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L’Iran, une réussite méconnue du socialisme

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  • L’Iran, une réussite méconnue du socialisme

    Par Ramin Mazaheri — 28 septembre 2017

    L’Iran a dernièrement tenu des élections présidentielles, mais cet article ne parlera pas des candidats, du résultat ou des conséquences politiques.
    Je travaille pour la chaine iranienne Press TV, ce qui fait basiquement de moi un fonctionnaire, et je pense qu’il est plus correct pour moi de ne pas révéler pour qui j’ai voté afin de préserver mon indépendance vis-à-vis du gouvernement. Je suis très heureux de travailler pour « le peuple » au lieu de travailler pour « une personne » – contrairement aux médias privés – et je soutiendrai tout candidat élu par le peuple.

    Pourquoi soutiendrai-je le gouvernement iranien, quelle que soit la personne qui le dirige ? Ce n’est certes pas pour mon modeste salaire.
    Je soutiens l’Iran parce que je soutiens le socialisme partout où je le trouve, et l’Iran a du socialisme en abondance.

    Le socialisme iranien a réussi avec beaucoup de succès à redistribuer la richesse aux citoyens du quotidien ; à sauvegarder la sécurité de la nation malgré les bases militaires américaines qui l’encerclent et les menaces répétées ; à développer l’économie malgré un blocus international ; à produire une politique étrangère basée sur des principes politiques ; et à lutter contre les politiques identitaires clivantes qui sapent la solidarité humaine.

    J’ai vu l’Iran de mes yeux au fil des décennies, contrairement à 99% des journalistes qui prétendent comprendre l’Iran, donc vous ne pourrez pas m’en dédire.

    Et je ne vais même pas essayer de vous convaincre. Ce n’est pas non plus ce genre d’article.

    Cet article vise à présenter aux lecteurs de gauche et aux partisans du socialisme une réalité qui devrait être très claire : l’Iran est une nation socialiste. Et plus encore : l’Iran est une réussite du socialisme.

    L’Iran, comme toutes les nations, a connu une histoire et un développement uniques ; bien sûr, nous avons aussi lu Marx, depuis aussi longtemps que tout le monde.

    Mais la manière la plus convaincante et la plus simple d’expliquer cela aux non-Iraniens est la suivante : l’Europe est parvenue au socialisme par l’industrialisation, la théorie et la guerre, mais l’Iran est parvenu au socialisme par ses croyances religieuses et ses principes moraux. Les fins sont les mêmes, et c’est tout ce qui devrait importer pour toute personne qui tente vraiment de promouvoir le socialisme pour les avantages qu’il apporte au citoyen de base.

    Le problème n’est pas nous, c’est vous

    Je le répète : quand il s’agit de considérer les contributions de l’Iran au socialisme, le problème n’est pas nous, c’est vous…

    Je crois qu’environ 99% des Occidentaux n’ont aucune idée de ce qu’est vraiment l’Iran. Malheureusement, cette ignorance totale sur l’Iran et sur le monde musulman est la norme historique en Occident.

    La plus grande contribution du spécialiste du Moyen-Orient Edward Said est que son livre Orientalisme a définitivement prouvé par la recherche historique que l’Occident n’a jamais, jamais été favorable au monde musulman.

    Pas au 8ème siècle, lorsque les musulmans occupaient la péninsule ibérique, ni durant les siècles suivants, lorsque l’Islam était un concurrent idéologique du Christianisme ; pas au 15ème siècle, lorsque l’Empire ottoman occupait les Balkans ; pas au 19ème siècle, lorsque les Européens ont occupé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ; pas en 1916, quand ils ont redessiné les frontières au bénéfice de l’Occident ; pas en 1945, quand ils ont bombardé des pays comme la Syrie qui avaient pourtant combattu de leur côté contre les Allemands et les Italiens ; pas dans les années 1960, lorsque leur réaction à l’indépendance fut le néo-colonialisme ; pas en 1979, lorsqu’ils ont créé le précurseur des Talibans ; pas pendant deux guerres en Irak, une guerre en Syrie aujourd’hui, etc.

    L’argument d’Edward Said était le suivant : Jamais l’Occident n’a considéré ou traité le monde musulman comme un égal, et encore moins un égal intellectuel.

    Compte tenu de cette histoire, pourquoi les Iraniens devraient-ils s’attendre à ce que la réalité de notre modernité de haute performance soit acceptée et admirée ?

