En quatre ans, le dinar tunisien a perdu 49% de sa valeur face au billet vert, pour s'échanger en août 2017 à 2,47 dollars américains, soit son plus bas niveau historique face à la devise américaine. Une chute vertigineuse qui inquiète.
Selon un rapport publié le 25 août 2017 par l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE), cette dégringolade est liée aux recommandations du FMI pour la Tunisie. En effet, l'OTE explique "qu'à travers ses modèles mathématiques, le FMI exerce une pression constante sur la Banque Centrale Tunisienne (BCT) pour qu’elle laisse chuter le dinar tunisien". Une pratique courante pour l'institution internationale qui s'inscrit dans le cadre des accords de prêts qu’elle fournit aux pays en difficulté.
Pour sortir du gouffre, ces pays qui semblent dans l'impasse tentent de se réfugier auprès du FMI. Mais pour avoir recours à la profusion de fonds, ils devront impérativement être confrontés à ses recommandations avec toutefois une dépréciation de leur monnaie locale. Tel est le cas du Nigeria, l'Égypte et de tant d'autres pays.
L'OTE révèle que "l'institution financière effectue des revues régulières qui donnent lieu à des estimations, notamment concernant la valeur 'réelle' du dinar telle que souhaitée par le FMI. A travers des modélisations complexes, ce dernier estime ce que devrait être la valeur idéale du dinar dans le futur afin d’atteindre un équilibre macroéconomique (balance courante)."
Le FMI exerce une pression constante sur la Banque Centrale Tunisienne (BCT)
L'Observatoire a précisé "qu'après avril 2012 et l’abandon de la fixation de la valeur du dinar via un panier de devises, le FMI continue à exercer une pression constante sur la Tunisie, et plus particulièrement sur la BCT, pour que cette dernière cesse d’intervenir sur le marché des changes pour défendre la valeur du dinar".
Selon le FMI, le dinar tunisien est "surévalué" d’environ 10% de sa valeur réelle
D'après l'OTE, à chaque revue, le FMI juge à travers ses modèles, que la monnaie tunisienne est "surévaluée" d’environ 10%. "Cette estimation a servi à mettre la pression sur la BCT pour qu’elle laisse la valeur du dinar chuter. Comme le montre la figure ci- dessous, quand le dinar atteint la valeur souhaitée par le FMI, ce dernier réalise une nouvelle modélisation qui estime que le dinar doit à nouveau baisser de 10%, et ainsi de suite" souligne l'OTE.
Mais contrairement à l'expérience égyptienne où le FMI a ordonné la chute de la livre égyptienne d’environ 50% face au dollar américain du jour au lendemain (Novembre 2016), l'institution de Bretton Woods a adopté une stratégie par étape pour la Tunisie. Mais peu importe la stratégie, le résultat final est le même. L'OTE montre que le dinar tunisien a perdu près de 50% de sa valeur entre le début du premier prêt (Juin 2013) et la dernière revue du FMI datant du Juillet 2017.
En juillet, le FMI estime qu'un dollar américain vaut 2,87 dinars tunisiens
L'OTE ajoute, d'autre part, que selon la dernière revue du FMI la monnaie tunisienne est surévaluée de 16,7%, ce qui équivaut à un taux de change de 1 USD pour 2,87 TND. "Jusqu’à quand les autorités tunisiennes vont-elles laisser faire?" s'interroge l'Observatoire.
Le FMI recommande une plus grande flexibilité du dinar
Ainsi, le FMI a beau démentir toute injonction à la Tunisie pour qu'elle dévalue sa monnaie, ses recommandations sont claires, précise-t-il dans un document adressé à la Tunisie. L'institution a simplement recommandé à la Tunisie "une plus grande flexibilité" et non de laisser flotter librement sa monnaie. Il précise qu'il appelle à l'évolution de la Tunisie vers un régime de change plus flexible, qui permette au dinar de réagir au jeu de l'offre et de la demande de devises. Le niveau sans précédent des déficits de la balance des biens et des services souligne la nécessité d'une certaine dépréciation dans le temps, explique le fonds. "Il n'est toutefois pas nécessaire de procéder à une correction brutale et nous n'en avons pas fait la demande" ajoute-t-il.
Vers un scénario à la grecque?
Une situation fragile pour la Tunisie, prise entre le marteau et l'enclume. Le recours de la Tunisie aux institutions financières internationales pour sauver son économie a été fortement critiquée par de nombreux partis politiques dont notamment le Front populaire qui ont manifesté à maintes reprises leur crainte quant à la reproduction d'un scénario à la grecque.
Un constat lourd qui a été, d'ailleurs, exposé par l'ancienne ministre des Finances Lamia Ziribi en avril dernier. Elle a annoncé la forte chute de la monnaie nationale et a évoqué une dépréciation record pour le dinar face aux devises internationales. Elle a relevé que la faiblesse du dinar s'expliquait par un creusement de plus en plus inquiétant du déficit commercial de la Tunisie. Des propos qui seraient derrière son limogeage.
Après une mission en avril dernier à Tunis, le Fonds monétaire international s'est engagé à verser une nouvelle tranche de 300 millions d'euros, dans le cadre de la nouvelle ligne de crédit accordée l'an dernier au pays, d'un montant total de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans. En juin, le FMI a débloqué la deuxième tranche du prêt accordé à la Tunisie d'un montant de 314,4 millions de dollars (787 millions de dinars).
