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Les 24 heures d’un Arabe sans pieds

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  • Les 24 heures d’un Arabe sans pieds

    Les 24 heures d’un Arabe sans pieds : la nuit, regarder Al-Jazeera. Toute la nuit. Puis dormir avec une pensée allumée en chandelle pour les morts de Gaza. Le matin, se réveiller avec l’envie de se réveiller au 9ème siècle. A l’époque où un Arabe était un vrai Américain, mais chez lui, au centre du monde et avec le reste du monde, qui parlait sa langue et était accroché à ses lèvres. Prendre son café par la taille et se confectionner un coucher de soleil matinal alors qu’il n’est que 7 heures du matin. Puis aller au travail : lentement, avec la certitude valable depuis deux siècles, qu’on a raté l’essentiel. A savoir, inventer l’imprimerie après que le Ciel nous ait donné un Livre. Puis arriver au travail et rencontrer les autres. Les regarder. Les traverser de part en part en ne rencontrant personne au final entre les deux oreilles de chaque visage. Soupirer doucement et repenser à Gaza. « Que faire ? » dit tout le monde à tout le monde. La réponse ne vient pas et, en réaction, un arbre fait tomber ses feuilles pour les faire feuilleter par ses racines, un jeune homme épouse sa chaloupe, une lampe à filament grille sa vie et un islamiste donne carte blanche à sa barbe pour qu’elle lui explique le cosmos. C’est alors que tout le monde se met à parler. De qui et de quoi ? D’Al-Jazeera qui parle des Palestiniens qui n’ont même pas le temps de parler entre eux.

    Pour sauver la Palestine il fallait sauver Bagdad et, auparavant, Grenade et, plus avant, tous les autres Arabes, un par un jusqu’à Ismaël. « Ce n’est pas pour rien qu’il a été abandonné par son Père dans le désert », dit une voix hérétique. Depuis, chaque Arabe fait la même chose à ses fils. Un par un, le long des siècles. Moussa a été abandonné dans un berceau : il a fini dans un Palais. Ismaël a été abandonné dans le vide. Il n’en a pas fini de penser qu’il a failli être égorgé avant d’être remplacé par un mouton. « Avec un seul mouton, on peut sauver un seul Ismaël ». Cela explique l’égorgement de nombreux autres Arabes depuis cette date. A midi, l’Arabe va manger, l’air absent, le visage enroulé sous l’aisselle. Le pain a le goût des Gazaouis assassinés ces jours-ci. Chaque rassasiement ressemble à une traîtrise. A 14 heures, l’Arabe regagne son boulot puis se souvient : va-t-il marcher dans la rue par solidarité ou ne pas le faire par lucidité ? Il n’arrive pas à trancher : sans jeu de mots, il a la conscience vive que la rue n’est pas la route, la chaussure n’est pas le destin, le sabre n’est pas la langue et le monde n’est plus son chameau. A 14h30, l’Arabe sans pieds se souvient qu’il n’a même pas de pieds pour avoir des chaussures. « Pas de babouche contre Bush », se dit-il en grimaçant. C’est alors qu’il reçoit un SMS : il est invité à réciter une prière. Un second message l’invite à marcher même sans ses pieds. Un troisième, celui de sa femme, sa mère, son fils, son ministère, son amie, son ange compatible ou son opérateur, lui rappelle sa condition incompatible avec son désir de soutien inconditionnel à la Palestine. A 15h30, il n’a pas tranché. Il sort donc marcher dans les bordures de la marche officielle. Ainsi, chevauchant mollement le trottoir, il participe à la marche sans descendre dans la rue. « A quoi servent les marches ? », se demandent d’autres Arabes qui le regardent. « A prouver qu’on a des pieds » lui dit un poème. « A menacer l’ordre public » répète un policier avec un haut-parleur. « A me faire sentir moins seul » dit un Palestinien, mais il est déjà mort parce qu’il vient de croiser Arafat cherchant un stylo magique. « A dénoncer les régimes », dit une banderole. A 16 h, la marche se disperse comme écrit sur son front : au bout de la rue, il n’y a pas automatiquement une route, bien entendu. L’Arabe revient alors sur ses pas : jusqu’à la chute de Grenade en pensée, et jusqu’à son arrêt de bus concrètement. Ce fut alors le moment d’une tendre révélation métaphysique : « Le monde des Arabes est un arrêt de bus qui a arrêté les bus et l’Histoire ». Comment vit-on dans un arrêt ? « Assis généralement, avec l’histoire qui passe par la tête et plus par les mains ». A 17 heures, le bus arrive. L’Arabe rentre chez lui dans un univers qui n’est plus le sien. Au seuil de la maison, il regarde sa femme qui regarde ses enfants qui regardent Al-Jazeera. Dans dix ans, ils feront comme leur père. Déjà, ils n’ont même plus de pieds comme lui. Tout juste leurs dernières paires de chaussures.

