Reportage réalisé par Yazid Yahiaoui
Nous sommes en 1960, dans la région de M’chedallah. Ali Imechouthen venait d’être convoqué par le lieutenant Georges, chef militaire basé au village mixte de Maillot. Le vieux Ali, qui venait de perdre au maquis son troisième fils, devait répondre à cette convocation sous peine de représailles. Il craignait que cela soit son dernier jour puisqu’il venait d’apprendre la mort de son troisième fils, Ali, au maquis. Qu’importe, le lendemain, il prend son éternel burnous et part vers une destination inconnue. Arrivé sur les lieux, il sera reçu par le fameux lieutenant dans son bureau.
Le vieux Ali lui remit la convocation et en la lisant, le lieutenant Georges s’exclama : «Ah ! c’est donc toi Ali Mechou. Je t’ai convoqué pour te dire que nous n’avons pas tué ton fils Ali. La France ne l’a pas tué, mais c’est lui-même qui s’est suicidé. Nous l’avons sommé de se rendre à plusieurs reprises mais il a refusé ; alors nous l’avons tué… Cela dit, si je comprends bien, vous êtes le père de… Moussa Mechou, de Mhand Mechou et d’Ali Mechou ?»— Oui. «Eh bien vieux, vous devez être fier d’avoir d’aussi valeureux hommes.» Et tout en disant cela, le lieutenant Georges, raconte le vieux Ali à ses proches, se leva, se mit en grade-à vous, avant de m’inviter à quitter les lieux… Cependant, ce que ne savait pas encore ce lieutenant, c’est que le vieux Ali Mechou qui rendra l’âme quelques années après l’indépendance, avait encore deux autres fils dans les maquis de l’ALN, Dahmane et Hocine, qui survivront à la guerre ; l’un, Hocine, mourra en 2015 et l’autre, Dahmane, vit encore et c’est lui qui nous racontera certains épisodes rapportés dans ce présent récit sur le refuge des Imechouthen.
Histoire d’un hameau appelé Imechouthen
Ce samedi, et c’est parce que la révolution, la vraie, reste en grande partie à écrire, nous avons répondu à une invitation de la part d’un moudjahid encore vivant qui reste parmi les rares moudjahidine jaloux de leur pays et de son histoire, l’authentique, pas celle que décideront certains après l’Indépendance, une certaine histoire tronquée et dénuée de beaucoup de belles épopées.
Oui, nous avons immédiatement répondu présent car nous savons que le moudjahid Hamadache Boukrif fait partie de ces gens au cœur pur. Ayant déjà à son actif un essai sur un autre moudjahid de la région de M’chedallah, Abdellah Delles que tout le monde connaît dans la région et qui est toujours vivant, le moudjahid Hamadache Boukrif voulait nous montrer un refuge, l’un des plus grands de la Révolution ; celui qu'aucun moudjahid voulant passer du centre vers l'est du pays ou vice-versa ne pouvait manquer : c’est le refuge des Mechou ou Imechouthen, situé en pleine forêt de Tamellahth, du côté de la montagne Adrar Seggane.
Pour comprendre l’importance du lieu, il faut savoir que l’endroit domine toute la région de M’chedallah, la vaste forêt de Tamellahth et jusqu’aux portes des Bibans. Pas un militaire français, pas une patrouille de l’armée française ne faisait un pas sans qu’ils soient repérés à des kilomètres à la ronde. C’est sur cette colline que sont situées les maisons des Mechou, mais également des Akkache, des Akmouche et des Messara. Quatre familles regroupées dans cet endroit au milieu d’une forêt des plus denses, réunies par les liens du sang, de parenté et de mariage. Quatre familles qui ont débarqué depuis leur terre natale située là-haut sur la montagne, du côté de Saharidj, au nord, et qui ont débarqué un jour dans les années 1930 à cause de l'exiguïté des lieux.
