Il suffit de voir le monde dans lequel on vit pour se rendre compte que l'on est au bord de l'implosion. Chaque jour qui passe apporte son lot de nouvelles guerres ou autres menaces. Nombreuses sont alors les institutions qui annoncent l'avènement d'un nouvel ordre mondial, un monde multipolaire, un système polycentrique ou devront coexister Américains, Chinois, Russes, Européens et j'en passe. Toutefois, qu'en sera-t-il du monde musulman? Saura-t-il y trouver sa place? Y sera-t-il mieux considéré?
A première vue, oui, tant celui-ci est aujourd'hui décrié, brimé, critiqué, et pour son étroitesse d'esprit et pour son expansionnisme. Mais à y regarder de plus près, pas vraiment. Un nouvel ordre mondial semble n'augurer rien de bon.
Les Etats-Unis, un impérialisme certes mais doté de valeurs
Nul ne peut nier les craintes qu'inspire Donald Trump maintenant qu'il est à la Maison blanche.
Pour autant, le système de contrepouvoirs américains dissipe en réalité toute menace de voir la première puissance mondiale perdre ses valeurs. En témoigne d'ailleurs la multitude de promesses abandonnées et de réformes amendées voire retirées, "the muslim ban" en tête.
Que cela soit perçu comme une mission divine ou une simple prédation de ressources, la promotion de la démocratie et de ce qui s'ensuit comme principes a toujours donné le "la" de la politique étrangère étasunienne.
En effet, qu'ils soient de tendance réaliste ou libérale, l'ensemble des théoriciens est convaincu que le seul modèle de société qui puisse conjuguer promotion des droits de l'homme et maintien de la paix - aussi précaire soit-elle - est celui qui associe capitalisme et démocratie. Un tel constat démontre au passage, une fois encore, que ce qui empêche le monde musulman de s'émanciper, est juste un manque de discernement criant, un embourbement sans fondement dans des guerres fratricides à n'en plus finir.
Last but not least, comme se plaisent à dire les Américains, la liberté d'expression comme celle de la religion est garantie par le premier amendement de la constitution américaine, un droit fondateur qui confère ou du moins contraint l'actuelle super puissance mondiale à défendre la religion musulmane à travers le monde quel qu'en soit son président.
Un nouvel ordre mondial, si conduit par les RIC, serait très hostile
Nul doute que si le leadership américain se fissure, tout laisse à penser que celui-ci ira au triangle Russie-Inde-Chine (RIC). L'idée d'un axe Moscou-New Delhi-Pékin ne date pas d'hier. Celle-ci était déjà évoquée par un certain premier ministre russe, Evgueni Primakov en 1998 mais sans succès. Sauf qu'aujourd'hui, au vu des taux de croissance de l'économie indienne, l'hégémonie commerciale chinoise et enfin le pouvoir d'influence russe, le potentiel d'une telle alliance s'affirme faisant craindre le pire au monde musulman.
En effet, s'il y a bien un sujet sur lequel ces derniers n'ont pas de divergence, c'est leur appréhension de l'islam et de sa capacité à s'imposer comme identité première chez ceux qui le pratiquent. En Inde, l'actuel premier ministre Narendra Modi, membre de longue date du parti nationaliste hindou (BJP), a toujours mené des campagnes électorales imprégnées de rhétorique antimusulmane. Pis encore, celui-ci est tenu pour principale responsable dans le massacre de 2000 musulmans perpétré au Gujarat en 2002 aux dires de de Humans Rights Watch.
La situation n'est pas plus rose côté chinois. Pékin a longtemps justifié la répression de la communauté musulmane Ouighour en brandissant la "menace terroriste", y compris contre les militants les plus pacifiques. Comme au "bon" vieux temps de la révolution culturelle de 1966, certaines pratiques religieuses sont mêmes réprimées: le port du voile est découragé, de même que le jeûne du ramadan (pour les fonctionnaires).
En Russie, ou l'islam est la deuxième religion du pays, pas question de s'adonner à la répression, l'on y préfère la subtilité. En échange d'une liberté de culte, Poutine s'attend à une soumission totale à la Russie, un patriotisme russe loyal et sans concession dont le meilleur exemple et prototype reste le président Ramzan Kadyrov en Tchétchénie.
Ce qui est rassurant pour le moment, c'est qu'une telle association est encore balbutiante voir promise à l'échec. Car si consensus il y a pour un nouvel ordre, les asymétries qui caractérisent leurs relations de même que leurs intérêts parfois contradictoires les empêchent de définir celui-ci.
