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Le grand saut dans l’inconnu de la Catalogne

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  • Le grand saut dans l’inconnu de la Catalogne

    Les conséquences de la déclaration d’indépendance par le parlement catalan et de la mise sous tutelle de Madrid sont incalculables.

    Des drapeaux espagnols retirés des mairies catalanes, le chef Carles Puigdemont acclamé par la foule aux cris de « Président, Président ! ». Vendredi après-midi, des dizaines de milliers de Catalans ont touché du doigt leur rêve séparatiste, quand à 15h27, le parlement régional a proclamé unilatéralement « la République catalane, comme Etat indépendant et souverain de droit, démocratique et social ».
    Le retour à la réalité n’a tardé puisque Madrid a réagi quasi-simultanément en déclenchant le processus de mise sous tutelle. Deux chemins diamétralement différents donc, pour un jour historique dont les conséquences sont encore incalculables.

    • Quelle valeur pour cette déclaration ?
    Comme lors du référendum interdit du 1er octobre (90 % de oui mais seulement 43 % de participation), des interrogations planent sur la légitimité de cette déclaration. La résolution, adoptée par 70 voix pour, dix voix contre et deux abstentions, a été votée à bulletin secret et en l’absence de l’opposition qui avait quitté l’hémicycle, furieuse devant une telle fuite en avant. « Cela limite leur crédibilité, analyse Manuelle Peloille professeure à l’université d’Angers et directrice de la revue « Cahiers de civilisation espagnole contemporaine ». D’autant plus qu’une grande partie des Catalans, indépendantistes ou non, aurait souhaité revoter, mais Puigdemont a balayé l’option d’élections anticipées jeudi ».

    La majorité indépendantiste propose désormais des négociations immédiates « sur un pied d’égalité » avec Madrid. Son but : placer d’ici un an la république autoproclamée hors du cadre constitutionnel espagnol. Et les premières demandes sont légion. Parmi elles, la création d’un passeport, d’une double nationalité, d’un service public catalan, d’une renégociation de la dette publique avec Madrid et aussi élaboration d’une Constitution.
    • Rajoy ne cède rien
    Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy entend lui « restaurer l’Etat de droit » au plus vite et mettre fin à « l’escalade de désobéissance ». Au sortir du Conseil des ministres extraordinaire organisé vendredi soir, le chef du gouvernement espagnol a dégainé l’article 155 de la Constitution, annonçant une série de mesures sans précédent depuis 1977 : destitution du gouvernement de Puigdemont, dissolution du Parlement de Barcelone, mise sous tutelle de la police autonome… Madrid reprend donc la main sur les affaires courantes en attendant la tenue de nouvelles élections régionales le 21 décembre. Rajoy choisissant le délai plus court possible vers les urnes.
    « L’indépendance déchire, l’indépendance est triste, l’indépendance est anxiogène », a-t-il affirmé, tout en insistant sur le fait qu’il n’était pas question de suspendre l’autonomie de la Catalogne. Cette situation n’est survenue qu’à une seule reprise. C’était lors de la dictature de Franco. Malgré le souhait de Mariano Rajoy, les sénateurs ont par ailleurs écarté l’idée d’une mise sous tutelle des médias locaux. Reste à savoir dans les faits à quoi ressemblera cette prise en main dans chaque administration.
    Enfin, d’un point de vue judiciaire, le parquet général a lui annoncé vouloir engager des poursuites pour rébellion contre le meneur de la fronde, Carles Puigdemont. L’ancien journaliste de 54 ans risque pour ce délit jusqu’à 30 ans de prison ferme.

    • La Catalogne plus que jamais isolée à l’étranger

    C’est tout sauf une surprise. La France pas plus que l’Union européenne, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore les Etats-Unis n’ont donné de crédit à l’annonce du Parlement catalan. Ce qui pose soucis en termes de droit international. « Pour devenir un Etat, ça demande certes d’avoir un territoire, une population et des autorités, mais surtout, ce qui importe ici, c’est la reconnaissance de la communauté internationale, décrypte Jean-Claude Piris, consultant en droit international à Bruxelles et ancien directeur des services juridiques du Conseil de l’UE. Ça restera une déclaration vide. Les Catalans ne seront pas représentés dans les organisations internationales, ne siégeront pas à l’UE, ils ne pourront rien du tout et continueront à faire partie juridiquement de l’Espagne. »
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    Et maintenant ?

    Début octobre, les scènes de violences policières ayant émaillé le scrutin du 1er octobre avaient fait perdre à Madrid « la guerre des images ». « Rajoy en est conscient, il n’a aucun intérêt à ce que cela se reproduise », résume Manuelle Peloille. D’autant plus que Puigdemont a lui-même rappelé le peuple catalan -plus divisé que jamais en son sein entre indépendantistes, autonomistes et anti-indépendantistes- à rester pacifique et civique.

    La formule employée vendredi soir par le président du Conseil européen Donald Tusk résume bien la périlleuse mission devant laquelle se trouve désormais Rajoy : choisir « la force de l’argument plutôt que l’argument de la force ».


    le Parisien
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