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TURQUIE Aksener, la femme qui veut faire tomber Erdogan

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  • TURQUIE Aksener, la femme qui veut faire tomber Erdogan

    Meral Aksener, figure du nationalisme turc, vient de créer le Bon Parti. Avec un objectif : devenir l'opposante numéro un au président Recep Tayyip Erdogan.

    De quoi bousculer Recep Tayyip Erdogan ? Alors que le « reis » (chef, surnom d’Erdogan) et son parti, l’AKP, règnent sans partage sur la scène politique turque depuis quinze ans, l’opposition est sur le point de se recomposer.

    Depuis quelques mois, Meral Aksener, 61 ans, ancienne dirigeante du parti d’extrême droite MHP, concentre l’attention des médias. Présentation de celle qui pourrait devenir le visage de l'opposition au dirigeant islamo-conservateur.
    Âgée de 61 ans, Meral Aksener a été ministre de l'Intérieur en 1996, dans une période de guerre intense entre les forces de sécurité turque et la guérilla du Parti des travailleurs kurdes (PKK).
    Elle a fait l'essentiel de sa carrière politique au Parti d'action nationaliste (MHP), d'extrême droite, dont elle a été une dirigeante de premier plan.
    Elle s'est révélée à l'occasion du référendum constitutionnel d'avril 2017, qui visait à étendre les pouvoirs du président. En devenant une figure du "non", elle a gagné du crédit auprès du camp anti-Erdogan.
    Pourquoi le référendum l'a-t-il propulsée au premier plan ?
    Meral Aksener doit une grande partie de sa popularité au revirement du leader du MHP, Devlet Bahçeli. Ce dernier, jusqu’ici opposé à Recep Tayyip Erdogan, a surpris son monde en soutenant le projet de régime présidentiel soumis à référendum en avril 2017.
    Meral Aksener, elle, est restée droite dans ses bottes anti-Erdogan. A la grande satisfaction de la base du MHP.
    Le "Bon Parti" est-il un parti d'extrême droite ?
    Le "Iyi Parti" (Bon Parti), que Meral Aksener a créé à la fin du mois d'octobre 2017, se présente comme une formation de centre-droit.
    Mais l'ancienne ministre de l'Intérieur a emporté avec elle une bonne partie de la base de sa formation d’origine, le MHP, lui classé d'extrême droite. Elle aurait aussi séduit des franges du CHP, le principal parti d'opposition créé par le fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal Atatürk.
    "Les quatre partis en compétition (AKP, CHP, MHP, et le Iyi Parti, NDLR) partagent une même idéologie", explique Samin Akgönul, historien et politologue à l'université de Strasbourg. "Il s'agit d'une synthèse floue entre le nationalisme et la référence islamique, avec des dosages différents."
    Une femme : un symbole important ?
    Les milieux féministes s'opposent à Recep Tayyip Erdogan et son parti, l'AKP. De multiples polémiques et mouvements de résistance ont jalonné les quinze ans de règne du parti islamo-conservateur. Comme après cette déclaration du vice-président Bulent Arinc, en 2014 : "Une femme comme il faut ne doit pas rire fort en public (...) Où sont nos filles qui rougissent, baissent la tête et détournent le regard quand on les regarde?"
    Perçue comme une brèche dans la laïcité turque, l'autorisation progressive du port du voile à l'université a également été vivement critiquée par les opposants d'Erdogan.
    "Le fait que ce soit une femme peut avoir une importance symbolique", estime Samim Akgönul. "En Turquie, une femme a déjà été Première ministre (Tansu Ciller entre 1993 et 1996). Mais toutes les deux sont des personnalités très nationalistes, qui reproduisent en réalité un discours masculin."
    Peut-elle battre Recep Tayyip Erdogan ?
    Selon un sondage de l’institut Gezici publié le 1er novembre, la formation d'Aksener arriverait en seconde position en cas d’élections législatives anticipées. Une belle performance pour un tout nouveau parti, d'autant plus qu'il devancerait ainsi le CHP, principal parti d'opposition à l'AKP depuis 2002.
    Mais le Iyi Parti ne récolterait que 19,5 % des suffrages, loin derrière l'AKP d'Erdogan crédité de 43,8% des voix.
    Comme les législatives, l'élection présidentielle - le véritable objectif d'Aksener - doit se tenir en 2019. Les deux années à venir lui seront-elles suffisantes pour rattraper son retard en fédérant les forces d'opposition ? Samim Akgönül ne le pense pas : « Le pouvoir laisse Aksener créer son parti parce qu’elle peut affaiblir l’opposition. L’horizon politique reste verrouillé en Turquie. »
    Quelle position vis-à-vis des Kurdes ?
    Le Bon Parti s'est dit "prêt au dialogue" avec le Parti démocratique des peuples (HDP, gauche, prokurde), dont les deux co-présidents, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, sont actuellement en prison, accusés de terrorisme. Aux deux élections législatives organisées en 2015, le HDP avait recueilli plus de 10% des voix.
    "Le HDP est la véritable force d'opposition en Turquie, mais elle a été en tant que telle marginalisée et criminalisée", souligne Samim Akgönül.
    Le MHP, ancien parti d'Aksener, s'est toujours distingué par son hostilité envers les revendications et aspirations kurdes. Et il a logiquement recueilli des scores très faibles dans les zones à fort peuplement kurde. Peu de chances qu'Aksener réussisse à inverser cette tendance : son - long - passé au sein du MHP risque ainsi de l'empêcher de fédérer autour d'elle tous les anti-Erdogan.

    source Le Dauphiné.com
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