Les pires armes jamais créées – les bombes atomiques et nucléaires – font un retour fracassant dans l’actualité. Les Nord-Coréens prétendent avoir fait exploser au début du mois leur première bombe à hydrogène. Le président Trump évoque la « destruction totale de la Corée du Nord »,
vraisemblablement à l’arme nucléai*re. Et les Iraniens menacent de relancer leur programme militaire nucléaire si les États-Unis déchirent l’entente conclue sous Barack Obama. Back by popular demand !
Il régnait pourtant un si bel optimis*me lors de l’effondrement du mur de Berlin et de la chute de l’URSS. L’armement atomique apparaissait, à cette époque, comme une excroissance monstrueuse de la guerre froide au cours de laquelle deux idéologies, deux systèmes, deux puissances se faisaient face pour convaincre et conquérir le reste du monde.
Nous en étions presque venus à les oublier, ces armes de « destruction mutuelle assurée », tant nous sommes devenus obsédés, à juste titre, par ces islamistes – en groupe ou isolés – qui, à coups de bombes artisanales et de camions-béliers, tuent ou mutilent des innocents tout en ébranlant les piliers de l’hospitalité et de la tolérance de nos sociétés démocratiques.
Kim Jong-un, le jeune leader nord-coréen, a remis tout le monde au pas. Sa marche accélérée vers un arsenal nucléaire proprement nord-coréen nous rappelle qu’il y a, dans le fait de posséder la plus terrifiante de toutes les armes, plus qu’une volonté de devenir une superpuissance.
TOUCHE PAS À MES BOMBES !
Ça ne saute pas aux yeux, à entendre le ton des échanges entre Russes et Américains, mais les deux géants réduisent lentement, très lentement leur arsenal nucléaire dans le respect du traité New START en vigueur depuis 2011. Le hic, c’est qu’il y a un peu moins d’ogives, mais toujours plus d’argent investi dans ces programmes nucléaires.
SIPRI, l’acronyme du très crédible Institut international de recherche pour la paix de Stockholm, a fait le calcul en début d’année. Les neuf pays membres du sinistre club des puissan*ces nucléaires possèdent ensemble 14 935 ogives, 460 de moins qu’en 2016.
Une réduction que l’on doit essentiellement aux États-Unis et à la Russie qui, en passant, continuent de dominer les autres joueurs puisque détenant, entre eux deux, 93 % de toutes les armes nucléaires de la planète. Et ça ne risque pas de changer : Washington et Moscou investissent massivement sinon dans la multiplication des bombes, certainement dans leur modernisation et leur sophistication.
UN INVESTISSEMENT
QUI RAPPORTE QUOI ?
Selon les experts de SIPRI, les Américains planifient d’investir 400 milliards de dollars entre 2017 et 2026 pour garder leur arsenal à jour. Les Chinois ont un vaste programme pour améliorer la qualité de leur armement nucléaire. Indiens et Pakistanais veulent, chacun de leur côté, augmenter autant le nombre d’ogives que de missiles pour les porter. Et puis, il y a la Corée du Nord.
À quoi bon mettre autant d’argent dans un arsenal que personne n’espère utiliser ? La puissance militaire, bien sûr, mais le prestige aussi : l’Iran, en devenant la première puissance nucléaire chiite, verrait son influence décupler dans le monde musulman.
La grande bombe, c’est aussi l’arme ultime de survie. Mouammar Kadhafi, en Libye, aurait-il été lâché aussi vite s’il n’avait pas cédé, quelque temps plus tôt, l’expertise nucléaire que ses scientifiques avaient développée ?
La Russie aurait-elle envahi aussi cavalièrement la Crimée si l’Ukraine avait conservé l’arsenal nucléaire qu’elle avait hérité de l’Union soviéti*que ? À Pyongyang comme à Téhéran, on a compris que les choses peuvent dégénérer vite quand on désarme.
Des leçons qui ne s’oublient pas.
RÉPARTITION DE L’ARMEMENT NUCLÉAIRE DANS LE MONDE
Pays 1er test nucléaire Ogives actives Autres ogives Total en 2017
États-Unis 1945 1800 5000 6800
Russie 1949 1950 5050 7000
Royaume-Uni 1952 120 95 215
France 1960 280 20 300
Chine 1964 270 270
Inde 1974 20-130 120-130
Pakistan 1998 130-140 130-140
Israël 1966 80 80
Corée du Nord 2006 10-20 10-20
Total 4150 10 785 14 935
(SIPRI, Janvier 2017)
D’UNE EXPLOSION À L’AUTRE
Août 1945 États-Unis Little Boy (Hiroshima) 15 kilotonnes
Août 1945 États-Unis Fat Man (Nagasaki) 21 kilotonnes
Mars 1954 États-Unis Castle Bravo 15 000 kT
Octobre 1961 Russie Tsar Bomba 57 000 kT
Octobre 1967 Chine Test #6 3300 kT
Septembre 2017 Corée du Nord (Bombe H ?) 250 kT
le Journal de Montréal
vraisemblablement à l’arme nucléai*re. Et les Iraniens menacent de relancer leur programme militaire nucléaire si les États-Unis déchirent l’entente conclue sous Barack Obama. Back by popular demand !
