Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Agroalimentaire : au secours, on nous empoisonne !

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Agroalimentaire : au secours, on nous empoisonne !

    Dans un ouvrage percutant, le journaliste Fabrice Nicolino montre comment les industriels ont mis en coupe réglée nos campagnes et nos assiettes. Salutaire.

    Pas un jour sans qu'un nouveau scandale nous fasse regarder de travers ce qu'on nous sert dans l'assiette. Additifs cancérigènes, colorants suspects, conservateurs toxiques, pesticides partout... y compris dans des carottes pourtant dûment étiquetées «  bio  » ! Qu'allons-nous donc bien pouvoir manger dans les années qui viennent ? Et comment, surtout, avons-nous pu en arriver là ?
    Dans un petit livre, en forme d'uppercut, le journaliste Fabrice Nicolino tente de répondre à ces questions simples en ébauchant, car il faut garder espoir, des pistes de réflexion pour revenir à une alimentation plus saine. Cet essai (1), en forme de lettre adressée à sa fille, fait écho au pamphlet qu'il avait écrit, il y a deux ans, intitulé «  Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agriculture  » (éditions Les Échappés). Il y prenait à partie les agriculteurs qui recourent trop généreusement aux engrais chimiques et autres produits phytosanitaires, sans toujours mesurer leur impact sur la santé publique.

    Mise en garde

    Ne nous y trompons pas... Sous couvert d'une missive à une enfant, c'est bien aux acteurs de cette agro-industrie que Fabrice Nicolino s'adresse ici. L'auteur revient sur une histoire collective vieille de plus de 10 000 ans, des débuts de l'agriculture à aujourd'hui, en passant par l'invention de la boîte de conserve par le Français Nicolas Appert, en 1802. Car les scandales alimentaires ne datent pas d'hier. Fabrice Nicolino fait ainsi remonter à la fin du XIXe siècle l'émergence de puissants groupes de pression dans le secteur agroalimentaire. Parmi ceux-ci ? Le trust américain de producteurs de viande, le «  Beef Trust  », créé en 1903, qui, malgré de nombreuses violations des règles d'hygiène dans ses abattoirs industriels (tel celui de Chicago), continue de sévir dans la plus parfaite impunité, sous le nom de «  North American Meat Institute  », un puissant lobby pro-viande.
    Des mécanismes de concentration dangereux

    À en croire Nicolino, de nombreux groupes multinationaux se moquent comme d'une guigne de la qualité des produits qu'ils mettent sur le marché. Spéculant sur le cours des matières premières alimentaires, rognant sur les mesures de sécurité et de contrôle les plus élémentaires, ces entreprises-monde qui n'envisagent le consommateur que sous le prisme d'une fraction de chiffre d'affaires sont devenues trop grosses pour que les pouvoirs publics puissent leur tenir tête.

    Face à ces mastodontes dont le seul objectif est d'améliorer leur marge financière, les États se montrent incapables de leur imposer des règles strictes. Qu'il s'agisse de contrôler le volume de nitrites et autres sels destinés à la fois à conserver les produits et à les alourdir (ils sont vendus au poids), l'omniprésence des sucres ou encore d'huiles et de graisses d'origine parfois douteuse... Fabrice Nicolino démontre, de manière implacable, qu'une limitation de certains de ces ingrédients permettrait pourtant de lutter contre les maladies, cardio-vasculaires surtout, mais aussi contre le développement de l'obésité dans de nombreuses populations.

    *
    Parmi les entreprises transnationales qu'il épingle, figure en première ligne le groupe Bayer, inventeur du premier insecticide de synthèse dans le monde (l'Antinonnin) et du sinistre gaz moutarde pendant la Première Guerre. Un groupe qui a entamé, en septembre 2016, un rapprochement avec le géant américain des semences Monsanto. Le groupe Bayer a déboursé 59 milliards d'euros pour racheter le second, constituant ainsi un quasi-monopole dans son domaine. La Commission européenne a d'ailleurs annoncé, le 22 août dernier, l'ouverture d'une enquête approfondie pour s'assurer que «  [cette] concentration ne rédui[t] [pas] la concurrence dans des domaines tels que les pesticides, les semences et les caractères agronomiques  ».

    Comment s'en sortir ?

    Il y a dix ans, Fabrice Nicolino s'alarmait déjà, avec François Veillerette (aux éditions Fayard), de ce «  scandale français  » qui voit les professionnels de l'agro-industrie continuer de recourir à haute dose à des produits chimiques dont la nocivité est avérée de longue date. Pointant des centaines d'études relevant la présence de résidus toxiques dans les cheveux des enfants et jusqu'au cordon ombilical des fœtus, le journaliste poursuit son travail de sensibilisation sans faiblir.

    On pourra reprocher à l'auteur un ton parfois virulent contre certains entrepreneurs, déjà lourdement étrillés par le passé (tel Jacques Borel, créateur en 1961 de la première chaîne de fast-food en France). Fabrice Nicolino n'y va pas avec le dos de la cuiller, certes mais c'est, chez lui, une stratégie délibérée. En dénonçant les bouleversements intervenus dans nos campagnes, le remembrement des terres, mais aussi et surtout l'influence grandissante d'ingénieurs agronomes et leurs prétendues molécules miracles, le journaliste fait œuvre de salubrité publique. À l'heure où se tiennent les États généraux de l'alimentation sera-t-il entendu ?

    En effet, selon lui, les solutions existent. Citant l'exemple du Russe Nikolai Petrovsky qui prit conscience dès 1916 qu'il y avait urgence à sauvegarder les semences millénaires des hauts plateaux d'Asie centrale, mettant également en avant l'Indienne Vandana Shiva qui mène un combat sans relâche contre les OGM, mais aussi l'Italien Carlo Petrini qui tente de fédérer les petits producteurs pour faire face aux géants du secteur... Fabrice Nicolino démontre qu'un autre chemin est possible.

    (1) «  Lettre à une petiote sur l'abominable histoire de la bouffe industrielle  », de Fabrice Nicolino, éditions les Échappés, 140 pages,

    le Point fr

  • #2
    C'est ça que je comprends pas. Ces industriels qui sont pret à tout détruire pour du pognant en passant qu'ils ne seront pas touché eux aussi.
    Dernière modification par Levant, 21 octobre 2017, 17h00.

    Commentaire


    • #3
      Je.ne connaissais pas , c'est un chroniqueur Charlie Hebdo aussi d'après ma recherche , j'essaierai de me procurer ces bouquins , merci .

      Commentaire

      Chargement...
      X