Aussi, alors que ces familles prospéraient dans ce nouvel eldorado, en faisant du commerce, de l’élevage et de l’agriculture, surtout l’oléiculture, et tout en bas, le long de l’oued de Sidi Aïssa, un oued qui doit son nom à la région de Sidi Aïssa dans la wilaya de M’sila, d’où il prend ses premières sources ; le long de cet oued, les femmes font des cultures maraîchères ainsi que l’arboriculture fruitière.
Ici, il faut rappeler au lecteur que, jusqu’aux années 1970, avec un climat des plus humides puisque les neiges étaient abondantes et les hivers rigoureux et s’étalant sur plusieurs mois, les cours d'eau ne tarissaient presque jamais à longueur d’année et les lieux étaient paradisiaques avec une forêt des plus denses, mais également des cultures différentes que les hommes entretenaient même pendant l’été.
Ce fut dans ces lieux féeriques qu’allaient grandir presque tous les enfants de ammi Ali Oumechou, celui qui quittera les siens à Saharidj.
Le refuge Imechouthen, QG de la Révolution
Aussi, lorsque la Révolution fut déclenchée, le petit hameau des Imechouthen dans lequel vivait une dizaine de familles, Mechou, Akkache, Akmouche et Messara, s'est retrouvé, situation géographique oblige, tout naturellement un lieu idoine pour les moudjahidine. Un lieu tout indiqué, d’autant plus que les quatre familles qui y vivaient étaient toutes éveillées et hostiles à la France coloniale.
Ainsi, dès le début de la Révolution, le lieu est considéré comme un endroit acquis à la Révolution avec à la clé cinq enfants de ammi Ali qui ont rejoint les rangs de l’ALN, et trois autres de leurs cousins des Mechou qui ont également rejoint les rangs de l’ALN à Saharidj, six autres de la famille des Messara, dont trois issus du hameau des Imechouthen et trois autres du village Saharidj, quatre autres des Akkache et enfin trois des Akmouche.
Un hameau qui aura enfanté quinze maquisards dont treize sont tombés au champ d’honneur, alors que deux autres, ammi Dahmane et Hocine Imechouthen, ont survécu miraculeusement puisqu’ils ont échappé à plusieurs reprises à une mort certaine.
Ammi Dahmane, qui a perdu trois de ses frères pendant la Révolution et un quatrième, le moudjahid Hocine Mechou en 2015, est toujours vivant. Il a même fait partie de l’expédition organisée ce samedi par les descendants des familles Imechouthen, Akkache et Akmouche.
Aussi, ce samedi et en présence des enfants du chahid Mhand Mechou que les gens de M’chedallah appellent Imechouthen, Dahmane nous raconte, non sans larmes, une épopée de cette guerre libératrice, une page qu’il a vécue en personne, l’arme à la main : la bataille du printemps 1958, celle qui marquera la fin du refuge des Imechouthen, après avoir servi la Révolution depuis janvier 1955, c’est-à-dire dès le début de la Révolution de novembre 1954. Le refuge des Imechouthen sera pendant plus de trois ans l’un des endroits les plus vitaux pour la Révolution.
Situé au carrefour entre l’Est et le Centre, et entre le Centre et le Sud, il sera témoin de milliers de moudjahidine qui ont transité par cet endroit.
Le refuge des Imechouthen verra, à cause de sa position stratégique, même le colonel Amirouche transiter par deux fois, dont une où le colonel Amirouche passera une nuit tant il était rassuré.
Le refuge verra également le passage de Malika Gaïd qui passera plus de quinze jours dans les lieux et qui sera passée lors d’une fouille de l’armée française pour une folle avec de la bouse de vache et de la suie sur le visage, les bras et les pieds et une sourd-muette de peur d’être démasquée par son accent arabe alors que toutes les femmes du lieu parlaient kabyle.
D’autres héros de la Révolution, notamment ceux issus de la région comme Mouloud Amrouche, Abdellah Delles qui est toujours vivant et natif de Chorfa, Si Lahlou, et tant d’autres officiers de l’ALN, transiteront par ce refuge pendant trois ans. Jusqu’au jour où le refuge fut «vendu» par les harkis.
