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La feuille de route de l’ONU pour la Libye à l'épreuve du terrain

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  • La feuille de route de l’ONU pour la Libye à l'épreuve du terrain

    Ghassan Salamé, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, veut donner un nouvel essor au processus politique libyen. Après avoir annoncé, le 20 septembre 2017, sa feuille de route pour ce pays, il a lancé, à Tunis, le 1er octobre, la première étape de son plan d'action : les 24 membres du comité de dialogue se sont réunis pendant une semaine pour dialoguer.

    Avant de s'attaquer à l'amendement de l'accord politique de 2015, Ghassan Salamé, le médiateur onusien, a choisi de réformer les institutions politiques. Rassembler les partis rivaux autour d’un cadre institutionnel pour aboutir à des élections générales, l'année prochaine, semble être le premier but de l’émissaire onusien.

    Avant de présenter sa feuille de route, Ghassan Salamé a rencontré et écouté tout le monde, en Libye et ailleurs. Il mise sur la capacité des Libyens de trouver eux-mêmes la porte de sortie de la crise. Mais les réunions de Tunis ont montré combien l’accord entre Libyens est compliqué, combien la crise est profonde.

    Le chantier de l’amendement de l’accord politique libyen, signé au Maroc, en 2015, est donc officiellement lancé, d'autres discussions suivront dès la semaine prochaine.

    Réformer les institutions

    Ghassan Salamé considère que tous ceux qui veulent jouer le jeu de la démocratie, y compris les milices armées, pourront faire partie du processus politique. Il propose la constitution d'une sorte de Congrès national élargi qui conduira le pays vers les élections générales. Il sera composé de 800 membres et inclura tout le monde : les parlementaires, des figures de l’ancien régime, les tribus. Bref, tous les exclus de l’accord de Skhirat.

    Mais l'idée de ce congrès ne convainc pas tout le monde. Imad Al Bannani est un observateur de la scène politique libyenne et proche des Frères musulmans. Pour lui, ce congrès compliquera encore plus les choses. « Je considère que le Congrès général élargi proposé par Ghassan Salamé dans sa feuille de route, est trop risqué. C'est un Congrès général pour l'entente nationale et il doit regrouper toutes les composantes de la société libyenne, ce qui sera, à mon avis, un point fragile de la feuille de route. C'est ce congrès qui doit donner naissance au gouvernement d'entente nationale, et ceci, en soi, est un grand défi. Nous ne pensons pas qu'une telle approche a de grandes chances de réussite. Il faut qu'on se prépare tous, et dès maintenant, aux obstacles qui peuvent entraver le processus. Nous devrons prévoir, dès maintenant, des processus parallèles possibles, pour pouvoir dépasser tout obstacle. Le congrès sera un pas difficile à franchir, et pour les Libyens, et pour la mission de l'ONU en Libye. Nous devrons travailler tous ensemble pour surmonter les obstacles et atteindre les objectifs souhaités par la feuille de route », juge-t-il.

    Les difficiles compromis

    Si le rôle de ce large congrès n’est pas encore bien défini, les Libyens s'entendent aujourd’hui sur la nécessité de séparer le Conseil présidentiel du gouvernement. Actuellement, le chef du gouvernement est en même temps le président du Conseil présidentiel et ça ne sera plus le cas. Ils s'entendent aussi sur la nécessité de réduire le nombre de membres du Conseil présidentiel à trois : un président et deux vice-présidents, au lieu de neuf actuellement. Mais les difficultés réapparaissent dès qu'il s'agit de choisir des noms pour occuper ces trois postes.

    Pour Safwan El Mesori, analyste politique et membre de la coalition des Forces nationales, bien représentée au Parlement, la manière de procéder risque d'avoir du mal à aboutir. « Quoi que tu fasses, tu vas trouver en Libye celui qui va s’opposer, même en composant un gouvernement de 30 ministres, même en installant un Conseil présidentiel et avec lui un Conseil d’Etat… Tu ne pourras pas satisfaire tous les partis parce qu’ils cherchent tous à occuper des positions exécutives et législatives au plus haut de l’échelle de l'Etat. Pour couper court à tous ceux qui veulent se partager le pouvoir, il faut suivre une autre méthodologie, en s'occupant d'un projet national qui résout les dossiers bloqués en Libye. Les Libyens sont d'accord aujourd'hui sur la nécessité de réunifier l'armée, sur l'importance d'une justice indépendante, d'une relance de l'économie. Tous les Libyens sont d'accord pour trouver des solutions à ces problèmes dans le cadre d'un projet qui s'applique selon un calendrier précis, sur lequel nous nous entendrions. Par la suite, nous pourrons discuter de qui pourra exécuter le projet », pense-t-il.

    L'ambiance à Tunis était positive mais les progrès réalisés restent minimes et les compromis très difficiles à obtenir. D'autres étapes suivront.

    RFI
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