On le sait, depuis la Marche Verte de 1975, les radars hostiles du régime algérien sont exclusivement tournés vers le Maroc. Mais de là à accuser une athlète de trahison pour avoir couru à Laâyoune, cela relève de la psychiatrie.
Il s’est passé quelque chose de très grave à Laâyoune, dimanche 5 novembre. A tel point que le site Algérie.com parle d’un scandale jamais arrivé à cet Etat, respectueux des valeurs universelles… «C’est une première dans l’histoire: le drapeau algérien a flotté dans cette ville (Laâyoune) sous occupation marocaine »
La coupable est toute désignée. Il s’agit de l’athlète algérienne, Amina Bettiche, qui a «défié les lois de son pays » pour avoir couru un semi-marathon à Laâyoune. Le site algérien définit ces lois comme suit: « Pour rappel, et compte tenu des profondes divergences entre l’Algérie et le Maroc et eu égard aux principes immuables de la première sur la question sahraouie, le ministère des affaires étrangères a de tout recommandé le boycott des manifestations sportives programmées dans les villes occupées du Sahara Occidental »
Le site qui est certainement affidé au régime militaire, pousse l’effronterie jusqu’à chercher un autre coupable: «Vient enfin, la question lancinante, qui a donc autorisé Amina Bettiche à courir à Laâyoune occupée ? »
Véritable enquête policière, il faut trouver et pendre les coupables. Et pour ce faire, l’auteur de l’article a commis une chute digne du régime totalitaire de la Corée du Nord, Cuba et autre Venezuela. Tout le palmarès de l’athlète Amina Bettiche a été effacé d’un trait: «Rappelons que cette dernière, âgée de 30 ans, a été éliminée en demi-finale du 3000m steeple, occupant la 10e place lors des derniers mondiaux d'athlétisme de Londres 2016. »
C’est un oubli, peut-être, mais on va leur rafraichir un peu la mémoire. L’Algérienne a été élue meilleure athlète féminine en 2013. Cette année, elle fut médaillée d’or aux Jeux Méditerranéens dans le 3000m steeple, médaillée d’or (3000m) et bronze (1500) aux Jeux de solidarité islamique. La liste n’est pas exhaustive et heureusement que son nom ne peut pas disparaitre des tablettes des palmarès, toutes compétitions confondues.
Hassan Benadad
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