L’histoire du combat de la femme algérienne se mit en marche de façon continue et même accélérée, pour inscrire formidablement les idéaux empreints d’héroïsme, de courage et de sacrifices ayant marqué avec des lettres de sang l’histoire contemporaine et servant, surtout, d’exemple pour l’humanité toute entière.
En ce mois de novembre, marquant le 63e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre, qui a sonné le glas du colonialisme et mis fin à une longue nuit coloniale, le Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’Association Machaâl Echahid, est revenu, hier, sur la lutte de la femme algérienne, depuis la résistance populaire à la guerre de Libération nationale. Les exemples de ces femmes, belles et rebelles, ne manquent pas.
Le docteur Mohamed Lahcène Zghidi a, dans sa conférence, choisi deux noms. Lalla Fatma N’soumer, symbole de l’insurrection contre l’occupant, et Chaib Dzair, première femme chahida(tombée au champ d’honneur le 19 novembre 1954 aux côtés de Badji Mokhtar). Devant des élèves du centre de formation professionnelle Ourida-Meddad, des moudjahidines, des représentantes de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale, l’historien a regretté que le rôle de la femme algérienne dans la libération du pays n’ait pas été assez bien mis en exergue.
Les chercheurs, a-t-il souligné, n’ont pas accordé une grande importance à l’engagement de la femme, alors qu’elle a été la première à subir les affres du colonialisme, à rester gardienne des valeurs de la Nation algérienne et à se soulever contre l’injustice. Tout simplement, parce que cela fait partie de sa nature.
A ce propos, l’orateur a expliqué que l’Algérie, de par sa position géographique et ses ressources, a toujours été convoitée et envahie, ce qui a développé chez ses habitants cet instinct de défense. Pas moins de 300 ans de guerres menées contre les Européens. Ce qui a créé un grand attachement à la terre, et depuis, le concept de citoyenneté a pris le sens de patriotisme. Et cet héritage est légué de génération en génération.
C’est pourquoi le peuple algérien a affiché son refus, dès lors que l’occupant français avait foulé le sol algérien. La résistance populaire avait duré 90 ans. De l’Emir Abdelkader au Cheikh Amoud, au sud du pays. Dans sa conquête de l’Algérie, et sa politique de terre brûlée, la France coloniale se vengeait sur la femme, car c’était elle qui encourageait à la résistance.
Le Dr Zghidi dira qu’elle a eu à supporter deux fardeaux, celui de tout faire pour chasser l’envahisseur et participer à préserver l’énergie et le souffle de la révolution de Novembre. Revenant sur un des symboles de la résistance populaire, Lalla Fatma N’soumer, il rappellera qu’elle est la fille de Lalla Khadidja, dont le mont du Djurdjura a été baptisé à son nom. Elle est aussi fille de zaouia, ce qui sous-entend qu’elle a eu une éducation religieuse stricte. Et déjà, à 16 ans, elle pensait à mourir en moudjahida. Aux côtés de Cheikh Boubaghla, elle a eu à commander des troupes et mener des batailles qui avaient donné du fil à retordre à l’armée coloniale. Elle avait réussi à vaincre des généraux formés dans de grandes écoles de guerre, et «idolâtrant» une légende, Jeanne d’Arc.
Elle est morte en 1863, mais sa mémoire est restée vive. D’autres femmes ont continué le combat et ont porté le flambeau. D’ailleurs, la femme algérienne, a-t-il tenu à rappeler, dans les années 40, exigeait de celui qui demandait sa main d’être un militant au PPA.
L’autre symbole de la résistante farouche, Chaib Dzair. Une fille de Souk-Ahras. Elle aussi vivait dans une famille nationaliste, et militante de la première heure. Née dans un monde rural, elle avait réussi à gagner un statut particulier au sein de sa famille. Dzaïr, qui aurait pu penser à fonder un foyer, avoir beaucoup d’enfants et vivre heureuse auprès d’un homme qu’elle aurait choisi, savait pertinemment qu’avec la colonisation, c’était un rêve impossible. C’est donc, sans grande surprise, qu’elle adhère à l’appel du 1er Novembre, surtout qu’un des membres du Groupe des 22, Badji Mokhtar, venait à la maison familiale pour des réunions avec les moudjahidine.
D’ailleurs, c’est lors de la présence de Badji Mokhtar dans leur ferme qu’elle prouvera son courage et son attachement à la libération de l’Algérie du joug colonial. Un engagement pour lequel elle s’est vouée corps et âme. Digne et courageuse, alors qu’elle n’a que 18 ans, elle refusera d’abandonner le groupe avec lequel elle était encerclée par les forces coloniales, en dépit du danger de mort qu’elle encourrait. L’accrochage qui s’en est suivi était le premier de la Révolution. Elle tombera au champ d’honneur aux côtés de Badji Mokhtar et ses compagnons, le 19 novembre 1954.
Ce mois de novembre 1954 enregistrera d’autres femmes chahidates. A Arris (Batna), quatre femmes défient les soldats français et réussissent, avant de tomber sous les balles des soldats de la France coloniale, à en abattre une dizaine.
La conférence d’hier a été marquée par la présence de la moudjahida Louisa Ighilahriz. Son témoignage a ému les présents. Entre deux phrases, elle insistait pour dire: « On n’a fait que notre devoir envers notre pays. » Elle a raconté, non sans verser dans les détails, comment elle a été torturée, et puis sauvée, par miracle, par un inconnu, un certain commandant Richaud.
Son incarcération dans les geôles françaises a duré des années, elle a séjourné, dit-elle, dans 11 prisons, trois en Algérie et neuf en France. Son témoignage a suscité l’intérêt des stagiaires du centre de formation professionnelle, qui se sont précipitées à la fin de la conférence pour des selfies avec cette brave moudjahida, qui porte encore des déchirures.