Bien sûr, à plusieurs reprises, le lieu avait fait l’objet d’opérations de ratissage et de fouille systématique de la part de l’armée française mais, à chaque fois, les femmes et les vieux du hameau trouvaient des réponses et des astuces pour cacher tel ou tel moudjahid dans du foin, ou encore mettre du poivron dans du feu pour dérouter le flair des chiens policiers des militaires français, ainsi que pour cacher l'odeur de la viande, etc.
Il est vrai que, comme le soulignera lors de cette journée mémorable de samedi Hadj Hamadache Boukrif qui était à l’époque de la Révolution un enfant mais un enfant éveillé comme la majorité de ses semblables, avant de participer pleinement à la guerre vers la fin, mais toujours à un âge précoce, il est vrai que, dès le début de 1956, ordre a été donné par l’ALN à toutes les familles algériennes de creuser chacune chez elle un abri secret qui sera un refuge pour tout moudjahid qui fuira l’ennemi, mais aussi pour les familles elles-mêmes, surtout les jeunes filles pour qu’elles échappent aux regards prédateurs des militaires français.
Cela dit et avant de parler de l’incendie du refuge, écoutons Belkacem Akkache, âgé à l’époque des faits de 10 ans, raconter un des épisodes qui ont marqué le refuge et le hameau en général.
«Nous sommes en 1955. Je venais de Saharidj à dos de mule. Je passais par Maillot, le village mixte fondé en 1880 et occupé par les colons et les soldats français et quelques familles de harkis.
Arrivé à la fontaine publique, je m’arrêtais pour faire boire la mule et remplir mon outre. A un moment, je voyais quatre soldats debout devant l’ancienne prison qui est aujourd’hui le Musée du moudjahid. Avec les quatre soldats français, il y a avait un harki dont je préfère taire le nom pour ne pas heurter la sensibilité de sa famille. Les quatre soldats parlaient et pointaient le doigt vers la région de Adrar Seggan, là où ma famille et celle des Imechouthen vivent. Je montais ma mule et avançais du mieux que je pouvais pour informer les miens.
Nous sommes en 1960, dans la région de M’chedallah. Ali Imechouthen venait d’être convoqué par le lieutenant Georges, chef militaire basé au village mixte de Maillot. Le vieux Ali, qui venait de perdre au maquis son troisième fils, devait répondre à cette convocation sous peine de représailles. Il craignait que cela soit son dernier jour puisqu’il venait d’apprendre la mort de son troisième fils, Ali, au maquis. Qu’importe, le lendemain, il prend son éternel burnous et part vers une destination inconnue. Arrivé sur les lieux, il sera reçu par le fameux lieutenant dans son bureau.
Le vieux Ali lui remit la convocation et en la lisant, le lieutenant Georges s’exclama : «Ah ! c’est donc toi Ali Mechou. Je t’ai convoqué pour te dire que nous n’avons pas tué ton fils Ali. La France ne l’a pas tué, mais c’est lui-même qui s’est suicidé. Nous l’avons sommé de se rendre à plusieurs reprises mais il a refusé ; alors nous l’avons tué… Cela dit, si je comprends bien, vous êtes le père de… Moussa Mechou, de Mhand Mechou et d’Ali Mechou ?»— Oui. «Eh bien vieux, vous devez être fier d’avoir d’aussi valeureux hommes.» Et tout en disant cela, le lieutenant Georges, raconte le vieux Ali à ses proches, se leva, se mit en grade-à vous, avant de m’inviter à quitter les lieux… Cependant, ce que ne savait pas encore ce lieutenant, c’est que le vieux Ali Mechou qui rendra l’âme quelques années après l’indépendance, avait encore deux autres fils dans les maquis de l’ALN, Dahmane et Hocine, qui survivront à la guerre ; l’un, Hocine, mourra en 2015 et l’autre, Dahmane, vit encore et c’est lui qui nous racontera certains épisodes rapportés dans ce présent récit sur le refuge des Imechouthen.
