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Fuyant l’Irak et la Syrie : 5.000 terroristes retournent en Europe

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  • Fuyant l’Irak et la Syrie : 5.000 terroristes retournent en Europe

    Ils sont des milliers, souvent avec femmes et enfants, à tenter leur retour en Europe. Les différents rapports évoquent plus de 42.000 étrangers issus de 120 pays qui ont rejoint les rangs de l'organisation terroriste entre 2011 et 2016. Les « Européens » seraient au nombre de 5.000.


    lIls sont des milliers, souvent avec femmes et enfants, à tenter leur retour en Europe. Les différents rapports évoquent plus de 42.000 étrangers issus de 120 pays qui ont rejoint les rangs de l'organisation terroriste entre 2011 et 2016. Les « Européens » seraient au nombre de 5.000.
    À ce jour, près de la moitié aurait réussi à rallier l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni. Une étude des autorités allemandes révèle que près de la moitié des «revenants» restent fidèles à leur idéologie ultra-radicale. L’Europe peine à trouver une parade viable à la propagande terroriste qui foisonne sur les comptes privés et les réseaux sociaux servant de relais entre Daech et ses disciples à travers le monde. La vague d’attentats qui terrorise l’Europe actuellement était bel et bien prévue par les spécialistes, et le pouvoir d’adaptation et la «créativité» des terroristes donnent du fil à retordre aux services de sécurité. L’expérience algérienne en matière de lutte antterroriste fait école actuellement au vu des résultats sur le terrain. Daech perd chaque jour un pan de son « califat » et la guerre intra-muros (en Europe) ne fait que commencer.

    Kamel M.


