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Investissements : pourquoi c’est si difficile en Algérie

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  • Investissements : pourquoi c’est si difficile en Algérie


    Par:
    Hassan Haddouche

    Le principal intérêt du Doing Business, dont la 15e édition a été publiée à la fin du mois d’octobre, n’est sans doute pas de dévoiler année après année le mauvais classement international de notre pays et les blessures qu’il inflige à l’amour propre national.
    L’instrument élaboré par les techniciens de la Banque Mondiale se révèle surtout un outil de mesure très précis et imparable de l’emprise de la bureaucratie sur l’activité économique dans les pays comme le nôtre.
    C’est le « parcours du combattant » dénoncé depuis des décennies par les entrepreneurs algériens qui prend ainsi une forme tangible et mesurable.
    Et les progrès, considérables, à réaliser dans ce domaine qui apparaissent en pleine lumière.

    27 différents impôts et taxes

    Quelques exemples très édifiants.
    Pour créer une petite société de type Sarl, constituée de 5 personnes, basée à Alger avec un capital social de 100 000 dinars, il faut compter 12 procédures distinctes et une durée de 20 jours en dépensant à cette occasion 11% du revenu moyen d’un Algérien.
    Selon les calculs de la Banque Mondiale, la même opération demande en moyenne 7 procédures dans les pays de la région Mena, un peu plus de 4 procédures dans les pays riches de l’OCDE, et… une seule procédure en Nouvelle Zélande qui occupe la tête du classement mondial en matière de facilitation des affaires. L’Algérie pour sa part est classée à la 145e place dans ce domaine .

    Un autre exemple : pour enregistrer un transfert de propriété en Algérie, un classement qui mesure l’efficacité de « l’administration foncière », la Banque Mondiale recense 10 procédures distinctes contre 5 dans la région Mena, 4 dans les pays de l’OCDE et… une seule dans un groupe de 4 pays qui figure en tête des classement mondiaux.
    Pour réaliser ces nombreuses procédures, il faudrait en Algérie 55 jours et… une seule journée dans les pays les mieux classés.
    Une performance qui place l’Algérie à une peu enviable 163e place dans le monde .
    Un dernier exemple, peut-être le plus significatif de tous.
    Pour les entreprises, « les taxes sont un élément essentiel », affirme le Doing Business.

    Sur la pression fiscale, les données à retenir sont qu’une entreprise algérienne doit s’acquitter de 27 différents impôts et taxes, un processus qui nécessite 265 heures de travail et qui consomme 72% des profits des entreprises.
    Les entreprises doivent seulement payer 3 impôts en Chine et à Hong-Kong.
    La conclusion est double. Dans pratiquement tous les domaines recensés par la Banque Mondiale, notre pays fait partie de ceux où les procédures bureaucratiques sont les plus pesantes.
    La deuxième conclusion est plus encourageante : elle suggère que ces procédures peuvent être simplifiées dans une proportion considérable.

    L’administration algérienne prend tout son temps

    Même si c’est un sujet douloureux, disons quand même quelques mots sur la place de l’Algérie dans le dernier classement du Doing Business.
    Il est frappant de constater que la « dégringolade » de 10 places de notre pays n’est pas due à un recul de sa performance objective qui est en réalité restée presque complètement stable, si on mets à part un (très) léger recul enregistré cette année en matière d’obtention du permis de construire et de raccordement à l’électricité.
    Ce qui s’est passé, non seulement l’année dernière mais en réalité depuis plus d’une décennie, relève du différentiel de mouvement.
    La plupart des autres pays ont fait plus et plus vite que nous.
    La publication du classement Doing Business 2018 montre une nouvelle fois ce que beaucoup d’opérateurs économiques relèvent de longue date : le gouvernement et l’administration algérienne prennent tout leur temps.

