AfghanistanCes «enfants danseurs» abusés par des hommes de pouvoir en Afghanistan sont utilisés par les talibans pour espionner ou tuer.
Si vous avez vu le film du Suisse Mark Forster, «Les cerfs-volants de Kaboul», vous savez ce qu'est le «Bacha bazi». Cette pratique ancestrale, toujours perpétuée dans les régions pachtoune d'Afghanistan et du Pakistan, consiste pour des hommes puissants (chefs de guerre, policiers, politiciens, militaires) en la possession d'un esclave mineur à demeure, qui et est souvent contraint à des rapports sexuels et danse, habillée en femme, lors de soirées passées entre hommes.
1. Une pratique ancestrale d'Asie centrale
Bacha bazi veut dire littéralement «Jouer avec les garçons» en dari, l'une des deux langues officielles afghanes. On retrouve trace d'enfants danseurs et prostitués au XIXe siècle en Turquie, en Afghanistan et dans l'ancienne région du Turkestan, qui recouvraient les actuels Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan et Kazakhstan. Dans la société afghane, la possession d'un bacha est un symbole social d'autorité et d'influence dans les région pachtounes et tadjik.
2. Un esclavage sexuel interdit par la loi
Si la loi afghane punit le viol et criminalise l'homosexualité, elle ne dit rien du «bacha bazi». Elle bénéficie d'une impunité d'autant plus forte qu'elle est répandue dans la police et chez des hommes de pouvoir, qui sont prêts à payer pour échapper aux sanctions. Durant la période de gouvernement taliban, entre 1996 et 2001, le «bacha bazi» était interdit.
3. Des enfants enlevés ou vendus
Les «bachas» sont le plus souvent vendus par leur propre famille de milieux pauvres d'Afghanistan. Certains sont même enlevés. La Commission indépendante des droits de l'homme en Afghanistan souligne que cette pratique a prospéré sur l'absence de l'Etat de droit, l'illétrisme, la pauvreté, l'insécurité et la ségrégation des sexes. Dans un rapport la Commission décrit des «victimes régulièrement violées, souffrant souvent de graves traumatismes psychologiques».
4. Une arme des talibans
Aujourd'hui, les insurgés talibans utilisent ces jeunes esclaves sexuels pour approcher des policiers ou des commandants militaires. Les «bachas» empoisonnent ou tuent à l'arme blanche leurs abuseurs après les avoir drogués. Les talibans se servent aussi depuis deux ans de ces garçons pour espionner les autorités et militaires afghans avant de lancer des attaques.
5. L'ONU s'en mêle. En vain
En 2011, le réprésentant spécial de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, a fait signer au gouvernement afghan un protocole pour mettre un terme à la pratique du «bacha bazi» dans les hautes sphères policières du pays. Cependant, ce protocole est resté lettre morte et l'on assiste à un recrudescence du «bacha bazi» depuis deux ans. Dans un rapport de décembre dernier, le Congrès américain estimait que le «comportement de prédateur sexuel des soldats et policiers afghans était susceptible de miner le soutien américain (qui est aussi financier) et afghan à ces forces».
Tribune de Genéve
TDG
Si vous avez vu le film du Suisse Mark Forster, «Les cerfs-volants de Kaboul», vous savez ce qu'est le «Bacha bazi». Cette pratique ancestrale, toujours perpétuée dans les régions pachtoune d'Afghanistan et du Pakistan, consiste pour des hommes puissants (chefs de guerre, policiers, politiciens, militaires) en la possession d'un esclave mineur à demeure, qui et est souvent contraint à des rapports sexuels et danse, habillée en femme, lors de soirées passées entre hommes.
1. Une pratique ancestrale d'Asie centrale
Bacha bazi veut dire littéralement «Jouer avec les garçons» en dari, l'une des deux langues officielles afghanes. On retrouve trace d'enfants danseurs et prostitués au XIXe siècle en Turquie, en Afghanistan et dans l'ancienne région du Turkestan, qui recouvraient les actuels Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan et Kazakhstan. Dans la société afghane, la possession d'un bacha est un symbole social d'autorité et d'influence dans les région pachtounes et tadjik.
2. Un esclavage sexuel interdit par la loi
Si la loi afghane punit le viol et criminalise l'homosexualité, elle ne dit rien du «bacha bazi». Elle bénéficie d'une impunité d'autant plus forte qu'elle est répandue dans la police et chez des hommes de pouvoir, qui sont prêts à payer pour échapper aux sanctions. Durant la période de gouvernement taliban, entre 1996 et 2001, le «bacha bazi» était interdit.
3. Des enfants enlevés ou vendus
Les «bachas» sont le plus souvent vendus par leur propre famille de milieux pauvres d'Afghanistan. Certains sont même enlevés. La Commission indépendante des droits de l'homme en Afghanistan souligne que cette pratique a prospéré sur l'absence de l'Etat de droit, l'illétrisme, la pauvreté, l'insécurité et la ségrégation des sexes. Dans un rapport la Commission décrit des «victimes régulièrement violées, souffrant souvent de graves traumatismes psychologiques».
4. Une arme des talibans
Aujourd'hui, les insurgés talibans utilisent ces jeunes esclaves sexuels pour approcher des policiers ou des commandants militaires. Les «bachas» empoisonnent ou tuent à l'arme blanche leurs abuseurs après les avoir drogués. Les talibans se servent aussi depuis deux ans de ces garçons pour espionner les autorités et militaires afghans avant de lancer des attaques.
5. L'ONU s'en mêle. En vain
En 2011, le réprésentant spécial de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, a fait signer au gouvernement afghan un protocole pour mettre un terme à la pratique du «bacha bazi» dans les hautes sphères policières du pays. Cependant, ce protocole est resté lettre morte et l'on assiste à un recrudescence du «bacha bazi» depuis deux ans. Dans un rapport de décembre dernier, le Congrès américain estimait que le «comportement de prédateur sexuel des soldats et policiers afghans était susceptible de miner le soutien américain (qui est aussi financier) et afghan à ces forces».
Tribune de Genéve
TDG
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