Nora Chergui
En ce mois de novembre, marquant le 63e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre, qui a sonné le glas du colonialisme et mis fin à une longue nuit coloniale, le Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’Association Machaâl Echahid, est revenu, hier, sur la lutte de la femme algérienne, depuis la résistance populaire à la guerre de Libération nationale. Les exemples de ces femmes, belles et rebelles, ne manquent pas.
Le docteur Mohamed Lahcène Zghidi a, dans sa conférence, choisi deux noms. Lalla Fatma N’soumer, symbole de l’insurrection contre l’occupant, et Chaib Dzair, première femme chahida(tombée au champ d’honneur le 19 novembre 1954 aux côtés de Badji Mokhtar). Devant des élèves du centre de formation professionnelle Ourida-Meddad, des moudjahidines, des représentantes de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale, l’historien a regretté que le rôle de la femme algérienne dans la libération du pays n’ait pas été assez bien mis en exergue.
Les chercheurs, a-t-il souligné, n’ont pas accordé une grande importance à l’engagement de la femme, alors qu’elle a été la première à subir les affres du colonialisme, à rester gardienne des valeurs de la Nation algérienne et à se soulever contre l’injustice. Tout simplement, parce que cela fait partie de sa nature.
A ce propos, l’orateur a expliqué que l’Algérie, de par sa position géographique et ses ressources, a toujours été convoitée et envahie, ce qui a développé chez ses habitants cet instinct de défense. Pas moins de 300 ans de guerres menées contre les Européens. Ce qui a créé un grand attachement à la terre, et depuis, le concept de citoyenneté a pris le sens de patriotisme. Et cet héritage est légué de génération en génération.
C’est pourquoi le peuple algérien a affiché son refus, dès lors que l’occupant français avait foulé le sol algérien. La résistance populaire avait duré 90 ans. De l’Emir Abdelkader au Cheikh Amoud, au sud du pays. Dans sa conquête de l’Algérie, et sa politique de terre brûlée, la France coloniale se vengeait sur la femme, car c’était elle qui encourageait à la résistance.
Le Dr Zghidi dira qu’elle a eu à supporter deux fardeaux, celui de tout faire pour chasser l’envahisseur et participer à préserver l’énergie et le souffle de la révolution de Novembre. Revenant sur un des symboles de la résistance populaire, Lalla Fatma N’soumer, il rappellera qu’elle est la fille de Lalla Khadidja, dont le mont du Djurdjura a été baptisé à son nom. Elle est aussi fille de zaouia, ce qui sous-entend qu’elle a eu une éducation religieuse stricte. Et déjà, à 16 ans, elle pensait à mourir en moudjahida. Aux côtés de Cheikh Boubaghla, elle a eu à commander des troupes et mener des batailles qui avaient donné du fil à retordre à l’armée coloniale. Elle avait réussi à vaincre des généraux formés dans de grandes écoles de guerre, et «idolâtrant» une légende, Jeanne d’Arc.
Elle est morte en 1863, mais sa mémoire est restée vive. D’autres femmes ont continué le combat et ont porté le flambeau. D’ailleurs, la femme algérienne, a-t-il tenu à rappeler, dans les années 40, exigeait de celui qui demandait sa main d’être un militant au PPA.
L’autre symbole de la résistante farouche, Chaib Dzair. Une fille de Souk-Ahras. Elle aussi vivait dans une famille nationaliste, et militante de la première heure. Née dans un monde rural, elle avait réussi à gagner un statut particulier au sein de sa famille. Dzaïr, qui aurait pu penser à fonder un foyer, avoir beaucoup d’enfants et vivre heureuse auprès d’un homme qu’elle aurait choisi, savait pertinemment qu’avec la colonisation, c’était un rêve impossible. C’est donc, sans grande surprise, qu’elle adhère à l’appel du 1er Novembre, surtout qu’un des membres du Groupe des 22, Badji Mokhtar, venait à la maison familiale pour des réunions avec les moudjahidine.
D’ailleurs, c’est lors de la présence de Badji Mokhtar dans leur ferme qu’elle prouvera son courage et son attachement à la libération de l’Algérie du joug colonial. Un engagement pour lequel elle s’est vouée corps et âme. Digne et courageuse, alors qu’elle n’a que 18 ans, elle refusera d’abandonner le groupe avec lequel elle était encerclée par les forces coloniales, en dépit du danger de mort qu’elle encourrait. L’accrochage qui s’en est suivi était le premier de la Révolution. Elle tombera au champ d’honneur aux côtés de Badji Mokhtar et ses compagnons, le 19 novembre 1954.
Ce mois de novembre 1954 enregistrera d’autres femmes chahidates. A Arris (Batna), quatre femmes défient les soldats français et réussissent, avant de tomber sous les balles des soldats de la France coloniale, à en abattre une dizaine.
La conférence d’hier a été marquée par la présence de la moudjahida Louisa Ighilahriz. Son témoignage a ému les présents. Entre deux phrases, elle insistait pour dire: « On n’a fait que notre devoir envers notre pays. » Elle a raconté, non sans verser dans les détails, comment elle a été torturée, et puis sauvée, par miracle, par un inconnu, un certain commandant Richaud.
Son incarcération dans les geôles françaises a duré des années, elle a séjourné, dit-elle, dans 11 prisons, trois en Algérie et neuf en France. Son témoignage a suscité l’intérêt des stagiaires du centre de formation professionnelle, qui se sont précipitées à la fin de la conférence pour des selfies avec cette brave moudjahida, qui porte encore des déchirures.
Nora Chergui
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