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Les Morisques et le racisme d’Etat

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  • Les Morisques et le racisme d’Etat

    On a célébré cette année le cinquième centenaire de la chute du Royaume maure de Grenade et on a commémoré l’expulsion des juifs d’Espagne. On a, en revanche, peu parlé des Morisques. Le livre de l’historien espagnol Rodrigo de Zayas vient compléter, avec la plus haute compétence, cet oubli.

    Qui étaient les Morisques ? Des musulmans espagnols « convertis » au christianisme et qui constituèrent, de 1492 à 1609, la minorité la plus importante d’Espagne (10 % de la population). Exploitée et discriminée, cette minorité se souleva à plusieurs reprises et fut impitoyablement réprimée. Le 22 septembre 1609, un décret royal ordonnait son expulsion d’Espagne ; après le drame des juifs en 1492, les scènes de détresse et de désespoir se répétèrent.

    Par centaines de milliers, ils furent poussés à s’embarquer dans de frêles esquifs et, au nom d’un racisme d’Etat, boutés au sud du détroit de Gibraltar...

    Le Monde

    http://referentiel.nouvelobs.com/arc...921022_124.pdf
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    (...)Une gigantesque entreprise de « purification ethnique », dirait-on aujourd'hui. Dans chaque ville, chaque bourg d'Espagne, on arrête les familles, une par une, pour les embarquer sur les bateaux à destination de la Berbérie...

    Ils viennent à pied de tout le royaume. Beaucoup meurent en route, de soif, d'épuisement. Pour les transporter, on a fait venir les galères de Naples, de Gênes et d'ailleurs. Bientôt, la flotte militaire se révèle insuffisante. Alors on affrête des bateaux particuliers. les capitaines se font payer, tant par tête de Morisque. Mais ils trouvent plus rentable de les jeter à la mer hors de vue des ports espagnols et de revenir immédiatement prendre un nouveau chargement. Il y a plusieurs tentatives de rébellion, qui sont vite écrasées. L'Inquisiteur de Valence, Jaime Bleda a décrit cette expulsion de façon minutieuse.

    Imaginez : le royaume d'Espagne comptait 8 millions d'habitants en 1600. Les Morisques représentaient environ 10 % de cette population. 600 000 sont expulsés, et, d'après Jaime Bleda, 75 % meurent en route. Il serait exagéré de parler de génocide parce qu'il n'y a pas une décision d'Etat de les exterminer (encore que le projet ait été proposé à Philippe II, qui l'a rejeté), mais finalement le résultat, en pourcentage, est à peu près semblable à celui du génocide nazi. (...)
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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    • #3
      @Zek

      C'est une tragédie dont on ne parle jamais, alors qu'une bonne partie de la population algérienne est concernée par le sujet. Merci de l'avoir abordé.
      ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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      • #4
        Envoyé par delci
        C'est une tragédie dont on ne parle jamais, alors qu'une bonne partie de la population algérienne est concernée par le sujet. Merci de l'avoir abordé.
        Ce livre érudit (755 pages dont 306 consacrées à l'histoire de l'Espagne et les autres reproduisant les documents de la collection Holland), mais vif et alerte, conte le drame des Morisques, importante minorité de “nouveaux chrétiens” d'origine musulmane (10% de la population) expulsée d'Espagne en 1609. On y pointe l'origine du racisme politique, celui du Troisième Reich aussi bien que celui des sociétés contemporaines (Rwanda ...). Rodrigo de Zayas montre en effet comment, pour la première fois, un Etat s'est appuyé sur des “arguments” théologiques, moraux, historiques et économiques pour éliminer une minorité, s'emparant au passage de tous ses biens, après l'avoir exploitée pendant plus d'un siècle.

        C'est l'expérience d'une symbiose Eglise-Etat qui tend à institutionnaliser ce qui n'était au départ qu'un sectarisme purement religieux. “Le racisme d'Etat trouva là son ferment, mais ne devint pleinement une réalité qu'à partir du moment où l'Etat catholique considéra ses minorités religieuses a priori comme des communautés de peuples inassimilables et dangereuses, et non plus comme de simples communautés religieuses susceptibles d'être au moins soumises à une alternative la conversion ou la persécution” (p. 20).

        L'inquisition espagnole créa le concept de “nation” morisque (p.l20). Et les morisques seront simultanément accusés d'être d'habiles simulateurs se faisant passer pour des chrétiens et d'être bien connus pour continuer à chômer le vendredi et à travailler le dimanche (p. 203)

        Il y avait contradiction majeure “entre les intérêts des seigneurs censiers des Morisques, parmi lesquels de nombreux ecclésiastiques et des institutions catholiques, et la raison d'Etat confondue avec l'unité religieuse de l'Espagne, à l'instar de l'Israël des Livres de Samuel et des Rois” (p. 123). Ce fut la production par l'intolérance religieuse du racisme d'Etat qui triompha.

        “Si la persécution des juifs - le judaïsme est une religion - permet de qualifier l'Etat nazi d'Etat raciste, il ne fait aucun doute qu'en appliquant strictement les mêmes critères, l'Etat espagnol, en 1609, est un Etat raciste” (p. 260). La névrose religieuse est à la source de la conception d'“ennemi intérieur” qu'il faut éliminer. La question d'une “repentance” et de réparations se poserait donc pour l'Espagne jadis “très-catholique”.

