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Nafissa Hamoud :Parmi les premières femmes Médecins musulmanes, commandant au sein de l'ALN et Ministre de la Santé.

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  • Nafissa Hamoud :Parmi les premières femmes Médecins musulmanes, commandant au sein de l'ALN et Ministre de la Santé.

    Nafissa Hamoud est née à Alger au sein d'une famille religieuse issue de la bourgeoisie négociante algéroise. En 1944, elle fait partie des premiers noyaux d'étudiantes en médecine, encore peu nombreuses à cette époque de l'association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord. Elle participe à la manifestation du 1er mai 1945 à Alger. Ce moment marque son engagement définitif contre le colonialisme et pour l'émancipation de la femme africaine. Vice-présidente de l'AEMAN en 1947, elle est élue la même année secrétaire générale de l'association des femmes musulmanes algériennes (A.F.M.A) lors de l'assemblée générale de juillet 1947. Membre des cellules clandestines du P.P.A, elle intervient dans Alger (St-Eugene,Casbah) au cours de rassemblements de femmes, dans lesquels elle prêche la révolte et l'émancipation. En 1950, elle prend contact avec la fédération internationale des femmes en vue de célébrer pour la première fois en Algérie la journée du 8 mars. Elle rejoindra finalement les rangs du FLN en 1954, et devient commandante de l'Armée de libération nationale.

    En plus de ces responsabilités exceptionnelles pour une femme, elle exerce au maquis son métier de médecin. Dès lors, elle entame une carrière militaire et médicale, oscillant entre faveurs et disgrâces. Pendant sa participation à la révolution Algérienne, elle se lie d'amitié avec des personnalités progressistes comme le Docteur Mustapha Laliam. Son parcours incarne l'émancipation des femmes dans les milieux politique et scientifique et la force du militantisme FLN, en lien direct avec les élites algéroises, dont Nafissa Hamoud reste l'un des représentants les plus illustres. Nafissa Hamoud quitte son cabinet de la rue Lyre pour rejoindre la Wilaya 3, apportant ses soins aussi bien à la population qu'aux groupements armés du FLN. Elle fut arrêtée dans un convoi en route pour la Tunisie. Au cours de l'accrochage, Raymonde Pecharde, assistante sociale, fut tuée en combattant.

    Après l'accord de paix FLN-OAS de juin 1962 et le référendum du 5 juillet, les médecins algériens sont retournés dans les hôpitaux. Nafissa Hamoud a alors opté ultérieurement pour une carrière hospitalo-universitaire dans la spécialité de gynécologie-obstétrique. Ce choix n'était pas le fait du hasard cette militante : le développement de cette spécialité médicale était alors essentiel pour les femmes algériennes, victimes d'une forte mortalité maternelle et néonatale. Nafissa Hamoud a alors développé des aspects sociaux et préventifs essentiels auprès des femmes algériennes[réf. souhaitée].
    Parallèlement, elle a contribué à la création du premier "Centre National de Régulation des Naissances" à l'hôpital Mustapha, notamment grâce à son action, puisqu'elle était présidente de l'Union Nationale des Femmes algériennes (UNFA). Ce centre a mobilisé de nombreuses énergies féminines : sages-femmes, assistantes sociales, infirmières et a entraîné l'adhésion de la majorité de la population. L'Algérie devient le premier pays arabe, par l'action de Nafissa Hamoud, à accepter le malthusianisme. Il devait être suivi de plusieurs autres projets de Nafissa Hamoud sur le plan social et permettre la réalisation de programmes nationaux qui méritent une étude plus approfondie dans le cadre de l'histoire de la médecine algérienne, dont elle restera l'un de ses membres fondateurs.

    L'Après-révolution

    Elle épouse le Docteur Mustapha Laliam, médecin-chef de la wilaya 3, après leur libération en 1961. Professeur à la Faculté de médecine, chef du service de gynécologie et d'obstétrique à l'Hôpital Parnet D'Husseyn Dey, elle s'illustre dans les milieux et les élites politico-scientifiques algériennes par son honnêteté, sa rigueur et sa détermination. Malheureusement, de nombreux facteurs scientifiques et politiques font qu'une issue positive à l'émancipation des femmes en Algérie avait peu de chances de voir le jour après la Révolution. Il existe de nombreuses raisons pour cela. Parmi lesquelles des réalités désagréables que l'État post indépendance algérienne a soit oubliées, soit minimisées dans sa structure politique. Elles doivent être abordées si nous voulons vraiment connaître la personnalité de Nafissa Hamoud. Pourquoi les femmes algériennes, et en particulier Nafissa Hamoud, s'acquittent-elles de cette "mission politique et médicale? Revenons donc à l'origine de la volonté de Nafissa Hamoud et recherchons où Nafissa Hamoud trouve les raisons et les moyens de son engagement.

