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Le Maroc et la France en concurrence pour séduire la Côte d’Ivoire

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    Le Maroc et la France en concurrence pour séduire la Côte d’Ivoire
    Antoine Thirion / chargé de développement et responsable commercial
    (Europe) Le 29/09


    Depuis près de six ans, l’économie ivoirienne est au beau fixe. Dans un contexte de ralentissement global en Afrique, l’exception ivoirienne suscite l’appétit de Paris, mais aussi de Rabat, qui a multiplié les rapprochements avec Yamoussoukro au cours des dernières années.
    Le 29 août 2017, Emmanuel Macron a reçu son homologue ivoirien Alassane Ouattara pour la deuxième fois en moins de trois mois. Une seconde rencontre qui confirme l'intérêt français pour la République d'Afrique de l'ouest : Ouattara était également le premier chef d'État africain reçu par Emmanuel Macron.

    "Nos deux pays sont pleinement engagés pour agir de concert", assurait à cette occasion le président français. Lors de leurs échanges, les deux dirigeants ont abordé les questions des accords d'éducation entre les deux nations, du développement durable et de la sécurité. Mais c'est avant tout le dynamisme économique d'Abidjan qui retient l'attention de l'hexagone.
    Pour la Côte d'Ivoire, en effet, tous les voyants sont au vert. Pour rappel, l'économie ivoirienne est la deuxième en Afrique Subsaharienne, derrière l'Afrique du Sud. Elle a affiché une croissance moyenne de 9 % de 2012 à 2016, et vise 8,5 % pour 2017. Ce dynamisme remarquable a permis un recul important de la pauvreté, et ce malgré une crise du secteur du cacao du fait des conditions climatiques défavorables. Cette résilience dans la tempête a rassuré les investisseurs sur la solidité économique du pays, et en avril 2016, une aide de 15,4 milliards de dollars sous la forme de dons et de prêts a été promise pour le financement du nouveau programme national de développement (PND).
    Ce regain d'attractivité, après une période de troubles politiques qui a jeté le pays dans le chaos, n'a d'ailleurs pas échappé à ses voisins : "La Côte d'Ivoire, en réalité, est un pays d'origine et un pays de destination, je vous le disais. Le quart de la population de la Côte d'Ivoire est constitué de non-Ivoiriens venant des pays voisins. Nous continuerons de jouer notre part et faire en sorte que nous puissions consolider les progrès économiques", soulignait justement Alassane Ouattara lors du dernier sommet Union africaine - Union européenne. Elle a aussi tapé dans l'oeil de Paris, qui s'est lancée dans le financement d'une multitude de projets en Côte d'Ivoire.

    Deux visions qui coincident

    Entre Paris et Yamoussoukro - capitale politique ivoirienne -, les collaborations se multiplient.
    Paris a ainsi prévu une enveloppe de deux milliards d'euros, allouée aux grands projets d'infrastructures et aux réformes structurelles, notamment dans le secteur de la finance et de la gestion des dépenses publiques pour les trois ans à venir.
    1,4 milliard d'euros sont promis pour l'ambitieux projet de construction d'un métro à Abidjan porté par des entreprises françaises. D'ici 2020, le nouveau réseau de transports doit assurer la connexion entre Anyama, au nord de la capitale économique et la commune de Port-Bouët, au sud de la ville, où se trouve l'aéroport Felix Houphouët-Boigny (37,9 kilomètres).
    Autre sujet de concorde : le Franc CFA. Alors que récemment des voix se sont levées afin de réformer - voire de sortir - du système de monnaie commune africaine indexé sur le Franc, Alassane Ouattara a fait savoir qu'il était pour sa part "favorable" à ce système fiduciaire. "Notre zone monétaire est une zone solide. (....) Cette monnaie rend service au peuple africain, elle est très appréciée, elle circule entre les pays voisins", a-t-il ainsi déclaré. Ce dernier veut notamment l'élargissement de la région monétaire à tous les pays de la Cedeao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) dont il occupe actuellement la présidence tournante. Une corrélation d'intérêts qui assure à l'amitié entre les deux pays de beaux jours.

    Un nouveau prétendant : le Maroc

    Cependant, si la France est le pays qui a soutenu le plus de nouveaux projets en Côte d'Ivoire (9 au total), elle occupe désormais la deuxième place en termes de capitaux injectés (112 millions de dollars). Pour la deuxième année consécutive, c'est le Maroc qui est le premier pourvoyeur de fonds pour Yamoussoukro (213 millions de dollars en 2016). De fait, Rabat monte en puissance en Côte d'Ivoire et l'État marocain, tout comme les entreprises marocaines sont de plus en plus actives via de nombreux partenariats multisectoriels.
    Le Groupement d'impulsion économique Maroc-Côte d'Ivoire (GIEMCI) et la signature, le 21 janvier 2015, du mémorandum d'entente pour le renforcement du partenariat économique avancé ont notamment permis d'augmenter considérablement le volume des échanges commerciaux entre les deux pays : il a été multiplié par 4 depuis 2013. La Côté d'Ivoire a pu ainsi bénéficier de la création de 3787 nouveaux emplois, soit la 3e meilleure performance du continent derrière l'Algérie (+42 %) et la Tunisie (+60 %).
    Toutefois, cette entrée fracassante du royaume chérifien dans l'économie ivoirienne prive la France de marchés importants et d'un relai pour son influence en Afrique. Pour rappel, on compte aujourd'hui 15 000 Français en Côte d'Ivoire. Aussi, les efforts de séduction déployés par Emmanuel Macron depuis son élection ne sont pas innocents. Et ce, d'autant plus que les autres principaux partenaires du pays sont à la traîne - les États-Unis (22 millions de dollars), le Royaume-Uni (17 millions de dollars) et la Chine (16 millions de dollars).



    lesechos.fr
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