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Algérie : Tebboune trébuche, Ahmed Ouyahia retrouve la primature

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  • Algérie : Tebboune trébuche, Ahmed Ouyahia retrouve la primature

    Coup de théâtre à Alger : nommé fin mai, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est remplacé ce mardi par le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia.
    PAR ADLÈNE MEDDI À ALGER

    Ahmed Ouyahia était jusqu'à présent directeur de cabinet du président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 11 juin 2017. (Illustration)

    Le feuilleton de l'été aura connu un dénouement brutal : depuis des semaines, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, réputé proche de la présidence algérienne, était la cible d'une violente campagne de la part de certains médias pour s'être attaqué frontalement aux lobbys de l'argent. Lors de sa déclaration de politique générale devant les députés fin juin, le nouveau PM déclarait qu'il fallait « séparer l'argent de l'État ». Une allusion à peine voilée aux puissances économiques qui se sont développées de manière quasi illégale, profitant de leurs soutiens au clan Bouteflika et ingurgitant tous les projets publics si prolifiques des quinze dernières années.

    Le Premier ministre Tebboune victime des puissances de l'argent ?
    Symbole de cette oligarchie montante, Ali Haddad, patron du groupe ETRHB, président du Forum des chefs d'entreprise (puissant syndicat des patrons). Quelques semaines après les déclarations de Tebboune au Parlement, un incident vient confirmer que les puissances de l'argent sont déclarées entité hostile par le pouvoir : le Premier ministre refuse la présence de Ali Haddad à ses côtés lors de l'inauguration de l'École de la sécurité sociale. S'ensuivra une réunion des plusieurs patrons et du chef de l'Union générale des travailleurs algériens (ex-syndicat unique) qui menacent lors de leurs conclaves le Premier ministre.

    « Il ne sait pas à qui il a affaire, ce n'est pas à lui de nous dire ce qu'on doit faire », tempête Ali Haddad devant ses collègues patrons. Ces tensions interviennent alors que son groupe BTP est destinataires de plusieurs mises en demeure. « L'équipe de Tebboune a bloqué une avance de 900 millions d'euros au groupe de Haddad alors que la plupart des chantiers qu'ils devaient réaliser n'étaient pas sortis de terre », affirme une source gouvernementale qui rappelle que l'homme d'affaires « se permettait de convoquer les ministres de l'ancien gouvernement (de Abdelmalek Sellal) et de se conduire en représentant officiel envers les ambassadeurs à Alger ». La tension est à son comble : le groupement d'entreprises de Ali Haddad répond, le 25 juillet, en publiant un long communiqué où il récuse les mises en demeure et dénonce même une « campagne hostile d'une violence et d'une férocité inouïes ». Quelques jours plus tard, le 5 août, lors des obsèques à Alger de l'ex-Premier ministre Rédha Malek, Ali Haddad s'affiche souriant avec… Saïd Bouteflika, le frère cadet du président qu'on dit proche des milieux d'affaires.

    Guerre des clans
    Une marque de désaveu du clan présidentiel contre l'offensive de Tebboune. Ce dernier, en déplacement en France pour ses vacances, rencontre son homologue Édouard Philippe pour une « rencontre informelle » le 7 août : des médias pro-Haddad et affidés au frère du président insistent sur le caractère « informel » de la rencontre parisienne et laissent même entendre que le tête-à-tête n'a pas eu l'aval du chef de l'État algérien. Le lendemain 8 août, des médias font mention d'une « directive » du président Bouteflika demandant à son Premier ministre de calmer le jeu, le président jugerait les « initiatives » de Tebboune comme « un véritable harcèlement des opérateurs nationaux ». Le fait est que la missive est signée par Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République : « Le président a demandé oralement de faire passer un message à Tebboune pour y aller mollo avec les hommes d'affaires. » Ce même Ouyahia remplace Tebboune après à peine trois mois à la tête de l'exécutif. Ahmed Ouyahia, qui se rêve en successeur du président Bouteflika fait pourtant partie des moins fidèles au chef de l'État malade et reclus dans sa résidence médicalisée. Mais Ouyahia est aussi un bon soldat exécuteur d'ordre : on le dit proche de l'État profond, c'est-à-dire des « services », et assez rusé pour servir Bouteflika pour préparer sa propre « destinée nationale ». « La présidentielle est une rencontre entre un homme et son destin », avait-il déclaré en juin 2012 dans un message subliminal paraphrasant Giscard d'Estaing, ancien président français. Un homme que Bouteflika « préfère toujours garder près de lui que le savoir grenouillant dans la nature », selon un cadre de la présidence algérienne.

