquiers, on offre des capitaux fonciers et des marchés publics à des prébendiers maquillés en entrepreneurs. Si la prévarication a perduré en changeant simplement de forme, c’est parce que le système politique n’a pas changé. Et son personnel n’a pas changé, non plus. Ou en pire, quand cela est arrivé, comme en atteste la succession de scandales de ces dernières années et qui ont concerné les secteurs à gros budgets (énergie, travaux publics…).
    Enfin, s’il fallait une ultime preuve de la compromission politique, c’est le pouvoir lui-même qui la donne quand il proclame l’urgence de “séparer l’argent de la politique”. Mais, comme pour se répondre à lui-même, il produit aussitôt cette scène du cimetière El-Alia humainement écœurante, mais politiquement éloquente. Au demeurant, la ferveur de ces impénitents optimistes convaincus de l’aptitude d’un Premier ministre, lui-même produit du régime, à changer ce régime, a probablement contribué à susciter la manifestation d’arrogance d’El-Alia.
    Il ne leur reste qu’à interroger Tebboune sur ce qui l’a pris d’aller agacer le couple argent-politique dont la séparation, sauf à changer de système politique, est inconcevable. Pour illustrer cette impossibilité systémique, disons qu’elle équivaudrait, en termes de physique, à une opération fission nucléaire. Le résultat en est ce spectacle d’une vie publique réduite à des toasts symboliques où se fêtent les sursis sans cesse prolongés d’un régime qui ruine le pays jusque dans les détails de son image.


    Mustapha Hammouche
    01/08/2017



    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »
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