    LOL, croyez-moi, je suis au-dessus de ça ! J’écris ceci pour vous éclairer, pas pour moi ! J’espère humblement que j’y arriverai.

    Je vais aborder la pierre d’achoppement (bien plutôt un rocher) manifeste du problème, et rapidement : Oui, je suppose qu’une grande partie de ce préjugé contre l’Iran est religieux. Certains chrétiens ne peuvent pas accepter que l’Islam promeuve le plus récent Prophète du monothéisme qu’ils partagent tous les deux. [Et tous les adeptes du culte fanatique de la laïcité, après avoir durablement détruit l’Eglise, ne sauraient avoir que répulsion pour tout ce qui évoque l’Islam].

    De tels préjugés religieux ne sont pas mon problème, et ils n’aveuglent pas mon analyse de l’Iran en 2017.

    Aucun socialiste ne croit en un « choc de civilisations » ou une « guerre de religions », de toute façon.

    Mon but n’est pas de critiquer l’Europe pour son manque de fraternité avec sa consœur religion abrahamique qu’est l’Islam. Mais je la critique en 2017 parce que la plupart des Occidentaux croient que même les Iraniens les plus à gauche ne peuvent pas même pas être qualifiés de « sociaux-démocrates conservateurs » !

    Peut-il jamais y avoir un « démocrate » musulman ou un « républicain » iranien ?

    La preuve de ce parti pris est les décennies d’oppression occidentale contre les Frères musulmans [qu’ils ont pourtant assisté contre le sécularisme souverainiste de Nasser ou Hafez al-Assad], contre la Révolution iranienne et contre toute tentative musulmane visant à permettre à leur religion de s’inscrire dans leur politique. Cela bien que les partis chrétiens-démocrates aient gouverné l’Europe pendant des décennies après la Seconde Guerre mondiale, et il serait absurde de penser que le dogme chrétien ne soit nullement respecté et promu aujourd’hui au sein de la politique européenne [sauf pouf le laïcisme français, foncièrement antireligieux].

    Donc, si les Iraniens ne peuvent même pas être considérés à la hauteur de notions du 19ème siècle, pourquoi l’Occident accepterait-il que l’Iran de 2017 soit encore plus véritablement de gauche que l’idéologie à peine centriste de la social-démocratie européenne ?

    Bien sûr, l’Européen moyen ne peut pas l’accepter, et c’est pourquoi les socialistes occidentaux seront atterrés par l’idée que l’Iran est une « réussite méconnue du socialisme ».

    La gauche radicale du socialisme européen, qui cherche à détruire la religion organisée, en est particulièrement effarée, mais ils ne sont qu’une petite minorité, heureusement en voie de disparition. Ils ne se rendent pas compte qu’ils ont déjà été drastiquement dilués, sinon évincés, dans les pays encore socialistes qu’ils prétendent admirer : Cuba est pleine de photos de la Santeria et du Pape, le confucianisme yin-yang est promu en Chine, etc.

    Mais ces radicaux occidentaux sont une minorité qui ne peut tout simplement pas accepter que la spiritualité ne soit pas effacée, en grande partie parce qu’ils la considèrent comme un choix ou un conditionnement social au lieu d’une partie de la nature intrinsèque d’innombrables individus, bien que ce ne soit pas le cas pour eux. Un socialiste moderne doit accepter le fait que cette lutte a déjà été menée et décidée. Les capitalistes avancent certainement leurs pions pendant que (tels des chiens), nous pourchassons notre queue…

    Même si les détracteurs de gauche peuvent s’accommoder de la religion, ils parleront immédiatement des manquements de l’Iran quant aux droits de l’homme.

    Je réponds en baillant lourdement : les Afro-Américains remplissent les prisons américaines ; les musulmans remplissent les prisons de France ; nous sommes au centenaire de la famine perse orchestrée par les Britanniques, qui a tué 8 à 10 millions de personnes et a réellement fait de l’Iran la plus grande victime de la Première Guerre mondiale – et ce n’est là qu’une famine / hécatombe / violation des droits de l’homme d’origine occidentale / capitaliste parmi tant d’autres.

    Je ne suis pas là pour dire que l’Iran est parfait – seul Dieu peut l’être – mais je dis que l’Iran n’est absolument pas pire que l’Occident. C’est un fait indéniable que la République islamique d’Iran actuelle a beaucoup moins de sang sur les mains que la plupart des autres pays – et l’Iran n’a envahi aucun pays depuis 300 ans !

