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Lettre à mes démons algériens

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  • Lettre à mes démons algériens

    Lettre à mes démons algériens


    Ça suffit ! Il faut que je dise les choses, les vraies choses, celles qui blessent, qui fassent sursauter. Je vous préviens : je ne sais pas flatter les ego ni brosser les bottes. Je nomme le mal, tente d’en saisir les sources, pointe du doigt les responsables. C’est mon métier de poète qui l’exige. Je ne triche pas, j’obéis au cœur. C’est lui qui construit les phrases, qui déroule le fil de la tragédie.

    L’Algérie aux mille paradoxes, vaste pays parmi les grands désordres, petite destinée parmi les nations. Tout va mal, rien ne marche, tout stagne. Le peuple n’avance pas, ne recule point, il fait mieux : il creuse. Parfois il saute, applaudit et danse : fier d’être cancre, insignifiant et lourd. L’identité, l’économie, la religion, la culture… tout est mensonge : la démocratie est malmenée, l’école délavée, l’avenir entre parenthèses.

    Comme Diogène, je me balade avec une lanterne en plein jour, dans les villes, dans les villages, dans les souks, à l’Est, à l’Ouest, au Sud. Je hurle : Où sont les hommes ? Où sont ceux qui disent non sans ciller, qui disent oui avec conviction. Où est le courage d’hier lorsque nos aïeux défiaient les avions français avec des fusils de chasse ? Où sont nos valeurs lorsqu’on chantait liberté, vérité et justice dans nos montagnes ?

    J’observe le pays de loin et je constate avec tristesse : désert du savoir, torpeur de la raison, fureur de la foi, frustration de la jeunesse, folie des politiques et pleutrerie du peuple.

    Le pays fourmille de sourds : dois-je aiguiser mes vérités et les lancer comme des javelots sur eux pour qu’ils m’entendent ? Il y a partout des aveugles : personne ne voit l’absurde, le chaos et la catastrophe qui se profilent. Il faut que je brandisse ma plume, que je la plante dans les plaies, pour que les miens ressentent la gravité du mal. Il faut que j’exhume les cadavres, interroge les martyrs, fasse éclater les barricades et les tabous.

    Honte aux dirigeants qui ont imposé un fantôme au peuple ! Honte à celui-ci qui obéit à ceux-là ! Je n’accuse pas seulement les décideurs, mais aussi et surtout, et avec force, ceux qui les flattent. Les premiers ne gèrent les affaires de l’État qu’avec le consentement des seconds. Coupables les tyrans qui mènent le navire à la dérive, mais doublement coupable le peuple qui y embraque avec docilité. La responsabilité des uns est validée par l’infamie des autres. Et les élites, ces astres pâles qui prêchent la vacuité dans un ciel de boue, ne sont-elles pas responsables de la déliquescence de la société et de la confusion des idées et des rêves ?

    Ça a commencé après l’indépendance, lorsque le peuple s’est tu quand la France a donné les clefs du pays naissant à ses pions. Ses derniers, au lieu de bâtir une nation sur des jambes solides, avec la langue et la philosophie du peuple, ont importé des lois et des mœurs d’ailleurs, d’Arabie et d’Égypte. Résultat : le peuple est égaré, il n’a ni personnalité ni repères, il ne sait plus où donner du chef, ses yeux et ses mains errent entre l’Est et l’Ouest, entre la Mecque et la Tour Eiffel, entre le halal et le haram. Trois fois « Arabe ! » a scandé Ben Bella, offensant ainsi les Amazighs, les autochtones, les hommes et les femmes libres du Djurdjura et des Aurès. Son successeur, Boumédiène, faux calque de Staline aux yeux glacials, semait la terreur dans les rues et les chaumières. Et puis les autres, ceux qui sont venus après, épigones sans vision ni charisme, entrepreneurs de bêtises et sorciers au nationalisme sournois, gavés aux sourates et aux hymnes fades, ont conduit le pays au naufrage. Le peuple, habitué à la paresse et aux chants des corneilles, avec ses notables plus doués pour la servitude que pour la critique, a basculé dans la guerre civile. Plus de dix ans que le pays offrait au monde un spectacle de râles, de balles et de morceaux de chair. Après un simulacre de réconciliation nationale, arrosée au pétrole et aux larmes des veuves, où les assassins fanfaronnaient et les résistants baissaient la tête, le pays est entré dans un long tunnel aux ténèbres épaisses.

