I. Le nucléaire en Algérie avant 1967
1. La recherche de l’uranium
Le CEA français avait pour mission en Algérie de découvrir des gisements d’uranium, de zirconium et de fluorine pour la production du combustible nucléaire. Il réalisa des travaux géologiques et géophysiques au Hoggar et dans le Tidikelt. Parallèlement, il entreprit des travaux de prospection de sites pouvant servir de bases pour les expériences nucléaires. En outre, il créa un Institut nucléaire à Alger pour servir de base analytique dans le domaine nucléaire.
Les militaires géologues français entreprirent la cartographie géologique et l’étude des massifs granitiques pouvant servir de sites pour des expériences nucléaires. Dans ce cadre, plusieurs massifs granitiques de type Taourirt furent cartographiés et prospectés pour y découvrir des minéralisations radioactives et des métaux rares.
C’est ainsi que la mission hélicoptère leur a permis de découvrir entre autres l’indice d’uranium Timgaouine. D’autres travaux réalisés dans le Tidikelt leur permirent de mettre en évidence d’autres anomalies radioactives. Lors de ces travaux, tout le personnel technique était français, le personnel de soutien logistique était algérien.
2. L’infratructure de base
L’infrastructure était constituée :
- Par un Institut nucléaire à Alger, doté de plusieurs laboratoires d’analyse et de traitement du minerai.
- Le Centre saharien d’expérimentations militaires (CSEM) situé à Hamoudia (Reggane).
- Le Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) situé à In Ekker (Hoggar). Ce centre possédait une base militaire dotée d’une piste d’atterrissage d’avions à In Amguel et d’une base d’expérimentation à In Ekker (Tan Affela).
Conformément aux Accords d’Evian de juillet 1962 établissant l’indépendance de l’Algérie, ces sites, après avoir été rendus inexploitables, ont été restitués à l’Algérie en 1967.
3. Les essais nucléaires avant 1967
Les sites dédiés à la réalisation des essais nucléaires français furent créés en 1957. La région désertique située au milieu du Sahara présentait des caractéristiques optimales pour la sécurité des installations nucléaires. Les installations militaires dans un état de délabrement avancé furent remises à l’Algérie en 1967.
Les essais nucléaires baptisés du nom de code Gerboise ont été réalisés à l’air libre. Avant chaque essai, les prévisions météorologiques établies à l’aide d’un réseau de stations permettaient d’assurer que les retombées radioactives les plus proches s’orientaient vers les étendues désertiques. Après chaque essai, des mesures de la radioactivité permettaient de délimiter la zone contaminée.
Les 13 essais en souterrain ont eu lieu dans le massif granitique Taourirt Tan Affela, dans le Hoggar.
Les bombes atomiques étaient placées dans une galerie de 1 km se terminant en colimaçon afin que l’effet mécanique de l’explosion obstrue la galerie. L’entrée de la galerie était fermée par un mur en béton. Après l’essai, les laves radioactives étaient prélevées par forage dans la cavité formée par l’explosion.
Après chaque essai, des mesures étaient réalisées dans l’environnement dans un périmètre de 100 km autour du point zéro du site d’expérimentation. Malgré toutes les précautions prises, certains essais donnaient lieu à des fuites de la radioactivité. Par exemple, le 1er mai 1962 lors de l’essai Béryl, un défaut de confinement a conduit à la libération des éléments radioactifs associés à des laves et aérosols sous forme de produits gazeux. La contamination atmosphérique a été constatée sur une distance de 150 km à l’Est.
Trois autres essais n’ont pas été totalement confinés. Les essais Rubis et Jade ont conduit à des rejets de gaz radioactifs. Lors de l’essai Améthyste, une certaine quantité de laves s’est échappée de la galerie. Une mission de l’AIEA a visité les anciens sites d’essais français en 1999, sur demande du gouvernement algérien. Cette mission, composée d’experts de l’AIEA et algériens du COMENA avait pour but la radio-protection des sites. Elle conclut : la plupart des zones sur les sites d’essais comportent peu de matières radioactives résiduelles à l’exception :
- Des points zéro des essais atmosphériques du site de Reggane.
- A Taourirt Tan Affela.
Il est à signaler qu’en 1985, une mission du CEN a visité le site de Taourirt Tan Affela. Les mesures radioactives en dehors de la galerie, ont été jugées importantes. Suite à cette visite une clôture fut installée tout autour du massif pour protéger la population. Cette même mission proposa aux autorités compétentes d’effectuer un levé radiométrique et magnétique dans un rayon de 10 km autour du massif Tan Affela pour déterminer les lieux d’enfouissement des déchets radioactifs laissés sur place par les Français. Malheureusement, ces travaux n’ont pas eu lieu jusqu’à présent.