    Kamel Daoud
    07/09/2017
    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

  • #2
    Il devrait nous écrire " 24 h dans la peau d'un arabe invité par le crif "
    Qu'on sache l'effet que ça fait d'être l'arabe de service qu'on invite pour dire des horreurs sur ses parents,grands parents et aïeux
    Qu'on sache l'effet que ça fait de se raser tous les matins en se maudisant d'être né arabe
    Qu'on sache l'effet que ça fait d'être aimé uniquement par la fachosphere
    Sacré kamel

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    • #3
      Rares sont ses articles ou le daoud n'a pas évoqué la Palestine ....Une khobza pour lui comme pour d'autres ...ça doit bien payer de son côté

      Le jour où il s'attaquera aux puissants du moment, on pourra dire cela de lui. Je lui suggère d'ignorer un moment les arabes et les musulmans et d'essayer, ou seulement d'esquisser la moindre critique à l'égard des sionistes ou d'israel ; S'il le fait, il peut s'enorgueillir de la qualité d'intellectuel intègre et courageux. Autrement, il restera ce qu'il est, un intellectuel lâche.

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      • #4
        Toujour un vrais regal ses textes, un reel plaisir
        Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

        La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

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        • #5
          Qui aime bien les arabes, les châtie bien

          K. Daoud aime les humains, en général, et - Si! Si!- les arabes, en particulier. Il tape sur les arabes car la force de leurs ennemis se nourrit aussi de leur faiblesse.

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          • #6
            ça me dérange pas qu'il tape sur les arabes ,sur les pouvoirs ,sur les terroristes islamistes .....je suis presque d'accord avec toute sa pensée ,mais ...Il y a ce mais ,quelque chose qui me dérange en lui et que je n'arrivais pas à cerner ........Je viens de comprendre ..C'est cette propension à vouloir plaire aux plus puissants du moment ,chercher à les séduire à tous prix en tapant sur le maillon le plus faible :La Palestine .
            Un vrai intellectuel courageux et intègre (dont de nombreux juifs ) prend toujours position contre l'oppresseur ,ne tape pas sur les opprimés.
            L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

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            • #7
              K. Daoud aime les humains, en général, et - Si! Si!- les arabes, en particulier

              C'est une évidence
              Si manuel valls a pris le temps d'écrire une tribune pour le défendre...C'est parce que il a détecté en lui cet amour
              Pareil pour le crif et toute la fachosphere

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              • #8
                molker

                Un vrai intellectuel courageux et intègre (dont de nombreux juifs ) prend toujours position contre l'oppresseur ,ne tape pas sur les opprimés.
                Nous ne sommes pas d'accord et je le regrette: pour moi, un vrai intellectuel, courageux et intègre, doit traiter toutes les sources d'injustices, que leurs auteurs en soient les sujets actifs - Israël et les puissances européennes et nord américaines pour la Palestine - ou bien passifs et, parfois, complices- les forces politiques palestiniennes en particulier et les pays arabes en général.
                Ce genre d'intellectuel, courageux et intègres, doit aller jusqu'à taper au besoin sur lui-même lorsqu'il se voit impliqué, volontairement ou involontairement, activement ou passivement et de près ou de loin, dans des actes d'injustice qui surviennent dans son propre pays en premier lieu ("Il faut balayer d'abord devant sa porte") et d'autres pays en second lieu, à commencer par la Palestine.