    La religion, les droits de l’homme – ce ne sont que des détournements classiques des faits présentés pour dénigrer les sociétés socialistes, et l’Iran en est certainement une.

    L’Iran remplit tous les critères de la nation socialiste et du socialisme révolutionnaire

    Quels sont les éléments-clés du socialisme ? Clarifions nos termes.

    Le premier élément-clé du socialisme est le leadership d’un parti d’avant-garde résolu à défendre la révolution : l’Iran en a certainement un, et il transcende les lignes de parti classiques entre « Principalistes » et « Réformistes ».

    Le deuxième est la planification centrale de l’économie : peu importe qui gagne les élections à cet égard, car il mettra largement en œuvre le 6ème plan quinquennal (2016-2021). Et il y a aussi l’approche « Économie de la résistance » promue par beaucoup, qui est certainement anti-mondialisation.

  • #2
    Le troisième est le contrôle sur les médias : cela est mitigé – je dirais que l’Iran n’a pas vraiment cet élément au sens traditionnellement socialiste.

    Cuba n’a pas de médias privés, par exemple, alors que l’Iran compte des dizaines de journaux privés et d’innombrables chaines de télévision satellite. Mais l’Iran applique des limitations à cet égard, donc cochons également cette case.

    Le quatrième est le soutien aux mouvements de libération étrangers :

    lorsque l’histoire de la libération de la Palestine apposera enfin son point final, tout comme l’Afrique du Sud maintenant libre remercie Cuba d’avoir envoyé des troupes en Angola, les Palestiniens n’en feront-ils pas de même pour les décennies de soutien de l’Iran ? La même chose que pour le Liban et maintenant la Syrie, n’est-ce pas ?

    Le cinquième est de déléguer démocratiquement autant de démocratie que possible afin de donner le maximum de pouvoir au citoyen de base. Il ne fait aucun doute que l’Iran est la démocratie la plus dynamique du Moyen-Orient, et avec une grande marge d’avance. La différence entre les procédures social-démocratiques et les garanties de l’Iran en 2017 par rapport à 1978 est évidemment ridicule. J’écris ceci de Paris, une nation dans un état d’urgence depuis 22 mois sans aucune fin en vue…

    Si votre pays a ces cinq éléments cruciaux, Félicitations ! Vous êtes dans un pays socialiste !

    Elaborons un peu plus sur chacun de ces éléments pour les sceptiques….

    Un parti d’avant garde

    L’Iran est un système de parti unique, et ce parti défend la Révolution de 1979. La Chine est un système de parti unique, qui promeut le communisme chinois. Beaucoup diraient que les États-Unis sont un système à parti unique – promouvant le capitalisme impérialiste.

    La différence entre l’Iran et la Chine d’une part, et les États-Unis d’autre part, est que dans les premiers, leurs systèmes à parti unique sont formalisés, explicites et connus ; tandis qu’aux États-Unis, c’est informel, mais tout aussi fort, et peut-être même plus fort encore.

    Je ne pense pas que cela nécessite beaucoup d’explications, mais par exemple, vous ne pouvez pas proposer de mettre fin à la Révolution iranienne et vous présenter aux élections. En France, lors des dernières élections, un candidat à la Présidence (Jean-Luc Mélenchon) a remporté 20% des votes du premier tour en proposant d’abolir la 5e République actuelle de la France.

    Comme tous les pays socialistes, l’Iran est critiqué pour ne pas avoir de démocratie, mais il en a : simplement, elle est ancrée dans sa structure particulière. Tout comme en URSS, il y avait un débat animé sur la façon d’avancer leur propre système (devrions-nous suivre le modèle de droite du socialisme de Boukharine / Khrouchtchev ou le socialisme modèle de gauche de Lénine / Trotsky ?), mais il n’y avait pas de débat sur le fait de s’écarter de leur système national choisi, à savoir le communisme. Quand ils ont permis de tels débats sous Gorbatchev, le socialisme soviétique a été presque immédiatement subverti par des réactionnaires capitalistes et consigné dans l’oubli.

