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La France et les pays arabes : le document qui accuse

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  • La France et les pays arabes : le document qui accuse

    EXCLUSIF. Dans un rapport percutant, dont "Le Point" publie en exclusivité de larges extraits, l'Institut Montaigne constate la perte d'influence française en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Et préconise un "néoréalisme" pour notre "politique arabe".
    Extraits de Nouveau monde arabe, nouvelle politique arabe pour la France (Institut Montaigne, août 2017) d'Hakim El Karoui.

    Les mirages économiques du Golfe
    Le Maghreb est un partenaire commercial nettement plus important que le Golfe. Il est pourtant courant de présenter celui-ci comme le nouvel eldorado du commerce extérieur. Composé de pays très riches, les entreprises du monde entier rêvent de vendre là-bas. Terres de grands contrats, civils et militaires, disposant des premières réserves mondiales de pétrole, de gaz, et désormais plateforme de services, les pays du Golfe sont des marchés immenses. Ce discours, promu par les pays concernés eux-mêmes, n'est que partiellement vrai. D'abord, les pays du Golfe ne sont pas si riches. Le PIB de l'Arabie saoudite est d'environ 640 milliards de dollars, ce qui le place au 20e rang mondial en 2016, derrière la Turquie et juste après la Suisse (le pays musulman le plus riche est l'Indonésie, avec un PIB de 1 015 milliards de dollars). Le PIB de l'Iran est de 376 milliards, celui des Émirats arabes unis de 370 milliards. Surtout, le PIB par habitant saoudien en fait un pays à la richesse moyenne : avec 20 150 dollars par habitant (en valeur nominale ; en parité de pouvoir d'achat, le chiffre est de 54 000 dollars par habitant, mais que cela signifie-t-il lorsque de nombreux produits – gaz, électricité, essence... – sont subventionnés et que de généreuses allocations sont distribuées aux familles saoudiennes ?). Le PIB saoudien par tête situe ainsi le pays entre le Portugal et la Slovénie. Alors même que les pays du Maghreb sont deux à trois fois moins riches (le PIB agrégé est compris entre 290 et 300 milliards de dollars), c'est avec le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye que nous commerçons le plus : 27 milliards d'euros d'échanges en 2015, contre seulement 19,3 avec le Golfe. Presque 50 % de plus ! Et cette tendance se répète depuis plusieurs années : 28 avec le Maghreb en 2014 contre 20,5 avec le Golfe ; 28,7 contre 20 en 2013 ; 30 contre 18,5 en 2012.

    Le fantasme de l'influence française
    L'influence politique de la France est un sujet de fantasme dans la région, au Maghreb notamment mais aussi au Liban, où l'on voit la France partout, derrière les révolutions comme les coups d'État, les dictatures et les démocraties, les milices et les trahisons. Il y a évidemment loin de la coupe aux lèvres : la surprise française au moment de la chute de Ben Ali, en 2011, ni anticipée ni même accompagnée, montre bien que son influence est moindre que ce que l'on en dit à Tunis et dans les capitales arabes. Néanmoins, le réseau diplomatique dans la région est dense et traduit un fort investissement de la part de notre pays. On pourrait raisonnablement s'attendre, outre l'Europe, que les continents américain ou asiatique, qui concentrent de forts enjeux économiques et politiques, soient les premiers territoires d'investissements du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Or, selon l'annuaire du ministère, il y a quasiment autant d'ambassades et de consulats généraux dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (38) que sur l'ensemble du continent américain (Nord et Sud, 44). Au Japon, 3e puissance économique mondiale, la France place moins d'agents diplomatiques (83) qu'au Liban (101), avec lequel ses relations économiques sont faibles. Enfin, les effectifs diplomatiques français sont en nombre équivalent en Algérie (152) et en Allemagne (154), notre premier partenaire.

    Paris, capitale des deals secrets et des placements
    L'incommunicabilité réciproque érigée en politique par l'Algérie et le Maroc fait que Paris est souvent utilisé pour des rencontres discrètes entre dirigeants de ces deux pays. Ce fut vrai aussi des différentes factions libanaises. Paris est aussi un refuge pour des opposants (Moncef Marzouki, le futur président tunisien, y passa plusieurs décennies) ou des dignitaires politiques et économiques en disgrâce ou en semi-retraite (Mustapha Tlass, qui fut très longtemps ministre de la Défense syrien du temps de Hafez el-Assad et qui passa même un doctorat à l'Institut national des langues et civilisations orientales ; le frère de Hussein de Jordanie y possède de luxueuses demeures, etc.). Ce qui est vrai dans le domaine politique l'est encore plus dans le domaine économique. Nombre de grands accords économiques transnationaux maghrébins ont été négociés à Paris, quand ce ne sont pas des affaires internes qui ont été négociées en France plutôt que sur place. Quand l'Omnium nord-africain, le fameux holding royal marocain, a décidé de fusionner avec la SNI, autre poche de participation de la famille royale, c'est aux équipes parisiennes de la banque Lazard qu'il s'est adressé. Elles ont été choisies pour leur professionnalisme, bien sûr, mais aussi parce qu'elles n'étaient pas présentes au Maroc, ce qui était une garantie de confidentialité. Tous les dirigeants maghrébins et une bonne partie des dirigeants arabes ont en outre investi dans l'immobilier parisien, ce qui est toujours utile pour la diplomatie française.