Histoire d’un hameau appelé Imechouthen
Ce samedi, et c’est parce que la révolution, la vraie, reste en grande partie à écrire, nous avons répondu à une invitation de la part d’un moudjahid encore vivant qui reste parmi les rares moudjahidine jaloux de leur pays et de son histoire, l’authentique, pas celle que décideront certains après l’Indépendance, une certaine histoire tronquée et dénuée de beaucoup de belles épopées.
Oui, nous avons immédiatement répondu présent car nous savons que le moudjahid Hamadache Boukrif fait partie de ces gens au cœur pur. Ayant déjà à son actif un essai sur un autre moudjahid de la région de M’chedallah, Abdellah Delles que tout le monde connaît dans la région et qui est toujours vivant, le moudjahid Hamadache Boukrif voulait nous montrer un refuge, l’un des plus grands de la Révolution ; celui qu'aucun moudjahid voulant passer du centre vers l'est du pays ou vice-versa ne pouvait manquer : c’est le refuge des Mechou ou Imechouthen, situé en pleine forêt de Tamellahth, du côté de la montagne Adrar Seggane.
Pour comprendre l’importance du lieu, il faut savoir que l’endroit domine toute la région de M’chedallah, la vaste forêt de Tamellahth et jusqu’aux portes des Bibans. Pas un militaire français, pas une patrouille de l’armée française ne faisait un pas sans qu’ils soient repérés à des kilomètres à la ronde. C’est sur cette colline que sont situées les maisons des Mechou, mais également des Akkache, des Akmouche et des Messara. Quatre familles regroupées dans cet endroit au milieu d’une forêt des plus denses, réunies par les liens du sang, de parenté et de mariage. Quatre familles qui ont débarqué depuis leur terre natale située là-haut sur la montagne, du côté de Saharidj, au nord, et qui ont débarqué un jour dans les années 1930 à cause de l'exiguïté des lieux.
Aussi, alors que ces familles prospéraient dans ce nouvel eldorado, en faisant du commerce, de l’élevage et de l’agriculture, surtout l’oléiculture, et tout en bas, le long de l’oued de Sidi Aïssa, un oued qui doit son nom à la région de Sidi Aïssa dans la wilaya de M’sila, d’où il prend ses premières sources ; le long de cet oued, les femmes font des cultures maraîchères ainsi que l’arboriculture fruitière.
Ici, il faut rappeler au lecteur que, jusqu’aux années 1970, avec un climat des plus humides puisque les neiges étaient abondantes et les hivers rigoureux et s’étalant sur plusieurs mois, les cours d'eau ne tarissaient presque jamais à longueur d’année et les lieux étaient paradisiaques avec une forêt des plus denses, mais également des cultures différentes que les hommes entretenaient même pendant l’été.
Ce fut dans ces lieux féeriques qu’allaient grandir presque tous les enfants de ammi Ali Oumechou, celui qui quittera les siens à Saharidj.
Le refuge Imechouthen, QG de la Révolution
Aussi, lorsque la Révolution fut déclenchée, le petit hameau des Imechouthen dans lequel vivait une dizaine de familles, Mechou, Akkache, Akmouche et Messara, s'est retrouvé, situation géographique oblige, tout naturellement un lieu idoine pour les moudjahidine. Un lieu tout indiqué, d’autant plus que les quatre familles qui y vivaient étaient toutes éveillées et hostiles à la France coloniale.
Ainsi, dès le début de la Révolution, le lieu est considéré comme un endroit acquis à la Révolution avec à la clé cinq enfants de ammi Ali qui ont rejoint les rangs de l’ALN, et trois autres de leurs cousins des Mechou qui ont également rejoint les rangs de l’ALN à Saharidj, six autres de la famille des Messara, dont trois issus du hameau des Imechouthen et trois autres du village Saharidj, quatre autres des Akkache et enfin trois des Akmouche.
Un hameau qui aura enfanté quinze maquisards dont treize sont tombés au champ d’honneur, alors que deux autres, ammi Dahmane et Hocine Imechouthen, ont survécu miraculeusement puisqu’ils ont échappé à plusieurs reprises à une mort certaine.