    L'engagement d'une Femme médecin algérienne

    Nafissa Hamoud avait dit en 1954 "Le devoir s'enracine dans la responsabilité de toute femme pour ce qui se passe en son temps. La femme avec sa sensibilité exacerbée est plus violemment attirée par l'expression politique et scientifique que ses contemporains". C'est ainsi que Nafissa Hamoud peut "penser" la véritable vie des Algériens et découvrir les vérités utiles à son peuple. Visionnaire et personnage énigmatique, elle a déchiffré tout au long de sa vie l'avenir pour y lire les forces du progrès scientifique, de l'émancipation qui vont décoloniser le monde et son pays. La femme peut éveiller en Algérie, pour la première fois, le sentiment national. Nafissa Hamoud a donc joué un rôle primordial dans le champ social de la jeune nation algérienne. En effet, au-delà de son devoir de contestation, elle a exercé en Algérie un fascinant pouvoir. Tout d'abord sa parole humaine, sa conscience morale, éventuellement sublimée par sa détermination ont influencé la destinée scientifique et féminine de l'Algérie. Une anecdote illustre cette description. Alors qu'on parlait de la femme algérienne à Nafissa Hamoud, elle rétorquait " La femme algérienne doit prendre et saisir ses responsabilités politiques et scientifiques en Algérie". Elle peut apparaître comme descendante d'une Emmeline Pankhurst ou même être proche philosophiquement d'Alexandra Kollontai. Elle a eu une vie tout aussi originale que ces célèbres figures de l'émancipation de la femme. Médecin visionnaire, première femme à exercer une fonction ministérielle en Algérie, elle a réussi à initier ses contemporaines à la révolte. Elle a été un guide, une porte-parole qui savait donner forme aux préoccupations, aux soucis, aux espoirs du peuple et de la femme africaine.

    Le Gouvernement Ghozali

    Nafissa Hamoud entre dans le gouvernement Ghozali le 18 juin 1991, comme ministre de la Santé et devient la première femme algérienne à accéder à un tel poste de responsabilité. Durant la décennie noire, Nafisssa Hamoud déclare une guerre totale aux intégristes du FIS. Elle proclamera un édit en 1991, interdisant l'accès aux fonctions d'infirmières en Algérie, aux femmes voilées ne répondant pas aux exigences hygiéniques d'un hôpital. Cela lui coûtera des menaces de mort de la part du FIS et une protection policière renforcée. Elle perd finalement son portefeuille le 16 octobre. Elle est remplacée par M. Mentouri. Cette élimination politique a plusieurs raisons. La première réalité est l'implication grandissante du pouvoir militaire en Algérie. L'autre est que l'incorruptibilité de Nafissa Hamoud dans les cercles politiques et pharmaceutiques, les campagnes électorales et les médias algériens, l'ont conduit à sa perte. Force est de constater que la voix de la femme en Algérie, incarnée par elle, recherchant l'explication ultime de la femme dans une société musulmane et dans un langage souvent véridique, semble considérée par la plupart de ses contemporains comme une infidélité aux exigences étatiques du FLN. Cette incorruptibilité était pour Nafissa Hamoud une exigence morale, fruit de ses idées intimes.

    La Parole d'une femme militante

    Témoigner, réunir, dénoncer sont les valeurs qui l'ont poussée à réaliser des actions extraordinaires, que ce soit sur le plan des valeurs morales ou de la perception de la vie, dans un pays musulman. Sa volonté est stimulée dans cette incandescence. La femme furieuse d'être femme, d'être traitée comme un objet, et condamnée par le colonialisme à des travaux "faciles" a donné naissance à ce médecin militant, qui surenchérit sur la condition des femmes et du peuple algérien, pour pousser ses semblables à la révolte. On l'approuve certes de faire refuser aux femmes africaines et algériennes leurs rôles ingrats, pour assumer leur pleine majorité d'êtres humains. Finalement, même si son engagement n'a pas réellement créé un effet d'émancipation en Algérie, elle restera à jamais un témoignage précieux de l'implication d'une femme dans des mouvements d'émancipation de par le monde. L'hôpital Parnet à Alger sera rebaptisé "Hôpital Nafissa Hamoud" après sa mort.
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    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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