Le FC Barcelone a officialisé le départ de sa superstar brésilienne, qui devrait rapidement s’engager avec le PSG pour ce qui constituerait le plus gros transfert de l’histoire du football.
Le monde du football est en pleine révolution, et celle-ci porte une boucle d’oreille. Avec l’arrivée imminente de la superstar Neymar Junior, le Paris-Saint-Germain est en passe de réussir une incroyable opération sportive, financière et commerciale. Six ans après leur rachat du club parisien, les actionnaires qataris tiennent leur joyau, dont le rayonnement sur et en dehors du terrain dépasse celui de Zlatan Ibrahimovic, parti en juillet 2016.
Peu importe s’il leur faudra souffler un grand coup dans la bulle spéculative d’un marché des transferts devenu fou. Considérée comme totalement dissuasive il y a un an, lorsque le Brésilien paraphait un nouveau contrat avec le FC Barcelone, sa clause libératoire de 222 millions d’euros, hors charges, devrait être payée rubis sur l’ongle par le PSG afin de concrétiser le recrutement le plus onéreux de l’histoire, très loin devant les 105 millions d’euros réglés par Manchester United à la Juventus Turin, en août 2016, pour l’achat du Français Paul Pogba.
Le footballeur le plus cher du monde
A 25 ans, Neymar da Silva Santos Junior deviendra ainsi le footballeur le plus cher du monde. Il devrait percevoir une rémunération à la hauteur de ce statut, estimée à 50 millions d’euros brut par an, soit quelque 30 millions d’euros nets. Après une saison ratée et la perte du titre de champion de France, le PSG pourra bomber de nouveau le torse : avec un tel roi au Parc des princes, il ne visera rien d’autre qu’une razzia au niveau national, tout en rêvant d’un triomphe en Ligue des champions.
Car avant d’être une tête de gondole planétaire, le fantasque Neymar Jr est une merveille de footballeur, un cliché sur pattes du « joga bonito », ce beau jeu à la brésilienne né des arabesques des Pelé et autres Garrincha au mitan du siècle dernier. La promesse d’un football total et enchanteur, qui se danse à coups de passements de jambe, de changements de rythme et de ballons caressés pour finir au fond des filets. Une certaine idée du jeu qui sera dûment recyclée au début des années 2000 en slogan publicitaire par Nike, par ailleurs fidèle équipementier d’un certain… Neymar Jr.
Si le garçon porte sur ses épaules tous les travers du foot business, il a toujours été considéré comme un talent rare. Dès son plus jeune âge, il provoque le dithyrambe. On lui colle l’inévitable étiquette de « nouveau Pelé », comme à beaucoup d’autres avant lui, et les grands clubs européens lui font les yeux doux. A ses 13 ans, le Real Madrid est prêt à l’accueillir, mais le gamin ne donne pas suite, préférant faire ses classes dans son club de Santos. Le natif de Mogi das Cruzes, près de Sao Paulo, y gagne une Coupe du Brésil, deux championnats de l’Etat de Sao Paulo (Paulista), la Copa Libertadores et la Recopa Sudamericana, avant de s’envoler en 2013 vers le FC Barcelone, à 21 ans.
Avec son équipe nationale, Neymar pointe déjà au quatrième rang des meilleurs buteurs du pays, avec le ratio délirant de 52 buts en 77 matches. Plus qu’une star, il est l’alpha et l’oméga de la Seleçao : on diagnostique une « Neymardépendance » quand le génie éblouit, on ironise sur son penchant pour le « Neymarketing » quand il passe au travers. Même absent, il est partout : après avoir porté les siens lors du début du Mondial 2014 au Brésil, Neymar manque la demi-finale contre l’Allemagne, cloué à l’infirmerie avec une vertèbre cassée. Un seul être lui manque et la Seleçao prend l’eau, humiliée 7-1 devant son public par la Mannschaft. Lorsqu’il revient en septembre de la même année, Neymar hérite du capitanat du bateau ivre. Deux ans plus tard, il mène le Brésil à sa première médaille d’or olympique lors des JO de Rio, en marquant le tir au but décisif en finale… contre l’Allemagne.
A Barcelone, le tableau n’est pas moins flatteur. Avec 105 buts en 186 matchs toutes compétitions confondues en quatre saisons, il enrichit son palmarès de sept trophées, remportant la Liga (2015, 2016), la Coupe d’Espagne (2015, 2016, 2017), la Supercoupe d’Espagne (2013), et surtout la Ligue des champions (2015), dont il termine alors meilleur buteur. Le Brésilien n’a pas fait pschitt au contact d’un football européen tactique et physique, que certains imaginaient mal adapté au style d’un joueur plutôt fluet (1,74 m, 68 kg). Seul hic, l’étoile doit désormais briller au milieu de la constellation catalane, et dans l’ombre du soleil Lionel Messi, quintuple Ballon d’Or. Associé à l’Argentin et à l’Uruguayen Luis Suarez en attaque, l’Auriverde complète la « MSN », triste surnom pour un tel trio d’artistes, et on ne remarque son costume d’homme providentiel que lorsque Messi est en demi-teinte, comme lors de la fameuse « remontada » barcelonaise contre le PSG (6-1, avec deux buts et une passe décisive de Neymar), en quarts de finale de la Ligue des champions 2016-17.