II. Le nucléaire après 1967
La base logistique d’In Ekker fut rétrocédée à l’Algérie qui la mise à la disposition de la Sonarem qui venait d’être créée. Cette base centrale logistique sert toujours de soutien aux travaux de cartographie géologique et de prospection dans le Hoggar et les Tassilis.
A. Les institutions de la recherche-développement :
1. ONRS- CEN-HCR.
Vers les années 1970, l’Algérie a créé l’Organisme national de la recherche scientifique (ONRS). Cet organisme, dont le siège était à Alger, avait pour mission de jeter les bases d’une recherche scientifique en Algérie. Dans ce cadre, l’Institut nucléaire d’Alger a entamé, entre autres, des travaux de traitement du minerai d’uranium à l’échelle du laboratoire.
Vers le début des années 1980, le Commissariat aux énergies nouvelles (CEN) fut créé et hérita de l’Institut nucléaire d’Alger. Le CEN avait pour mission de créer l’infrastructure de base pour la recherche-développement dans les domaines des énergies nouvelles (solaire, éolienne géothermique et nucléaire). Il devait en outre lancer la recherche dans des domaines tels que la robotique, le laser, l’informatique, etc. Pour ce faire, des centres de recherche-développement et des unités de recherche furent créés.
Le Centre de développement des matériaux (CDM) avait pour objet de rechercher, d’exploiter, de traiter et valoriser les minéralisations radioactives et rares. Son champ d’activité englobait tout le cycle, et ce, depuis la prospection des gisements d’uranium jusqu’à la production du yello cake. Pour ce faire, il était doté de plusieurs laboratoires et d’une unité de recherche sur le combustible nucléaire. Il était constitué du laboratoire de géochimie-minéralogie, du laboratoire de traitement du minerai et du laboratoire de métallurgie.
Le laboratoire de géochimie-minéralogie devait effectuer le prélèvement et la caractérisation des échantillons de minerai d’uranium et de métaux rares. Le laboratoire de traitement devait effectuer des essais de traitement du minerai afin de déterminer le flow sheet adéquat pour extraire l’uranium du minerai et le purifier.
Le centre de radioprotection avait pour mission la protection du personnel activant dans le domaine nucléaire, la sécurité et le transport des équipements et matériaux radioactifs. Le centre des sciences techniques nucléaires avait pour but les travaux de recherche et de gestion de l’accélérateur de particules et du réacteur. Par la suite, le CEN fut transformé en HCR puis en COMENA.
2. Le COMENA
Le COMENA fut créé part décret n°96436 du 1er décembre 1996. Il est l’instrument de la conception et de la réalisation du programme national de recherche dans le domaine nucléaire. Il a pour mission d’acquérir les connaissances scientifiques et techniques par les spécialistes algériens pour :
- La production du combustible nucléaire.
- L’application des sciences et techniques nucléaires.
- L’acquisition et la gestion des installations nucléaires.
Le COMENA a été rattaché au ministère de l’Energie et des Mines en 2006.
Le COMENA est constitué de quatre centres de recherche – développement dans le domaine nucléaire et de deux réacteurs (Nur et Es-Salam). Ces centres sont implantés à Draria, Alger, Birine et Tamanrasset.
Le Centre de recherche nucléaire d’Alger (CRNA)
Son programme de recherche concerne la physique, les techniques nucléaires, les applications nucléaires, la sûreté nucléaire et le transport et stockage des déchets radioactifs.
Le Centre de recherche nucléaire de Draria (CRND)
Il a pour mission la recherche-développement dans le domaine des programmes de recherche liés à la fabrication du combustible nucléaire, la physique, les techniques et le génie nucléaire. Il gère l’exploitation du réacteur Nur.
Le Centre de recherche nucléaire de Birine (CRNB)
Le programme du CRNB comprend les travaux de recherche dans les domaines de la physique, de la technologie des réacteurs, de l’instrumentation de contrôle des installations nucléaires, des techniques de production des radio-isotopes, des applications neutroniques, de la sûreté nucléaire, de la gestion et du traitement des déchets radioactifs.
Il est chargé de l’exploitation du réacteur Es-Salam et des installations associées.
Le Centre de recherche nucléaire de Tamanrasset (CRNT)
Il a pour mission d’entreprendre toute activité destinée à la recherche et à la mise en évidence des matières premières nécessaires à la production de l’énergie nucléaire.
