NICOLAS CROUSSE
Zabor, l’autre prophète
Avec « Zabor », le grand écrivain algérien signe une fable envoûtante, qui résonne comme une magnifique déclaration d’amour à la puissance des livres. Rencontre
«
Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. Même une fable d’Orwell, c’est un acte de résistance.
»« Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. Même une fable d’Orwell, c’est un acte de résistance. »
LECTURE ZEN
On savait depuis longtemps que c’était l’un des grands journalistes de son temps. On sait désormais, depuis Meursault contre-enquête (2014), et Zabor, qu’il publie en cette rentrée que Kamel Daoud est aussi un romancier majeur de notre époque.
Ce n’est pas tout. Au cœur d’un monde arabe en plein bouleversement, l’homme incarne aujourd’hui les valeurs humanistes et progressistes d’un monde nouveau, libre, indépendant auquel il s’accroche avec rage et courage. Nous l’avons rencontré.
Vous dites du personnage de Zabor que c’est un peu vous. Est-ce à dire que le roman est une autobiographie déguisée, ou une variation poétique sur votre vie ?
C’est ce que j’appellerais une autobiographie fabulée, amplifiée, magique, poétique. Il ne s’agit pas seulement de raconter ma vie physique, ma vie quotidienne, mon enfance ou mon adolescence. C’est aussi l’histoire de mes idées. S’il y a quelque chose d’absolument autobiographique dans ce livre, ce sont mes idées, mes découvertes de la langue, ce que je pense de la littérature…
Avez-vous le sentiment, comme Zabor, que lire vous a sauvé ?
Je pense que lire, faire lire, écrire, traduire aide à relativiser beaucoup de dogmes et de dogmatisme, aide à faire revenir l’homme à son humanité. Ça m’a été très utile, oui, sachant que je suis né dans une culture très verrouillée, d’abord sur un récit national de guerre de libération, sur le récit colonial, et en même temps sur le récit religieux. Lorsque vous découvrez les livres, c’est comme si vous découvriez une alternative à un monde fermé. Pour moi, le salut est venu par les livres. Lorsqu’on me demande souvent en Occident « qu’est-ce que nous pouvons faire contre le mal de ce siècle », je leur dis : essayez de faire lire. Aux gens qui ont la capacité de décider, je dis : faites traduire, faites circuler le livre. La bataille culturelle dans nos territoires est en train d’être perdue parce qu’on ne traduit pas assez. Parce que les livres ne circulent pas. Oui, ce qui circule, ce sont les livres qui font mal, qui apprennent à tuer, à mépriser, à ignorer, à nier.
Vous n’êtes pas très optimiste.
Si je n’étais pas optimiste, je me contenterais de vivre ma vie. Ce n’est pas ça. Mais je suis quelqu’un qui aime beaucoup qu’on soit lucide, conscient de ce qui se passe. Et ce qui se passe, c’est que d’un point de vue culturel et du point de vue des idées, nous sommes en train de perdre du terrain. Parce que la force éditoriale de l’adversaire est très forte. Vous avez un royaume qui a beaucoup d’argent, qui peut financer des mosquées, des livres gratuits sans droits d’auteur, des prêcheurs qui peuvent circuler, des mécénats, etc. Et en face, nous avons des romans, des livres, des idées qui ne circulent pas.
Vous accumulez ces derniers jours les rencontres publiques, dans votre pays, pour présenter Zabor. Comment votre livre est-il reçu, en Algérie ?