    D'après un rapport remis au commissaire de l'UE et à la sécurité, publié le 31 juillet dernier, plus de 5.000 Européens ont rejoint Daesh en Syrie ou en Irak, de 2011 et 2016. Parmi eux, 1.200 à 3.000 personnes pourraient revenir sur le territoire européen, dont 460 enfants en France.
    Le 31 juillet dernier, le réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN), créé par la Commission européenne en 2013, a publié un rapport sur le retour dans leur pays d'origine des jihadistes étrangers enrôlés par Daesh. En France, l'existence de ces «revenants» n'est plus un mystère, en particulier depuis la parution du livre du même nom, écrit par le journaliste David Thomson et lauréat du Prix Albert Londres 2017.
    On y apprend qu'au total plus de 42.000 combattants étrangers venant de plus de 120 pays ont rejoint les rangs de l'organisation terroriste entre 2011 et 2016 dont près de 5.000 d'entre eux venaient d'Europe. Les départs ont connu un pic en 2015 et ont depuis baissé. En 2016, ils ont été particulièrement peu nombreux vers la Syrie.
    Mettant l'accent sur les récents revers connus par Daesh dans la zone irako-syrienne, le document pointe tout d'abord la possibilité que le nombre de ces retours augmente dans les mois ou les années à venir.
    «Si le "califat" de Daesh est défait militairement ou s'écroule ; le nombre de combattants étrangers enrôlés rentrant en Europe (spécialement en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, en Finlande, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni) devrait augmenter», peut-on lire. Le taux de retour actuel de ces combattants terroristes est de 20 à 30%, précise le rapport, avec des différences par pays. Au Danemark, en Suède ou au Royaume-Uni, près de la moitié sont par exemple revenus.
    Si le développement de ce phénomène est difficile à quantifier, la plupart des pays européens concernés seront confrontés à une augmentation lente mais progressive de ces retours, plutôt qu'à un phénomène de masse au même moment. De 1.200 à 3.000 revenants pourraient revenir en Europe, selon les estimations, parmi lesquels beaucoup de femmes et d'enfants, âgés de moins de 18 ans. Comme le souligne le rapport, citant les services français, environ 460 enfants résidant dans la zone irako-syrienne sont susceptibles de revenir en France. La moitié d'entre eux aurait moins de 5 ans et un tiers serait né sur le territoire contrôlé par Daesh.
    À propos des revenants, eux-mêmes, le rapport s'attache à distinguer différents profils et les rôles remplis par chacun auprès de Daesh. Les hommes ont ainsi plus de chance de revenir avec une expérience de combat, ayant été exposés et impliqués dans des atrocités, et ayant tenu différents rôles dans les territoires occupés par Daesh. Les femmes, elles, se distinguent par leur importance au sein de la famille et dans l'éducation de futurs soldats. Elles peuvent avoir été guidées par une volonté de prise de pouvoir (empowerment) et avoir eu un rôle dans la construction du califat. Elles sont souvent impliquées dans le recrutement et l'endoctrinement, notamment des enfants.
    Les enfants sont quant à eux victimes d'un intense endoctrinement idéologique, scolaire et social. Les petits garçons sont recrutés dès l'âge de 9 ans pour combattre et se livrer à des activités violentes, tandis que les filles sont souvent poussées à rester à la maison auprès de leur mère, pour apprendre à soutenir leur futur mari. Filles et garçons souffrent de traumatismes sévères à leur retour.
    Parmi eux, certains ont quitté l'Europe avec leur famille ou seuls afin de vivre au sein de l'organisation terroriste. D'autres sont nés dans les zones de conflit et ont ensuite voyagé vers l'Europe. Certains sont nés sur le sol européen d'un ou de deux parents impliqués dans une activité terroriste. Les enfants sont alors comptabilisés comme revenants du fait du statut de leur(s) parent(s).
    Le retour de ces enfants, pré-adolescents et adolescents, soulève de nombreux défis. L'accent doit être mis sur un processus de normalisation et de resocialisation, engagé le plus tôt possible après leur retour. Le rapport préconise également de développer les recherches sur les traumatismes et l'endoctrinement de ces enfants, et de former des professionnels destinés à travailler spécifiquement auprès d'eux.
    Comme l'explique ensuite le document, les raisons poussant ces combattants et leur famille à revenir dans leur pays d'origine sont multiples. Certains sont envoyés ou se rendent d'eux-mêmes sur place afin d'y mener des attentats, comme Abdelhamid Abaaoud, impliqué dans les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. D'autres, non repentis, souhaitent vivre dans de meilleures conditions matérielles et ceux qui sont capturés et renvoyés de force dans leur pays. Quelques-uns, enfin, sont pris de remords ou déçus par leur expérience au sein de l'organisation terroriste.
    Les auteurs du rapport distinguent enfin deux générations de revenants. La première est constituée en majorité des hommes déjà rentrés, «davantage enclins à la désillusion, moins violents et relativement libres de quitter les territoires contrôlés par les terroristes». La deuxième est composée de combattants actuels. Des hommes «plus aguerris et engagés idéologiquement qui ont dû échapper à la surveillance de Daesh et peuvent revenir avec des objectifs violents : s'en prendre aux citoyens européens».