En conclusion, le pragmatisme n'est certes pas le caractère premier des musulmans, mais il serait temps d'en user pour profiter de ce qu'apporte l'ancien et se préparer au nouveau, si nouveau il y a.
huffpost
A première vue, oui, tant celui-ci est aujourd'hui décrié, brimé, critiqué, et pour son étroitesse d'esprit et pour son expansionnisme. Mais à y regarder de plus près, pas vraiment. Un nouvel ordre mondial semble n'augurer rien de bon.
Les Etats-Unis, un impérialisme certes mais doté de valeurs
Nul ne peut nier les craintes qu'inspire Donald Trump maintenant qu'il est à la Maison blanche.
Pour autant, le système de contrepouvoirs américains dissipe en réalité toute menace de voir la première puissance mondiale perdre ses valeurs. En témoigne d'ailleurs la multitude de promesses abandonnées et de réformes amendées voire retirées, "the muslim ban" en tête.
Que cela soit perçu comme une mission divine ou une simple prédation de ressources, la promotion de la démocratie et de ce qui s'ensuit comme principes a toujours donné le "la" de la politique étrangère étasunienne.
En effet, qu'ils soient de tendance réaliste ou libérale, l'ensemble des théoriciens est convaincu que le seul modèle de société qui puisse conjuguer promotion des droits de l'homme et maintien de la paix - aussi précaire soit-elle - est celui qui associe capitalisme et démocratie. Un tel constat démontre au passage, une fois encore, que ce qui empêche le monde musulman de s'émanciper, est juste un manque de discernement criant, un embourbement sans fondement dans des guerres fratricides à n'en plus finir.
Last but not least, comme se plaisent à dire les Américains, la liberté d'expression comme celle de la religion est garantie par le premier amendement de la constitution américaine, un droit fondateur qui confère ou du moins contraint l'actuelle super puissance mondiale à défendre la religion musulmane à travers le monde quel qu'en soit son président.
Un nouvel ordre mondial, si conduit par les RIC, serait très hostile
Nul doute que si le leadership américain se fissure, tout laisse à penser que celui-ci ira au triangle Russie-Inde-Chine (RIC). L'idée d'un axe Moscou-New Delhi-Pékin ne date pas d'hier. Celle-ci était déjà évoquée par un certain premier ministre russe, Evgueni Primakov en 1998 mais sans succès. Sauf qu'aujourd'hui, au vu des taux de croissance de l'économie indienne, l'hégémonie commerciale chinoise et enfin le pouvoir d'influence russe, le potentiel d'une telle alliance s'affirme faisant craindre le pire au monde musulman.
En effet, s'il y a bien un sujet sur lequel ces derniers n'ont pas de divergence, c'est leur appréhension de l'islam et de sa capacité à s'imposer comme identité première chez ceux qui le pratiquent. En Inde, l'actuel premier ministre Narendra Modi, membre de longue date du parti nationaliste hindou (BJP), a toujours mené des campagnes électorales imprégnées de rhétorique antimusulmane. Pis encore, celui-ci est tenu pour principale responsable dans le massacre de 2000 musulmans perpétré au Gujarat en 2002 aux dires de de Humans Rights Watch.
La situation n'est pas plus rose côté chinois. Pékin a longtemps justifié la répression de la communauté musulmane Ouighour en brandissant la "menace terroriste", y compris contre les militants les plus pacifiques. Comme au "bon" vieux temps de la révolution culturelle de 1966, certaines pratiques religieuses sont mêmes réprimées: le port du voile est découragé, de même que le jeûne du ramadan (pour les fonctionnaires).
En Russie, ou l'islam est la deuxième religion du pays, pas question de s'adonner à la répression, l'on y préfère la subtilité. En échange d'une liberté de culte, Poutine s'attend à une soumission totale à la Russie, un patriotisme russe loyal et sans concession dont le meilleur exemple et prototype reste le président Ramzan Kadyrov en Tchétchénie.
Ce qui est rassurant pour le moment, c'est qu'une telle association est encore balbutiante voir promise à l'échec. Car si consensus il y a pour un nouvel ordre, les asymétries qui caractérisent leurs relations de même que leurs intérêts parfois contradictoires les empêchent de définir celui-ci.
En conclusion, le pragmatisme n'est certes pas le caractère premier des musulmans, mais il serait temps d'en user pour profiter de ce qu'apporte l'ancien et se préparer au nouveau, si nouveau il y a.
huffpost
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