1. La recherche de l’uranium
Le CEA français avait pour mission en Algérie de découvrir des gisements d’uranium, de zirconium et de fluorine pour la production du combustible nucléaire. Il réalisa des travaux géologiques et géophysiques au Hoggar et dans le Tidikelt. Parallèlement, il entreprit des travaux de prospection de sites pouvant servir de bases pour les expériences nucléaires. En outre, il créa un Institut nucléaire à Alger pour servir de base analytique dans le domaine nucléaire.
Les militaires géologues français entreprirent la cartographie géologique et l’étude des massifs granitiques pouvant servir de sites pour des expériences nucléaires. Dans ce cadre, plusieurs massifs granitiques de type Taourirt furent cartographiés et prospectés pour y découvrir des minéralisations radioactives et des métaux rares.
C’est ainsi que la mission hélicoptère leur a permis de découvrir entre autres l’indice d’uranium Timgaouine. D’autres travaux réalisés dans le Tidikelt leur permirent de mettre en évidence d’autres anomalies radioactives. Lors de ces travaux, tout le personnel technique était français, le personnel de soutien logistique était algérien.
2. L’infratructure de base
L’infrastructure était constituée :
- Par un Institut nucléaire à Alger, doté de plusieurs laboratoires d’analyse et de traitement du minerai.
- Le Centre saharien d’expérimentations militaires (CSEM) situé à Hamoudia (Reggane).
- Le Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) situé à In Ekker (Hoggar). Ce centre possédait une base militaire dotée d’une piste d’atterrissage d’avions à In Amguel et d’une base d’expérimentation à In Ekker (Tan Affela).
Conformément aux Accords d’Evian de juillet 1962 établissant l’indépendance de l’Algérie, ces sites, après avoir été rendus inexploitables, ont été restitués à l’Algérie en 1967.
3. Les essais nucléaires avant 1967
Les sites dédiés à la réalisation des essais nucléaires français furent créés en 1957. La région désertique située au milieu du Sahara présentait des caractéristiques optimales pour la sécurité des installations nucléaires. Les installations militaires dans un état de délabrement avancé furent remises à l’Algérie en 1967.
Les essais nucléaires baptisés du nom de code Gerboise ont été réalisés à l’air libre. Avant chaque essai, les prévisions météorologiques établies à l’aide d’un réseau de stations permettaient d’assurer que les retombées radioactives les plus proches s’orientaient vers les étendues désertiques. Après chaque essai, des mesures de la radioactivité permettaient de délimiter la zone contaminée.
Les 13 essais en souterrain ont eu lieu dans le massif granitique Taourirt Tan Affela, dans le Hoggar.
Les bombes atomiques étaient placées dans une galerie de 1 km se terminant en colimaçon afin que l’effet mécanique de l’explosion obstrue la galerie. L’entrée de la galerie était fermée par un mur en béton. Après l’essai, les laves radioactives étaient prélevées par forage dans la cavité formée par l’explosion.
Après chaque essai, des mesures étaient réalisées dans l’environnement dans un périmètre de 100 km autour du point zéro du site d’expérimentation. Malgré toutes les précautions prises, certains essais donnaient lieu à des fuites de la radioactivité. Par exemple, le 1er mai 1962 lors de l’essai Béryl, un défaut de confinement a conduit à la libération des éléments radioactifs associés à des laves et aérosols sous forme de produits gazeux. La contamination atmosphérique a été constatée sur une distance de 150 km à l’Est.
Trois autres essais n’ont pas été totalement confinés. Les essais Rubis et Jade ont conduit à des rejets de gaz radioactifs. Lors de l’essai Améthyste, une certaine quantité de laves s’est échappée de la galerie. Une mission de l’AIEA a visité les anciens sites d’essais français en 1999, sur demande du gouvernement algérien. Cette mission, composée d’experts de l’AIEA et algériens du COMENA avait pour but la radio-protection des sites. Elle conclut : la plupart des zones sur les sites d’essais comportent peu de matières radioactives résiduelles à l’exception :
- Des points zéro des essais atmosphériques du site de Reggane.
- A Taourirt Tan Affela.
Il est à signaler qu’en 1985, une mission du CEN a visité le site de Taourirt Tan Affela. Les mesures radioactives en dehors de la galerie, ont été jugées importantes. Suite à cette visite une clôture fut installée tout autour du massif pour protéger la population. Cette même mission proposa aux autorités compétentes d’effectuer un levé radiométrique et magnétique dans un rayon de 10 km autour du massif Tan Affela pour déterminer les lieux d’enfouissement des déchets radioactifs laissés sur place par les Français. Malheureusement, ces travaux n’ont pas eu lieu jusqu’à présent.