    des chiffres inquiétants

    Une étude des autorités allemandes révèle que près de la moitié des jihadistes «revenants» restent fidèles à leur idéologie ultra-radicale.
    «Certains rentrent pour se reposer.», le titre de cet article publié par Die Welt est aussi frappant que les chiffres dont il se fait l'écho : lundi 28 novembre, le quotidien allemand a révélé les conclusions d'une étude, réalisée par les autorités outre-Rhin, sur 784 individus ayant rejoint des groupes terroristes en Syrie ou en Irak. Parmi ces individus de nationalité allemande, âgés de 13 à 62 ans, 274 sont rentrés. Et le profil de ces «revenants» livre des enseignements inquiétants. Pas moins de 48% d'entre eux restent fidèles à leur «environnement extrémiste ou salafiste», celui-là même qui a contribué à les radicaliser, souligne ainsi cette étude.
    Par ailleurs, 8% seraient donc simplement rentrés pour «se reposer», c'est à dire fuir le champ de bataille avant de tenter de repartir pour la Syrie ou l'Irak. Et seulement 10% seraient «déçus» par l'idéologie ultra-radicale qu'ils avaient embrassée, notamment auprès du groupe Etat islamique (EI).
    En contrepartie, Die Welt note qu'un quart des terroristes de retour en Allemagne collabore avec les autorités. C'est notamment le cas de Harry Sarfo, jeune jihadiste repenti qui s'est abondamment confié dans les médias, mais dont le Washington Post a révélé qu'il a été davantage actif dans des exactions que ce qu'il laissait entendre.
    Dans un contexte de recul des jihadistes (encerclés à Mossoul et menacés par une offensive arabo-kurde à Raqa), l'enquête montre en outre que de moins en moins d'Allemands tentent de gagner la zone irako-syrienne, mais que de plus en plus reviennent. Une problématique qui concerne plus largement l'Europe et notamment la France.
    «Deux cents Français ont déjà quitté Daech et près de 700 pourraient rentrer», rapporte Le Monde, qui cite une source du renseignement : «L'EI est en train de perdre son assise territoriale et de son attractivité. On voit revenir en France des terroristes qui avaient des responsabilités au sein de l'organisation, c'est un phénomène significatif.»
    «Principale préoccupation» pour les «dix prochaines années», cette problématique a entraîné un durcissement de la réponse pénale. «Jusque-là considéré comme un délit passible de dix ans de prison, le fait d'avoir rejoint les rangs de l'EI est désormais un crime, passible de vingt à trente ans de réclusion», rappelle Le Monde.
    C'est aussi le sujet des «Revenants», le livre du journaliste spécialiste du jihadisme David Thomson.
    À travers les entretiens qu'il a pu mener, on retrouve le même constat qu'en Allemagne : nombreux sont les ex-jihadistes qui ne renient pas leur idéologie, voire «rêvent» encore de Daech.


    Entre 30 et 35% déjà revenus dans leur pays d’origine
    Les chiffres donnés par Gilles de Kerchove, le coordinateur de l’Union européenne contre le terrorisme, dans un rapport, donnent froid dans le dos.
    Ainsi, 50% des ressortissants ou résidents européens ayant rejoint les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) seraient encore en Irak et en Syrie actuellement. Ce qui représente entre 2.000 et 2.500 individus.
    Alors que les batailles contre les derniers bastions de Daech sont engagées, M. de Kerchove estime que la possibilité de « retours massifs dans le court terme en cas de pertes majeures de l’EI en Irak et en Syrie de ces jihadistes européens est « floue ». Si certains reviendront dans leur pays d’origine, d’autres continueront à se battre dans des « poches de résistance » ou rejoindront des pays voisins, voire d’autres zones de conflits. « Il y a aussi un contingent significatif de combattants étrangers dans les rangs de l’Etat islamique (EI) en Libye qui pourraient tenter d’utiliser leur nationalité ou leurs liens familiaux pour retourner en Europe », note M. de Kerchove. Cependant, la menace est déjà là. En effet, s’il y a une incertitude sur les intentions (et le sort) de ces jihadistes européens encore présents en Irak et en Syrie, l’on sait déjà, du moins selon M. de Kerchove, que 30 à 35% d’entre eux sont déjà rentrés et que 15 à 20% ont été tués.
    Or, prévient le coordinateur de l’UE contre le terrorisme, ceux qui rentrent « restent en contact avec Daesh dans les zones de conflit par le biais de comptes privés sur les réseaux sociaux » et en particulier le service Telegram, au sujet duquel il déplore la « lenteur de la réponse à la propagande jihadiste. » Cela étant, les pays de l’UE n’ont pas tous les mêmes approches à l’égard de ces jihadistes revenus du Levant (incarcération, surveillance, programme de réhabilitation, etc ). Aussi, M. de Kerchove recommande d’élaborer une « approche complète » et de généraliser les échanges d’informations et de bonnes pratiques entre les États membres. En outre, le coordinateur contre le terrorisme estime que la coopération avec les pays dits de transit est « essentielle ». D’où sa recommandation de « renforcer le dialogue avec la Turquie », ce qui est loin d’être acquis dans le contexte actuel.
    elmoudjahid
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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