J’ai fait une tournée, pour une ou deux raisons. La première, c’est que je tiens à voir ce que je peux peut-être provoquer dans mon propre pays, et comment je suis lu. La seconde, c’est que j’aimerais rendre accessible le livre, aider à reformer le lectorat, encourager la lecture. C’est pour ça que je vais dans les villages et dans les villes. J’ai été surpris jusqu’à l’émotion par l’affluence des gens. Avoir 500 personnes dans une ville moyenne de Kabylie et signer une moyenne de 250 exemplaires par séance de signature, c’est énorme, dans notre pays. Ce que j’en ai conclu, c’est que beaucoup de gens ont besoin aujourd’hui de figures qui incarnent une réflexion alternative au conservatisme et à l’islamisme. Ils ont besoin de croire qu’il y a quelqu’un qui réfléchit sur la mort, la sexualité, le corps, sujets qui relèvent du monopole des conservateurs, ici. J’ai l’impression que les gens avaient et ont besoin d’espérer. Ils ont besoin d’un visage, de quelqu’un qui réfléchit, ou bien qui affirme sa propre liberté, sa propre indépendance. Franchement, j’ai été plus que surpris. C’est une expérience extraordinaire que j’ai vécue.
C’est une bonne nouvelle. Ça voudrait dire qu’il y a aujourd’hui la place pour entendre un autre discours.
Bien sûr qu’il y a de la place. Et la preuve, c’est la réaction extrêmement virulente, au lendemain d’une de mes lectures, d’une télé islamique en Algérie. Parce que là, ils savent qu’il y a des enjeux, et qu’ils sont en train de perdre de l’audience sur des questions idéologiques qu’ils ont toujours monopolisées. C’est pour ça qu’ils se déchaînent. Je ne pense pas que tout soit perdu.
Zabor écrit pour faire barrage à la mort, et à tout ce qui va avec, comme les menaces de mort, qui vous poursuivent depuis décembre 2014. Zabor est-il du coup un livre de résistance ?
Oui. Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. On l’a vu avec l’Europe communiste ou avec les fascismes du vingtième siècle. Il y a des moments où même une petite fable, comme La ferme aux animaux d’Orwell, c’est un acte de résistance.
Comment vit-on, quand on a comme vous, des menaces de mort sur le dos ? Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie ?
Ça a changé ce que ça a changé dans votre quotidien à vous. Un peu plus de vigilance, de prudence. Je n’aime pas me mettre en avant sur ces questions de menace. Je pense qu’actuellement, tout le monde est menacé. Tout ce qui incarne une différence, tout ce qui incarne un exercice de droit de pensée et de liberté est menacé. Je n’aime pas cette figure de l’intellectuel martyr. C’est indécent, face à tout ce qui se passe.
Hier vous étiez journaliste. Aujourd’hui vous voilà romancier. Qu’est-ce que cela change ?
Le rapport au temps. Le journalisme est une passion, pour moi. Mais l’actualité va si vite. Alors la littérature permet de réfléchir beaucoup plus sereinement, avec beaucoup plus de générosité et de temps sur des faits, des cultures, des situations. Il ne s’agit pas de deux natures différentes, mais de deux manières de réfléchir sur le même matériel. Le romancier est dans le monde, il ne vit pas ailleurs. Nous vivons dans ce monde. Quand vous écrivez un livre, il a le sens du loisir, le sens de la réflexion. Il a aussi un sens politique. Je ne vois pas en quoi on peut échapper à ça.
Les poètes, écrivains, artistes, qui s’expriment sans armes, ont toujours fait peur aux régimes forts. Comment expliquer ce mystère ?
C’est une vieille histoire du monde, entre le poète et le roi, entre l’écrivain et le dictateur. Je pense que toute dictature, tout conservatisme, tout fascisme, se construit d’abord sur un récit univoque, unique. Et quand ce récit est dérangé par des récits alternatifs, qui portent d’autres explications du monde, on assiste à ça : on détruit, on décapite les écrivains… C’est une vieille histoire. On ne peut pas consolider une dictature sans avoir détruit la culture.
Zabor est un prophète alternatif. Vous qui avez été croyant dans votre jeunesse et qui avez pris vos distances par la suite, quel bilan faites-vous aujourd’hui de la religion ?