    L'immigré, cet acteur économique majeur
    Le vrai acteur des échanges financiers entre la France et le monde arabe est le travailleur immigré, et maintenant ses enfants, qui continuent d'envoyer chaque mois et chaque année près de 6 milliards de dollars dans leur pays d'origine, soit dix fois plus que l'aide publique française au développement effectivement décaissée selon l'OCDE.

    La percée fulgurante de l'Allemagne
    Le statut de puissance exportatrice de l'Allemagne se vérifie dans les échanges avec la région. Le volume des échanges de l'Allemagne avec la région est de 96 milliards d'euros en 2015, soit 6 % de son commerce extérieur. Si elle entretient des relations particulières avec la Turquie, elle commerce avec tous (pays du Golfe, Égypte, Iran, Israël et Maghreb dans une moindre proportion). Les biens exportés sont principalement des véhicules, des produits chimiques, des appareils électriques et de la machinerie. L'Allemagne n'est, contrairement à la France ou à la Chine, pas dépendante de la région sur le plan énergétique. La quasi-totalité de ses importations de pétrole et de gaz provient en effet des pays de la mer du Nord (Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni) et des pays de l'ex-URSS (Russie, Kazakhstan et Azerbaïdjan). Cette stratégie s'appuie par ailleurs sur différents outils de soft power, parmi lesquels une importante aide publique au développement (APD) octroyée à la région. Celle-ci reçoit 13 % du total de l'APD allemande (hors Turquie) en 2014 et intervient dans des secteurs essentiels de développement : l'eau, l'énergie, le développement économique durable et l'éducation. Les engagements allemands en Tunisie ont atteint 200 millions d'euros en 2015, 300 en 2016, et devraient, à la suite du G20 de Hambourg, dépasser 400 millions, loin devant les autres partenaires bilatéraux et renforçant la visibilité et l'image de marque du pays auprès des autorités et de la société tunisiennes. L'Allemagne sait aussi mobiliser rapidement des facilités de crise. Elle a rapidement pris conscience des causes profondes et des conséquences des Printemps arabes. Dès 2011, elle a créé un fonds régional visant à appuyer les mesures favorables à la formation, à l'emploi et donc à la réduction du chômage des jeunes en Tunisie et en Égypte.

    Des alliés d'une grande fragilité
    La France, ces dernières années, s'est d'abord appuyée sur l'Arabie saoudite au Moyen-Orient, le Maroc en Afrique du Nord ainsi que, plus récemment, le maréchal Sissi en Égypte. Soit trois régimes dont la stabilité apparente masque de grandes fragilités. La France ne doit pas reproduire les erreurs commises dans les années 1980, quand elle fit de l'Irak de Saddam Hussein son principal partenaire, avant de devoir abandonner cet allié – et même d'intervenir militairement contre lui – que ses faiblesses avaient contraint à une répression violente sur le plan intérieur et à une politique d'agression sur le plan extérieur. A contrario, la France a insuffisamment développé ses partenariats avec l'Iran, la Turquie et Israël, qui sont les trois principales puissances de la région, les sociétés les plus avancées et les régimes les plus stables. Et elle n'a pas réussi à réinventer sa relation avec la Tunisie, entrée pourtant dans une nouvelle ère politique et économique.

    Pour une politique "néoréaliste"
    La politique française doit être "néoréaliste" : partir des faits sans les trahir et défendre ses intérêts sans tomber dans le cynisme du réalisme brutal qui autorise tout au nom d'une logique ami-ennemi souvent simpliste. Le néoréalisme, c'est aussi dimensionner sa politique et son discours à la mesure de ses moyens, réels et symboliques. Notre stratégie doit être guidée par deux réalités majeures : notre imbrication avec le monde arabe et la grande transformation que connaissent aujourd'hui les sociétés arabes, grande transformation porteuse d'incertitude et de violence. Cette stratégie doit donc être guidée d'abord et avant tout par la nécessité de réduire l'incertitude.

