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Livres contre m’hadjeb

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    Avec son million et demi de visiteurs, le Salon international du livre d’Alger peut caracoler dans le Top 20 mondial des salons du genre et affirmer qu’il est le premier d’Afrique, du monde arabe et de la Méditerranée. Mais il ne s’agit que d’une performance de fréquentation, comme le reconnaissent ses organisateurs.

    La Foire du livre de Francfort a cinq fois moins de visiteurs mais attire 7000 exposants, soit huit fois plus qu’à Alger. Avec 120 pays représentés, un millier d’auteurs et près de 10 000 journalistes présents, elle est une plate-forme incontournable du marché mondial de l’édition. Rassurez-vous, ce n’est pas par masochisme culturel que j’étale aussi brutalement ces chiffres. Bien sûr, la Foire de Francfort a 500 ans quand le SILA n’en est qu’à sa 22e édition.

    Mais nous devons considérer qu’il existe plusieurs types de salons du livre si nous voulons envisager – et nous le devons – l’évolution du SILA. Environ un Algérien sur vingt-sept l’a visité ces dernières années. Un chiffre frappant qui nous indique que si l’Algérie ne dispose pas d’un véritable marché du livre, il existe une demande importante. Un lectorat invisible qui ne se dévoile qu’une fois l’an, convergeant de tout le pays vers les Pins Maritimes, en même temps que les oiseaux migrateurs fuyant le froid de l’Europe.
    La réalité est là : on vient au SILA essentiellement pour acheter les livres inaccessibles le reste de l’année. Ainsi, notre salon est devenu une immense librairie périodique.

    Mais comment a-t-on amené les Algériens et les Algériennes à acquérir tous les titres qu’ils veulent lire ? De la même façon sans doute qu’on les a poussés à acheter des automobiles par manque de transports collectifs. Car en matière de livre, bien plus que l’insuffisance des librairies, le véritable déficit se situe dans la lecture publique. Avec 1500 bibliothèques, dont 650 relevant du ministère de la Culture, on obtient une moyenne d’une structure pour 27 000 habitants, et ce, sans parler de leurs fonds, de leurs encadrements et de leurs fonctionnements qui laissent le plus souvent à désirer.

    Aux USA, terre bénie du capitalisme où la culture est avant tout privée et où il n’y a pas de ministère de la Culture, on compte pourtant une bibliothèque pour 2700 habitants. Au total 120 000 établissements publics, universitaires, scolaires, spécialisés, militaires… avec 58% des adultes inscrits dans les premiers. En 2014, on s’est même amusé à relever qu’il y avait plus de bibliothèques publiques (16 766) que de McDonald’s (14 157) !

    Je n’ai pas eu le courage d’aller à l’Office du registre du commerce pour établir une comparaison similaire. Mais il est certain que les enjeux du livre en Algérie se situent avant tout dans le développement du réseau de lecture publique pour répondre à une soif réelle de lecture. Tout le monde y gagnerait, je vous parie un livre contre un m’hadjeb.

    Ameziane Ferhani
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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