La religion, c’est pour moi de l’ordre de l’intime. Je n’aime pas quand on me demande si je suis musulman ou pas. Je n’ai pas à répondre. Je suis fasciné par les grandes spiritualités et les questions théologiques. Je n’aime par contre pas les dogmes. Mais chacun est libre de croire ce qu’il veut. La tentation religieuse, elle est là, dans beaucoup de parcours, chez beaucoup de personnes. Je suis passé par la foi et je ne considère pas que ce soit une erreur de jeunesse. Je revendique mon parcours. Et je revendique aussi ma liberté d’avoir un parcours, au lieu de me contenter d’avoir une seule vision du monde. Ce que j’ai vécu, ce que j’ai choisi de croire m’a beaucoup aidé, pour construire les croyances présences.
Votre livre est un hymne à la femme. Pas de dignité possible pour l’homme, dites-vous, tant que la femme sera traitée comme elle l’est aujourd’hui.
Tout à fait. Tant que la femme sera emprisonnée, nous ne serons pas libres. Il ne s’agit pas de défendre le droit de la femme par féminisme. C’est autre chose. J’ai compris depuis quelques années que je ne pourrais pas me sentir libre et lié au monde par un livre saint là où il y a un rapport morbide à la femme, à la sexualité, au corps, au désir. Et ma défense de la femme participe de la défense de ma propre liberté.
Comment les femmes du Maghreb réagissent-elles à ces propos ?
Il y a beaucoup de femmes qui se battent. Elles se battent avec leurs propres moyens, leurs propres convictions. C’est une situation très difficile pour elles. En face, vous avez des machines de propagande qui sont énormes, et beaucoup plus puissantes. Et puis, vous avez ce deal entre les régimes conservateurs et l’islamisme. Ce sont des alliés, qui essaient d’immobiliser la société. Quand on veut immobiliser une société, on s’attaque à ses leaders, pour les isoler, mais aussi à la question de la femme. Ce qui m’étonne quand je suis en Occident, c’est quand on me demande où sont ces voix qui se battent dans le monde dit arabe. L’effet médiatique d’un islamiste est beaucoup plus frappant, il aveugle tout le reste. Les femmes qui se battent sont pourtant très nombreuses.
Zabor, l’autre prophète
Avec « Zabor », le grand écrivain algérien signe une fable envoûtante, qui résonne comme une magnifique déclaration d’amour à la puissance des livres. Rencontre
«
Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. Même une fable d’Orwell, c’est un acte de résistance.
»« Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. Même une fable d’Orwell, c’est un acte de résistance. »
LECTURE ZEN
On savait depuis longtemps que c’était l’un des grands journalistes de son temps. On sait désormais, depuis Meursault contre-enquête (2014), et Zabor, qu’il publie en cette rentrée que Kamel Daoud est aussi un romancier majeur de notre époque.
Ce n’est pas tout. Au cœur d’un monde arabe en plein bouleversement, l’homme incarne aujourd’hui les valeurs humanistes et progressistes d’un monde nouveau, libre, indépendant auquel il s’accroche avec rage et courage. Nous l’avons rencontré.
Vous dites du personnage de Zabor que c’est un peu vous. Est-ce à dire que le roman est une autobiographie déguisée, ou une variation poétique sur votre vie ?
C’est ce que j’appellerais une autobiographie fabulée, amplifiée, magique, poétique. Il ne s’agit pas seulement de raconter ma vie physique, ma vie quotidienne, mon enfance ou mon adolescence. C’est aussi l’histoire de mes idées. S’il y a quelque chose d’absolument autobiographique dans ce livre, ce sont mes idées, mes découvertes de la langue, ce que je pense de la littérature…
Avez-vous le sentiment, comme Zabor, que lire vous a sauvé ?