    Encore une fois, veuillez examiner la répression du communisme aux États-Unis, en Corée du Sud, en Grèce, en Italie, au Chili, etc., pour des exemples historiques de « systèmes à parti unique » capitalistes, qui ne sont clairement pas avant-gardistes ni ne favorisent le socialisme…

    L’idée selon laquelle l’Iran n’a pas de parti d’avant-garde, mais est une sorte de structure totalitaire régie par le Guide suprême Ali Khamenei est uniquement défendue par ceux qui méconnaissent suprêmement l’Iran.

    Après tout, pour la deuxième élection présidentielle consécutive, Hassan Rouhani a gagné malgré le fait qu’il ne semble guère être le candidat préféré de Khamenei.

    Planification centrale de l’économie

    Je pense que je peux illustrer l’état de socialisme économique de l’Iran avec cette anecdote : en 2013, tous les 8 candidats à la présidentielle ont poussé à plus de privatisation… non pas pour promouvoir le capitalisme, mais parce que tout avait déjà été nationalisé depuis si longtemps, LOL !

    Donc l’Iran a déjà réalisé la nationalisation, et peut-être qu’ils doivent faire plus ? Cependant, les pays socialistes conviennent de plus en plus que certaines entreprises lucratives sont nécessaires pour répondre à certains des besoins fondamentaux de leur population : la Corée du Nord a la zone industrielle de Kaesong, le Port de Mariel cubain offre de l’espace à des entreprises entièrement étrangères, le Vietnam et la Chine ont beaucoup d’entreprises capitalistes dirigées par l’État, etc. La réalité est que même produire des choses aussi simples que du savon nécessite une certaine expertise, et très souvent, seules les sociétés capitalistes ont une telle expertise.

    C’est la raison pour laquelle le gouvernement iranien a fait des dépenses colossales en 2016, mais ce n’était vraiment pas votre capitalisme typique.

    (Je ne veux pas paraître créditer seulement l’administration Rouhani parce que la politique économique est produite par l’ensemble du gouvernement dans des plans de développement quinquennaux, comme on l’a déjà noté.)

    L’Iran a été fêté comme un roi dans des endroits comme la France et l’Italie parce qu’il était prêts à dépenser des dizaines de milliards d’euros. Mais ce qui m’a plu, c’est la façon dont l’Iran a dépensé : il a exigé des partenariats égaux, des coentreprises et des transferts de technologie.

    C’est de cette manière que les investissements étrangers peuvent être mutuellement bénéfiques et non de l’exploitation – cela était également bon pour la France. Je ne suis pas un dogmatique qui est absolument contre toute forme de capitalisme, mais je suis contre tout capitalisme d’exploitation.

    Ce que je veux dire, c’est que c’était une vague de dépenses socialiste, et non pas capitaliste. L’Iran n’a pas seulement donné de l’argent : il n’a pas gaspillé de l’argent dans des projets de vanité ; ce n’était pas un milliardaire concluant un accord avec un autre pour leur propre bénéfice particulier ; les investissements en Iran ont été réalisés par une planification centrale à long terme, ce qui est la vision socialiste de la gestion économique.

    Ce n’est pas comme le « Parti socialiste » de la France qui a récemment vendu le joyau industriel national Alstom à l’américain General Electric : les Français n’ont rien obtenu de cette vente. C’était du capitalisme ; c’était de la mondialisation.

    L’Iran n’est pas favorable à la mondialisation – il n’est même pas membre de l’Organisation mondiale du commerce, contrairement à 164 autres pays.

    Certains diront que cela est uniquement dû à l’opposition des États-Unis, mais ce n’est pas le cas : comme beaucoup l’ont déclaré lors des élections en Iran, l’adhésion à l’OMC est contraire aux principes de l’Iran… et ce sont des principes socialistes en ce qui concerne l’économie (rien n’est dit à propos de l’OMC dans le Coran).

    Contrôle sur les médias

    Il est vrai que vous ne pouvez pas trouver Charlie Hebdo en Iran – on ne peut guère le déplorer – mais l’Iran n’est certainement pas Cuba.

    Le refus de l’Iran de censurer les chaines de télévision satellites qui permettent à des chaînes réactionnaires et antirévolutionnaires comme BBC persan et VOA persan (financées respectivement par le gouvernement britannique et les Etats-Unis) de diffuser leurs programmes en Iran semble être un brasier dangereux que La Havane ne tolérerait pas. Cette tolérance donne à l’Iran une « crédibilité des droits de l’homme » en Occident – en fait, non, mais ça devrait !

