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De Jésus à Mahomet

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  • De Jésus à Mahomet

    L’actualité récente démontre l’urgence d’une relecture des textes saints islamiques par le biais d’une analyse du contexte de la révélation. Peu connue et très peu médiatisée, l’étude du Coran que mènent des chercheurs multidisciplinaires pourrait contribuer à lutter contre le radicalisme religieux. En témoignent les travaux sur la place essentielle de Jésus dans les premiers temps de l’islam.
    par Akram Belkaïd
    Le Monde diplomatiqueDe Jésus à Mahomet↑

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    Seyyid Lokman. – Jésus porté par deux anges depuis le minaret de Damas, tiré de « Zubdet ut Tevarih », 1583
    Topkapi Palace Museum, Istanbul / Bridgeman Images
    Il n’est guère facile d’aborder la question de l’islam et de ses origines en échappant à l’actualité et aux thématiques récurrentes qu’elle impose, tel l’incontournable « djihad ». C’est donc un tour de force que réalise le documentaire en sept épisodes de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur consacré à l’influence majeure du christianisme sur l’islam, du moins celui des premiers temps de la révélation (1).

    Ce travail a pour premier mérite de montrer que l’étude multidisciplinaire — c’est-à-dire au-delà du seul commentaire théologique — du Coran est une science en devenir. Le livre saint des musulmans est souvent présenté comme un « texte sans contexte » en raison de sa structure littéraire complexe et de l’impossibilité de dater ses sourates (chapitres) ou même de déterminer la totalité de l’ordre chronologique de leur révélation. L’enjeu est de taille, car une meilleure connaissance du contexte historique et social dans lequel est apparue la dernière des trois grandes religions monothéistes aiderait à surmonter les défis politico-religieux contemporains.

    Le dialogue entre chrétiens et musulmans tout comme la séparation entre le temporel et le spirituel ne peuvent que bénéficier du rappel de la proximité originelle entre la croix et le croissant. Comme le détaille le documentaire, où interviennent de nombreux chercheurs de nationalités et d’horizons différents, l’islam fait de Jésus un personnage aussi essentiel qu’Adam, le premier homme. Aïssa ibn Maryam, c’est-à-dire Jésus, fils de Marie, est celui qui revient à la fin des temps pour tuer l’Antéchrist. Or, s’ils savent bien que celui qu’ils désignent par le terme massih, autrement dit « le messie », est effectivement un de « leurs » prophètes, nombre de musulmans n’ont pas conscience de la place fondamentale, unique, qu’il occupe dans le Coran. Il y est présenté comme « l’esprit », « le souffle » et « le verbe » de Dieu. C’est un homme beau, hors du commun et capable de faire des miracles. En revanche, le livre saint se montre des plus laconiques concernant Mahomet (Mohammad), qui, homme ordinaire —il n’accomplit pas de miracles —, n’est « que » le messager (rassoul) d’Allah et un prophète (nabi) parmi d’autres. Cette proximité entre les deux religions s’illustre aussi par l’importance accordée à Marie, qui, dans le Coran, est la seule femme désignée par son nom et mentionnée à plusieurs reprises, la sourate XIX lui étant même consacrée.

    Une simple bouture du christianisme ?

    Alors que se répand un vocabulaire clivant — on pense notamment à la récurrence du terme « croisés », employé par les islamistes radicaux pour désigner les chrétiens, ou à la confusion entre islam et islamisme politique chez bon nombre d’Occidentaux —, la mise en évidence d’une telle parenté pourrait apaiser des relations tendues. De même, dans une société ouest-européenne marquée par une disparition progressive du fait religieux, elle discrédite les discours habituels sur l’altérité de l’islam par rapport au référentiel judéo-chrétien. Bien entendu, on pourra objecter que les différences théologiques sont notables. Ainsi le Coran réfute-t-il la nature divine de Jésus, en affirmant que Dieu « ne saurait enfanter ou être enfanté ». De même, il nie que Jésus soit mort crucifié. Le documentaire accorde d’ailleurs une large place à cette question, en rappelant deux versets (157 et 158) de la sourate IV où il est écrit que ceux qui ont cru voir le Messie sur la croix furent victimes d’une illusion : « Wa lakine choubiha lahoum », autrement dit : « Cela [la crucifixion] leur est apparu ainsi. » De plus, l’islam fustige le christianisme, qu’il accuse d’avoir rompu avec un strict monothéisme en associant (chirk) Jésus et le Saint-Esprit à Dieu (2).

    Ces divergences ont alimenté maintes polémiques et nombre de conflits. Autre intérêt du travail de Mordillat et Prieur : ils donnent la parole à des chercheurs montrant que l’islam n’est pas né en opposition au christianisme, mais dans une certaine forme de continuation, voire comme une tentative de réforme. De fait, la religion musulmane reprend ou reformule des doctrines chrétiennes qui perduraient au VIIe siècle. C’est le cas du docétisme, une hérésie du début du christianisme pour laquelle il était impossible que le Christ soit mort sur la croix. Et la place de Marie dans le Coran s’éclaire à la lecture de certains textes apocryphes, c’est-à-dire s’opposant à ceux, canoniques, reconnus par l’Eglise, qui ne la mentionnent guère.