    Le ridicule ne tue jamais, mais l’absurde si. Celui-ci prépare la catastrophe. L’Algérie est un radeau perdu, elle agonise à l’image de son pilote moribond. Chaque fois qu’à la télé on montre le président crevant sur son fauteuil roulant, la nation est ternie et le peuple humilié.

    Les Algériens, comme leur chef d’État, manquent de sérieux. Ils baignent dans l’infantilisme et la vanité. Leur théâtralité exagérée, leur patriotisme surfait et leur optimisme fourbe leur joueront des tours. La mondialisation est sans pitié, elle n’aime pas le cabotinage, elle exige du flair, de la lucidité et de la méthode. Les peuples aux destinées provisoires, faussement lyriques et irresponsables, n’ayant ni suite dans les idées ni grand rôle dans l’histoire, ne sont pas doués pour la résistance et la révolution. Leur sort se déroule en trois étapes : dépossession, dépression et décomposition. Dépossédés de leur âme, les Algériens, champions en haine de soi et en orgueil, sont en train de vivre la deuxième phase. Quant à la troisième, au rythme où vont les choses, je dirais, sans vouloir jouer au visionnaire, qu’elle n’est pas loin de se produire.


    Auteur: Karim Akouche
    Date : 2017-08-29
    “Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire”
    Pablo Escobar après avoir brûlé le tribunal qui devait le juger.

  • #2
    Aux Québec on peut dire n'importe quoi et écrire n'importe quoi. ils se sentent libre , comme un vraie amazigh laïque mais qu'est qu'il propose a son pays d'origine?
    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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    • #3
      Des vérités qu'on a du mal a entendre.

      Merci pour le partage

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      • #4
        Je hurle : Où sont les hommes ? Où sont ceux qui disent non sans ciller, qui disent oui avec conviction. Où est le courage d’hier lorsque nos aïeux défiaient les avions français avec des fusils de chasse ? Où sont nos valeurs lorsqu’on chantait liberté, vérité et justice dans nos montagnes ?
        C'est la bonne question puisque nous Femmes devrions retourner à nos casseroles et laisser les hommes nous montrer le bon exemple. J'ai posé plusieurs fois la question lorsque des dossiers demandaient l'intervention d'Hommes pour que vérité et justice se fassent sur des questions sensibles. Ils ont préféré la fuite plutôt que s'allier aux Femmes défiant les imposteurs et les crapules.

        Le ridicule ne tue jamais, mais l’absurde si. Celui-ci prépare la catastrophe. L’Algérie est un radeau perdu, elle agonise à l’image de son pilote moribond. Chaque fois qu’à la télé on montre le président crevant sur son fauteuil roulant, la nation est ternie et le peuple humilié.
        Grande humiliation c'est certain mais aucun Homme ne s'impose dans le paysage politique pour relever la situation. L'opposition semble tétanisée par une peur inexpliquée.
        Dernière modification par zwina, 06 septembre 2017, 09h08.
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          Après la sortie de said Bouteflika pour défendre un athée chauve dont j'ai oublié le nom ,les ultra laïcs de ce forum ont écrit qu'ils étaient près à l'accepter comme président
          Ça veut dire ce que ca veut dire
          Le violon éculé des égyptiens et des arabes responsables de notre malheureux ....c'est d'un comique
          Ceux qui analysent les défaillances des hommes du pouvoir selon cet angle ..sont fait du même bois
          Ils ont la même maladie et à 100 %, ils se comporteraient exactement pareil si ils étaient à leur place

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          • #6
            Zwina, bonjour,

            Je pense qu'il faut lire "hommes" dans le sens "hommes et femmes".

            Je me trompe peut-être, je ne suis pas dans sa tête comme certains
            “Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire”
            Pablo Escobar après avoir brûlé le tribunal qui devait le juger.

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            • #7
              L'opposition semble tétanisée par une peur inexpliquée
              Peur de ne pas etre soutenue par le peuple, peur du resultat des urnes contre les partis islamistes peut etre.
              Je refuse de croire qu ils sont tous corrompus, ou qu ils n existes pas d hommes capable de redresser la barre en Algerie
              Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

              La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

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              • #8
                Tiz, bonjour,

                Je ne comprends pas ta remarque.

