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Eau «Il n’y a pas de rationnement…»

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  • Eau «Il n’y a pas de rationnement…»

    - Y a-t-il rationnement de l’eau potable ?

    Il n’y a pas de rationnement. On n’a jamais rationné l’eau. Malheureusement, cette année, il y a une pénurie d’eau dans quelques wilayas. Plusieurs barrages sont à leur seuil critique de remplissage, c’est le cas du barrage Aïn Dalia situé sur le territoire de la wilaya de Souk Ahras qui alimente d’abord cette ville, puis Oum El Bouaghi et Tébessa. Nous avons un cumul de manques et d’insuffisance de précipitations enregistrés depuis quelques années.

    Ce qui fait aussi que la nappe souterraine a beaucoup souffert cette année, et c’est ainsi que le débit des forages a diminué partout cette année et on l’a ressenti dans les wilayas de Khenchela, Tébessa, Souk Ahras, Bordj Bou Arréridj et Sétif. Le forage qui donnait 20 litres à la seconde ne donne plus que 10 ou 8 litres/seconde. Ceux qui donnaient 10 ou 8 litres/seconde ne donnent plus rien. Il ne faut pas oublier que d’un autre côté, nous avons des localités qui sont alimentées par des sources.

    Et certaines d’entre elles se sont taries complètement en raison du recul des précipitations durant ces dernières années. Les populations alimentées en eau grâce aux forages ou aux sources vivent des perturbations. Ces raisons s’ajoutent au fait que la ressource est gérée par les services communaux dans 567 communes à travers le pays.

    La même situation est subie par les agglomérations secondaires dont la gestion de l’eau est affectée aux communes alors que celle des chefs-lieux des communes est sous la tutelle de l’ADE. Il y a donc des perturbations générées par le manque de la ressource, qui s’ajoute au mode de gestion par les communes, faisant que même si l’eau est disponible, elle n’arrive pas au foyer du consommateur. Il n’y a donc pas de rationnement, puisque dès qu’elle est disponible, l’eau est aussitôt distribuée.

    - Quelles sont les régions les plus affectéss par les difficultés d’approvisionnement en eau ?

    L’est du pays et les Hauts-Plateaux sont les régions les plus touchées. L’Ouest, qui a connu des problèmes d’approvisionnement, n’est plus touché par ces difficultés grâce aux investissements de l’Etat dans la diversification de la ressource. Aujourd’hui, la plupart des wilayas de l’ouest sont alimentées par les barrages qui sont à un seuil de remplissage satisfaisant.

    Elles sont également alimentées par les stations de dessalement de l’eau de mer et en eau souterraine. Le gestionnaire jongle donc entre ces trois sources et les adapte en fonction de la disponibilité. La gestion de l’eau est très simple donc dans les wilayas disposant de la diversification de la ressource.

    Dans les régions ne disposant que de la ressource souterraine, dès que le débit des forages baisse, il y a interruption de la distribution, et c’est le cas pour plusieurs wilayas de l’est du pays dont celles que j’ai citées plus haut, ainsi que M’sila. Certaines perturbations sont dues également aux coupures d’électricité. Une coupure de courant d’une heure se répercute quelques heures après et pour une plus longue durée.

    - Qu’en est-il des wilayas de Tizi Ouzou et de Blida qui connaissent des perturbations courantes ?

    La complexité de la topographie des ces deux wilayas explique en partie les perturbations. Tizi Ouzou, par exemple, dispose du système d’alimentation en eau potable le plus compliqué avec des chaînes de pression qui dépassent les 60 bars avec 190 stations de pompage avec un réseau couvrant 1500 villages en dehors des centres-villes. Dans certaines localités, l’alimentation se fait à partir des sources. La ressource existe donc, mais c’est la gestion des installations au quotidien qui pose problème.

    - A court terme, l’Algérie est-elle à l’abri du stress hydrique ?

    Pour répondre à cette question, il faut voir ce qu’on a sur la table. Aujourd’hui, on commence à voir les résultats des différents investissements que l’Etat a consentis pratiquement sur 20 ans. Aujourd’hui, 73% de la population a accès à l’eau quotidiennement. Cela peut être H24 ou 18 heures ou 13 heures.

    C’est un acquis dans un pays aride sur la majorité de son territoire et semi-aride sur la bande côtière. Je vous rappelle que selon la banque mondiale et les institutions spécialisés de l’Onu et autres organisations mondiales, tout pays dont la disponibilité en eau par an et par habitant est inférieure à de 1000 m3 est appelé à vivre le stress hydrique.

    La disponibilité en Algérie est nettement inférieure en raison des facteurs climatiques (on est à 500 m3 par an par habitant). C’est pourquoi l’Etat a beaucoup investi dans le dessalement de l’eau de mer comme ressource alternative. Le dessalement a constitué la solution alternative pour les wilayas de l’ouest, de Chlef jusqu’à la frontière ouest.

    C’est ce qui vient en complément des ressources déjà disponibles que constituent les barrages et les forages. 27% de la population qui n’a pas accès quotidiennement à l’eau va bénéficier des programmes actuellement en cours de réalisation que sont les grands transferts d’eau actuellement en cours, ce qui va régler définitivement le problème des perturbations d’alimentation en eau potable. C’est le cas de la wilaya de Bordj Bou Arréridj qui bénéficiera du transfert à partir du barrage de Tichihaf de la wilaya de Béjaïa et d’un autre transfert à partir du barrage de Tilsedit qui est en voie d’achèvement.

