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Conférence Hirak : essouflement ou contagion ?

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  • Conférence Hirak : essouflement ou contagion ?

    Organisée par le Réseau Euromed France ainsi que l’Institut de Recherches et d’Études Méditéranée Moyen-Orient, une rencontre a eu lieu le mardi 3 octobre avec Pierre Vermeren et Ouadia El Hankouri sur le thème suivant : « Le Hirak, retour sur un an de mouvement social dans le Rif marocain : essouflement ou contagion ? ». Force est de constater que le contenu des interventions a plus tourné autour d’éléments historiques ainsi que le contexte socio-économique permettant de comprendre l’émergence de ce mouvement populaire. Néanmoins, nous trouvons judicieux d’apporter une sélection non-exhaustive de ce qui a été dit lors de cette soirée.

    Contentieux entre le palais de Tanger et le Rif

    Le Rif était à l’époque ce qu’on appelle en arabe « bled siba » qu’on traduirait par « dissidence », c’est une région qui n’est pas soumise à l’autorité centrale du « makhzen » (gouvernement marocain). Principale région méditéranéenne du Maroc, elle est tournée vers l’Espagne, « à l’écart » par rapport aux autres selon les mots de Pierre Vermeren. Un élément supplémentaire qui fait sa particularité est qu’elle a été intégrée dans la partie espagnole du protectorat marocain. Originale aussi pour avoir gagné une bataille militaire au début du 20e siècle à Anoual, c’est un évènement présent dans la conscience politique des rifains, la victoire d’un peuple du Sud face au Nord. La mémoire du leader Abdelkrim el-Khattabi est aussi dans les esprits, lui qui fut à l’origine d’une République du Rif qui a durée de 1923 à 1926.

    À l’indépendance, le Rif n’a pas perdu son image de région frondeuse, en témoigne les deux soulèvements en 1958 et 1959 essuyés par une répression violente, le parti Istiqlal ayant voulu entre autre imposer l’arabe & le français dans une région où l’on parle le rifain & l’espagnol. Il y eut des bombardements qui firent des milliers de morts. À l’issue de ces drames Hassan II « punit » la région en marginalisant encore un peu plus le Rif.

    Une contestation nourrit par un contexte favorable

    Le contexte socio-économique rifain est très difficile, ce qui laisse à la population, pour schématiser, le choix entre l’émigration ou culture du haschich dont elle ne bénéfice que d’une partie. L’économie de la drogue génère selon P.Vermeren un chiffre d’affaires de 10 milliards d’€ à la revente et d’après des chiffres gouvernementaux, seuls 300 à 400 millions d’€ retomberait dans la région soit 3-4% pour 800 000 familles. À propos de l’émigration, dans les années 90, on comptait 200 000 passages clandestins, la moitié renvoyés par les autorités espagnoles.

    Globalement au Maroc, les investissements se font dans les grandes villes mais très peu dans les zones rurales, sans industries et pourtant très peuplées. Le plan de modernisation du nord l’illustre bien puisqu’il a surtout bénéficié à Tanger. Le chômage quant à lui touche 20% de la population active, deux fois la moyenne nationale. En sachant que les chiffres officiels ne prennent en compte ni les femmes ni les ruraux. Tous ces éléments font qu’énormément de familles bénéficient de l’aide de la diaspora rifaine sans qui les conditions de vie seraient encore plus difficiles.
    On accuse le mouvement de séparatisme alors que les revendications sont principalement sociales et pragmatiques, Ouadia El Hankouri liste les principales que voici : le développement des infrastructures (hôpitaux, routes…) et de l’économie, l’officialisation effective de la langue rifaines des les administrations et les écoles, le jugement d’affaires comme la mort de Mohcine Fikri et la levée de la militarisation de la région. Les révoltes ne se s’étendent pas au delà du Rif en partie par crainte de la répression bien qu’il y eut des manifestations dans un certain nombre de grandes villes.

    Conclusion
    Cette controverse fut un bon condensé sur le rapport entretenu entre la région du Rif et la monarchie, cela donne une vision un peu plus large sur l’actualité. Nous regrettons néanmoins que les intervenants se soient beaucoup plus attardé sur l’aspect factuel mais peu d’analyse que l’on attendrait d’observateurs éclairés. On s’attendait à avoir par exemple un relais d’information au plus près de l’actualité ou des retours d’acteurs du mouvement. Les internenants ne semblaient pas être en relation avec des personnes de terrain. Pierre Vermeren le disait lors des séances de questions-réponses, il est difficile d’avancer des solutions et que ceux qui faisaient des predictions avaient souvent tort. Certes. Le problème, c’est que le thème est axé sur une dynamique. N’ayant au final pas même quelques pistes sur la tendance que pourrait prendre le Hirak accompagné des précautions d’usage, nous quittons l’évènement en restant sur notre faim…

    IT'S AMAZIGH
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