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Les délires effrayants de Victor Hugo

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  • Les délires effrayants de Victor Hugo

    Dans un livre étonnant*, l'historien Christophe Bourseiller revient sur les tocs et les délires cachés des génies tels que Proust ou Erik Satie. Inquiétant.

    On sait que les plus grands créatifs sont parfois de sacrés névrosés... L'écrivain et journaliste Christophe Bourseiller s'est amusé à lister quelques cas édifiants dans son dernier livre Et s'ils étaient tous fous ? (éditions La Librairie Vuibert). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les psys vont se régaler en scrutant de près les pathologies de certains de ces artistes ou écrivains mondialement connus... Un exemple ? Le poète Gérard de Nerval qui dès ses 32 ans se fait remarquer en promenant dans les jardins du Palais-Royal un homard vivant au bout d'un ruban bleu en guise de laisse. Un autre jour, la police l'interpelle dans les rues de Paris en train de battre des bras, nu comme un ver, pour voler comme un oiseau... Direction la clinique pour huit mois de soins, qui n'empêcheront pas le retour d'hallucinations délirantes.
    Plus méconnues, les névroses obsessionnelles du compositeur Erik Satie, qui s'enterre, à la fin de sa vie, dans un réduit de dix mètres carrés à Arcueil. Pauvre comme Job, il vit au milieu de ses piles de mouchoirs, de nombreux costumes identiques, 14 parapluies soigneusement emballés en rang d'oignons, et des milliers de petits dessins miniatures, de la taille de grands timbres-poste représentant des châteaux forts que le musicien collectionne avec persévérance...
    Et que dire des comportements sadiques de Marcel Proust ? À la fin de sa vie, l'auteur d'À la recherche du temps perdu n'aime rien tant que demander à ses gitons d'organiser des rituels pervers et cruels sur des animaux... Son supplice favori consiste à faire souffrir des rats en cage, d'abord fouettés par un jeune prostitué, puis percés par des épingles jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ensuite, l'écrivain dispose autour de la cage des photos de proches, sur lesquelles il crache avec son compagnon, tout en proférant des insultes.
    Monstres tapis dans l'ombre

    Le meilleur reste pour la fin avec Victor Hugo, hanté par ses fantômes jusqu'à son dernier soupir. On sait que le grand écrivain devient un adepte du spiritisme lors de son exil sur l'île de Jersey, après le coup d'État du prince Louis-Napoléon. Cette pratique est à la mode, Hugo se laisse convaincre, surtout quand il est persuadé d'être entré en contact avec sa chère fille Léopoldine, disparue trop tôt dans une terrible noyade. Hugo en redemande, il établit même des comptes rendus, dit converser avec Robespierre, Hannibal, Molière ou encore Platon, et même des animaux comme le lion d'Androclès... On s'assit autour d'un guéridon, l'esprit est convoqué, on pose des questions, le défunt dicte sa parole en frappant la table de plusieurs coups qui indiquent des lettres précises. C'est ainsi que l'écrivain assure que Shakespeare en personne lui a délivré un poème...
    Puis tout bascule en 1855, quand l'un des participants aux soirées occultes revient un jour chez Hugo visiblement très agité, comme possédé, hurlant des menaces tout en brandissant une arme. L'écrivain, sans doute impressionné, cesse alors les séances de spiritisme du jour au lendemain. Mais sans parvenir à se débarrasser des esprits qui vont le hanter jusqu'à sa mort. Il entend régulièrement des frappements dans les murs, des respirations toutes proches, des frôlements dans les pièces, ses nuits sont régulièrement troublées, les forces semblent s'animer le soir... Il va jusqu'à leur donner un nom : « les Auxcriniers », des « trouble-sommeil nocturnes », comme il les désigne en 1865. « D'un seul coup, écrit l'auteur Christophe Bourseiller, Victor Hugo se trouve terrassé par la frousse. Lui qui ne craint ni Napoléon III ni ses polices, il se croit environné de monstres tapis dans l'ombre qui rêvent de lui voler son âme. » Dans cet esprit fécond, les diablotins le disputaient aux muses.

    * Et s'ils étaient tous fous, enquête sur la face cachée des génies de Christophe Bourseiller, éditions La Librairie Vuibert.

    le Point fr
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