    Je dirais que l’Iran est simplement confiant dans le fait que la propagande étrangère ne peut pas couvrir les succès évidents de la Révolution de 1979. J’imagine que Cuba estime qu’ils ne peuvent pas prendre de risques, étant à seulement 100 kilomètres des États-Unis.

    Bien sûr, les Cubains se moquent ouvertement des chaînes de propagande de l’Occident comme les pathétiques Radio et TV Marti du gouvernement américain. Les Cubains sont extrêmement intelligents sur le plan politique et, après tout, leurs programmes éducatifs ont des dizaines d’années de plus que ceux des Iraniens.

    L’Iran, comme Cuba et la Chine, interdit la pornographie. Je souligne que ce respect de la sexualité et de la femme est un principe vraiment fondamental du socialisme. Si votre utopie inclut un accès sans restriction au porno, je dirais que vous êtes un libertaire, et non un socialiste.

    Je rappelle encore que la Glasnost médiatique mise en œuvre par Gorbatchev a été un facteur majeur de l’implosion catastrophique de la Révolution russe. Privatiser les médias implique nécessairement de donner aux quelques personnes suffisamment riches pour lancer des journaux l’opportunité de promouvoir leur vision du monde évidemment capitaliste.

    Pour ma part, je ne vais pas pleurer sur le manque de publications capitalistes, impérialistes, sexistes, racistes, régressives et antirévolutionnaires imbéciles, et la plupart des Iraniens non plus. Aussi triste que cela puisse être pour les Néerlandais, l’Iran n’est pas Amsterdam !

    Soutien aux mouvements de libération étrangers

    Certains diront que la Palestine n’est qu’une « distraction » des problèmes internes de l’Iran. Absurde : c’est un point de fierté pour tous les Iraniens. Et c’est un objet d’admiration de tout le monde musulman pour l’Iran, tout comme c’est un point éminemment négatif pour une grande partie du monde occidental.

    C’est là une autre façon pour l’Iran d’être un pays socialiste révolutionnaire : ils soutiennent les pays opprimés sur une base idéologique. Peut-être que l’Iran n’est pas la « Mecque des révolutionnaires » qu’était l’Algérie dans les années 1960, mais reconnaissons que le niveau et l’étendue des mouvements révolutionnaires dans le monde sont à un niveau beaucoup plus bas aujourd’hui, malheureusement.

    Commentaire


    • #3
      La Russie peut soutenir la Syrie, par exemple, mais cela semble plus être pour les intérêts de Moscou et l’idée de la souveraineté nationale – qui est l’idée de l’intérêt national – plutôt que du fait d’une idéologie basée sur la morale.

      Vous pouvez considérer l’Iran de la même manière que la Russie – il n’y a pas d’insulte à cela – mais vous ne pourrez pas nier que l’Iran soutient la Palestine pour des raisons qui sont clairement au détriment de sa propre réussite, c’est-à-dire qu’ils le font par solidarité et par moralité. Si l’Iran reconnaissait Israël, les chiens internationaux lâchés à leurs trousses seraient immédiatement rappelés… mais l’Iran est une société socialiste révolutionnaire, comme vous en convenez maintenant, du moins je l’espère.
      L’Iran est aussi une société antiraciste, comme toutes les sociétés socialistes modernes.

      Ils protègent constitutionnellement les minorités, avec des sièges parlementaires pour les Arméniens, les Assyriens, les Chrétiens et les Juifs, malgré leur très faible nombre. L’Iran peut ne pas les promouvoir, mais leur tolérance envers les langues locales comme l’Azeri et le Kurde dépasse largement celle dont peuvent bénéficier de nombreuses minorités en Europe occidentale. L’Iran accueille le 5e plus grand nombre de réfugiés dans le monde, tandis que les autorités françaises ont installé des barrières et même des « rochers anti-migrants » pour dénier aux réfugiés même l’abri le plus fruste.

      En ce qui concerne la religion, ils sont extrêmement tolérants pour le zoroastrisme iranien ancien et toutes les religions abrahamiques ayant précédé le Prophète Muhammad. Reconnaissent-ils une quelconque religion après le Prophète Muhammad ? Eh bien… c’est une Révolution « islamique », après tout.