« Fils de Dieu, du Père, heureux et audacieux »
Au Camp Nou, « Ney » est une icône parmi d’autres, au grand dam des « Neymarzetes », ces groupes d’adolescentes en pâmoison et de gamins imitant à leurs risques et périls ses extravagances capillaires ou vestimentaires, et qui le suivent par réseaux sociaux interposés. Sur Twitter, où il se présente comme « fils de Dieu, du Père, heureux et audacieux », Neymar regroupe 30 millions de fidèles, et plus de 78 millions d’abonnés à son compte Instagram, mieux que les 76,9 millions de Messi, moins que les 107 millions de Cristiano Ronaldo. C’est d’ailleurs en surfant dans la « Neymarsphère » que ses compatriotes du PSG lui ont fait une cour assidue. A peine arrivé au club, Daniel Alvès est devenu le héraut de cette communication inédite, postant notamment un message emphatique et nébuleux pour interpeller son ancien camarade barcelonais : « Que veux-tu être ? Ou veux-tu aller ? Ces questions dépendent de toi. N’oublie pas qui était avec toi à tes débuts. »
Au début et à la fin de Neymar Jr, il y a surtout son père, Neymar Senior. Pendant la Coupe du monde 2014, le sélectionneur brésilien Luiz Felipe Scolari avait déclaré que le joueur était « le fils que tous les pères voudraient avoir. » Ancien footballeur reconverti maçon, mécanicien ou vendeur, Neymar Sr a vite revêtu le costume d’« empresario », affichant un sens des affaires parfois un peu trop aiguisé. Le transfert du crack de Santos vers Barcelone fait ainsi l’objet d’une enquête de la justice espagnole, qui poursuit père et fils pour « corruption » et « fraude », tandis que la justice brésilienne a condamné le joueur à payer une amende de 50 millions d’euros, fortement réduite en appel, pour fraude fiscale. Au pays, un des seuls endroits où la star n’est pas en odeur de sainteté est d’ailleurs son club formateur de Santos, qui s’estime lésé par ce transfert controversé.
Avant de quitter le Brésil, en 2013, Neymar affirmait au Monde qu’il voulait « être l’égal de (s) es idoles, les Ronaldo, Zidane, Kaka, Ronaldinho, Romario… » Pour quelques centaines de millions d’euros, le PSG n’en espère pas moins.
le monde
Le monde du football est en pleine révolution, et celle-ci porte une boucle d’oreille. Avec l’arrivée imminente de la superstar Neymar Junior, le Paris-Saint-Germain est en passe de réussir une incroyable opération sportive, financière et commerciale. Six ans après leur rachat du club parisien, les actionnaires qataris tiennent leur joyau, dont le rayonnement sur et en dehors du terrain dépasse celui de Zlatan Ibrahimovic, parti en juillet 2016.
Peu importe s’il leur faudra souffler un grand coup dans la bulle spéculative d’un marché des transferts devenu fou. Considérée comme totalement dissuasive il y a un an, lorsque le Brésilien paraphait un nouveau contrat avec le FC Barcelone, sa clause libératoire de 222 millions d’euros, hors charges, devrait être payée rubis sur l’ongle par le PSG afin de concrétiser le recrutement le plus onéreux de l’histoire, très loin devant les 105 millions d’euros réglés par Manchester United à la Juventus Turin, en août 2016, pour l’achat du Français Paul Pogba.
Le footballeur le plus cher du monde
A 25 ans, Neymar da Silva Santos Junior deviendra ainsi le footballeur le plus cher du monde. Il devrait percevoir une rémunération à la hauteur de ce statut, estimée à 50 millions d’euros brut par an, soit quelque 30 millions d’euros nets. Après une saison ratée et la perte du titre de champion de France, le PSG pourra bomber de nouveau le torse : avec un tel roi au Parc des princes, il ne visera rien d’autre qu’une razzia au niveau national, tout en rêvant d’un triomphe en Ligue des champions.
Car avant d’être une tête de gondole planétaire, le fantasque Neymar Jr est une merveille de footballeur, un cliché sur pattes du « joga bonito », ce beau jeu à la brésilienne né des arabesques des Pelé et autres Garrincha au mitan du siècle dernier. La promesse d’un football total et enchanteur, qui se danse à coups de passements de jambe, de changements de rythme et de ballons caressés pour finir au fond des filets. Une certaine idée du jeu qui sera dûment recyclée au début des années 2000 en slogan publicitaire par Nike, par ailleurs fidèle équipementier d’un certain… Neymar Jr.
