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Algérie. Un État qui dépense sans compter

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  • Algérie. Un État qui dépense sans compter

    Face à une grave crise financière, le pouvoir annonce le maintien d’une politique sociale coûteuse et du train de vie de l’État à son niveau actuel, en imprimant de l’argent pour faire face à ses besoins.

    Dans un discours qui restera certainement célèbre pour de mauvaises raisons, [le Premier ministre] Ahmed Ouyahia a d’abord cherché, le 17 septembre, à rassurer les Algériens. Son message était clair : il n’y a aucune inquiétude à avoir, le gouvernement a trouvé la parade à la crise [due à la chute du prix des hydrocarbures qui représentent 60 % des recettes budgétaires]. Elle s’appelle par euphémisme “le financement non conventionnel”. En réalité, il s’agit de recourir à la planche à billets pour financer les dépenses de l’État. Et il y en aura pour tout le monde.

    En effet, le Premier ministre a bien pris soin de n’oublier personne. Les bénéficiaires de transferts sociaux peuvent se tranquilliser, on ne touchera pas aux subventions généralisées qui profitent actuellement à tout le monde, y compris les plus aisés. “L’ensemble des subventions en place sur les produits de base demeureront en vigueur” tandis que “le niveau des transferts sociaux restera au niveau inchangé de 23 % du PIB en 2018”, avec à la clé un programme colossal de 1,6 million de nouveaux logements à livrer d’ici 2019.

    Les salaires des fonctionnaires, bien sûr, sont garantis. Concernant les retraités, Ahmed Ouyahia promet que, l’année prochaine, l’État va accroître sensiblement sa contribution au Fonds national des retraites qui assure déjà près d’un quart des dépenses de la Caisse nationale des retraites (CNR).

    Pas de souci non plus du côté des entreprises publiques, Sonatrach et Sonelgaz en tête, qui seront même les principales bénéficiaires du nouveau dispositif en récupérant leurs créances en souffrance depuis plusieurs années. Ces deux groupes attendent des remboursements de respectivement 9 milliards et 6 milliards de dollars, soit un total de 15 milliards de dollars. Bonne nouvelle aussi pour les entreprises privées qui ont des contrats avec l’État. C’est Ali Haddad [homme d’affaires, président du Forum des chefs d’entreprise, Haddad est proche de Saïd Bouteflika, le frère du président] qui le dit : “L’État va pouvoir payer ses arriérés” qui avaient plongé beaucoup d’entreprises, dépendantes de la commande publique, dans des difficultés de trésorerie inextricables.

    En face de ces dépenses nouvelles, le Premier ministre l’a également expliqué très clairement, il n’y aura strictement aucune recette nouvelle et “le gouvernement n’a pas l’intention d’augmenter les impôts” dans la loi de finances 2018. En résumé, le gouvernement a un “dispositif d’exception” pour financer une politique sociale coûteuse, tout en maintenant le train de vie de l’État à son niveau actuel et en remettant à flot les entreprises publiques et privées. Combien tout cela va-t-il coûter ? On n’en sait rien et M. Ouyahia lui-même ne donne que quelques vagues indications.

    Transparence et contrôle parlementaire

    Dans ce qui pourrait être pris comme une estimation maximale, le Premier ministre n’a pas hésité à évaluer à environ 20 milliards de dollars par an pendant quatre à cinq ans les besoins de l’État pour combler le déficit budgétaire, renflouer les banques qui manquent d’argent, relancer certains projets et même payer les créances de plusieurs entreprises publiques.

    Pour calmer les inquiétudes que pourrait provoquer l’évocation d’une utilisation aussi massive de la planche à billets, Ahmed Ouyahia a ajouté que le niveau actuel de la dette interne dans notre pays, qui ne dépasse pas 20 % du PIB, nous laisse encore des marges de manœuvre importantes par rapport à beaucoup de pays voisins où il atteint couramment 70 % du PIB. Autrement dit, l’Algérie peut s’endetter encore davantage.

    La réaction la plus intéressante est venue d’Alexandre Kateb [économiste, membre de la task force mise en place en décembre 2015 par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal pour envisager un nouveau modèle économique]. Kateb ne se contente pas de réclamer des informations précises sur le volume de la dette, il réclame également la plus grande transparence et un contrôle parlementaire sur ce dispositif d’exception. Espérons que cela donnera des idées à nos députés.

    Hassan Haddouche
    TSA
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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