      C’est peut-être un point pédant, mais il est important sur le plan verbal, foucaldien : y a-t-il eu une « révolution » dans le monde depuis la Première Guerre mondiale qui ne fut pas « socialiste » ? Je ne peux penser à aucun cas, car sans une composante socialiste, il ne peut pas s’agir d’une révolution – il ne peut s’agir que d’une continuation du statu quo capitaliste / féodal / bourgeois, ou d’un coup d’Etat militaire.

      Donner le pouvoir au peuple

      Les deux principes fondamentaux du socialisme consistent à redistribuer la richesse et à donner le pouvoir au citoyen de base afin qu’il puisse réaliser son plein potentiel. Le démantèlement des barrages sociaux instaurés par le capitalisme contre les non-riches a clairement été un objectif majeur de la Révolution islamique, et je peux facilement prouver qu’il a été réalisé avec un degré de réussite énorme dans les faits.

      Depuis 1990 – lorsque le chien d’attaque irakien de l’Occident a été battu – aucun pays n’a vu son Indice de développement humain (IDH) augmenter plus que celui de l’Iran, à l’exception de la Corée du Sud.

      Tout le monde devrait en prendre note, en particulier les socialistes, car c’est nous les anticapitalistes qui valorisons le développement humain – et non pas le développement économique – avant tout.

      C’est pourquoi je vais laisser l’Indice de développement humain comme la seule preuve de succès. Car j’ai tant d’économétrie, d’anecdotes et de réflexions personnelles pour prouver que l’Iran a réussi à créer une société nouvelle, meilleure et moderne, que les énumérer serait vraiment trop fastidieux.

      En somme, il est évident que je n’ai pas à faire d’une buse un épervier. Malgré l’opposition, la violence et la propagande colossales qu’il a dû affronter, l’Iran a progressé plus que n’importe quel autre pays au cours des 3 dernières décennies et plus.

      Je dis « plus que n’importe quel autre pays » parce que contrairement à la Corée du Sud, l’Iran l’a fait sans 30 000 soldats américains actuellement sur son sol ; ce progrès n’a pas été précédé de décennies de dictature brutale qui ont massacré des centaines de milliers de personnes (principalement de gauche) ; et ils n’ont pas collaboré avec les Américains à la division de leur nation qui provoque actuellement la plus grande possibilité de guerre thermonucléaire.

      L’Iran n’est pas devenu n° 1 comme l’ont fait tant d’autres, par le capitalisme et l’impérialisme.

      Les élections récentes en Iran ont affiché un taux de participation de 73%, le classant 12e dans le monde. Contrairement à beaucoup de ces 11 autres pays, l’Iran n’oblige pas les citoyens à voter. Il y a évidemment un soutien considérable pour le système iranien de la part du peuple tout simplement parce que… le peuple iranien n’est pas aveugle au succès, je dirais !

      La chose la plus difficile à faire pour le grand public quand on parle du socialisme (ou de l’Iran) est de réfléchir de manière réaliste : personne ne peut atteindre le socialisme « parfait ». Aucun pays n’a un taux de participation de 100%. Aucun pays n’est totalement exempt de violations des droits de l’homme.

      Mais pour l’Iran, une autre couche de fausses conceptions est surajoutée : beaucoup des « restrictions » dans la société iranienne précèdent 1979 de plusieurs siècles. Les femmes portaient largement le hijab avant cette date. Les personnes non mariées, en particulier les jeunes femmes, vivaient aussi à la maison avant 1979. L’alcool pouvait vous envoyer en prison jadis comme aujourd’hui.

      Ce que je veux dire, c’est que l’Iran est une nation culturellement conservatrice, et c’était le cas bien avant 1979. Vous devrez simplement me croire sur le fait que les Iraniens n’ont pas besoin d’un gouvernement pour leur donner envie de vivre dans une société qui semble conservatrice selon les normes occidentales modernes.

      Encore une fois, l’Iran n’est pas Amsterdam, LOL ! Peut-être que vous pouvez parler de la cour royale de Shiraz au XIVe siècle comme d’un foyer de folie poétique ivre, mais même cela ne reflétait aucunement le quotidien des habitants de base.

      Seul un Iranien acceptera rapidement cette déclaration et passera à autre chose : Retirez la Révolution de 1979 et vous aurez toujours beaucoup des mêmes règles en place – elles seraient simplement appliquées de manière informelle.

      Je vais enfin le dire de cette façon : ôtez les mollahs et vous aurez quand même affaire à ma grand-mère !

