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Retour du virus de la fièvre de la vallée du Rift

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  • Retour du virus de la fièvre de la vallée du Rift

    A l'échelle de l'Afrique de l'Est, l'alerte est régionale. Le virus de la fièvre de la vallée du Rift frappe, de nouveau, des humains et des animaux au Kenya, en Tanzanie, et en Somalie, où l'épidémie a fait près de 200 morts au total depuis sa réapparition en décembre 2006, après dix ans d'absence. Au Kenya, la présence du virus a été observée dans 25 districts. A Nairobi, deux cas ont été signalés, dont un journaliste qui revenait d'un reportage sur la maladie, dans le district de Garissa, épicentre de l'épidémie. La présence du virus a également été confirmée en Tanzanie voisine, où deux personnes ont été tuées.

    Le virus, isolé pour la première fois en 1930 dans un élevage de moutons de la vallée du Rift, au Kenya, réapparaît en moyenne tous les sept à dix ans. Il frappe en priorité le bétail - ovins avant tout, puis chèvres et vaches, mais également d'autres espèces, y compris sauvages. Il est ensuite transmis aux hommes, l'épizootie (animale) se doublant alors d'une épidémie (humaine). Chez la plupart des humains, le virus déclenche une maladie comparable le plus souvent à une forte grippe ou à une crise de paludisme, même si un certain nombre de personnes peuvent être infectées sans le savoir. Dans moins de 1 % des cas survient une fièvre hémorragique, avec les symptômes communs aux maladies de la même famille, comme Ebola ou la fièvre de Marburg.

    La transmission à l'homme se fait par l'intermédiaire de piqûres de moustiques, ou le contact avec les fluides d'animaux infectés. Par exemple, les éleveurs qui aident les femelles de leurs troupeaux frappées par des fausses couches sont contaminés au contact du liquide amniotique ou des placentas. Dans les abattoirs, de fines particules de sang en suspension dans l'atmosphère peuvent également infecter les employés.

    Au Kenya, la consommation de viande a chuté de manière spectaculaire, encore non chiffrée avec précision, alors que le prix du poisson et de la volaille s'envole. La ministre de la santé, Charity Ngilu, a déclaré que des éleveurs au bord du désespoir l'appelaient "sur (son) propre téléphone portable pour signaler des animaux malades".

    Alors que le pic de l'épidémie est "déjà dépassé", selon le Dr Seifuddin Maloo, chef de la mission de Vétérinaires sans frontières (VSF) qui couvre la région, des embargos dans les pays voisins frappant la viande et le bétail de la Corne de l'Afrique menacent d'avoir des conséquences économiques dévastatrices. En 1996, avant la dernière apparition du virus, la Somalie comptait le premier troupeau de chameaux au monde, avec 1,2 million de têtes. Comme les ovins ou les bovins, ceux-ci sont destinés aux pays de la péninsule Arabique, mais aussi à l'Asie centrale, qui importe des carcasses congelées, ou, via Dubaï, aux Emirats arabes unis, vers l'Asie du Sud-Est.

    Après l'épizootie de 1997-1998, qui avait sauté la mer Rouge et la barrière entre espèces pour toucher la population humaine au Yémen et en Arabie saoudite, en 2000, faisant environ six cents morts, des embargos ont été décrétés. Après le signalement d'un cas de contamination humaine à la porte des lieux saints, à moins de cinquante kilomètres de La Mecque, les autorités saoudiennes avaient interdit toute importation de viande et de bétail en provenance de la Corne de l'Afrique.

    La mesure n'a jamais été levée depuis. Simplement, dans l'intervalle, "des pays voisins se sont transformés en plates-formes de réexportation, comme le Yémen ou Djibouti", assure un spécialiste régional du bétail.

    Un retour des embargos serait dramatique, notamment pour l'économie somalienne, qui repose en grande partie sur ces exportations. Ces effets sont d'autant plus graves que les éleveurs de la région viennent de subir une série de catastrophes d'ampleur biblique. Les pasteurs kényans de la province du Nord-Est ont perdu en moyenne près de 50 % de leurs troupeaux pendant la sécheresse de 2006. Celle-ci a laissé place à des pluies diluviennes, au troisième trimestre 2006, qui ont causé des inondations, tuant encore des animaux.

    Enfin, le bétail a commencé à être frappé, en fin d'année, par l'épizootie, entraînant la fermeture des principaux marchés et l'instauration d'interdictions de circuler. Quelques années plus tôt, le coût local de mesures similaires avait été estimé à 1,2 million d'euros par jour. Le responsable vétérinaire officiel de la région avait échappé de peu à un lynchage par les éleveurs...

    "Il existe des moyens pour anticiper l'apparition de la maladie, trois ou quatre mois à l'avance, notamment par l'observation satellite de la température de l'océan Indien et des changements de couleur de la végétation", avertit Marco de Nardi, vétérinaire de la Coopération internationale italienne (Coopi). Dans les deux cas, ces facteurs sont les symptômes de pluies abondantes qui vont favoriser l'éclosion des oeufs de moustiques porteurs du virus. "Les météorologistes prévoient déjà que de fortes chutes de pluie devraient à nouveau avoir lieu entre mars et avril, se désole Marco de Nardi. Cela rend possible une nouvelle résurgence de la maladie. En vaccinant le bétail en ce moment, on cherche en réalité à se protéger contre la prochaine épidémie."

    Par Le Monde
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