Si le garçon porte sur ses épaules tous les travers du foot business, il a toujours été considéré comme un talent rare. Dès son plus jeune âge, il provoque le dithyrambe. On lui colle l’inévitable étiquette de « nouveau Pelé », comme à beaucoup d’autres avant lui, et les grands clubs européens lui font les yeux doux. A ses 13 ans, le Real Madrid est prêt à l’accueillir, mais le gamin ne donne pas suite, préférant faire ses classes dans son club de Santos. Le natif de Mogi das Cruzes, près de Sao Paulo, y gagne une Coupe du Brésil, deux championnats de l’Etat de Sao Paulo (Paulista), la Copa Libertadores et la Recopa Sudamericana, avant de s’envoler en 2013 vers le FC Barcelone, à 21 ans.
Avec son équipe nationale, Neymar pointe déjà au quatrième rang des meilleurs buteurs du pays, avec le ratio délirant de 52 buts en 77 matches. Plus qu’une star, il est l’alpha et l’oméga de la Seleçao : on diagnostique une « Neymardépendance » quand le génie éblouit, on ironise sur son penchant pour le « Neymarketing » quand il passe au travers. Même absent, il est partout : après avoir porté les siens lors du début du Mondial 2014 au Brésil, Neymar manque la demi-finale contre l’Allemagne, cloué à l’infirmerie avec une vertèbre cassée. Un seul être lui manque et la Seleçao prend l’eau, humiliée 7-1 devant son public par la Mannschaft. Lorsqu’il revient en septembre de la même année, Neymar hérite du capitanat du bateau ivre. Deux ans plus tard, il mène le Brésil à sa première médaille d’or olympique lors des JO de Rio, en marquant le tir au but décisif en finale… contre l’Allemagne.
A Barcelone, le tableau n’est pas moins flatteur. Avec 105 buts en 186 matchs toutes compétitions confondues en quatre saisons, il enrichit son palmarès de sept trophées, remportant la Liga (2015, 2016), la Coupe d’Espagne (2015, 2016, 2017), la Supercoupe d’Espagne (2013), et surtout la Ligue des champions (2015), dont il termine alors meilleur buteur. Le Brésilien n’a pas fait pschitt au contact d’un football européen tactique et physique, que certains imaginaient mal adapté au style d’un joueur plutôt fluet (1,74 m, 68 kg). Seul hic, l’étoile doit désormais briller au milieu de la constellation catalane, et dans l’ombre du soleil Lionel Messi, quintuple Ballon d’Or. Associé à l’Argentin et à l’Uruguayen Luis Suarez en attaque, l’Auriverde complète la « MSN », triste surnom pour un tel trio d’artistes, et on ne remarque son costume d’homme providentiel que lorsque Messi est en demi-teinte, comme lors de la fameuse « remontada » barcelonaise contre le PSG (6-1, avec deux buts et une passe décisive de Neymar), en quarts de finale de la Ligue des champions 2016-17.
« Fils de Dieu, du Père, heureux et audacieux »
Au Camp Nou, « Ney » est une icône parmi d’autres, au grand dam des « Neymarzetes », ces groupes d’adolescentes en pâmoison et de gamins imitant à leurs risques et périls ses extravagances capillaires ou vestimentaires, et qui le suivent par réseaux sociaux interposés. Sur Twitter, où il se présente comme « fils de Dieu, du Père, heureux et audacieux », Neymar regroupe 30 millions de fidèles, et plus de 78 millions d’abonnés à son compte Instagram, mieux que les 76,9 millions de Messi, moins que les 107 millions de Cristiano Ronaldo. C’est d’ailleurs en surfant dans la « Neymarsphère » que ses compatriotes du PSG lui ont fait une cour assidue. A peine arrivé au club, Daniel Alvès est devenu le héraut de cette communication inédite, postant notamment un message emphatique et nébuleux pour interpeller son ancien camarade barcelonais : « Que veux-tu être ? Ou veux-tu aller ? Ces questions dépendent de toi. N’oublie pas qui était avec toi à tes débuts. »
Au début et à la fin de Neymar Jr, il y a surtout son père, Neymar Senior. Pendant la Coupe du monde 2014, le sélectionneur brésilien Luiz Felipe Scolari avait déclaré que le joueur était « le fils que tous les pères voudraient avoir. » Ancien footballeur reconverti maçon, mécanicien ou vendeur, Neymar Sr a vite revêtu le costume d’« empresario », affichant un sens des affaires parfois un peu trop aiguisé. Le transfert du crack de Santos vers Barcelone fait ainsi l’objet d’une enquête de la justice espagnole, qui poursuit père et fils pour « corruption » et « fraude », tandis que la justice brésilienne a condamné le joueur à payer une amende de 50 millions d’euros, fortement réduite en appel, pour fraude fiscale. Au pays, un des seuls endroits où la star n’est pas en odeur de sainteté est d’ailleurs son club formateur de Santos, qui s’estime lésé par ce transfert controversé.
Avant de quitter le Brésil, en 2013, Neymar affirmait au Monde qu’il voulait « être l’égal de (s) es idoles, les Ronaldo, Zidane, Kaka, Ronaldinho, Romario… » Pour quelques centaines de millions d’euros, le PSG n’en espère pas moins.
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