      Mais croire que le gouvernement n’a pas redonné le pouvoir au peuple depuis 1979… eh bien, à l’époque, la femme moyenne avait 7 enfants, était analphabète à 70% du temps, et l’ONU n’appelait pas son système de soins et de santé « excellent ».

      Aujourd’hui, le taux de natalité est de 1,7 enfant par femme, le taux global d’alphabétisation est de 93% et le groupe de réflexion de droite de Washington Brookings Institution publie des articles absurdes avec des titres comme « Les femmes iraniennes sont-elles trop éduquées ?».

      Tout cela en à peine 30-40 ans… et vous pensiez que c’était le capitalisme qui l’avait accompli ?

      Les socialistes qui ignorent l’Iran ne sont pas de vrais socialistes

      Voulez-vous toujours croire que l’Iran est un pays uniquement motivé par le radicalisme religieux et non par les idéaux du socialisme ? Eh bien, je vous place à droite et à gauche, et c’est là que veut en venir cet article.

      Il est déjà assez triste que la droite (capitalistes, impérialistes) coopte non seulement les idées socialistes comme si elles étaient les siennes propres (sécurité sociale, assurance maladie, programmes d’action positive, prestations sociales, scolarité gratuite, crèches gratuites, etc.), mais ça devient vraiment risible lorsque la gauche refuse de voir le gauchisme en Iran parce qu’il ne correspond pas à ses notions préconçues et totalement inflexibles.

      Tout véritable socialiste / communiste devrait se rendre compte qu’attaquer l’Iran revient à faire le travail des capitalistes pour eux. Et comment quelqu’un qui se proclame de « gauche » pourrait-il avoir exactement la même interprétation de l’Iran qu’un capitaliste de droite ?

      Encore une fois, il est tout simplement ridicule de croire ou prétendre que l’Iran n’est « pas » ce qu’il est réellement, à savoir un pays socialiste.

      Mais c’est ce qui se passe toujours : le communisme chinois « n’est pas vraiment le communisme »… en dépit de la domination d’un parti unique, d’une économie dirigiste, du contrôle des médias, du soutien au Vietnam et à la Corée du Nord, et de la deuxième meilleure croissance de l’IDH de 1970 à 2010.

      Le communisme nord-coréen n’est qu’un « culte de la personnalité »…

      malgré le fait qu’il ait expulsé les [occupants] Japonais, qu’il résiste aux Américains, maintienne l’indépendance nationale, garantisse la sécurité des citoyens et leur apporte un haut niveau d’éducation. Cuba n’est que la dictature des Castro et, encore une fois, n’est pas du communisme.

      Tout cela n’est que de la propagande anti-socialiste – pour le capitalisme, il ne peut jamais y avoir LA MOINDRE « réussite socialiste ».

      Vous restez persuadé que vous ne voulez pas appliquer tous les principes de la Révolution islamique iranienne dans votre pays ?

      Très bien. Après tout, c’est votre pays et c’est à vous de décider ce que vous souhaitez y voir. Comme je l’ai écrit, pas d’inquiétude à avoir – l’Iran n’a envahi personne depuis 300 ans, et il semble certain que notre armée soit nécessairement axée sur la défense.

      Commentaire


      • #4
        Mais ce n’est parce que vous êtes en désaccord avec certains aspects de la Révolution de 1979 que vous devez jeter le bébé avec l’eau du bain. Je vous rappelle que je n’ai eu besoin que d’un seul fait [l’IDH] pour prouver que l’Iran s’est amélioré à un rythme qui est de fait le meilleur au monde au cours des 3 dernières décennies – de combien de rangs l’Iran dépasse-t-il votre pays, hmm ?

        J’écris cet article car pratiquement aucun média anglophone [ou francophone] n’explorera jamais les liens entre l’Iran et le socialisme. Nous autres hommes de gauche savons que ce ne sont pas seulement des préjugés anti-iraniens, mais un biais anti-socialiste beaucoup plus large.

        Cependant, il est vraiment suicidaire d’ignorer les succès de gauche en Iran parce que même si vous en rejetez certains, l’Iran a clairement trouvé de NOMBREUSES solutions modernes à nos NOMBREUX problèmes modernes :

        certaines d’entre elles peuvent certainement vous être utiles, n’est-ce pas ? L’Iran serait-il ENTIEREMENT mauvais?

        Bien sûr que non. Seul Satan peut être entièrement mauvais.