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Selon un rapport publié le 25 août 2017 par l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE), cette dégringolade est liée aux recommandations du FMI pour la Tunisie. En effet, l'OTE explique "qu'à travers ses modèles mathématiques, le FMI exerce une pression constante sur la Banque Centrale Tunisienne (BCT) pour qu’elle laisse chuter le dinar tunisien". Une pratique courante pour l'institution internationale qui s'inscrit dans le cadre des accords de prêts qu’elle fournit aux pays en difficulté.
Pour sortir du gouffre, ces pays qui semblent dans l'impasse tentent de se réfugier auprès du FMI. Mais pour avoir recours à la profusion de fonds, ils devront impérativement être confrontés à ses recommandations avec toutefois une dépréciation de leur monnaie locale. Tel est le cas du Nigeria, l'Égypte et de tant d'autres pays.
L'OTE révèle que "l'institution financière effectue des revues régulières qui donnent lieu à des estimations, notamment concernant la valeur 'réelle' du dinar telle que souhaitée par le FMI. A travers des modélisations complexes, ce dernier estime ce que devrait être la valeur idéale du dinar dans le futur afin d’atteindre un équilibre macroéconomique (balance courante)."
Le FMI exerce une pression constante sur la Banque Centrale Tunisienne (BCT)
L'Observatoire a précisé "qu'après avril 2012 et l’abandon de la fixation de la valeur du dinar via un panier de devises, le FMI continue à exercer une pression constante sur la Tunisie, et plus particulièrement sur la BCT, pour que cette dernière cesse d’intervenir sur le marché des changes pour défendre la valeur du dinar".
Selon le FMI, le dinar tunisien est "surévalué" d’environ 10% de sa valeur réelle
D'après l'OTE, à chaque revue, le FMI juge à travers ses modèles, que la monnaie tunisienne est "surévaluée" d’environ 10%. "Cette estimation a servi à mettre la pression sur la BCT pour qu’elle laisse la valeur du dinar chuter. Comme le montre la figure ci- dessous, quand le dinar atteint la valeur souhaitée par le FMI, ce dernier réalise une nouvelle modélisation qui estime que le dinar doit à nouveau baisser de 10%, et ainsi de suite" souligne l'OTE.
Mais contrairement à l'expérience égyptienne où le FMI a ordonné la chute de la livre égyptienne d’environ 50% face au dollar américain du jour au lendemain (Novembre 2016), l'institution de Bretton Woods a adopté une stratégie par étape pour la Tunisie. Mais peu importe la stratégie, le résultat final est le même. L'OTE montre que le dinar tunisien a perdu près de 50% de sa valeur entre le début du premier prêt (Juin 2013) et la dernière revue du FMI datant du Juillet 2017.
En juillet, le FMI estime qu'un dollar américain vaut 2,87 dinars tunisiens
L'OTE ajoute, d'autre part, que selon la dernière revue du FMI la monnaie tunisienne est surévaluée de 16,7%, ce qui équivaut à un taux de change de 1 USD pour 2,87 TND. "Jusqu’à quand les autorités tunisiennes vont-elles laisser faire?" s'interroge l'Observatoire.
Le FMI recommande une plus grande flexibilité du dinar
Ainsi, le FMI a beau démentir toute injonction à la Tunisie pour qu'elle dévalue sa monnaie, ses recommandations sont claires, précise-t-il dans un document adressé à la Tunisie. L'institution a simplement recommandé à la Tunisie "une plus grande flexibilité" et non de laisser flotter librement sa monnaie. Il précise qu'il appelle à l'évolution de la Tunisie vers un régime de change plus flexible, qui permette au dinar de réagir au jeu de l'offre et de la demande de devises. Le niveau sans précédent des déficits de la balance des biens et des services souligne la nécessité d'une certaine dépréciation dans le temps, explique le fonds. "Il n'est toutefois pas nécessaire de procéder à une correction brutale et nous n'en avons pas fait la demande" ajoute-t-il.
Vers un scénario à la grecque?
Une situation fragile pour la Tunisie, prise entre le marteau et l'enclume. Le recours de la Tunisie aux institutions financières internationales pour sauver son économie a été fortement critiquée par de nombreux partis politiques dont notamment le Front populaire qui ont manifesté à maintes reprises leur crainte quant à la reproduction d'un scénario à la grecque.
Un constat lourd qui a été, d'ailleurs, exposé par l'ancienne ministre des Finances Lamia Ziribi en avril dernier. Elle a annoncé la forte chute de la monnaie nationale et a évoqué une dépréciation record pour le dinar face aux devises internationales. Elle a relevé que la faiblesse du dinar s'expliquait par un creusement de plus en plus inquiétant du déficit commercial de la Tunisie. Des propos qui seraient derrière son limogeage.
Après une mission en avril dernier à Tunis, le Fonds monétaire international s'est engagé à verser une nouvelle tranche de 300 millions d'euros, dans le cadre de la nouvelle ligne de crédit accordée l'an dernier au pays, d'un montant total de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans. En juin, le FMI a débloqué la deuxième tranche du prêt accordé à la Tunisie d'un montant de 314,4 millions de dollars (787 millions de dinars).
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