II. Le nucléaire après 1967
La base logistique d’In Ekker fut rétrocédée à l’Algérie qui la mise à la disposition de la Sonarem qui venait d’être créée. Cette base centrale logistique sert toujours de soutien aux travaux de cartographie géologique et de prospection dans le Hoggar et les Tassilis.
A. Les institutions de la recherche-développement :
1. ONRS- CEN-HCR.
Vers les années 1970, l’Algérie a créé l’Organisme national de la recherche scientifique (ONRS). Cet organisme, dont le siège était à Alger, avait pour mission de jeter les bases d’une recherche scientifique en Algérie. Dans ce cadre, l’Institut nucléaire d’Alger a entamé, entre autres, des travaux de traitement du minerai d’uranium à l’échelle du laboratoire.
Vers le début des années 1980, le Commissariat aux énergies nouvelles (CEN) fut créé et hérita de l’Institut nucléaire d’Alger. Le CEN avait pour mission de créer l’infrastructure de base pour la recherche-développement dans les domaines des énergies nouvelles (solaire, éolienne géothermique et nucléaire). Il devait en outre lancer la recherche dans des domaines tels que la robotique, le laser, l’informatique, etc. Pour ce faire, des centres de recherche-développement et des unités de recherche furent créés.
Le Centre de développement des matériaux (CDM) avait pour objet de rechercher, d’exploiter, de traiter et valoriser les minéralisations radioactives et rares. Son champ d’activité englobait tout le cycle, et ce, depuis la prospection des gisements d’uranium jusqu’à la production du yello cake. Pour ce faire, il était doté de plusieurs laboratoires et d’une unité de recherche sur le combustible nucléaire. Il était constitué du laboratoire de géochimie-minéralogie, du laboratoire de traitement du minerai et du laboratoire de métallurgie.
Le laboratoire de géochimie-minéralogie devait effectuer le prélèvement et la caractérisation des échantillons de minerai d’uranium et de métaux rares. Le laboratoire de traitement devait effectuer des essais de traitement du minerai afin de déterminer le flow sheet adéquat pour extraire l’uranium du minerai et le purifier.
Le centre de radioprotection avait pour mission la protection du personnel activant dans le domaine nucléaire, la sécurité et le transport des équipements et matériaux radioactifs. Le centre des sciences techniques nucléaires avait pour but les travaux de recherche et de gestion de l’accélérateur de particules et du réacteur. Par la suite, le CEN fut transformé en HCR puis en COMENA.
2. Le COMENA
Le COMENA fut créé part décret n°96436 du 1er décembre 1996. Il est l’instrument de la conception et de la réalisation du programme national de recherche dans le domaine nucléaire. Il a pour mission d’acquérir les connaissances scientifiques et techniques par les spécialistes algériens pour :
- La production du combustible nucléaire.
- L’application des sciences et techniques nucléaires.
- L’acquisition et la gestion des installations nucléaires.
Le COMENA a été rattaché au ministère de l’Energie et des Mines en 2006.
Le COMENA est constitué de quatre centres de recherche – développement dans le domaine nucléaire et de deux réacteurs (Nur et Es-Salam). Ces centres sont implantés à Draria, Alger, Birine et Tamanrasset.
Le Centre de recherche nucléaire d’Alger (CRNA)
Son programme de recherche concerne la physique, les techniques nucléaires, les applications nucléaires, la sûreté nucléaire et le transport et stockage des déchets radioactifs.
Le Centre de recherche nucléaire de Draria (CRND)
Il a pour mission la recherche-développement dans le domaine des programmes de recherche liés à la fabrication du combustible nucléaire, la physique, les techniques et le génie nucléaire. Il gère l’exploitation du réacteur Nur.
Le Centre de recherche nucléaire de Birine (CRNB)
Le programme du CRNB comprend les travaux de recherche dans les domaines de la physique, de la technologie des réacteurs, de l’instrumentation de contrôle des installations nucléaires, des techniques de production des radio-isotopes, des applications neutroniques, de la sûreté nucléaire, de la gestion et du traitement des déchets radioactifs.
Il est chargé de l’exploitation du réacteur Es-Salam et des installations associées.
Le Centre de recherche nucléaire de Tamanrasset (CRNT)
Il a pour mission d’entreprendre toute activité destinée à la recherche et à la mise en évidence des matières premières nécessaires à la production de l’énergie nucléaire.
Commentaire