Ammi Dahmane, qui a perdu trois de ses frères pendant la Révolution et un quatrième, le moudjahid Hocine Mechou en 2015, est toujours vivant. Il a même fait partie de l’expédition organisée ce samedi par les descendants des familles Imechouthen, Akkache et Akmouche.
Aussi, ce samedi et en présence des enfants du chahid Mhand Mechou que les gens de M’chedallah appellent Imechouthen, Dahmane nous raconte, non sans larmes, une épopée de cette guerre libératrice, une page qu’il a vécue en personne, l’arme à la main : la bataille du printemps 1958, celle qui marquera la fin du refuge des Imechouthen, après avoir servi la Révolution depuis janvier 1955, c’est-à-dire dès le début de la Révolution de novembre 1954. Le refuge des Imechouthen sera pendant plus de trois ans l’un des endroits les plus vitaux pour la Révolution.
Situé au carrefour entre l’Est et le Centre, et entre le Centre et le Sud, il sera témoin de milliers de moudjahidine qui ont transité par cet endroit.
Le refuge des Imechouthen verra, à cause de sa position stratégique, même le colonel Amirouche transiter par deux fois, dont une où le colonel Amirouche passera une nuit tant il était rassuré.
Le refuge verra également le passage de Malika Gaïd qui passera plus de quinze jours dans les lieux et qui sera passée lors d’une fouille de l’armée française pour une folle avec de la bouse de vache et de la suie sur le visage, les bras et les pieds et une sourd-muette de peur d’être démasquée par son accent arabe alors que toutes les femmes du lieu parlaient kabyle.
D’autres héros de la Révolution, notamment ceux issus de la région comme Mouloud Amrouche, Abdellah Delles qui est toujours vivant et natif de Chorfa, Si Lahlou, et tant d’autres officiers de l’ALN, transiteront par ce refuge pendant trois ans. Jusqu’au jour où le refuge fut «vendu» par les harkis.
Bien sûr, à plusieurs reprises, le lieu avait fait l’objet d’opérations de ratissage et de fouille systématique de la part de l’armée française mais, à chaque fois, les femmes et les vieux du hameau trouvaient des réponses et des astuces pour cacher tel ou tel moudjahid dans du foin, ou encore mettre du poivron dans du feu pour dérouter le flair des chiens policiers des militaires français, ainsi que pour cacher l'odeur de la viande, etc.
Il est vrai que, comme le soulignera lors de cette journée mémorable de samedi Hadj Hamadache Boukrif qui était à l’époque de la Révolution un enfant mais un enfant éveillé comme la majorité de ses semblables, avant de participer pleinement à la guerre vers la fin, mais toujours à un âge précoce, il est vrai que, dès le début de 1956, ordre a été donné par l’ALN à toutes les familles algériennes de creuser chacune chez elle un abri secret qui sera un refuge pour tout moudjahid qui fuira l’ennemi, mais aussi pour les familles elles-mêmes, surtout les jeunes filles pour qu’elles échappent aux regards prédateurs des militaires français.
Cela dit et avant de parler de l’incendie du refuge, écoutons Belkacem Akkache, âgé à l’époque des faits de 10 ans, raconter un des épisodes qui ont marqué le refuge et le hameau en général.
«Nous sommes en 1955. Je venais de Saharidj à dos de mule. Je passais par Maillot, le village mixte fondé en 1880 et occupé par les colons et les soldats français et quelques familles de harkis.
Arrivé à la fontaine publique, je m’arrêtais pour faire boire la mule et remplir mon outre. A un moment, je voyais quatre soldats debout devant l’ancienne prison qui est aujourd’hui le Musée du moudjahid. Avec les quatre soldats français, il y a avait un harki dont je préfère taire le nom pour ne pas heurter la sensibilité de sa famille. Les quatre soldats parlaient et pointaient le doigt vers la région de Adrar Seggan, là où ma famille et celle des Imechouthen vivent. Je montais ma mule et avançais du mieux que je pouvais pour informer les miens.
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