    Le feuilleton ouvert autour de la succession de Bouteflika
    Plusieurs explications peuvent éclairer ce tumultueux feuilleton estival algérois. D'abord, il est vrai qu'au sein du régime, entre Bouteflika et les chefs sécuritaires, il y a eu volonté de neutraliser les forces de l'argent devenues trop puissantes, imposant ministres et orientations du dernier gouvernement Sellal et voulant même peser sur les choix de la succession de Bouteflika. Mais la méthode expéditive de Tebboune (qui en plus gagna en popularité grâce à sa campagne anti-argent sale, ce qui est un fait aggravant pour les Bouteflika) et les trop nombreux leviers de décisions et de pression des Haddad et compagnie ainsi que les ambitions présidentielles de certains (Ouyahia, Saïd Bouteflika et même… Ali Haddad) ont vite tué dans l'œuf cette opération mains propres. « Les forces de l'argent ont gagné, mais la bagarre autour de la rente et de la succession se poursuit », atteste un cadre de l'État : « Il reste d'autres acteurs, favorables au nettoyage anti-argent sale, les services et l'armée, qui n'ont pas encore dit leur mot, à condition bien sûr que toutes ces dernières décisions émanent vraiment du président Bouteflika ! »

    En pleine crise de l'été algérois, l'opposant Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid (Nouvelle génération), n'avait pas hésité à douter des capacités du chef de l'État, qui n'adresse plus la parole publiquement depuis 2012, à gouverner, accusant son entourage de décider à sa place. En début de semaine, il déclarait que « le gouvernement Tebboune est en position de refuser toute décision pour le démettre, puisque n'émanant pas de la volonté publique du président officiel, et pourra de ce fait dénoncer toute tentative en ce sens avec des arguments définitifs sur la vacance de la présidence et plus gravement encore, sur l'usage illégal de ses prérogatives constitutionnelles par de tierces personnes ! » Dès l'annonce du dégommage de Abdelmadjid Tebboune, Ali Haddad a adressé ses félicitations à Ouyahia et se dit « disponible pour travailler avec Ahmed Ouyahia et l'ensemble des institutions de la République dans le cadre du dialogue et de la concertation pour construire une économie forte et compétitive ».
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Bonne nouvelle. Par ces temps de vaches maigres il faut un professionnel à la barre.

    Ouyahia a l'avantage d’être un technocrate froid à l'origine, devenu avec le temps un politique qui ne mache pas ses mots et qui ne cherche pas à plaire.

    ∑ (1/i²) = π²/6
    i=1

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    • #3
      Bonne nouvelle. Par ces temps de vaches maigres il faut un professionnel à la barre.
      À défaut de ne pouvoir agir et encore moins décider pour le moment l'Algérie a besoin d'un bon communicateur, le Monsieur sait manier le verbe dans les 2 langues officielles. Question programme c'est celui de Bouteflika, sinon limogeage.
      وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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      • #4
        Ouyahia a l'avantage d’être un technocrate froid à l'origine, devenu avec le temps un politique qui ne mache pas ses mots et qui ne cherche pas à plaire.
        Bonjour,
        à mon avis Ouyahia est là pour appliquer la politique de celui (ou ceux?) qui l'a nommé à ce poste (officiellement c'est le président Bouteflika mais honnêtement j'ai des doutes)..cet épisode a montré qu'un premier ministre n'est pas un décideur mais un exécutant..s'il touche les intérêts du ''haut commandement'' il est viré sur le champs.
        PS: il a intérêt à plaire à celui qui l'a nommé.

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        • #5
          Ouyahia ayant déjà été appelé à occuper ce poste par le passé et ayant été éconduit comme un malpropre par ce même pouvoir, je ne vois vraiment pas ce qu'il peut apporter de plus qu'il n'a déjà apporté. Tout au plus fera-t-il preuve de plus de servilité à l'égard des forts du moment.

          Ceux qui saluent le nouveau Zorro en auront pour leurs frais, exactement comme ceux qui ont un peu trop vite porté Tebboune au pinacle !
          Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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          • #6
            Seule une deuxième République pourra nous sauver de cette caste.
            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
            Socrate.

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