Je pense que lire, faire lire, écrire, traduire aide à relativiser beaucoup de dogmes et de dogmatisme, aide à faire revenir l’homme à son humanité. Ça m’a été très utile, oui, sachant que je suis né dans une culture très verrouillée, d’abord sur un récit national de guerre de libération, sur le récit colonial, et en même temps sur le récit religieux. Lorsque vous découvrez les livres, c’est comme si vous découvriez une alternative à un monde fermé. Pour moi, le salut est venu par les livres. Lorsqu’on me demande souvent en Occident « qu’est-ce que nous pouvons faire contre le mal de ce siècle », je leur dis : essayez de faire lire. Aux gens qui ont la capacité de décider, je dis : faites traduire, faites circuler le livre. La bataille culturelle dans nos territoires est en train d’être perdue parce qu’on ne traduit pas assez. Parce que les livres ne circulent pas. Oui, ce qui circule, ce sont les livres qui font mal, qui apprennent à tuer, à mépriser, à ignorer, à nier.
Vous n’êtes pas très optimiste.
Si je n’étais pas optimiste, je me contenterais de vivre ma vie. Ce n’est pas ça. Mais je suis quelqu’un qui aime beaucoup qu’on soit lucide, conscient de ce qui se passe. Et ce qui se passe, c’est que d’un point de vue culturel et du point de vue des idées, nous sommes en train de perdre du terrain. Parce que la force éditoriale de l’adversaire est très forte. Vous avez un royaume qui a beaucoup d’argent, qui peut financer des mosquées, des livres gratuits sans droits d’auteur, des prêcheurs qui peuvent circuler, des mécénats, etc. Et en face, nous avons des romans, des livres, des idées qui ne circulent pas.
Vous accumulez ces derniers jours les rencontres publiques, dans votre pays, pour présenter Zabor. Comment votre livre est-il reçu, en Algérie ?
J’ai fait une tournée, pour une ou deux raisons. La première, c’est que je tiens à voir ce que je peux peut-être provoquer dans mon propre pays, et comment je suis lu. La seconde, c’est que j’aimerais rendre accessible le livre, aider à reformer le lectorat, encourager la lecture. C’est pour ça que je vais dans les villages et dans les villes. J’ai été surpris jusqu’à l’émotion par l’affluence des gens. Avoir 500 personnes dans une ville moyenne de Kabylie et signer une moyenne de 250 exemplaires par séance de signature, c’est énorme, dans notre pays. Ce que j’en ai conclu, c’est que beaucoup de gens ont besoin aujourd’hui de figures qui incarnent une réflexion alternative au conservatisme et à l’islamisme. Ils ont besoin de croire qu’il y a quelqu’un qui réfléchit sur la mort, la sexualité, le corps, sujets qui relèvent du monopole des conservateurs, ici. J’ai l’impression que les gens avaient et ont besoin d’espérer. Ils ont besoin d’un visage, de quelqu’un qui réfléchit, ou bien qui affirme sa propre liberté, sa propre indépendance. Franchement, j’ai été plus que surpris. C’est une expérience extraordinaire que j’ai vécue.
C’est une bonne nouvelle. Ça voudrait dire qu’il y a aujourd’hui la place pour entendre un autre discours.
Bien sûr qu’il y a de la place. Et la preuve, c’est la réaction extrêmement virulente, au lendemain d’une de mes lectures, d’une télé islamique en Algérie. Parce que là, ils savent qu’il y a des enjeux, et qu’ils sont en train de perdre de l’audience sur des questions idéologiques qu’ils ont toujours monopolisées. C’est pour ça qu’ils se déchaînent. Je ne pense pas que tout soit perdu.
Zabor écrit pour faire barrage à la mort, et à tout ce qui va avec, comme les menaces de mort, qui vous poursuivent depuis décembre 2014. Zabor est-il du coup un livre de résistance ?
Oui. Ecrire, dans des milieux fermés, c’est un acte de résistance. On l’a vu avec l’Europe communiste ou avec les fascismes du vingtième siècle. Il y a des moments où même une petite fable, comme La ferme aux animaux d’Orwell, c’est un acte de résistance.
Comment vit-on, quand on a comme vous, des menaces de mort sur le dos ? Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie ?