        Par conséquent, je conseille à ceux qui luttent contre le capitalisme et l’impérialisme (et je les adjure) d’accorder à l’Iran un peu plus de respect et d’intérêt qu’ils n’en accorderaient à Satan !

        Et je conclus par un bouquet final

        Je ne peux que rire de ceux qui disent que la Révolution en Iran a échoué !
        « Oh vraiment ? » Quelle marionnette a été installée ? Quel roi a été restauré sur son trône ? Quel est le nom de la révolution démocratique populaire qui a remplacé celle du peuple qui a triomphé en 1979 ? Je n’en ai pas entendu parler, et je vois encore beaucoup de visages familiers de 1979 !

        La révolution a été un succès, et je ne suis certes pas navré de le dire.

        Ce n’est pas que je me préoccupe de votre opinion – c’est pour VOTRE bien : vous ne réaliserez pas le socialisme, l’anti-capitalisme ou l’anti-impérialisme dans votre pays si vous n’êtes pas capables d’apprendre des succès des autres.

        Mais malheureusement, votre incapacité à reconnaître le socialisme en Iran nous met tous en péril, car les peuples du monde entier ne peuvent pas gagner à long terme si même des hommes de gauche de natures similaires ne peuvent pas s’unir pour œuvrer contre le fascisme, le capitalisme et le racisme.

        Mais l’Iran, Cuba, la Chine, etc. – nous pouvons réaliser beaucoup d’avancées pour nous-mêmes, au moins.

        Nous allons vraiment bien, gardons le cap, hein ? Tout cela grâce à la planification centrale, tandis que les capitalistes naviguent en eaux troubles, d’une crise à l’autre, les 1% absorbant un pourcentage plus élevé des richesses à chaque fois. Notre élection a eu d’énormes taux de participation, comme d’habitude, éclipsant les cultures européennes qui veulent probablement prétendre qu’elles ont inventé le vote, avec tout le reste. L’Asie connaissait tout cela bien avant…

        Pour les lecteurs non-occidentaux : je sais que la grande majorité de vous soutient déjà l’Iran. J’ai trop parlé avec vous au cours de ma vie pour pouvoir me tromper à cet égard. Je sais aussi que pour nous autres, « esclaves de terrain », nous devons parfois donner l’impression contraire pour survivre, ou tout au moins pour éviter les ennuis.

        Quoi qu’il en soit, de nombreux Occidentaux semblent complètement mésinterpréter le socialisme : ils ne se rendent pas compte qu’il s’agit intrinsèquement d’une idée globale ; ils pensent que la variété (européenne) franco-allemande-russe est la seule.

        Cet excès d’eurocentrisme les aveugle à la réalité et les limite nécessairement…

        Mais en parcourant l’Occident du regard, je ne vois qu’échec de la gauche après échec de la gauche : la chute du communisme en Russie, la dissolution de la Yougoslavie, l’absorption évidente des partis « de gauche » dans les partis de droite dominants, la montée de l’austérité, l’avancée de la mondialisation au détriment des intérêts nationaux…

        Donc la prochaine fois que vous considérez l’Iran, vous devriez l’applaudir comme un rare succès socialiste. Les Iraniens continueront certainement à vivre leur voie de création du socialisme moderne, Inch Allah.

        Ramin Mazaheri | Mai 23, 2017

        Ramin Mazaheri est le correspondant principal de Press TV à Paris et vit en France depuis 2009. Il a été journaliste quotidien aux Etats-Unis et a exercé en Egypte, en Tunisie, en Corée du Sud et ailleurs. Ses articles ont été publiés dans divers journaux, revues et sites Web, et il apparaît à la radio et à la télévision.

        Article original en anglais thesaker

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        • #5
          Bravo Ramin ! Je suis entièrement d'accord avec ton article !

          Avant même de prendre connaissance de ton analyse, je savais que l'Iran était sur la bonne voie parce que le socialisme / communisme et l'Islam révolutionnaire du Prophète ont des bases communes : l'humanisme, l'intérêt général avant l'intérêt individuel, la spiritualité, la justice sociale, le pouvoir au peuple, les droits et devoirs égalitaires pour tous, la fraternité entre les peuples opprimés par le Capital ... etc ...

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          • #6
            L'avenir sera socialiste et quelque soit la forme qu'il prendra !! L'Iran a montré la voie !! Comme l'ex-URSS et les autres pays socialistes / communistes !!

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