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Rohingyas: le piège et la terreur

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    Le conte de fées écrit par les capitales occidentales, principalement sous la plume de l’ex-président Barack Obama, voulait que l’arrivée au pouvoir d’Aung San Suu Kyi en 2015 dote le Myanmar d’une salutaire conscience démocratique, voire y crée enfin les conditions d’une démocratie en bonne et due forme. Pour l’heure, le conte de fées tourne à l’épouvante. Et la communauté internationale est prise au piège de sa complaisance. Aung San Suu Kyi n’est pas l’icône du mouvement démocratique que l’on pensait, tant il devient évident que l’embarras qu’elle affiche face au drame de la minorité rohingya est moins contrit que consentant.

    Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme qualifiait le mois dernier la répression militaire qui se déploie contre les Rohingyas d’« exemple classique de nettoyage ethnique ». Mercredi, un nouveau rapport de l’ONU est venu reconfirmer l’évidence, faisant état d’attaques organisées, coordonnées et systématiques destinées à faire en sorte que les Rohingyas quittent jusqu’au dernier le Myanmar et ne reviennent jamais. Le rapport onusien détaille une campagne de terreur où l’armée, de concert avec des gangs d’ultrareligieux bouddhistes, ouvre le feu sans discernement sur les civils, brûle les maisons, commet des viols collectifs et efface toutes traces culturelles de la communauté. L’armée aurait miné la frontière de manière à décourager les centaines de milliers de Rohingyas qui ont fui au Bangladesh de rentrer.

    On peut difficilement imaginer effort plus élaboré de destruction massive d’une communauté et de sa mémoire.

    Pour toute réponse, un porte-parole de l’armée a déclaré que le rapport onusien « exagérait » — comme en écho à l’« iceberg de désinformation » qu’avait évoqué en septembre Daw Suu Kyi pour critiquer les reproches que faisait la communauté internationale au Myanmar pour son traitement des Rohingyas. Entendu que la junte tient en laisse le gouvernement civil dirigé par « La Dame ». N’empêche qu’entre les deux, la communauté d’esprit est devenue indéniable — confirmée du reste par des déclarations explicitement anti-Rohingyas faites par des responsables de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

    Les États-Unis d’abord, mais aussi des pays comme le Canada et la France, n’ont pas hésité ces dernières années à utiliser Aung San Suu Kyi comme caution pour renouer avec les militaires — et faire des affaires. Il faudrait qu’ils déchantent. L’horreur est telle actuellement que les autorités refusent même que les humanitaires viennent en aide aux populations touchées — comme en 2008, après le cyclone Nargis qui avait fait 100 000 morts. Le Myanmar ne change pas, il est toujours celui de ses généraux cyniques.

    le Devoir
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