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                • #9
                  ça me dérange pas qu'il tape sur les arabes ,sur les pouvoirs ,sur les terroristes islamistes .....je suis presque d'accord avec toute sa pensée ,mais ...Il y a ce mais ,quelque chose qui me dérange en lui et que je n'arrivais pas à cerner ........Je viens de comprendre ..C'est cette propension à vouloir plaire aux plus puissants du moment ,chercher à les séduire à tous prix en tapant sur le maillon le plus faible :La Palestine .
                  Un vrai intellectuel courageux et intègre (dont de nombreux juifs ) prend toujours position contre l'oppresseur ,ne tape pas sur les opprimés.
                  ce qui suit n'est pas de moi ...mais ça parle bien :

                  L’Algérie n’a connu que des échecs depuis son indépendance. La France lui donne une fierté toute fabriquée en la personne de Daoud. Le peuple entre en transes. Il se croit soudain sorti de sa médiocrité. Une idole est née (on revient à l »époque de Qoreich!). Le peuple ne jure que par Daoud. Dès lors tout ce que ce monsieur dit devient sacré, lumière, grand, indiscutable.
                  Alors vient la mission, la vraie, la grande que ses maîtres judéo-maconniques ont planifié, pensé, réfléchi. Et voilà notre Daoud national parti comme Don quichotte, la plume au vent en guise d’épée, prenant les moulins à vents pour des monstres que la chevalerie se doit d’abattre. Heureusement, Pancho, le plus heureux des servants, n’est jamais bien loin!
                  Triste Daoud et tristes sont ceux qui n’ont pas compris que l’histoire a une mécanique, une logique et une fin. Elle se fait par les vainqueurs. Elle se vit par les vaincus.

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                  • #10
                    Vous êtes trop durs avec Kamel Daoud. Ce n'est pas UN Kamel Daoud qu'il nous faut mais des millions de Kamel Daoud.

                    Commentaire


                    • #11
                      Je me demande si certains lisent vraiment ce qu'il écrit.

                      Et s'ils lisent, s'ils le comprennent....

                      On se plaint du matin au soir du monde pourri que nous avons construit pour nos enfants, du légume qui gouverne etc. etc.

                      Allez vous un jour accepter quelques critiques ?

                      Ce serait un bon début pour changer....

                      Ou alors on continue à se dire les meilleurs et on reste comme ça empêtrés dans notre orgueil.

                      Oune, tou, tri viva l'algiri a de beaux jours avec une mentalité pareil.

                      Dès que l'un de nous bouge une oreille, on sort le flingue : harki, vendu, sioniste blablabla

                      Ma grand mère (ath yerhem rabi) avait une expression concernant les bagarres entre frères et sœurs :

                      "Quant on crache en l'air, on se retrouve tous avec les postillons."

                      Daoud est un de vos frère peut être un peu hurluberlu.

                      Mais il vise juste en balançant certaines vérités et c'est çà qui fait mal à certains.

                      Vous avez honte de vous regarder dans un miroir ? Ou c'est le regard des autres ?

                      Dans les 2 cas, il y a des tares à cacher à soi même ou aux autres.
                      Dernière modification par Chif, 10 septembre 2017, 12h30.
                      “Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire”
                      Pablo Escobar après avoir brûlé le tribunal qui devait le juger.

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                      • #12

                        Ma grand mère (ath yerhem rabi) avait une expression concernant les bagarres entre frères et sœurs :
                        "Quant on crache en l'air, on se retrouve tous avec les postillons."
                        elle savait de quoi elle parlait ...Allah yerhamha ...

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                        • #13
                          Slimane

                          Absolument d'accord avec toi ,mais en ce qui concerne Daoud ( je l'ai dit plus haut je pense la même chose que lui de ce tout ce beau monde ) quelque chose qui cloche ,comme un beau et rare diamant qui scintille de mille lumières et pourtant on est persuadé qu'il est faux .
                          L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

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                          • #14
                            mdrrr
                            Kamel Daoud se paie vraiment la tête de l'arabe, ici.
                            Je comprends pour les souffreteux susceptibles lui en veulent tant.

                            Molker, allô

                            Pour ma part, je ne lis aucune complaisance aux forts.
                            Je suis d'accord avec ce qu'il dit de la Palestine. Quand eux-mêmes, les Palestiniens se font la guerre entre Gaza et la Cisjordanie. Quand les surexcités du Hamas se font pour ennemi l'autorité palestinienne, on ne peut décemment espérer quoi que ce soit.

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                            • #15
                              Je me demande si certains lisent vraiment ce qu'il écrit.

                              Et s'ils lisent, s'ils le comprennent....
                              sachant le niveau de maitrise de la langue française, je me suis posé la même question.
                              Je crois même que K Daoud tire un malin plaisir à employer un style ambigu pour mieux perdre ses contradicteurs ordinaires.

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