Il régnait pourtant un si bel optimis*me lors de l’effondrement du mur de Berlin et de la chute de l’URSS. L’armement atomique apparaissait, à cette époque, comme une excroissance monstrueuse de la guerre froide au cours de laquelle deux idéologies, deux systèmes, deux puissances se faisaient face pour convaincre et conquérir le reste du monde.
Nous en étions presque venus à les oublier, ces armes de « destruction mutuelle assurée », tant nous sommes devenus obsédés, à juste titre, par ces islamistes – en groupe ou isolés – qui, à coups de bombes artisanales et de camions-béliers, tuent ou mutilent des innocents tout en ébranlant les piliers de l’hospitalité et de la tolérance de nos sociétés démocratiques.
Kim Jong-un, le jeune leader nord-coréen, a remis tout le monde au pas. Sa marche accélérée vers un arsenal nucléaire proprement nord-coréen nous rappelle qu’il y a, dans le fait de posséder la plus terrifiante de toutes les armes, plus qu’une volonté de devenir une superpuissance.
TOUCHE PAS À MES BOMBES !
Ça ne saute pas aux yeux, à entendre le ton des échanges entre Russes et Américains, mais les deux géants réduisent lentement, très lentement leur arsenal nucléaire dans le respect du traité New START en vigueur depuis 2011. Le hic, c’est qu’il y a un peu moins d’ogives, mais toujours plus d’argent investi dans ces programmes nucléaires.
SIPRI, l’acronyme du très crédible Institut international de recherche pour la paix de Stockholm, a fait le calcul en début d’année. Les neuf pays membres du sinistre club des puissan*ces nucléaires possèdent ensemble 14 935 ogives, 460 de moins qu’en 2016.
Une réduction que l’on doit essentiellement aux États-Unis et à la Russie qui, en passant, continuent de dominer les autres joueurs puisque détenant, entre eux deux, 93 % de toutes les armes nucléaires de la planète. Et ça ne risque pas de changer : Washington et Moscou investissent massivement sinon dans la multiplication des bombes, certainement dans leur modernisation et leur sophistication.
UN INVESTISSEMENT
QUI RAPPORTE QUOI ?
Selon les experts de SIPRI, les Américains planifient d’investir 400 milliards de dollars entre 2017 et 2026 pour garder leur arsenal à jour. Les Chinois ont un vaste programme pour améliorer la qualité de leur armement nucléaire. Indiens et Pakistanais veulent, chacun de leur côté, augmenter autant le nombre d’ogives que de missiles pour les porter. Et puis, il y a la Corée du Nord.
À quoi bon mettre autant d’argent dans un arsenal que personne n’espère utiliser ? La puissance militaire, bien sûr, mais le prestige aussi : l’Iran, en devenant la première puissance nucléaire chiite, verrait son influence décupler dans le monde musulman.
La grande bombe, c’est aussi l’arme ultime de survie. Mouammar Kadhafi, en Libye, aurait-il été lâché aussi vite s’il n’avait pas cédé, quelque temps plus tôt, l’expertise nucléaire que ses scientifiques avaient développée ?
La Russie aurait-elle envahi aussi cavalièrement la Crimée si l’Ukraine avait conservé l’arsenal nucléaire qu’elle avait hérité de l’Union soviéti*que ? À Pyongyang comme à Téhéran, on a compris que les choses peuvent dégénérer vite quand on désarme.
Des leçons qui ne s’oublient pas.
RÉPARTITION DE L’ARMEMENT NUCLÉAIRE DANS LE MONDE
Pays 1er test nucléaire Ogives actives Autres ogives Total en 2017
États-Unis 1945 1800 5000 6800
Russie 1949 1950 5050 7000
Royaume-Uni 1952 120 95 215
France 1960 280 20 300
Chine 1964 270 270
Inde 1974 20-130 120-130
Pakistan 1998 130-140 130-140
Israël 1966 80 80
Corée du Nord 2006 10-20 10-20
Total 4150 10 785 14 935
(SIPRI, Janvier 2017)
D’UNE EXPLOSION À L’AUTRE
Août 1945 États-Unis Little Boy (Hiroshima) 15 kilotonnes
Août 1945 États-Unis Fat Man (Nagasaki) 21 kilotonnes
Mars 1954 États-Unis Castle Bravo 15 000 kT
Octobre 1961 Russie Tsar Bomba 57 000 kT
Octobre 1967 Chine Test #6 3300 kT
Septembre 2017 Corée du Nord (Bombe H ?) 250 kT
le Journal de Montréal
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