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Albert Camus : le courage du « en même temps »

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  • Albert Camus : le courage du « en même temps »

    Au fil des années, alors que de plus en plus le courage intellectuel est devenu une denrée rare, Albert Camus nous apparaît comme un esprit miraculeux.

    Pas un été sans que la personnalité et le génie d’Albert Camus ne soient célébrés (Le Figaro Magazine), ne nous soient rappelés.

    Au fil des années, alors que de plus en plus le courage intellectuel est devenu une denrée rare, voire en perdition, en tout cas vite sanctionnée quand elle tente de survivre, Albert Camus nous apparaît comme un esprit miraculeux.

    Qui contre vents, marées et idéologies perverses a su, de son vivant, se battre pour maintenir l’honnêteté et la justice au coeur de l’intelligence. Depuis sa mort, il est magnifié par une époque condamnée à admirer au détail ce qu’elle n’est plus capable de pratiquer sur une large échelle. On a les héros magiques qui compensent ou font oublier nos médiocrités et nos lâchetés quotidiennes.

    Parce que, si on a raison de placer Camus sous le pavillon de la liberté comme l’excellente analyse d’Alexandre Devecchio l’a fait, je voudrais surtout insister sur son courage qui n’est pas la conséquence vertueuse obligatoire de la liberté.

    Avec quel acharnement Albert Camus, pour la tragédie algérienne comme pour tant d’autres problèmes contemporains ou débats personnels, s’est-il entêté à défendre la puissance et la plénitude du « en même temps » ! Il l’a fait sur le plan de l’intelligence et de l’Histoire et je songe à la pétition qu’il a signée pour la grâce de Robert Brasillach en soulignant que celui-ci n’aurait sans doute pas adopté la même démarche pour le sauver…

    Il y a l’anticolonialisme qui n’impose pas une dénonciation massive et sans nuance mais nécessite une pensée qui appréhende la complexité et ne départage pas sommairement la réalité entre innocents et en malfaisants.

    Il y a l’exigence de Justice, mais qui à force d’être désincarnée et abstraite répudie la chaleur des êtres, la douce servitude des affections et des élans du coeur. Camus dans une splendide formule que je résume et qui trop souvent est mal citée affirme : « Je crois en la Justice mais je défendrai ma mère avant la Justice ». Cet arbitrage que l’humanisme authentique commande constitue l’argumentation la plus éclatante, la plus décisive contre tous les totalitarismes, les rêves funestes et dévastateurs prétendant construire l’Homme nouveau et édifier un monde lisse, vierge, débarrassé de tout et surgi de rien d’autre que de lui-même.

    J’ai beau chercher, tenter d’infléchir, d’atténuer mon inconditionnalité intellectuelle, philosophique et littéraire, m’efforcer d’être absolument objectif dans le conflit l’ayant opposé notamment à Jean-Paul Sartre et à Simone de Beauvoir, je demeure dans un attachement sincère, exclusif et respectueux à l’égard de cette destinée si exemplaire, disparue trop vite d’un univers à qui elle ne cesse de manquer. Avec cet être d’une telle qualité, d’une sensibilité si riche, corseté pour affronter les défis du temps par un tel courage, on était assuré, pour le paraphraser, de ne pas voir le monde se défaire mais se faire.

    Une admiration, respectueuse oui, parce que consciente des difficultés de sa tâche d’impartialité et d’équité et certaine que nul autre que lui, avec son impeccable éthique, n’en aurait été capable.

    Lui qui a tant aimé le soleil, la splendeur sèche et brûlante qui émanait de lui, la culture du plaisir et paradoxalement aussi de la mort qu’il engendrait, d’une certaine manière il est présent à Paros, dans cette île, en Grèce. Tout ici est si familier avec ses sensuelles adorations.

    J’aime terminer ce billet avec Albert Camus dans ma tête et mes songes, face à la mer, avec le vent et la certitude délicieuse d’un temps inaltérable.

    contrepoints

  • #2
    Je ne trouve pas Camus particulièrement courageux face à la question algérienne. Il a été plutôt quelconque, ordinaire. Sartre a fichtrement fait mieux.

    En revanche, sur la question de la peine capitale, il a été héroïque.

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    • #3
      Préférer sa mère à la justice dans la période cruciale de la révolte Algérienne, et une tache indélébile, pour un personnage sensé faire partis des élites, des objecteurs de conscience ! ...