    Pendant ce temps-là, les autres avancent.
    L’Inde a réalisé une des meilleures performances du classement 2018 en passant de la 130e à la 100e place grâce à des réformes mise en œuvre par le Premier ministre Narendra Modi, élu en 2014 sur l’engagement d’améliorer le climat des affaires dans son pays, alors classé au 142e rang.
    Plus près de nous, le Maroc est classé cette année au 69e rang mondial alors qu’il était encore derrière l’Algérie voici moins de 10 ans.
    Il s’approche selon la Banque Mondiale à “grands pas vers les meilleures performances dans les indicateurs à caractère procédural”, notamment pour la création d’entreprise (17e place mondiale ), le paiement des impôts (25e), et l’octroi de permis de construire (17e).

    Conclusion : il est possible de progresser très vite et de réaliser rapidement des performances très élevées en matière d’amélioration du climat des affaires .

    Quand le gouvernement découvre le climat des affaires

    La découverte du « climat des affaires » et l’évocation officielle du Doing Business par le gouvernement algérien sont des événements relativement récents.
    C’est seulement en mars 2013 qu’un ministre de l’industrie, Chérif Rahmani, déclarait pour la première fois que « le gouvernement algérien est décidé à créer les conditions d’une facilitation de l’acte d’investir pour relancer le climat des affaires en Algérie, et donc améliorer le classement “Doing Business” de la Banque mondiale ». « Le classement actuel de l’Algérie n’est pas de son niveau en comparaison avec des économies similaires”, avait estimé le ministre .
    Par la même occasion, M. Rahmani annonçait l’installation d’un « Comité chargé de l’amélioration de l’environnement des affaires en Algérie ». Le climat des affaires “reste peu favorable faute d’un cadre de coordination, de suivi et d’évaluation adéquat”, avait reconnu M. Rahmani devant les membres de ce comité constitué notamment de représentants des ministères de l’Industrie, de l’Habitat, des Finances, de la Justice, du Travail et de l’Emploi, d’organisations patronales et de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

    Cette instance composée de plus d’une vingtaine de membres devait « se pencher sur la mise en place de mesures d’allègement des procédures notamment en termes de composition des dossiers d’investissement dans le but de réduire les obstacles rencontrés par les opérateurs économiques ».
    Le comité devait aussi « élaborer un plan d’action annuel avec pour objectif essentiel d’améliorer l’environnement des affaires de même qu’un plan de communication national et international ».
    De son côté, le président du Comité, Mohamed Bacha, représentant du ministère de l’Industrie, avait affirmé que « sa mission est d’arriver à un meilleur classement de l’Algérie au prochain rapport annuel “Doing Business” de la BM, en améliorant l’attractivité de l’économie algérienne auprès des investisseurs nationaux et étrangers ».

    La mise en place de ce Comité a-t-elle servi à quelque chose ? En 2014, il avait dressé un premier état des lieux des mesures de facilitation et d’allègement prises depuis son installation.
    Parmi les principales avancées mentionnées figurait une procédure d’obtention du permis de construction facilitée.
    Les formalités de publicité foncière afférentes aux actes de concession des terrains destinés à l’investissement seront désormais « délivrés dans un délai de 10 jours » soulignait en outre le comité qui évoquait également la mise en place par la Direction générale des impôts d’un système de paiement électronique.

    Autre avancée significative : le seuil de projets, validé par le Conseil national de l’investissement, était passé de 500 millions à 1,5 milliard de dinars.
    Depuis cette date, « l’amélioration du climat des affaires » figure au menu de toutes les réunions de la Tripartite.
    Elle est également en bonne place dans tous les plans d’action des gouvernements algériens.
    C’était encore le cas voici quelques semaines dans celui du gouvernement Ouyahia.
    Les think-tanks algériens, les collectifs Nabni et Care en tête, soulignent en chœur l’urgence d’un « choc de simplification administrative ». Mais on ne sait pas ce qu’est devenu le « Comité chargé de l’amélioration de l’environnement des affaires ».

  • #2
    le mauvais classement international de notre pays et les blessures qu’il inflige à l’amour propre national.
    Le plus important, c'est l'amour propre...


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