    Réduire l'incertitude passe par la lutte contre le terrorisme et la violence, bien sûr, mais on n'y parviendra pas en ne respectant aucune liberté. Des exemples récents en Tunisie et en Égypte montrent clairement que la privation de liberté, la personnalisation du pouvoir et la corruption sont des éléments très efficaces pour déclencher des révolutions politiques. Les droits de l'homme ne sont pas un élément extérieur à notre politique : ils font partie de notre intérêt, parce qu'ils incarnent les valeurs auxquelles la France doit son influence et parce qu'ils sont indispensables à la stabilité de la région. Ils doivent être mis à leur juste place : ils ne peuvent être l'alpha et l'oméga d'une politique, tant il est illusoire de vouloir faire le chemin des peuples à leur place et d'instaurer hic et nunc les standards occidentaux. C'est une approche plus modeste qu'il faut défendre, mais aussi plus cohérente : aujourd'hui, nous dénonçons avec vigueur des crimes quand ils sont commis par un régime et restons muets quand ils sont commis par un autre. Le cynisme de ces doubles standards mine notre crédibilité. La France doit défendre les droits de l'homme partout, avec cohérence, exigence et intelligence, sans verser dans un absolutisme contre-productif. C'est aussi comme cela que l'on parlera aux sociétés civiles – ces grandes oubliées des politiques françaises dans la région – sans tomber dans l'ingérence.

    Nous avons besoin d'une nouvelle formulation de notre relation. Nous devons partir du constat que la France et les pays de la région s'influencent mutuellement et bénéficient de leurs atouts mutuels. Nous devons faire plus et mieux ensemble. Notamment sur deux sujets transversaux : l'islam, dont la gestion en France ne peut plus être déléguée à des pays étrangers, l'islamisme radical encore, dont les interprétations rétrogrades et agressives à l'égard de l'Occident ne doivent plus être diffusées avec l'aide de pays "amis". Mais nous devons également coopérer pour répondre efficacement au grand enjeu des migrations, qu'elles viennent du monde arabe ou qu'elles passent par le monde arabe.

    Notre priorité, c'est le Maghreb. Parce que le Maghreb n'est plus une simple affaire de politique étrangère pour nous, c'est aussi une question de politique intérieure. La stabilité du Maghreb, c'est notre stabilité. La prospérité du Maghreb, c'est notre prospérité. Les problèmes du Maghreb, ce sont nos problèmes. Et, à maints égards, les problèmes de la France, ce sont les problèmes du Maghreb.

    Le Point Afrique

  • #2
    Bof

    La France, ces dernières années, s'est d'abord appuyée sur l'Arabie saoudite au Moyen-Orient, le Maroc en Afrique du Nord ainsi que, plus récemment, le maréchal Sissi en Égypte. Soit trois régimes dont la stabilité apparente masque de grandes fragilités.
    Soit. Mais la question à se poser serait plutôt "a-t-elle le choix ?". Autrement dit, prendre tel ou tel pour allié ou pour suppôt ne repose pas uniquement sur ce que voudrais la France ou toute autre puissance, mais aussi sur l'offre et les disponibilités qu'elle trouve dans telel ou telle région.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Bof, la France n'est plus une puissance et elle n'a rien à exporter comme avant. Elle vit même sous état d'urgence comme tout pays arabe qui se respecte.
      La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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      • #4
        Si on suit un peu les actions de la diplomatie française au maghreb ,on voit bien que une stratégie très agressive est à l'oeuvre
        Le premier acte ,c'est d'abord la reprise en main culturelle de cette région et notamment en s'imposant comme donneur d'ordre sur le plan religieux
        C'est l'aspect le plus important ,s'appuyer sur les francophiles pour refaire de ces pays des dom tom orientaux
        Des peuples vidés de leurs identités qui pensent francais ...forcément consommeront francais

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        • #5
          Tiz,

          Si je te suis bien, c'est la france qui accélère l'islamisme "zélé" et zelote actuel et qui n'a rien à voir avec l'islam pratiqué depuis des générations en Afrique du Nord ?

          Si on répète que l'eau ça mouille juste après un français, on se transforme tout de suite en gaulois ou il faut attendre minuit comme les greemlins ?

          Que chaque état essaye d'influencer les autres est une chose, de là à les rendre paranoïaques....

          Le plat préféré cité par les français est souvent le couscous, ils aiment le raï... seuls les fachos s'en offusquent.

          Ces derniers n'arrêtent pas de se plaindre du fait que les onetoutristes sortent le drapeau algérien à la place du français à n'importe quelle occasion.

          Ces influences là sont le fait d'un complot algérien ?
          Dernière modification par Chif, 14 septembre 2017, 22h53.
          “Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire”
          Pablo Escobar après avoir brûlé le tribunal qui devait le juger.

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