    C’est le cas aussi de la wilaya de Sétif avec le grand projet de transfert d’eau à partir des barrages de la wilaya de Jijel. Ce projet sera salutaire pour les habitants de la wilaya de Sétif, ainsi que ceux de trois communes de Bordj Bou Arréridj. Il s’agit également du transfert d’eau à partir du barrage de Beni Haroun de la wilaya de M’sila qui soulagera 5 grandes villes de l’est du pays.

    Cela va permettre d’alléger la charge sur le barrage de Aïn Dalia qui ne va alimenter à partir de l’année prochaine que Souk Ahras et Tébessa, puisque Oum El Bouaghi sera alimentée à partir du barrage de Beni Haroun. Je vous cite également le projet de chott El Gharbi pour le transfert d’eau à partir du nord de Naâma vers le sud de Tlemcen et vers l’ouest Sidi Bel Abbès. Le projet sera opérationnel avant l’été prochain.

    - Qu’en est-il pour les wilayas du sud du pays ?

    Dans les wilayas du Sud, le problème de la disponibilité de la ressource ne se pose pas. Si la ressource est abondante, sa qualité pose, par contre, problème, comme c’est le cas à Ouargla et à Tamanrasset où l’eau est salée. Des stations de déminéralisation sont en cours d’installation et seront réceptionnées au fur et à mesure de leur achèvement pour améliorer la qualité de l’eau disponible.

    - Quelle est la situation actuelle des barrages ? Avons-nous les moyens de les entretenir ?

    Il faut savoir que 50% de l’eau distribuée en Algérie est issue de la ressource souterraine. 15% est issue du déssalement de l’eau de mer et 35% seulement provient des barrages. Les barrages de l’est du pays comme Aïn Dalia, Aïn Zada, Hamman Debagh, Cheffia et Zerdaza à Skikda connaissent un niveau de remplissage très bas déjà par rapport à celui de l’année dernière à la même période.

    Je vous cite l’exemple du barrage de Aïn Dalia : à cette même période, en 2016, on avait enregistré 48 millions de mètres cubes, en 2017, c’est 11 millions m3. C’est pratiquement le quart ! L’évaporation est minime, il n’y a pas eu de remplissage en raison de la faiblesse des précipitations. Les barrages du Centre, comme Taksebt, Keddara ou Koudiet Asserdoun sont correctement remplis, même si le taux de remplissage est plus bas que celui enregistré à cette période de l’année dernière.

    Quant aux barrages de l’Ouest, ils affichent un taux de remplissage satisfaisant. Pour l’entretien, le gouvernement algérien classe l’eau parmi ses premières priorités. Dans le secteur, l’eau potable est la priorité. Le financement des projets en cours dans le secteur se poursuit, ce qui permettra d’achever les programmes dans les délais. Il y a toujours des programmes de réhabilitation et de rééquipement des installations de traitement et des barrages.

    - La situation est-elle la même avec les stations de dessalement de l’eau de mer ?

    Nous disposons aujourd’hui de 11 stations de dessalement avec une capacité de production de 2,1 millions m3/jour construites et gérées par des investisseurs. A l’exception de deux stations de dessalement, les autres ont atteint un niveau de production stable et régulier conforme aux contrats signés. La station de Mectaa à Oran, qui sera d’une capacité de production de 500 000m3/jour est en voie d’achèvement. Celle de Souk Tlata à Tlemcen, qui est d’une capacité de 200 000m3/jour, produit actuellement
    80 000 m3/jour.

    - Le ministère des Ressources en eau a réuni les directeurs de wilaya pour gérer la difficulté de l’alimentation en eau potable. Quelles en sont les conclusions ?

    Il y a eu ces derniers temps deux réunions importantes ayant regroupé les cadres du secteur. Des instructions ont été données pour l’amélioration du service public. L’Etat a énormément investi. Maintenant, il faut mettre le niveau du service public au même niveau de l’investissement consenti. Il faut que la qualité soit perceptible et visible. Le seul élément d’appréciation est d’avoir de l’eau quand on ouvre le robinet.

    La communication et la proximité sont les principaux axes de l’amélioration de ce service public. Des instructions sont également données pour que l’Algérienne des eaux reprenne (EDE) la gestion de la ressource au niveau des agglomérations actuellement sous la tutelle des communes au plus tard à fin 2019. Il s’agit également de mettre à niveau certains réseaux dans plusieurs quartiers et villages.

    - Le dossier de l’augmentation du prix de l’eau a été ouvert il y a quelques mois. Où en est-on ?

    Je reste sur la dernière déclaration du ministre des Ressources en eau qui dit que ce dossier n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement !

    - Y a-t-il des mécanismes en place pour lutter contre le gaspillage de l’eau et les fuites ainsi que les mauvais payeurs ?

    Pour les mauvais payeurs, l’Ade compte des créances de 40 milliards de dinars, essentiellement anciennes, auprès des APC et autres établissements publics, comme les sièges des communes, les écoles primaires, des établissements hospitaliers. Le taux de recouvrement actuel est de 88%, ce qui est un bon pourcentage. L’ADE est confrontée au dossier de la gestion des anciennes créances, même si des organismes commencent à payer.

    La façon d’établir la facture et la communication transparente aux consommateurs ont eu de bons résultats, et donc les factures fraîches sont payées. Des procédures sont également envisagées contre les mauvais payeurs. Au bout de trois factures impayées, l’ADE coupe l’alimentation en eau. Cette mesure, bien sûr, n’est pas applicable à tous les organismes publics, comme les écoles, les crèches, les centres de soins...

    elwatan
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