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      • #4
        Salut,

        Même si une cause est juste, on n’a pas le droit de poser des bombes et tuer des innocents en son nom.. La bataille d’Alger est une tache noire de l’histoire de notre pays.. Faire sauter les cafés et les bars est un acte de terrorisme.. Camus avait exprimé qu’un acte qui pourrait tuer sa mère ne peut pas être juste.. si c’est ça la "justice", il lui préférera sa mère.. Sur ce point je suis d’accord avec lui..

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        • #5
          c'était pas aussi simple, MR.
          sa mère, c'est pas la biologique mais sa communauté de pieds noirs originaires d'Europe.

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          • #6
            Bachi, je ne connais pas ce Camus.. et il ne m’intéresse pas.. mais je trouve la phrase qu’il a dite en 57, en plein bataille d’Alger est très juste : « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère »
            Et en plus elle est d’actualité.. ca m’étonne que tu ne sois pas d’accord.

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            • #7
              oui je suis d'accord avec toi si c'était le sens de la citation ou ce qui est derrière la citation.

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              • #8
                première déclaration
                «En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère.»
                Evidemment, tout le monde est d'accord ici

                Seconde déclaration
                Dans le compte rendu du Monde : «Je crois à la Justice, mais je défendrai ma mère avant la Justice.»

                Voilà qui est plus clair et plus détestable.

                troisième
                «Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère.»

                entre la France et la juste indépendance algérienne, Camus a choisi.


                Camus est né en Algérie, il a passé son enfance et sa jeunesse à Alger. Il n'a jamais défendu la cause algérienne ni même s'était opposé contre les exactions d'une armée coloniale contre un peuple de citoyens de second ordre.
                Dernière modification par Bachi, 22 août 2017, 16h31.

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                • #9
                  Ils disent que le journaliste à déformer ses propos.. et que c’est la première phrase qu’il a prononcé.. Peu importe, le personnage ne m’intéresse pas.. mais l’histoire de mon pays oui. La bataille d’Alger était une erreur.. On ne combat pas le mal par le mal.. l’Etat Français a été aussi entrainé dans cette spirale.. et a réagis par la terreur.. le monde entier a été choqué, non pas par le FLN.. mais par la torture organisée par un Etat qui se voulait protecteur des libertés et de la démocratie.

                  Face à la vague actuelle de terrorisme (et même celles d’avant).. je constate que la réaction des Français et des Européens en général est très prudente et très mesurée.. ils ne veulent pas commettre la même erreur deux fois.. Il n’y a pas de chasse aux sorcières, ni de tortures..

                  En Algérie, dans les années 90.. l’Etat Algérien, contrôlé par les DAFs, avait appliqué les mêmes méthodes de lutte antisubversive, inventées et pratiquées par la France en Algérie.

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                  • #10
                    Difficile à juger la réaction des Algériens sous le joug de la France.
                    je suis contre la violence mais il m'est très difficile de condamner les actes d'éclat du FLN.
                    Quand c'est dirigé contre les civils, je condamne ..
                    Pas quand c'est contre les institutions de la France de cette époque.

                    L'armée française et la police nous ont fait immensément mal.

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                    • #11
                      On est d'accord..

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                      • #12
                        ...La bataille d’Alger est une tache noire de l’histoire de notre pays.. Faire sauter les cafés et les bars est un acte de terrorisme.. Camus avait exprimé qu’un acte qui pourrait tuer sa mère ne peut pas être juste.. si c’est ça la "justice", il lui préférera sa mère.. Sur ce point je suis d’accord avec lui..
                        Il faut se rappeler que le plastiquage "des cafés et des bars" était venu pour répondre au plastiquage des demeures de gens paisiblement endormis...

                        C'est du moins ce qu'avait retenu l'histoire à travers le film "La Bataille d'Alger"

                        Question: Si la mère d'A. Camus avait elle même plastiqué la demeure de ...Camus, quel aurait été le jugement-réponse à la mère de ce même Camus..

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                        • #13
                          Il faut se rappeler que le plastiquage "des cafés et des bars" était venu pour répondre au plastiquage des demeures de gens paisiblement endormis...
                          Si on fait comme eux, on devient comme eux.

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                          • #14
                            Si on fait comme eux, on devient comme eux.
                            C'est les conséquences de la répression d'une "guerre" aveugle..., même avec le recul on ne peux pas réécrire l'histoire ...

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