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L’Irlande et la question du Sahara devant la CJUE

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  • L’Irlande et la question du Sahara devant la CJUE

    La reprise sommaire par Le Desk d’une dépêche de l’agence SPS, organe officiel du Polisario relayant la position de Dublin sur l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, a suscité une mise en doute de son contenu par certains de nos lecteurs. Nous apportons les précisions nécessaires à ce sujet dans un souci de clarification et de débat constructif, mais aussi pour rappeler que les accusations gratuites qui en découlent sont inopportunes et contre-productives

    Le Desk suscite des vocations auprès des internautes en matière de fact-checking, ce qui en soit est un signe d’intérêt pour notre média et bien entendu un exercice qu’il faut saluer de la part de nos lecteurs, étant nous-mêmes résolument attachés à la véracité des faits et donc à leur vérification minutieuse.

    Nous avons, dans le cadre d’une brève, relayé le contenu d’une dépêche de l’agence SPS, l’organe officiel du Polisario, en citant nos confrères de ******** qui l’avaient relevée quelques temps avant nous. Celle-ci fait état de la position de la République d’Irlande sur le fameux arrêt de la Cour de justice européenne (CJUE) datant du 26 décembre 2016 statuant sur la démarcation territoriale entre le Maroc et le Sahara Occidental au regard des accords conclus entre Rabat et Bruxelles.

    SPS, a indiqué dans sa dépêche datant du 2 août que « le gouvernement irlandais exprime sa volonté de se conformer à la décision de la CJUE concernant le Sahara occidental », citant « une réponse du ministère irlandais des Affaires étrangères concernant les préoccupations du Front Polisario sur l’accord d’association UE-Maroc ».

    L’organe officiel du Polisario ne mentionne pas ses sources, ce qui a alerté un des commentateurs assidus de notre page.

    Celui-ci écrit : « Je viens de vérifier l’information sur internet, voici mon constat :

    1 - Seule la SPS agence de propagande du Polisario et les sites algériens en parlent.


    2 - Le Desk cite ******** pour faire semblant de diversifier les sources mais ******** cite la SPS.



    3- Il n’y a aucune trace d’une communication officielle de la part du ministère des Affaires étrangères irlandais. J’ai cherché en anglais aussi, rien.


    4 - Même la SPS et les médias algériens parlent de la « volonté » de l’Irlande de faire ainsi et non d’un fait établi alors que Le Desk avance que c’est déjà le cas (…) ».

    En réponse à ces quatre points (sur les énumérés par notre lecteur), nous apportons les précisions suivantes :

    – Si la SPS et les médias algériens sont les seuls à avoir évoqué cette information, cela ne veut pas forcément dire qu’elle est fausse.

    Le Desk cite ******** non pas pour « faire semblant de diversifier ses sources », mais par simple déontologie. Il s’agit d’une pratique communément admise par la presse professionnelle que d’indiquer qu’un confrère local, de surcroît réputé pour son sérieux, a relevé l’information avant nous. Bien trop souvent, certains médias ne citent que la source primaire après l’avoir lue chez un confrère…

    Plus important, s’agissant du 3è point qui met en doute l’origine officielle de l’information – et que ne cite pas en effet SPS -, notre lecteur n’est pas allé jusqu’au bout de ses efforts, puisque celle-ci existe bel et bien.

    Il s’agit d’une réponse écrite datant du 30 mai 2017 de la part de Robert Flanagan, ministre des Affaires étrangères et du Commerce de la République d’Irlande, adressée à Maureen O’Sullivan, députée indépendante de la chambre basse du parlement irlandais qui le questionnait sur le sujet. Cette dernière est réputée pour défendre les thèses du Polisario au sein des instances élues de Dublin. Le temps de latence entre la réponse et sa reprise par la SPS s’expliquerait par le délai de communication en retour, sa question ayant été à l’évidence demandée via les circuits de lobbying pro-Polisario en Europe…

    Nous reproduisons ci-après l’intégralité de la réponse de Flanagan telle que retranscrite par le site irlandais d’archives parlementaires KildareStreet :

    « L’Irlande catégorise le Sahara occidental en tant que territoire non autonome. L’Irlande soutient le droit à l’autodétermination des populations du Sahara occidental, mais n’a pas d’avis sur le résultat de cette décision – qu’il s’agisse d’indépendance, d’intégration, d’autonomie ou d’une autre solution – tant qu’il est décidé d’une manière authentique par l’exercice de l’autodétermination.

    L’Irlande a pris note avec attention de la décision de la Cour de justice du 21 décembre 2016, dans laquelle elle a annulé la décision du Tribunal d’annuler l’accord agricole UE-Maroc. Le jugement de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 a confirmé la validité de l’accord d’association de l’UE avec le Maroc, mais a stipulé qu’il ne s’applique pas au territoire du Sahara occidental. La décision de la Cour est conforme à la position de longue date de l’Irlande à l’appui du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    La renégociation éventuelle de l’accord d’association, ou la modification de ses protocoles, pour traiter le traitement des marchandises en provenance du Sahara occidental, est actuellement en discussion au niveau de l’UE.

    Compte tenu des circonstances, il s’agit évidemment d’une question complexe qui impliquera de trouver un moyen de concilier des questions pratiques telles que la certification de l’origine des marchandises et le suivi de la mise en œuvre, avec des questions de principe relatives au consentement du peuple du Sahara occidental.

    De toute évidence, tout accord conclu par l’UE devra être cohérent avec le droit de l’UE, y compris l’arrêt de la Cour du 21 décembre 2016 ».

    La retranscription intégrale de cette réponse officielle répond aussi au point n°4 évoqué par notre lecteur qui pointe la « volonté (…) et non d’un fait établi » : le ministre Flanagan insiste cependant pour dire que « la décision de la Cour est conforme à la position de longue date de l’Irlande ». Il s’agit donc bien d’un alignement sur l’arrêt de la CJUE, comme nous l’avions écrit.

    Il est par ailleurs intéressant de relever l’exactitude de la position diplomatique irlandaise sur l’issue politique de la question du Sahara, Dublin demeurant sur un cap de neutralité qui n’évacue aucune solution au conflit, y compris l’option de l’autonomie défendue par Rabat, et qui précise d’emblée avoir pris note de la validation par la CJUE des dispositions de l’accord Maroc-UE, avant de préciser qu’il ne s’applique pas au territoire contesté. Un passage qui a été opportunément expurgé par la propagande du Polisario.

    Pour conclure, si le fait de “challenger” la presse indépendante à creuser davantage les questions d’actualité est un acte salvateur au bénéfice de l’opinion publique, notamment pour ce type de sujets d’intérêt général, nous regrettons que ce débat soit trop souvent accompagné, s’agissant particulièrement de la question du Sahara, d’accusations de compromission avec des intérêts étrangers, le Polisario et l’Algérie en l’occurrence. Sans cette fatigante pollution, le débat entre médias indépendants et lecteurs exigeants en serait grandi.

    ledesk-ma
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