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Relance économique Pourquoi ça n'a pas marché chez nous ?

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  • Relance économique Pourquoi ça n'a pas marché chez nous ?

    Les réussites sectorielles (automobile, aéronautique, etc.) montrent que nous sommes plus en présence de certains réglages à faire que de lacunes structurelles insurmontables. Ph. Saouri
    Par Nabil Adel M. Adel est chef d'entreprise, consultant et professeur d’Économie, de stratégie et de finance. Il est également directeur général de l'Institut de Recherche en Géopolitique et Géo-économie à l'ESCA. [email protected]

    À l’heure du bilan de notre modèle de développement, il est important d’expliquer les raisons pour lesquelles les mesures de relance économique entreprises au Maroc n’ont pas produit les résultats escomptés. Ainsi, au lieu de générer la croissance et la création d’emplois, cette politique a creusé les déficits publics et extérieurs. Est-ce la faute aux politiques économiques ou à la manière dont nous les avons implémentées ? Car les instruments économiques, mal utilisés, peuvent s’avérer plus dangereux que les armes. Et quand on s’en rend compte, c’est au prix d’un lourd tribut.

    Les politiques de relance sont efficaces, mais...
    Quand l’économiste britannique John Maynard Keynes développa sa théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, il professa, contrairement aux idées ambiantes de l’époque, que l’équilibre du marché ne se rétablit pas toujours automatiquement en cas de crise. L’intervention de l’État, via la dépense publique, peut constituer «un coup de pouce» à l’économie quand le moteur de celle-ci n’arrive plus à redémarrer seul. Les recettes keynésiennes furent ainsi à l’origine de la fabuleuse période de croissance économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, appelée à juste titre par le démographe français Jean Fourastié, les Trente Glorieuses. C’est dire la redoutable efficacité des politiques d’inspiration keynésienne. Depuis, l’intervention de l’État de manière ponctuelle ou structurelle dans l’économie a eu des fortunes assez diverses selon les pays. Au Maroc, l’action publique n’a pas toujours eu les effets escomptés, en termes d’amorce d’un véritable décollage économique, contrairement à d’autres pays (dragons et tigres asiatiques). Paradoxalement, les réussites sectorielles (automobile, aéronautique, etc.) montrent que nous sommes plus en présence de certains réglages à faire que de lacunes structurelles insurmontables. Mais au préalable, il faut comprendre les raisons pour lesquelles les instruments de relance économique n’ont pas produit les résultats escomptés chez nous.

    … il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’abord de politiques conjoncturelles à court terme…
    Keynes lui-même reconnaissait que ses recettes étaient d’abord conjoncturelles et quand on lui reprocha de trop se focaliser sur les actions à long terme, il utilisa la pirouette devenue célèbre depuis : «à long terme, nous serons tous morts».
    Il est donc indispensable pour les responsables de notre politique économique de bien connaître les limites des politiques de relance. Leur objectif est de ramener, par la dépense budgétaire et donc la commande publique, l’appareil de production nationale à une situation de plein emploi quand la demande privée s’avère insuffisante à permettre le plein usage des capacités de production de l’industrie. Mais cela suppose un préalable de taille que nous semblons négliger chez nous.
    Pour que les mesures de relance produisent leurs effets, il faut d’abord disposer d’un tissu productif national compétitif, ce que nous n’avons pas aujourd’hui. Autrement dit, l’intervention de l’État, contrairement à ce qu’on peut penser, ne vise pas à se substituer à l’initiative privée, mais juste à l’amorcer quand son moteur cale, en temps de crises. Les politiques de relance produisent des effets positifs sur l’économie quand celle-ci a déjà réalisé des réformes structurelles de mise sur pied d’un secteur privé compétitif. Les débats entre économistes (keynésiens et libéraux) sur l’efficacité des politiques de relance le sont dans des économies développées. Dans des économies en développement, il faut d’abord réaliser les réformes structurelles. Sinon ceux qui profitent des mesures de relance ne sont pas ceux qui les ont entreprises.

    … fonctionnant dans un environnement fermé
    Keynes a élaboré sa puissante théorie économique dans les années 1930 quand les mesures protectionnistes entre pays étaient la seule solution «bricolée» sur le tas lors de la grande crise de 1929, les thèses néoclassiques ayant échoué à apporter des solutions appropriées. Aujourd’hui, dans un monde plus ouvert que jamais et en présence d’économies fortement interdépendantes, toute mesure de relance économique réalisée par un pays ira d’abord remplir les carnets de commandes de ses principaux partenaires commerciaux. Ainsi, les mesures de relance entreprises par le Maroc depuis 2003 (hausse des dépenses publiques, financement de la caisse de compensation et baisses des taux marginaux d’impôt) ont eu pour effet, en l’absence d’un secteur privé fort et compétitif, la hausse des importations et, partant, le creusement du déficit de la balance commerciale. Quant à la croissance économique que ces mesures étaient censées «booster», elle a été alimentée par la promotion immobilière et a évolué au gré des saisons agricoles. Du coup, nous avons ainsi fait d’une pierre deux mauvais coups : nous avons aggravé les déficits (budgétaire et courant) sans générer de la croissance et la création d’emplois escomptés. Qui dit mieux ?

    Les politiques économiques

    Habituellement, on distingue deux types de politiques économiques : • La politique de relance consiste, via la dépense publique, à augmenter les capacités de production sous-utilisées d’une économie. En mobilisant la commande publique, l’État pousse les entreprises à embaucher, à distribuer des salaires et donc à créer de la demande effective et in fine à générer de la croissance. Les recettes fiscales ainsi collectées viendraient financer les dépenses mobilisées pour relancer l’économie. • La politique de rigueur est une politique économique qui a pour objectif à court terme de revenir à la stabilité des prix et de réduire les déficits publics et extérieurs. Du côté monétaire, elle s’appuie sur la hausse des taux directeurs pour réduire la distribution de crédits et donc juguler l’inflation. Au niveau budgétaire, elle passe par une réduction des dépenses publiques et/ou une augmentation des impôts pour réduire les déficits.
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