        Voilà un beau pavé dans la mare et une réfutation directe des mensonges catholiques. tenus notamment par monsieur (Aron) Jean-Marie Lustiger imputant les racismes modernes à la montée de l'athéisme dans le monde.
        Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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        • #5
          Ma sensibilité et mon intérêt pour ce sujet relève peut-être du fait que je suis un de leurs descendants du côté de ma mère dont le bisaïeul portait le patronyme significatif de Andaloussi. Il reste à savoir si c'est un descendant de la première vague de migrants provenant d'Almeria et qui s'est installée au 11ème siècle à Dellys après avoir fuit la conquête almoravide, ou bien un descendant des andalous qui ont fui la Reconquista catholique qui a eu lieu quelques siècles plus tard. Mais la première hypothèse est la plus probable selon moi.
          Dernière modification par delci, 05 octobre 2017, 09h18.
          ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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          • #6
            Malheur aux vaincus .........
            " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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            • #7
              Nombreux espagnols descendant de morisques demandent que l’État espagnol reconnaisse officiellement le préjudice causé à ces Espagnols, tout comme ils l’ont fait en 1992 pour les juifs expulsés d’Espagne en 1492. N'ayant pas la puissance politico-financière de ces derniers, la demande de ces morisques n'a quasiment aucune d'aboutir.
              ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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              • #8
                Envoyé par Cell
                Malheur aux vaincus .........
                Et pourtant, les vaincus ont offert un immense capital aux vainqueurs y compris la découverte de l'Amérique, car Martín Alonso Pinzón issue d'une famille de riche armateur avec ses fréres était un navigateur et armateur morisque.



                Voilà un pan de l’histoire des Grandes découvertes complètement occulté des manuels scolaires.

                Nous avons tous appris à l’école que le grand navigateur Christophe Colomb a officiellement découvert l’Amérique en l’an de grâce 1492. La même année Isabelle de Castille boutait hors d’Ibérie les derniers Sarrazins de Grenade. Mais ce que l’on sait moins, c’est que les Maures d’Espagne n’ont pas tous rallié l’Afrique du Nord.

                Nombre d’entre eux, pour la plupart descendants des soldats berbères de l’armée de Tarik Ibn Ziyad (qui a donné son nom au piton rocheux de Gibraltar, le Djebel Tarik en arabe) et qui avait conquis l’Andalousie huit siècles plus tôt, sont restés et se sont progressivement intégrés à la nouvelle Espagne chrétienne.

                Martín Alonso Pinzón, le chef de la principale famille d'armateurs de Palos (aujourd’hui Huelva) d’où Colomb s’est élancé à l’assaut de l’Atlantique pensant rallier les Indes par l’Ouest, est l’un d’entre eux.

                C’est lui, d’après Le Point.fr qui raconte cette folle épopée, qui a armé la flotte de Colomb des trois célèbres Caravelle : La Santa Maria, la Nina (commandée par Martín Alonso Pinzón, frère de Martin) et la Pinta (commandée par Martin lui-même).

                Alors qu’il désepérait de trouver des navires et un équipage expérimenté pour son expédition, «miracle, un beau jour, Colomb reçoit la visite de Martín Alonso Pinzón, le chef de la principale famille d'armateurs de Palos, d'origine berbère. L'homme a bien réfléchi, il se dit que, si Colomb a raison en cherchant les Indes à l'ouest, c'est la fortune assurée. Il décide de tenter le coup en lui proposant une association. Dès lors, c'est du gâteau, Pinzón fournit deux caravelles de belle allure… » raconte Le Point.fr.

                En raison d’une avarie, les navires accostent aux Canaries.

                «Les deux frères Pinzón proposent à Colomb de faire escale à La Gomera, île gouvernée par leurs cousins les Gomeros, où ils sont accueillis le 11 août 1492 par Doña Beatriz de Bobadilla (ou de Bouabdallah). Les trois caravelles sont chargées de fruits et d'animaux vivants. Quelques volontaires dans la famille des Gomeros se joignent à l'expédition».

                Le début d’une aventure sans précédent dans l’histoire des conquêtes humaines…

                source Le Point.
                Dernière modification par zek, 05 octobre 2017, 10h23.
                Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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                • #9
                  Et pourtant, les vaincus ont offert un immense capital aux vainqueurs y compris la découverte de l'Amérique, car Martín Alonso Pinzón issue d'une famille de riche armateur avec ses fréres était un navigateur et armateur morisque.
                  ils n'ont rien offert , on leur a arraché

                  on leur a arraché , parce qu’ils ne pouvait pas garder

                  il ne pouvaient pas garder parce qu’ils étaient faibles .

                  et puisqu'ils etaient faibles , ils ont été vaincus.

                  ERgo ..... Malheur aux vaincus


                  CQFD
                  " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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                  • #10
                    il ne pouvaient pas garder parce qu’ils étaient faibles .

                    et puisqu'ils etaient faibles , ils ont été vaincus.
                    C'est l'implacable vérité.
                    ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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