    Sur le plan historique, l’islam naissant n’est donc pas étranger aux débats théologiques de son époque. Il vient en quelque sorte clore les interminables disputes sur la nature du Christ. La prééminence de Jésus dans le Coran laisse même penser que c’est aussi aux chrétiens, et pas uniquement aux polythéistes de La Mecque et de la péninsule Arabique, que Mahomet s’adresse, afin de les gagner à sa cause. C’est d’ailleurs l’une des raisons — mais pas la seule — de la vitesse foudroyante à laquelle les populations chrétiennes du Levant adoptent cette nouvelle religion.

    L’islam ne serait-il alors qu’une bouture du christianisme ? On se doute bien qu’une réponse étayée sur les plans scientifique et historique n’est guère possible. Reste qu’il y a bel et bien, comme le disent les experts interrogés ici, une « intertextualité » entre l’islam naissant et le christianisme tel qu’il existait au VIIe siècle.

    Le documentaire ébauche une autre piste susceptible de consolider un dialogue interreligieux tout aussi important, si ce n’est plus urgent. Il existe aujourd’hui dans le monde musulman un sentiment judéophobe alimenté par le sort des Palestiniens, mais dont on ne peut éluder qu’il s’appuie aussi sur une certaine lecture du Coran (3). D’où la nécessité de prendre en compte le contexte où sont apparus les versets concernés. Quand il accuse les juifs d’avoir revendiqué la mort du Christ, le Coran, là aussi, reprend des idées chrétiennes très répandues au VIIe siècle, et qui auront la vie dure. Il faudra en effet attendre 1963 pour que le pape Jean XXIII demande dans une prière : « Pardonne-nous la malédiction dont nous avons injustement accablé les juifs. Pardonne-nous pour t’avoir, par notre péché, crucifié une seconde fois (4). » De même, nombre d’experts interrogés dans le documentaire rappellent que le conflit ayant opposé Mahomet aux deux tribus juives de Médine, ville où il a trouvé refuge après sa fuite de La Mecque (l’hégire, en 622, soit douze ans après le début de la révélation), était d’ordre politique, mais aussi théologique. Sur le plan historique, le Prophète, en s’inscrivant dans la lignée de Moïse et de Jésus et en entendant réformer le judaïsme et le christianisme, considérés dans le Coran comme une altération de la religion originelle, s’est vraisemblablement heurté aux rabbins. Cela mène ces spécialistes à affirmer aujourd’hui que ce livre n’est pas antijudaïque, mais antirabbinique.

    Un siècle après sa naissance, l’islam, en pleine expansion territoriale, s’affranchira peu à peu de la figure tutélaire de Jésus et donnera une place prépondérante à Mahomet. La divergence avec le christianisme s’accentuera au fil des siècles. Mais l’on voit bien l’intérêt d’une relecture du Coran à l’aune du contexte historique et social dans lequel il a été révélé. C’est là une étape indispensable pour mener à bien une exégèse ambitieuse destinée à renouveler la pensée islamique. Gelé depuis le XIe siècle, cet ijtihad, autrement dit l’interprétation des textes, si riche au cours des siècles qui suivirent la mort du Prophète en 632, n’est plus qu’une boucle itérative où se succèdent les mêmes commentaires de commentaires du livre saint.

    La linguistique — pour l’étude détaillée de l’arabe coranique et de ses emprunts nombreux à d’autres langues, notamment le syriaque, une langue sémitique dérivée de l’araméen — ainsi que l’anthropologie sont de précieux outils pour cette révision nécessaire. S’y ajoute l’archéologie, dont les découvertes permettraient de mieux comprendre le contexte historique de la révélation — à condition, bien sûr, que l’Arabie saoudite autorise un plus grand nombre de fouilles sur son sol. Il s’agira ensuite de vulgariser les enseignements apportés par la réinterprétation du texte coranique, à la façon de cette série documentaire. On peut présumer que cela ne se fera pas sans mal.

    Akram Belkaïd
    Journaliste.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Au fait, nous sommes à l'époque de Imam Mahdi (as), tout les prophètes l'ont annoncé, soubhan Allah
    On se dirige vers ça

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    • #3
      c qui ?

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      • #4
        Le Mahdi alayhi salam
        Je sais pas si tu as entendu parler
        Une promesse universelle dans toute les religion
        qu'Allah vous facilite à chercher concernant ce sujet grandiose

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        • #5
          non, je ne connais pas mehdi y a oukhti wela khouya loughzel

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          • #6
            Liser, chercher, scruter, ne laisser personne décider pour vous
            Voila il y'a une eau, des sciences et connaissances qui circulent sur Imam Mahdi (as), buvons, buvez

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            • #7
              Envoyé par Loughzel
              buvons, buvez
              Daba hdarti !

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