                Je ne vois pas ce que le laïcisme vient faire ici.

                On peut être d'accord avec rien, une partie, ou la totalité de ce qu'il dit....

                Il dit certaines vérités. Il faut les accepter pour pouvoir changer.

                Si un laïc te dit que la terre est ronde, tu vas décréter le contraire parceque c'est un laïc ?
                “Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire”
                Pablo Escobar après avoir brûlé le tribunal qui devait le juger.

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                • #9
                  Ça suffit ! Il faut que je dise les choses, les vraies choses, celles qui blessent, qui fassent sursauter. Je vous préviens : je ne sais pas flatter les ego ni brosser les bottes.
                  Oui, je partage une bonne partie des propos de K. Akouche.
                  J'apprécie également sa sincérité et son amour pour son pays d'origine (en l'occurrence l'Algérie où il ne vit plus).
                  Toutefois, je ne suis ni blessé ni surpris par ses propos puisque je les entends et les lis depuis des années, des décennies. Je les ai entendus de la bouche de gens ordinaires comme moi. Je les ai aussi lus ou entendus de la part d'algériens connus vivants ou morts.
                  Pour moi, K. Akouche ne fait que répéter et rappeler ces vérités déjà connues.Il fait bien de le faire, car beaucoup s'acharnent à les rejeter ou refouler en dépit du bon sens.
                  Dernière modification par Slimane53, 06 septembre 2017, 12h36.

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                  • #10
                    Azul Chif

                    Je pense qu'il faut lire "hommes" dans le sens "hommes et femmes".
                    Je lis dans un autre sens parce que si les Hommes comprenaient qu'ils doivent soutenir les Femmes et ne surtout pas tomber dans le piège des imposteurs, l'Algérie ne pourrait que mieux se porter. Certains critiquent les femmes algériennes et voudraient leur donner des leçons alors que l'Histoire montre qu'elles furent les plus fidèles et les meilleurs soutiens des Hommes qui luttèrent pour la liberté. Si Ben Bella et sa clique les ont écarté du pouvoir dès 1962, c'est bien parce que les Moudjahidas étaient les mieux placées pour démasquer les imposteurs.
                    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                    • #11
                      Je les ai entendus de la bouche de gens ordinaires comme moi.
                      tout a fait; c'est le constat que nul ne peut refuter sauf les khorotoves et leurs comperes nourit a la mamelle de la mediocrités on voudrait plutot des solutions
                      "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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                      • #12
                        on voudrait plutot des solutions
                        Les solutions existent et depuis longtemps. Mais le plus difficile pour beaucoup d'algériens est de les identifier puis de les adopter comme telles. Pour ce faire, il n'y en a pas encore assez à avoir fait le long travail de maturation personnelle que cela exige.
                        Certains pensent que même si ces solutions existent, il est trop tard pour les mettre en pratique, les maux qui rongent l'Algérie depuis plus d'un demi siècle ayant fait leur oeuvre. Bref, selon eux, nous avons atteint un point de non retour dans le sens de la catastrophe. C'est certainement la conviction de K. Akouche, par exemple.
                        Dernière modification par Slimane53, 06 septembre 2017, 16h58.

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                        • #13
                          J'aime bien ce qu'il écrit...
                          Mais il est tellement loin de l'iopinion publique algérienne, il en est très loin.

                          Commentaire


                          • #14
                            Avec des analyses aussi incisives et percutantes, il ne fallait pas s'étonner que des conférences lui étaient interdites dernièrement lors de sa présence en Algérie ... faut-il rappeler les menaces dont-il se prétendait victime aussi ! ...

                            Commentaire


                            • #15
                              Infinite

                              faut-il rappeler les menaces dont-il se prétendait victime aussi ! ...
                              Tous ceux qui ont des analyses pertinentes et incisives subissent des menaces, ce n'est pas pour autant qu'il faut se taire ou fuir l'Algérie. Bien au contraire, à force de dire haut et fort les maux de l'Algérie, l'opinion internationale va devoir réagir et exiger que les lois internationales et l'indépendance de l'Algérie soient respectées. Nul besoin d'une nouvelle révolution, le strict respect des lois internationales devrait amener la démocratie et la liberté pour tous comme le stipulait le véritable appel du 1er novembre 1954.
                              Dernière modification par zwina, 06 septembre 2017, 22h32.
                              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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