Ça a changé ce que ça a changé dans votre quotidien à vous. Un peu plus de vigilance, de prudence. Je n’aime pas me mettre en avant sur ces questions de menace. Je pense qu’actuellement, tout le monde est menacé. Tout ce qui incarne une différence, tout ce qui incarne un exercice de droit de pensée et de liberté est menacé. Je n’aime pas cette figure de l’intellectuel martyr. C’est indécent, face à tout ce qui se passe.
Hier vous étiez journaliste. Aujourd’hui vous voilà romancier. Qu’est-ce que cela change ?
Le rapport au temps. Le journalisme est une passion, pour moi. Mais l’actualité va si vite. Alors la littérature permet de réfléchir beaucoup plus sereinement, avec beaucoup plus de générosité et de temps sur des faits, des cultures, des situations. Il ne s’agit pas de deux natures différentes, mais de deux manières de réfléchir sur le même matériel. Le romancier est dans le monde, il ne vit pas ailleurs. Nous vivons dans ce monde. Quand vous écrivez un livre, il a le sens du loisir, le sens de la réflexion. Il a aussi un sens politique. Je ne vois pas en quoi on peut échapper à ça.
Les poètes, écrivains, artistes, qui s’expriment sans armes, ont toujours fait peur aux régimes forts. Comment expliquer ce mystère ?
C’est une vieille histoire du monde, entre le poète et le roi, entre l’écrivain et le dictateur. Je pense que toute dictature, tout conservatisme, tout fascisme, se construit d’abord sur un récit univoque, unique. Et quand ce récit est dérangé par des récits alternatifs, qui portent d’autres explications du monde, on assiste à ça : on détruit, on décapite les écrivains… C’est une vieille histoire. On ne peut pas consolider une dictature sans avoir détruit la culture.
Zabor est un prophète alternatif. Vous qui avez été croyant dans votre jeunesse et qui avez pris vos distances par la suite, quel bilan faites-vous aujourd’hui de la religion ?
La religion, c’est pour moi de l’ordre de l’intime. Je n’aime pas quand on me demande si je suis musulman ou pas. Je n’ai pas à répondre. Je suis fasciné par les grandes spiritualités et les questions théologiques. Je n’aime par contre pas les dogmes. Mais chacun est libre de croire ce qu’il veut. La tentation religieuse, elle est là, dans beaucoup de parcours, chez beaucoup de personnes. Je suis passé par la foi et je ne considère pas que ce soit une erreur de jeunesse. Je revendique mon parcours. Et je revendique aussi ma liberté d’avoir un parcours, au lieu de me contenter d’avoir une seule vision du monde. Ce que j’ai vécu, ce que j’ai choisi de croire m’a beaucoup aidé, pour construire les croyances présences.
Votre livre est un hymne à la femme. Pas de dignité possible pour l’homme, dites-vous, tant que la femme sera traitée comme elle l’est aujourd’hui.
Tout à fait. Tant que la femme sera emprisonnée, nous ne serons pas libres. Il ne s’agit pas de défendre le droit de la femme par féminisme. C’est autre chose. J’ai compris depuis quelques années que je ne pourrais pas me sentir libre et lié au monde par un livre saint là où il y a un rapport morbide à la femme, à la sexualité, au corps, au désir. Et ma défense de la femme participe de la défense de ma propre liberté.
Comment les femmes du Maghreb réagissent-elles à ces propos ?
Il y a beaucoup de femmes qui se battent. Elles se battent avec leurs propres moyens, leurs propres convictions. C’est une situation très difficile pour elles. En face, vous avez des machines de propagande qui sont énormes, et beaucoup plus puissantes. Et puis, vous avez ce deal entre les régimes conservateurs et l’islamisme. Ce sont des alliés, qui essaient d’immobiliser la société. Quand on veut immobiliser une société, on s’attaque à ses leaders, pour les isoler, mais aussi à la question de la femme. Ce qui m’étonne quand je suis en Occident, c’est quand on me demande où sont ces voix qui se battent dans le monde dit arabe. L’effet médiatique d’un islamiste est beaucoup plus frappant, il aveugle tout le reste. Les femmes qui se battent sont pourtant très nombreuses.
Commentaire